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Enquête interactive : La réforme du code de la nationalité

Sur notre sondage avec plus de 1200 votants, 68% des marocains sont favorables à la réforme du code de la nationalité, 17% y voient une menace. Confrontations !

Lors du dernier discours du trône, le Roi Mohamed VI a encore une fois donné un coup de vieux à notre élite politique en annonçant la réforme du code de la nationalité. Sur le dossier épineux de la réforme du code de la famille, le gouvernement de gauche de Youssoufi avait fait marche arrière pour diverses raisons. Le consensus bien pensant a voulu qu’on ne retienne que la manifestation de casablanca. Après la réforme annoncée par le Roi fin 2003, il restait la question, ô combien importante pour les marocains du monde, il s’agit bien évidement du code de la nationalité. Cette annonce royale a provoqué, à juste titre, un tonnerre d’applaudissements. Mais une minorité de marocains voit dans cette réforme une menace sérieuse pour l’identité nationale.

Le Forum de Yabiladi a été le théâtre de débats passionnés dès la fin du discours royal. La grande majorité des intervenants ont salué cette réforme, le sondage organisé par le site Yabiladi.com le démontre d’ailleurs. 68% y sont favorables, plus de la moitié d’entre eux (36%) considère que c’est une « avancée considérable », pour l’autre moitié (32%) ce n’est que justice. Les témoignages de femmes qui vivent les répercutions du mode d’acquisition de la nationalité marocaine reflètent l’absurdité de certaines situations. Saida résume bien le paradoxe qui n’a pas choqué le législateur marocain pendant des décennies « comment peuvent-elles (les autorités) penser, rien qu'une seconde qu'un enfant n'a pas le droit d’avoir la nationalité de celle qui l’a mis au monde : sa MERE ? »

En effet beaucoup d’enfants de pères non marocains se retrouvent aujourd’hui étrangers dans le seul pays qu’ils ont connu depuis leur arrivée au monde. Au-delà du droit de l’enfant, il s’agit bien de l’égalité entre l’homme et la femme. Pendant que les sociétés européennes secouées par l’extrême droite se focalisent sur les débats droit du sol – droit du sang, le Maroc vivait sous la règle du droit du sang paternel. Tout enfant né de père marocain obtient automatiquement la nationalité marocaine. Les chiffres révélés par le ministre de la justice dernièrement font état de 900 demandes de naturalisation entre 2003 et 2005, plus de la moitié des demandes émanaient de ressortissants algériens. Ces chiffres ne tiennent sans doute pas compte des milliers d’enfants de mères marocaines résidentes à l’étranger qui ne possèdent pas la nationalité marocaine. Connaissant l’état de la législation marocaine, beaucoup d’entre eux n’en font même pas la demande. La réforme va donc concerner en premier lieu les mères marocaines résidentes à l’étranger, couples mixtes et notamment les couples maghrébins ou arabes comme le confirme le témoignage de Fatiha : « Je me sens directement concernée par le projet de réforme concernant la transmission de la nationalité, je suis mariée à un homme arabe mais non marocain et la perspective que mes enfants ne soient pas des marocains était un vrai déchirement pour moi. Je suis donc ravie sur le plan personnel que cette réforme soit envisagée ».

Mais ce constant ne convint pas une forte minorité des sondés (17%), qui considère que cette réforme est « une menace pour l’identité nationale », « Prochainement nous aurons des Christophe et Lionel marocains...vraiment n'importe quoi... » S’insurge Nabil. Pour d’autres, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une nouvelle colonisation. D’ailleurs la débauche qui s’abat sur Marrakech n’est qu’un résultat des mariages des marocaines avec les étrangers constate un internaute « regarde comment Marrakech a été transformé, les riads achetés par des européens, des couples mixtes qui représentent la moitié des couples, de la prostitution, l’homosexualité ». Derrière ces déclarations radicales se profile le sentiment majoritaire parmi les opposants à cette réforme : la menace de l’identité islamique du Maroc. Saïd quant à lui, est très explicite « moi je veux un Maroc marocain et musulman ». Cette conception n’a pas manqué de déclancher la réprobation de nombreux internautes. Certains se demandent s’il ne faut pas retirer la nationalité aux marocains qui ne pratiquent pas ou peu la religion. Cette vision étroite de l’identité marocaine ne semble pas tenir compte des l’histoire du Maroc. Malgré leur nombre minoritaire, la marocanité des juifs n’a jamais été contestée. Au contraire, le Maroc a toujours affiché la dimension multiculturelle comme fondatrice de son identité. Au-delà du Maroc, le Monde Arabo-musulman a forgé son identité au contact des autres civilisations pendant l’âge d’or de l’islam. Mohamed, un autre internaute, y voit un des secrets de la suprématie de l’époque « le monde arabo-musulman s'est ouvert aux autres cultures et autres civilisations et religions, il s'est enrichi et a pu s'étendre à travers le monde. Il a intégré dans un esprit de tolérance des peuples très différents de l'Asie jusqu'à l'Atlantique et de l'Europe en Afrique ».

D’autres internautes ne manquent pas d’ironie, Abdel lui ne voit que les tracasseries générées pour les consulats « Il va falloir agrandir la liste des prénoms au consulat. Du coup chacun pourra appeler son fils Jimmy ou Jamal ! ». Il a vu juste, avant de se lancer dans des grandes réformes, on serait bien inspiré de penser aux pauvres employés des consulats.

Nora quant à elle énumère les chantiers qui restent pour le Maroc afin de relativiser la portée de cette réforme « C'est une réforme intelligente...notez bien que le nombre des marocains va augmenter...si un jour tous ces marocains veulent retourner chez eux il faut préparer le terrain à autre réformes...l'égalité, la justice, la démocratie, le marché du travail...bravo! C’est un bon commencement et un pas vers la démocratie et le développement... ».

Enfin ils sont 9 % à considérer que la réforme est peu importante. A l’image de Hannou Moussa qui s’interroge : « Mais que faire avec un passeport marocain sans VISA ? Mes enfants leur avenir c'est en Europe pas au bled. »

Au fond ce débat prolonge celui du code de la famille, ceux qui ne voient aucun inconvénient qu’un enfant de père marocain et de mère non musulmane soit marocain s’offusque à l’idée qu’une marocaine puisse avoir les même droits.

Rachid
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