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Interview

Saloua Karkri Belkeziz, présidente de l’APEBI : Les MRE « de plus en plus attirés par les secteurs productifs » comme l’offshoring

Patronne de GFI Maroc, Saloua Karkri Belkeziz coiffe la casquette de présidente de la Fédération marocaine des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring (APEBI) pour nous parler de la conjoncture actuelle du secteur, des opportunités d’investissement et des atouts dont il dispose. Selon elle, les MRE «sont de plus en plus attirés par les secteurs productifs, et l’offshoring est justement l’un de ces secteurs». Interview.

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Saloua Karkri Belkeziz, présidente de la Fédération marocaine des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring (APEBI). / DR
Temps de lecture: 4'

Vous présidez la Fédération marocaine des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring. Comment qualifierez-vous ce domaine à l’heure actuelle, notamment sur le climat d’affaires et les opportunités d’investissement ?

Le secteur de l’offshoring doit être relancé. Quelques chiffres, tout d’abord : avec 7,457 milliards de dirhams (MMDH) de recettes en devises, le marché marocain de l'offshoring a connu une légère amélioration entre 2013 et 2015. Selon les chiffres de l'Office des changes, les recettes de l'offshoring en 2015 sont estimées à 7,457 MMDH, contre 7,385 MMDH en 2014 et 7,196 MMDH en 2013.

Les centres d'appels et BPO (externalisation des processus d'affaires, ndlr) des outsourceurs ont affiché une hausse de leurs recettes, avec 4,895 MMDH en 2015, contre 4,499 MMDH en 2014 et 4,278 MMDH en 2013. Les centres de sous-traitance informatique ont pour leur part enregistré une légère hausse, passant de 1,908 MMDH en 2013 à 1,972 MMDH en 2014 et 1,953 MMDH en 2015. Par ailleurs, les BPO des captifs ont accusé une baisse, basculant ainsi de 1,010 MMDH en 2013 à 609 millions de dirhams en 2015.

Nous avons alerté le ministère de tutelle sur cet état de fait qui travaillait déjà à la définition de nouvelles mesures incitatives pour le secteur. Ces mesures ont donc donné lieu à un contrat entre le ministère de l'Industrie, des télécommunications, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique, l’AMRC (Association marocaine de la relation client, ndlr) et l’APEBI.

A l’heure actuelle, une éventuelle extension des zones offshores mises en place par le Maroc pourrait-elle être envisageable ?

Nous devons veiller d’abord à remplir les zones offshores existantes, c’est-à-dire Rabat, Tétouan, Fès et Oujda, avant de parler d’extension.

Justement, quelle est la situation actuelle du secteur de l’offshoring en matière d’investissement ?

L’offre actuelle dispose de tous les atouts pour satisfaire les investisseurs car, grâce aux écosystèmes signés le 5 mai à Rabat entre l'État et les professionnels du secteur, cinq filières de l'offshoring ont été sélectionnées pour bénéficier des contrats de performance. Les écosystèmes CRM (gestion de la relation client, ndlr), BPO, ITO (externalisation informatique), ESO (architectural and engineering services outsourcing) et KPO (knowledge process outsourcing) ont été définis pour bénéficier des contrats de performance qui vont accompagner leur développement. L’aide prévue par l’Etat comprend des mesures incitatives, un appui à la formation, un accès plus aisé au foncier et des mesures portant sur la protection des données. Si l'Etat engage une enveloppe globale de 1,49 milliard de dirhams, il attend des contreparties. En premier, la création prévue de 60 000 nouveaux emplois directs.

En termes d'activité, la génération de 18 milliards de dirhams de chiffre d’affaires à l’export de services additionnels est attendue. Au niveau du drainage d'investissements, c'est un montant de 1,5 milliard de dirhams qui est espéré.

Pour rappel, le secteur de l'offshoring au Maroc a créé 63 000 emplois en 10 ans. Il contribue positivement à la balance commerciale à hauteur de 8 milliards de dirhams. Le Maroc a réussi à attirer sur son sol des filiales de références mondiales comme Cap Gemini, Accenture, IBM, Dell, Amazon, BNP Paribas, Axa, Atos, GFI Informatique, que je préside, Sofrecom, Acticall ou Teleperformance.

En matière d’infrastructure et du climat des affaires, ce secteur permet-il aujourd’hui d’accueillir de nouveaux investisseurs ? Qu’en est-il des TPME ?

Nous avons étroitement travaillé avec le ministère de tutelle pour, justement, lever le problème réel de compétitivité des parcs immobiliers régionaux. Nous avons obtenu dans ce sens de meilleures incitations pour les régions en ce qui concerne l'IR (impôt sur le revenu, ndlr) au niveau des parcs dédiés à l'offshoring. Les entreprises non situées dans les parcs immobiliers dédiés à l'offshoring comme Casanearshore bénéficient d'une subvention à la croissance. C'est une prime de l'État qui correspond à 10 % du taux de croissance de son activité.

Concrètement, si une entreprise qui se trouve en dehors des parcs réalise 20% de croissance, elle bénéficie d'une prime égale à 2 % de son chiffre d'affaires pour justement réduire l'écart des aides dont bénéficient les entreprises installées dans des parcs. Concernant les TPME à partir de 20 personnes, celles ayant des objectifs de recrutement sur les quatre années peuvent bénéficier de ces mêmes mesures que je viens de vous citer.

En tant qu’APEBI, pensez-vous que ce secteur pourrait intéresser les Marocains du monde souhaitant investir au Maroc ? Des mesures ont-elles été prises dans ce sens ?

Bien sûr ; notre nouvelle génération de Marocains résidant à l’étranger ne s’intéresse plus seulement à l’immobilier comme ce fut le cas pour la génération précédente. Ils sont de plus en plus attirés par les secteurs productifs, et l’offshoring est justement l’un de ces secteurs. En plus des mesures citées ci-dessus, leur relation avec des donneurs d’ordre étranger qui doivent externaliser leurs services leur donne un atout supplémentaire pour investir ce secteur.

Quels sont les avantages proposés aux nouveaux arrivants qui souhaitent investir aujourd’hui dans les technologies de l’information, les télécommunications ou l’offshoring ?

Au niveau fiscal et dans les parcs, le taux de l'IR était de 20 %. Ce seuil a été abaissé à 10% sur les sites de Tanger, Oujda et Tétouan. Même les villes dépourvues de parcs dédiés à l'offshoring comme Marrakech peuvent désormais en bénéficier. C'est une mesure très importante. En plus de l'IR, il y a eu des mesures qui concernent l'IS (impôt sur les sociétés, ndlr). Comme vous le savez, les entreprises installées dans les parcs bénéficient d'exonération d'IS pendant cinq ans, puis 17 % les années suivantes. Ce taux a été revu à la baisse à 8,75%.

Concernant les parcs, nous avons négocié un gel des prix jusqu'à 2020 pour les prestations de loyer ou de parking par exemple. Il existe une prime de croissance pour les sociétés marocaines implantées en dehors des zones d’une enveloppe de 200 millions de dirhams.

Concernant l'investissement, le dispositif d'aide est de 20 % du montant investi pour les entreprises se trouvant sur la zone de Casablanca et de 30 % ailleurs, y compris à Rabat où le taux de remplissage est moins important qu'à Casablanca. Son montant représente 380 millions de dirhams, toujours financés par le Fonds d'investissement. Si vous faites le total, vous devriez retrouver les 1,49 milliard de dirhams de l'enveloppe d'aide globale.

Pour finir, les entreprises du secteur vont disposer d'une première enveloppe pour la formation initiale dès le recrutement et d'une seconde pour la formation continue pendant les deuxième et troisième années. Si vous prenez un ingénieur au niveau de l'écosystème ITO, vous bénéficiez de 35 000 dirhams la première année de recrutement pour le former sur une technologie spécifique et 30 000 dirhams pendant la deuxième et la troisième année. C'est un fonds supplémentaire géré par l'ANAPEC (Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences, ndlr) de 474 millions de dirhams.

Article modifié le 2016/09/02 à 18h23

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