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Dix yeux pour un seul œil...
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15 novembre 2006 13:50
salam

Dix yeux pour un seul œil...



L’information, en temps de guerre, ne diffère pas vraiment de ce qu’elle est en temps de paix. Les conflits sont comme une loupe qui grossit ses défauts ordinaires. Ainsi, le débat sur la « disproportion » de l’offensive israélienne révèle une tendance désormais habituelle au « deux poids, deux mesures », qui conduit à hiérarchiser les victimes des combats au Proche-Orient comme, en France, celles du racisme





Au centre d’une des salles mésopotamiennes du musée du Louvre se dresse une imposante sculpture en basalte de plus de deux mètres de haut, réalisée vers 1730 avant Jésus-Christ. A son sommet, devant Shamash, dieu du Soleil et symbole de la Justice, trône le roi Hammourabi, dont elle reproduit le code, l’un des plus vieux du monde. Parmi les lois compilées en caractères cunéiformes figure celle, fameuse, du talion, qui prône la réciprocité du crime et de la peine.

Ce principe, l’Ancien Testament s’en inspire en affirmant (Lévitique, IX, 17-22) : « Si un homme frappe à mort un être humain, quel qu’il soit, il sera mis à mort. S’il frappe à mort un animal, il le remplacera – vie pour vie. Si un homme provoque une infirmité chez un compatriote, on lui fera ce qu’il a fait : fracture pour fracture, œil pour œil, dent pour dent. » Plus loin, le Lévitique (XIX, 18) prône néanmoins la réconciliation : « Tu ne te vengeras pas, ni ne garderas rancune. »

Le Nouveau Testament (Matthieu, V, 38-42) prend explicitement le contre-pied du talion, faisant dire à Jésus : « Vous avez appris qu’il a été dit : œil pour œil et dent pour dent. Et moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Au contraire, si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre. » Quant au Coran, il hésite (sourate II, verset 178) : « On vous a prescrit le talion au sujet des tués : homme libre pour homme libre, esclave pour esclave, femme pour femme. Mais celui à qui son frère aura pardonné en quelque façon doit faire face à une requête convenable et doit payer des dommages de bonne grâce. »

On peut raisonnablement douter que MM. Ehoud Olmert et Amir Peretz entrent dans l’Histoire, sinon comme commanditaires d’une guerre aussi contre-productive que sanglante. Ils auront en tout cas inventé une version plus terrible encore de la formule biblique : « Dix yeux pour un œil, dix dents pour une dent ». Car les opérations poétiquement dénommées « Pluie d’été » et « Changement de cap » ont coûté la vie à 160 Israéliens (dont une large majorité de soldats) et à 1 400 Libanais et Palestiniens (dont une écrasante majorité de civils), auxquels s’ajoutent les pertes du Hezbollah, estimées entre 80 (selon le mouvement) et 500 (selon Israël) (1). Ce bilan – dont la proportion dépasse celle de la seconde Intifada et de sa répression (environ 1 000 morts israéliens et 4 300 palestiniens) – pose une question redoutable, à laquelle les VRP chargés de « vendre » la bonne conscience devraient répondre : la vie d’un Israélien vaut-elle, à leurs yeux, dix fois plus que celle d’un Arabe ?

Caractéristique des conflits dits « asymétriques », cette inégalité devant la mort représente le talon d’Achille des inconditionnels d’Israël. Bernard-Henri Lévy l’a bien senti, qui écrivit, dans son bloc-notes du Point, dès le 20 juillet : « J’ai quand même envie de demander à ceux qui parlent [de disproportion] comment ils réagiraient si des commandos de terroristes venaient, sur notre territoire, dans le plus total mépris, voire la négation, de nos frontières, kidnapper des soldats français (2). » André Glucksmann, lui, préféra contre-attaquer : « L’indignation de beaucoup d’indignés m’indigne à mon tour. (...) Certains morts musulmans pèsent le poids d’une plume, d’autres des tonnes. Deux poids, deux mesures (3). » Et d’opposer le bruit fait autour des morts de Cana au silence sur ceux d’Irak, de Tchétchénie et du Darfour.

Mais l’indifférence de la plupart des médias à l’égard des seconds justifierait-elle qu’ils escamotent les premiers ? André Glucksmann aura du mal à l’affirmer, lui qui signa en 1999 – avec Romain Goupil, Claude Lanzmann et Bernard-Henri Lévy, qui tous, cette fois, ont soutenu la guerre d’Israël – un appel sur la Tchétchénie déclarant : « Nous condamnons, bien entendu, le terrorisme, mais on ne chasse pas le terroriste en bombardant les civils (4). » Quant à notre « Malraux des temps modernes » (ou, selon les hagiographes, Sartre ou Tocqueville), qui prétend voir dans un triple enlèvement la clé de cette guerre, il fait mine d’oublier que le « volcan » israélo-palestinien, pour reprendre la formule de Yasser Arafat, connaît depuis bientôt soixante ans des éruptions à répétition : 1948, 1956, 1967, 1973, 1982, plus deux Intifadas, et, par extension, une guerre civile au Liban et deux guerres d’Irak...

Toute prise d’otage est évidemment condamnable. Mais comment peut-on présenter ainsi la capture, le 25 juin, du soldat Gilad Shalit, et non la rafle de 34 ministres et députés palestiniens quatre jours plus tard – plus, début août, l’arrestation du président du Conseil législatif ? De même, Israël n’a-t-il pas saisi le prétexte des deux prisonniers du Hezbollah pour prendre à son tour en otage... deux populations entières, celles de la bande de Gaza et celle du Liban – plus, d’ailleurs, celle du nord de son propre pays ? Sans compter que ces trois soldats devraient bénéficier d’un échange de prisonniers (celui-là même auquel Israël refusa de procéder, fin juin comme à la mi-juillet), alors que les Libanais devront pleurer leurs morts et, une fois les 900 000 réfugiés revenus dans leurs foyers, reconstruire un pays dévasté...

Cette vision biaisée, une majorité de télévisons, radios et journaux nous l’ont servie ad nauseam. Quiconque s’émeut des trois Israéliens prisonniers peut-il ignorer plus de 10 000 prisonniers palestiniens, dont 600 arrêtés en juillet (5) ? Le fait que le Hezbollah bourre certaines de ses roquettes de billes meurtrières autorise-t-il Israël à faire usage de bombes à fragmentation, à phosphore ou à uranium allégé, ce qu’affirme Human Rights Watch (6) ? Et quand cette organisation non gouvernementale rappelle solennellement que la non-distinction entre cibles civiles et militaires constitue un « crime de guerre », elle précise « ne pas avoir trouvé de cas où le Hezbollah s’est servi de civils comme de boucliers pour se protéger des représailles israéliennes ». Certes, « des combattants ont installé des lance-roquettes dans des zones peuplées ou près d’observateurs des Nations unies », mais cela « ne justifie pas l’usage prolongé par l’armée israélienne d’une force aveugle [indiscriminate] qui a coûté tant de vies de civils (7) ». De même, est-il crédible, celui qui déplore les dégâts produits par le Hezbollah dans le nord d’Israël tout en justifiant le « déluge de feu, de fer, d’acier, de sang » israélien qui a ravagé les infrastructures du pays du Cèdre – immeubles, routes, ponts, ports et aéroports, centrales électriques, usines, etc. ? Si bien que le coût de la guerre est estimé à 1 milliard de dollars dans un cas, et de 6 à 10 milliards dans l’autre...

Un réflexe mental pavlovien
Cette logique du « deux poids, deux mesures » n’est pas réservée au Proche-Orient. Dans la classe politique française, parmi les journalistes et chez nombre de nos concitoyens, elle est devenue une sorte de réflexe mental si pavlovien qu’il paraît parfois presque inconscient. Et qui opère sur bien d’autres sujets.

A preuve les affaires Ilan Halimi et Chahïb Zehaf. Le 13 février 2006, Ilan Halimi, 23 ans, est retrouvé mort après avoir été séquestré et torturé à Bagneux (Hauts-de-Seine). Probable, vu les origines de la victime et certains propos de ses geôliers, le caractère antisémite du meurtre n’est pas d’emblée avéré. Cela n’empêche pas les principales autorités de l’Etat de se mobiliser, ainsi que les Eglises, les partis politiques et les médias. Et plus de 50 000 personnes de défiler à Paris le 26 février. Six jours plus tard, à Oullins (Rhône), trois coups de feu tuent Chahïb Zehaf, 42 ans. Vraisemblable pour les mêmes raisons, le caractère raciste du meurtre n’est pas non plus certain. Mais presque tous ceux qui s’étaient engagés pour Ilan Halimi se taisent. Il faudra trois semaines pour que 2 000 personnes manifestent à Lyon. Et que SOS-Racisme colle sur les murs de France une affiche affirmant : « Un Arabe tué à Oullins, un Juif tué à Paris, c’est deux potes assassinés »...

Ce déséquilibre n’a rien d’exceptionnel : il caractérise la plupart des commentaires sur le racisme et l’antisémitisme en France. Les actes de violence antijuifs ont indiscutablement augmenté beaucoup plus vite que les autres de 2000 à 2002. Puis ils ont soit crû moins rapidement, soit – comme en 2005 – décru plus rapidement. La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) l’écrit noir sur blanc (8). Or non seulement politiques et journalistes sous-estiment la poussée quantitative du racisme antiarabe et islamophobe, mais ils en négligent la dimension qualitative : le contraste entre la marginalisation de l’antisémitisme et la recrudescence des préjugés antiarabes et antimusulmans après le 11-Septembre. De fait, 90 % des Français se disent prêts à élire un président de la République juif, mais seuls 36 % voteraient pour un candidat musulman (9).

Qu’on lise – avec les précautions d’usage – l’étude réalisée pour le rapport 2006 de la CNCDH. Un Français sur trois se dit raciste (8 % de plus qu’en 2004), et 63 % (+ 5 %) considèrent que « certains comportements peuvent parfois justifier des réactions racistes ». Quant aux victimes du racisme, les sondés désignent d’abord les « Nord-Africains » et les « musulmans » (42 %), suivis des « étrangers » et des « immigrés » (26 %), puis des « Africains » et des « Noirs » (17 %) – après quoi viennent les « Français » (12 %), les « juifs » (6 %) et les « personnes d’une autre couleur de peau » (6 %)...

Continuer à hiérarchiser les différents racismes serait faire le lit de chacun d’entre eux. Certains, visiblement, ne l’ont pas compris, comme le confirment les réactions à la récente dissolution de la Tribu Ka, en vertu de la loi du 10 janvier 1936 « relative aux groupes de combat et milices privées » : le décret gouvernemental évoque, à juste titre, la « propagation d’idées et de théories tendant à justifier et à encourager la discrimination, la haine et la violence raciales (10) ». Autant de traits caractéristiques d’autres groupuscules non dissous, eux, en particulier la Ligue de défense juive, interdite aux Etats-Unis, au Canada et, sous la forme du parti Kach, en Israël. On ne compte plus, pourtant, les agressions qu’elle a commises, comme d’ailleurs le Betar, contre les militants favorables à une paix juste entre Israël et la Palestine, et jusqu’au sein de tribunaux (11). Qui a relevé cette contradiction ?

Un dernier fait troublant. Au lendemain du mouvement contre le « contrat précarité exclusion » (CPE), L’Humanité a lancé une pétition pour l’amnistie des manifestants condamnés « à la chaîne » par les tribunaux – et qui n’ont finalement pas bénéficié de la grâce présidentielle du 14 juillet. Pourquoi nul n’avait-il pris une initiative comparable pour défendre les centaines de jeunes injustement condamnés, l’automne dernier, lors de la révolte des banlieues ?

Débat purement idéologique, dira-t-on. Il n’en est rien : le refus intransigeant du « deux poids, deux mesures » conditionne, notamment, toute solution pacifique du conflit israélo-arabe. Entre autres motifs de leur agression, les dirigeants israéliens assurent vouloir pallier l’incapacité de Beyrouth, jusqu’ici, à appliquer la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU). Ravie de cette proclamation, la « communauté internationale » se garde d’avouer sa surprise : c’est pourtant bien la première fois que Tel-Aviv fait mine de respecter les résolutions des Nations unies.

Si Israël entend enfin les appliquer – celles du Conseil de sécurité, voire de l’Assemblée générale (12) –, il a du pain sur la planche. La 181, le 29 novembre 1947, décide le « partage » de la Palestine en deux Etats, l’un juif et l’autre arabe. La 191, le 11 décembre 1948, fonde le « droit au retour » des réfugiés. La 242, le 22 novembre 1967, prône le « retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés » en échange de la reconnaissance de « son droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues ». La 3226, le 22 novembre 1974, mentionne explicitement le « droit à la souveraineté et à l’indépendance nationale du peuple palestinien », etc.

Et qu’il n’oublie pas les trois plus récentes. Celle du Conseil de sécurité (1397) qui, le 12 mars 2002, réaffirme pour la première fois depuis 1947 « une vision où deux Etats, Israël et la Palestine, vivent côte à côte dans des frontières sûres et reconnues ». Celle de l’Assemblée générale (A/RES/ES-10/15) qui, le 20 juillet 2004, fait sien l’avis de la Cour internationale de justice de La Haye exigeant la destruction du mur en Cisjordanie. Et bien sûr la 1701, par laquelle le Conseil de sécurité a mis fin, le 11 août, à la guerre de l’été 2006...

Dominique Vidal

monde diplo
C
15 novembre 2006 14:58
sraël affirme vouloir faire payer "un lourd tribut" aux responsables des tirs de roquette qui ont tué une Israélienne mercredi 15 novembre. "Nous agirons contre ceux qui sont mêlés aux tirs de roquettes, depuis leurs chefs jusqu'au dernier de leurs terroristes", a averti le ministre de la défense israélien, Amir Péretz, qui va procéder à "un examen sécuritaire spécial" avec les responsables concernés.



Trois salves de six roquettes se sont abattues mercredi matin sur le centre de Sderot, une ville de 24 000 habitants située dans le désert du Néguev, proche de la bande de Gaza, tuant une mère de famille. Selon la radio militaire, l'une des roquettes est tombée près de la demeure d'Amir Péretz, blessant grièvement un gardien de la résidence. Les roquettes palestiniennes n'avaient pas causé mort d'homme depuis juillet 2005. Depuis septembre 2000, neuf personnes ont été tuées en Israël, dont six à Sderot, par la chute de roquettes tirées depuis la bande de Gaza.

Dans des communiqués séparés, le Djihad islamique et les Brigades Al-Qassam, l'aile militaire du mouvement Hamas, ont revendiqué séparément les tirs de roquettes, en représailles au bombardement israélien à Beit Hanoun qui a coûté la vie à 19 Palestiniens, en majorité des femmes et des enfants, le 8 novembre. Cependant, les Brigades Al-Qassam contestent la revendication des tirs par le Djihad islamique.

"LES OPÉRATIONS DOIVENT ÊTRE ÉLARGIES"


Interrogé par la radio israélienne, le ministre de la sécurité intérieure, Avi Dichter, actuellement en visite officielle aux Etats-Unis avec le cabinet d'Ehoud Olmert, a affirmé : "Les opérations menées jusqu'ici doivent être élargies. [Il peut s'agir] autant d'opérations terrestres qu'aériennes". Le ministre de la justice, Meïr Sheetrit, a confirmé la menace de représailles : "Israël doit riposter militairement à chaque tir de roquette, tout en recherchant une solution politique au conflit avec les Palestiniens". La veille, le chef du service de la sécurité intérieure israélien, Youval Diskin, avait menacé d'une "confrontation militaire de grande envergure dans la bande de Gaza, si les éléments modérés de l'Autorité palestinienne ne se renforcent pas".
t
24 janvier 2009 14:17
salam


l'histoire se repete...


salam
 
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