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3 octobre 2008 11:41
Article du vendredi 3 octobre 2008

L’enquête sur l’islamisme radical a dérapé en Rhône-Alpes


Un e-mail demandant au conseil régional de Rhône-Alpes de signaler ses salariés de confession non-chrétienne procéderait d’un dérapage. Les policiers se renseignaient sur la montée de l’islamisme radical.



Photo J. Philippon
Les conseillers régionaux et les services ont d’abord cru à une plaisanterie douteuse : le 16 septembre, la direction des ressources humaines de la Région Rhône-Alpes reçoit un coup de fil, confirmé par un mail, de la Direction départementale de la Sécurité publique du Rhône (DDSP).

Il est demandé de signaler « si vous avez (….) des agents de confessions autres que chrétienne […] (et) si certains d’entre eux ont demandé des aménagements d’horaires ou de service pour pratiquer leur religion ». Mercredi soir (voir nos éditions d’hier) le président de la Région, Jean-Jack Queyranne, rend l’affaire publique, relevant que « cette demande remet au goût du jour le fichier Edvige ».

Sa réaction fait immédiatement des vagues notamment au ministère de l’Intérieur : dès mercredi soir celui-ci dénonce : « une enquête totalement inadmissible». Et hier le porte-parole du ministère indiquait qu’une enquête disciplinaire était ouverte « contre le policier à l’origine de cette initiative ».

Bref, haro sur un lampiste, le signataire du mail alors que l’affaire pose de très nombreuses questions. Notamment sur l’existence confirmée par le directeur départemental de la sécurité publique d’une enquête officielle policière (voir ci dessous).

On s’étonnera aussi qu’un simple fonctionnaire de rang moyen ait pris sous son bonnet d’interroger une aussi grosse institution que la Région sur un sujet aussi sensible. Jean-Jack Queyranne, qui assura l’intérim du ministère de l’Intérieur durant quelques mois dans le gouvernement Jospin, doute que la hiérarchie policière ait pu être laissée dans l’ignorance et s’il fallait l’admettre trouverait cela « encore plus inquiétant pour les libertés publiques. Cela signifierait que sous couvert de la police, un individu peut constituer son propre fichier ».

Le président de la Région confie aussi son agacement de n’avoir reçu aucune réponse au courrier qu’il a adressé à la ministre, Michèle Alliot-Marie, faisant état de son « étonnement » quant à cette enquête menée auprès de ses services.

Peut-être le président de l’Association des Maires de France et maire de Lons (Jura), Jacques Pelissard, aura-t-il plus de chance : il a demandé des explications à Michèle Alliot Marie car dans le mail incriminé, il était spécifié que la dite étude était « faite à la demande des maires de France ».

Jacques Pélissard nous confirmait hier: « Jamais nous n’avons fait une telle demande, l’AMF ne s’intéresse pas du tout aux confessions des agents des collectivités ». La présidente des maires du Rhône, Elisabeth Lamure, affirme que localement non plus aucune demande de ce type n’a été faite : « Ce n’est pas notre rôle et à titre personnel ce n’est pas mon style ».

D’autres collectivités que Rhône-Alpes ont-elles été contactées ? Aucune autre Région semble-t-il. Peut-être des villes ; Jean-Jack Queyranne, dans son communiqué, évoquait l’hypothèse sans livrer de nom. D’après nos informations l’enquête interne du ministère de l’Intérieur a fait apparaître qu’un fonctionnaire de la ville de Lyon a également été destinataire d’un mail de même nature que celui adressé au directeur des ressources humaines de la Région.

Hier soir, le cabinet du maire ne niait pas l’existence éventuelle de ce courriel mais affirmait ne pas en avoir trouvé trace, ne sachant pas à quel service ni à quelle personne il aurait pu être adressé. Il semble que cette étude ou enquête sur les pratiques religieuses de fonctionnaires territoriaux, diligentée par un service successeur des célèbres RG a été (est?) purement locale.

Il faudra toutefois que les autorités d’Etat répondent à plusieurs questions dont celle de l’ampleur de cette entreprise : quelles collectivités précisément le ou les fonctionnaires de polices ont-ils été amenés à approcher, et surtout sur quelles bases juridiques ?

Qu’est-ce qu’autorise une hiérarchie policière à tenter d’établir des listes confessionnelles ? Si un fonctionnaire un peu trop zélé ou « maladroit » n’avait fait sursauter les services de la Région qu’aurait-on connu de cette initiative ? Autant de questions qui méritent réponses.

Michel Rivet-Paturel
 
Emission spécial MRE
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