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30 mai 2006 10:19
LE TRÉSOR DE LA POÉSIE HÉBRAÏQUE, PRODUIT DE LA CIVILISATION ARABO-MUSULMANE

par Leila



« Toutes les cultures sont liées les unes aux autres ; nulle n’est unique et pure, toutes sont hybrides, hétérogènes, extraordinairement différenciées et non monolithiques. » Edward Saïd, Culture et impérialisme.

Vers le milieu des années soixante, le quotidien israélien, Yedioth Aharonoth, publia une anthologie comportant six traités de la philosophie et de la littérature hébraïque andalouse sous le titre « Trésor de la pensée juive » . Le journal israélien n’a pas exagéré en considérant ces œuvres comme le trésor le plus abouti de la pensée juive car effectivement c’est en terre d’Andalousie que « l’histoire juive a connu sa période la plus florissante celle qui exerça une influence exceptionnelle sur la destinée des juifs et du judaïsme » [4].

Le moyen-âge dans l’inconscient occidental est synonyme d’ignorance, de fanatisme et de barbarie ; pourtant en cette même période, une admirable civilisation unique en son genre rayonnait en péninsule Ibérique et en orient musulman. En Andalousie, des musulmans, des juifs et des chrétiens ont inventé le métissage et la tolérance « les Ibériques, les Celtes, les romains et les wisigoths ne furent jamais espagnols ; alors que, tout au contraire, musulmans et juifs ont, dès le Xème siècle, forgé avec les chrétiens la très riche civilisation moderne de l’Espagne, et son identité unique en Europe » démontre l’historien Américo Castro. Un Andalou « n’est pas un Arabe pur ; il est arabe et quelque chose de plus que les psychologues et les sociologues cherchent ailleurs et bien loin, chez les Indiens, les Grecs, les Chinois et les Turcs quand ils l’ont là, sous la main, sous les yeux ; l’Hispano-musulman est un amalgame d’Arabe et d’Ibère, de Wisigoth et de Berbère, de Persan et de Slave ; c’est une conjonction heureuse de sémite et d’aryen » (H. Pèrès)[3].

Ces Andalous aux origines diverses autochtones ou immigrées et aux langues et aux religions différentes ont produit une société où la tolérance l’a emporté sur le fanatisme et où l’interpénétration culturelle a permis la réalisation d’une civilisation riche et métissée à nulle autre pareille.

Dans l’Espagne musulmane, les juifs qui, sous le règne Wisigoth, avaient un statut proche de l’esclavage, furent promus au rang de peuple du livre (de même que les chrétiens) ; un statut qui leur garantissait la liberté de culte et le droit de prendre part librement à la vie politique et culturelle. Les juifs andalous n’eurent pas besoin de s’assimiler ou de renier leur identité comme ce fut ce cas des juifs allemands de la fin du XIXe siècle ou des juifs américains de la seconde moitié du XXe siècle pour s’engager dans la vie civile. Ils se considéraient comme andalous et cordouans à part entière, une appartenance qui n’était en aucun cas en conflit avec leur judaïté « Apprenez, seigneur, que notre terre a pour nom Séfarade dans la langue sacrée, mais que les citoyens ismaéliens l’appellent Al-Andalous, et le royaume Cordoue « [2], proclama le lettré juif Hasdai ibn Shaprut, bras droit du calife du monde islamique Abd Al-Rahman III, commandant des croyants et successeur du prophète à la tête de la communauté musulmane tout entière.

Les juifs d’Espagne « étaient convaincus de partager à jamais les destinées de ce pays » affirme Ashtor, ils créèrent et innovèrent dans tous les domaines. Les intellectuels juifs ont adopté l’arabe comme langue de leur prose même dans les œuvres traitant des matières les plus sacrées. Ainsi, Maïmonide, comme la plupart de ses coreligionnaires, a rédigé la plupart de ses œuvres en arabe y compris son ouvrage monumental « le guide des égarés « . L’amour et l’enthousiasme des juifs pour la langue arabe n’ont pas empêché l’émergence du renouveau de l’hébreu « en écrivant en arabe, en pratiquant les méthodes et les terminologies arabes, les érudits juifs se livrèrent à une investigation minutieuse de l’hébreu biblique, qui fut rapidement suivie de celle de l’hébreu michnaïque et postbiblique. Pour la première fois, la prononciation de l’hébreu, la grammaire et le vocabulaire hébraïque eurent droit à un traitement scientifique [...]. Ainsi, sous l’influence de l’arabe, l’hébreu devint un moyen d’expression structuré et raisonné » [5] écrit Goitein.

Al Andalous berceau de la poésie hébraïque
La maturité culturelle atteinte dans certains centres juifs de l’Andalousie est frappante, explique Esther Benbessa [8] et l’effervescence poétique juive en Espagne musulmane fut l’une des caractéristiques de cet âge d’or. Le contact avec la culture musulmane a donné naissance à une nouvelle poésie juive où le profane côtoya le sacré contrairement à la période préislamique où la poésie profane hébraïque était inexistante et la littérature juive se limitait à des textes liturgiques. Les modèles arabes furent repris par les poètes juifs et les chants des plaisirs, de l’amour ou du vin s’ajoutèrent aux poèmes liturgiques. Même si elle fut composée en hébreu « la poésie hébraïque en Espagne fut un produit de la civilisation musulmane » atteste Goitein. [5]

Les fondations de la poésie hébraïque furent établies au Xe siècle sous le califat de Abd Al Rahman III, et dans sa capitale même Cordoue. Ce calife fut un souverain ouvert et cultivé ; lui et son successeur Al Hakam II ont fait de Cordoue une cité prospère et un centre pour la poésie, la musique, les sciences et les arts.

À Cordoue « la plus éminente des éminentes, la plus lointaine des lointaines, la cité par excellence « [2] le livre fut vénéré ; la bibliothèque du califat, qui n’était que l’une des soixante-dix bibliothèques de la ville, abritait à elle seule plus de six cent mille volumes. Et c’est dans la superbe, la délicieuse et la resplendissante Cordoue que des merveilles de la poésie juive furent composées.

La poésie profane hébraïque et ses liens prosodique, thématique et stylistique avec la poésie arabe
Les liens entre la poésie hébraïque andalouse et la poésie arabe sont fondamentaux « La prosodie arabe eut une influence totale sur la prosodie hébraïque et la plupart des poèmes profanes hébreux imitent les formes à rime et mètres uniques de la poésie arabe » [1].

Les poètes juifs Andalous ont imité les poètes arabes dans le choix des thèmes et genres : poésie bachique (chansons à boire), d’amour, de beauté et de désir (ghazal), poésie des jardins, ironie et satire politique (Naqd)(où nul n’est à l’abri de la critique), encensement, poème panégyrique (madh en arabe), autoglorification (fakhr), poèmes saturniens et ascétiques (zuhdiyyat), éloge funèbre, élégie, complainte, ...

Il existe une autre parenté entre les poèmes arabes et hébraïques qui concerne le style ornemental et esthétique du vers « les poètes sépharades ont adopté un art poétique qui consiste essentiellement à appliquer au vers hébreu-- écrit dans la langue de la Bible - les règles d’ornementation et d’esthétique habituelles au vers arabe. Il s’est ainsi produit un phénomène rare d’intégration de deux langues et de deux cultures, aboutissant à la perfection dans l’expression. » [1]

En imitant la poésie arabe classique, deux formes principales se développèrent alors dans la poésie hébraïque :

Al Qasida : long poème de rime et de mètre unique pouvant aborder plusieurs thèmes à la fois.

Al Maqtu’a (La Qeta) poème court, de même rime et de même mètre construit généralement autour d’un seul thème.

L’origine d’Al Qasida et Al Maqtu’a remonte à la période pré-islamique. Pour mieux répondre aux conditions particulières d’une société multiethnique et multiculturelle, les poètes andalous se sont affranchis de la tutelle des poètes de Damas et de Bagdad et ont inventé un nouveau style littéraire appelé Muwashshah. Il s’agit d’une poésie strophique qui se termine par une Kharja, vers qui clôt le poème. Le Muwashshah n’obéit plus aux règles précédentes concernant l’unicité du mètre et de la rime ; son ton devint alors plus léger et sa composition plus souple, ce qui facilita la mise en musique d’un très grand nombre de Muwashshahat qui devint plus tard le répertoire consacré de la musique classique andalouse. Séduits par ce nouveau style littéraire, les poètes juifs l’adoptèrent et lui donnèrent le nom de Shir Ezor. Dans le Muwashshah arabe la kharja est écrite en parler ibérique médiéval alors que dans le Shir Ezor, la kharja est écrite en arabe.

Plus tard, un autre type littéraire appelé Al Maqama fit son apparition en orient ; elle fut initiée par le poète Al-Hamadani (960-1008) et pratiquée par plusieurs autres auteurs dont le plus célèbre est Al-Harîrî (1054-1122). Al Maqama est un court récit rédigé en prose entrecoupée de poèmes qui met en scène la rencontre du narrateur avec un aventurier vagabond. Ce héros change de facette à chaque rencontre ; il peut être brigand ou sage, bon vivant ou austère, citadin ou bédouin. Mais dans tous les cas, ce personnage est toujours rusé, éloquent, cultivé, érudit, cocasse et féru de jeux de mots. Au cours d’une Maqama (séance), différents thèmes peuvent être abordés : aventures, satires sociales, sagesse, pérégrinations...

À son tour, Al Maqama fut reprise par les poètes juifs sous le nom de Mahberet. Le plus célèbre auteur de Maqamas hébraïque est Judah Al-Harizi. Il a traduit en hébreu les Maqamas d’Al-Hariri sous le titre hébreu de Mahbaroth Ittiel et a écrit un livre de Maqamas hébraïques originales intitulé Tahkemoni.

Poésie sacrée

Contrairement à la poésie profane née à l’âge d’or andalou, la poésie sacrée est née en Palestine et à Babylone, dans les premiers siècles de l’ère chrétienne. Cependant, le poème religieux (piyyut) de cette époque n’était pas une œuvre esthétique ou littéraire, mais avait pour seul but d’accompagner la prière récitée à la synagogue.

Les poètes de l’école andalouse, eux, se sont affranchis de la synagogue et leur innovation dans le domaine de la poésie sacrée fut spectaculaire « le piyyut sépharade représente l’expression la plus achevée du lyrisme religieux que la poésie hébraïque ait jamais offerte » [1].

Ouverte sur la philosophie, la science, les structures rythmiques et stylistiques imitées de la poésie arabe, la poésie liturgique hébraïque devint une création esthétique destinée à décrire des émotions et des angoisses du croyant face à son créateur ; elle fut centrée sur la personne, sa foi et ses sentiments religieux.

Son thème central fut l’amour de Dieu. Les poètes ont traduit l’histoire juive en une histoire d’amour entre la fiancée - les juifs - et son amant Dieu. Pour cela, ils ont emprunté des thèmes aux anciens poèmes d’amour arabes classiques et aux poèmes religieux du soufisme musulman. L’errance d’un bédouin dans le désert à la recherche de la trace de sa bien aimée devint pour le poète juif cette épouse (qui est l’allégorie du juif) perdue et abandonnée, qui erre à la recherche de son époux (Dieu) et espère son retour (le salut).

La poésie liturgique n’était pas simplement le fruit d’une religion, mais des produits culturels de l’époque « on peut affirmer avec certitude qu’il est impossible de comprendre en profondeur certains des plus célèbres piyyutim si l’on ignore les concepts de base de la philosophie médiévale « [1].

À l’instar de la poésie profane, la poésie sacrée a aussi adopté les principes et les règles de la poésie arabe. Le Muwashah dont l’emploi est profane à la cour du mécène est devenue l’une des formes les plus répandues et typiques de la poésie sacrée hébraïque.

Firdous [1] Al Andalous

En guise de conclusion, je vous invite à une promenade dans le jardin des délices, le jardin d’Eden, le jardin Andalous. Dans ce lieu magique, lieu privilégié des amants et des poètes, avec son immense variété d’arbres fruitiers, ses milliers de fleurs parfumées, ses cours d’eaux et ses labyrinthes, nous savourerons les poèmes de Samuel Ha-najid, Salomon Ibn Gabirol, Moïse Ibn Eza, Judath Hallévi, Al-harizi, ...le choix est immense. Car, grâce au travail formidable des traducteurs, nous pouvons, nous aussi, non-hébraïsants, jouir et s’en réjouir de cette magnifique poésie hébraïque andalouse née de mélanges et de croisements qui font d’elle un produit profondément humain et universel.

***

« Tout Doux...

Tout doux ...Mon cœur n’est pas de fer ! _Je n’endure pas la colère
De mon amant...Ah, ma blessure
Serait-elle ma sépulture,
Lorsque c’est toi le médecin ?
Mon mal serait donc mon futur,
Puisque c’est toi le magicien !
Bois donc vin et lait à mes lèvres,
Et puis, de mon prix ne le sèvre :
Etends la paume et prends mon cœur,
Que nul autre homme ne m’effleure ! »

Poème d’amour de Samuel Ha-nagid Ibn Nagrila (993-1056), poète juif, vizir et chef de l’armée musulmane de Grenade pendant dix-neuf ans.

***

O Dieu, qu’est-ce que l’homme ?...
(Tokhehah)

Ô Dieu, qu’est-ce que l’homme ?
Rien que chair et sang.
Ses jours - l’ombre passant,
L’errance, qu’il ignore...
Soudain son heure vient : il se couche et s’endort.

***

Ô Dieu, qu’est-ce que l’homme ?
Glaise sale et foulée,
Infestée d’immondice,
De tromperie, de vice,
Bouton de fleur fané,
Flétri sous le soleil !
Si tu lui rappelais
Ses fautes enfouies,
Ta colère et Ton ire
Les pourrait-il souffrir ?
Aussi grâce et pitié, car il n’est pas si fort...
Soudain son heure vient : il se couche et s’endort.

***

Ô Dieu, qu’est-ce que l’homme ?
Baignant dedans sa boue,
Un menteur qui se loue,
De vanité un fou !
Le pur d’impur sort-il
Ou le précieux du vil ?
Si tu lui rappelais
Ses penchants si mauvais,
Il se dessécherait
Tel un brin d’herbe folle...
Aussi grâce et pitié à l’instant de sa mort !
Soudain son heure vient : il se couche et s’endort.

***

Ô Dieu, qu’est-ce que l’homme ? _Incorrigible orgueil,
Buvant les eaux du deuil,
Mâchant un méchant pain,
Un océan sans frein,
Un four de chaleur brute !
Si tu lui rappelais
De son péché le rut,
Il serait terrassé,
Face au fort - harassé !
Aussi grâce et pitié, pardonne-lui encore...
Soudain son heure vient : il se couche et s’endort.

***

Ô Dieu, qu’est-ce que l’homme ?
Rien que de la souillure,
Forfaiture farouche,
Calomnies à la bouche...
Si tu lui rappelais
Ses méfaits, son cloaque,
Il ne serait que loques,
Partirait en fumée...
Aussi grâce et pardon,
Pitié, absolution !
Mannequin de limon dont poussière est le corps...
Soudain son heure vient : il se couche et s’endort.

***

Ô Dieu, qu’est-ce que l’homme ?
Oui, un arbre mité,
Et lorsque vient la mort,
Un fétu éclaté !
Ses joies de pleurs il baigne
Quand il pourrit de teigne...
Si tu lui rappelais
De ses péchés la masse,
Il deviendrait limace,
De la cire fondue !
Aussi grâce et pitié, clémence pour ses torts !
Soudain son heure vient : il se couche et s’endort.

***

Ô Dieu, qu’est-ce que l’homme ?
La feuille au vent qui vole,
Un poids sur la balance
Pesant l’insignifiance,
Volière à mensonge
Comme en cage mésanges...
Pourrais-tu donc penser
À sévir contre lui,
Fumée qui s’évanouit,
Bois vermoulu, moisi ?
Gracie-les à ton aune, et non pas à la leur !
Soudain son heure vient : il se couche et s’endort.

Poème liturgique de Salomon Ibn Gabirol (1020-1057), le plus grand poète hébreux andalou.

Mon aimé...
(Ahavah)

Mon aimé...Pourquoi Sa colère et Son mépris,
Lorsque, tel un roseau, mon cœur tremble, tout pris ?
Oh, qu’il a oublié le temps où, très épris,
Dans un désert ruiné, j’avais suivi Ses pas ! ...
Je l’appelle aujourd’hui, mais Il ne répond pas.
S’il me tue, je l’attends, et s’Il cache Sa face,
En sa clémence aussi je cherche et trouve place :
La grâce du Seigneur pour le serf est la même,
Quoi ! L’or ternirait-il et deviendrait-il blême ?

Poème dédié à l’amour de Dieu de Moïse Ibn Ezra (1055-1135), poète nourri de culture arabo-hébraïque, qui a occupé de très hautes fonctions administratives.

Leila

P.S.

Bibliographie

[1] Poésie hébraïque médiévale, Masha Itzhaki et Michel Garel, Le Seuil 1993.

[2] L’Andalousie arabe, une culture de tolérance, Maria Rosa Menacal, traduit de l’anglais par Mélanie Marx, collection Mémoires, 2004.

[3] L’Espagne musulmane, André Clot, Editions Perrin, 2004.

[4]Jews of Moslem Spain Vol 1/2/3 by Ashtor, Eliyeah., Jewish Pubn Society/1993

[5] Jews And Arabs : A Concise History Of Their Social And Cultural Relations de S. D. Goitein Dover Publications / 2005

[6] Qu’est-ce que la philosophie juive ? Gérard Bensussan, Midrash,2003

[7] Le soleil d’Allah brille sur l’occident, Sigrid Hunke, Albin Michel, 1963

[8] Histoire des juifs sépharades, Esther Benbessa et Aron Rodrigue, Histoire, 2002

[9] Le passé d’une discorde, Michel Abitbol, Perrin, 2003

[10] Le judaïsme moderne, Maurice-Ruben Hayoun, Presse universitaire de France, 1989



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[1] jardin du paradis
siryne
F
30 mai 2006 18:54
Aujourd'hui le sionisme croit préparer l'avenir des juifs. Je pense qu'il est en train de détruire l'avenir du peuple juif. Les pages ( et les images !) sanglantes qu'il écrit en ce moment resteront dans l'Histoire de l'humanité. Les générations juives futures devront alors rendre compte.C'est en ami des juifs que je parle. Le sionisme aura beau camoufler, interdire, maquiller. La vérité éclatera.

France.
s
31 mai 2006 09:46
Salut France .


Tu as parfaitement raison , certains juifs s'en rendent compte , helas ils sont peu nombreux ,

Et le monde cautionne ses crimes , des vrais colabos .
siryne
 
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