Et si le Vert était notre alternative post dictature
Se trompent ceux qui croient que la révolte tunisienne est le fruit d'un acte spontané et isolé d'un citoyen désespéré.
Hommage à toi Bouaazizi mais surtout hommage à ceux et à celles qui pendant des décennies ont accumulé et préparé les conditions d'une réelle alternative à la dictature de Ben Ali.
Toutes les révolutions sont une accumulation d'actes de révolte structurés ou spontanés de citoyen désespéré ou d'organisations politiques et syndicales structurées.
Une alternative se construit dans le temps et par des actes de désobéissances civiles. Une révolte, et je pèse mes mots, telle que celle de la Tunisie ne peut dépasser la phase d'opposition pour atteindre le statut de révolution si elle n'est pas accompagnée par un projet politique structuré et radicalement alternatif.
La révolution n'est pas une opposition contre une personne mais à la fois une dénonciation d'un système et de sa déconstruction suivie par une reconstruction structurelle du système et un changement visible et lisible des figures emblématiques du système déchu.
Aujourd'hui, il est fort probable qu'une révolte à la tunisienne reste un vœu pieu tant qu'elle n'est pas accompagnée par un projet politique et idéologique, radicalement opposé au système dénoncé.
La question reste entière : quelle alternative peut on proposer pour éradiquer structurellement le système et reconstruire l'espoir par un projet démocratique pour le développement soutenable. Par développement soutenable j'entends la finalité même d'une existence humaine, à savoir une vie digne, confortable et responsable.
Capitalisme ? Socialisme ? Islamisme ? Anarchisme ? Les adjectifs en «isme» paressent plus nombreux qu'un contenu viable et convainquant, réaliste, pragmatique et réalisable.
Des voix se sont élevées au siècle dernier pour crier victoire et sonner le glas de l'histoire avec le triomphe absolu du capitalisme.
La chute du mur de Berlin, et avec elle la chute du bloc est, et son idéologie à donné au capitalisme la possibilité d'agir sans aucune morale mettant en danger l'humain et l'environnement.
Même les idéologies nouvelles, telles que l'écologie politique ou autre projet social-démocrate ne vont pas plus loin que de proposer une réforme du capitalisme, un relooking même en profondeur ne change pas le fond mais apporte des nouvelles facettes à la forme..
Même la droite européenne et occidentale en général souscrit à cette demande populaire d'une moralisation du capitalisme pour faire face aux dérives de la spéculation financière qui a explosé l'économie mondiale et l'a fait sombrer dans une crise sans précédent.
La question qui demeure en suspens est : la moralisation du capitalisme serait-elle la solution finale et unique; et par conséquent l'adaptation de tous ces principes et dans tout les domaines ou faut il inventer une autre voie.
Dans les pays qui souffrent actuellement de la dictature ou qui en sortent avec beaucoup de souffrance, la question est encore plus complexe. Le système économique du tiers monde est un non système que l'on peut shématiser en le qualifiant de bipolaire, à savoir le socialisme du peuple et le capitalisme de l'état d'une façon à s'y perdre. S'ajoute à cela le facteur post colonial et les enjeux géopolitiques (islamisme, immigration massives et clandestines, l'exil des compétences, le terrorisme d'état et des groupes, le démantèlement des oppositions...) ; vient compliquer la donne l'absence d'un projet constructif de l'opposition.
Ma contribution part de ce principe, de cette complexité pour proposer des pistes de réflexions valables pour redonner du désir de gouvernance aux peuples opprimés. Je me dénonce écologiste croyant à une alternative mondialiste basée sur une relation dialectique entre l'humain et l'environnement.
Je crois sincèrement qu'aucune alternative n'est possible en dehors de la dénonciation du productivisme et du consumérisme de gauche comme de droite.
L'écologie politique,embryonnaire soit elle, est aujourd'hui la seule voie crédible face à une droite libérale, aliénée et esclave des règles sauvages du capitalisme et d'une gauche réformiste, suiviste, sans avenir ni projet....
C'est dans le sens d'une analyse critique des conséquences néfastes des deux idéologies productivistes (capitaliste et communiste) que l'on peut reconstruire l'espoir mondialisé. Agir localement et penser globalement n'est pas un slogan vain, il manifeste son utilité dans une société mondialisée : si on pète à Carthage, on sent la puanteur à la maison blanche...
Sidi Bouzid, Sidi Ifni, les luttes des kabyles depuis des décennies, les luttes des chômeurs diplômés, les combats des ONGs pour les droits humains et bien d'autres formes de militantisme actif qui participent à l'accumulation des conditions de la révolte. Quand les conditions d'explosion sont réunies, il suffit d'un élément déclencheur pour que la flamme révolutionnaire illumine le ciel des pays opprimés.
Après la révolte, l'alternative?
Tout le monde s'accorde à dire que pour l'exemple Tunisien, tout est à refaire mais sur quelle base? La même question se pose partout ou la dictature a pourri le système et déstructuré la société.
Pour répondre à cette question, je suggère que l'on débatte concrètement des réponses concrètes et mesures de gouvernement à apporter aux exigences d'une nouvelle gouvernance ancré dans le 21 ème siècle. Pour ma part, je ne cache pas mon souhait de voir le vert, la couleur du siècle, car couleur de l'espoir et mouvement des idées.
Au 19ème siècle, le libéralisme a permis l’émergence de la démocratie. Au 20ème, le socialisme l’a aidée à intégrer la dimension sociale. Depuis la fin du second millénaire, l’écologie politique poursuit ces mouvements d’émancipation en inscrivant l’environnement et les générations futures au cœur du projet démocratique. En ce sens, les partis écologistes incarnent bien la nouvelle force du 21ème siècle.
L’écologie politique est la seule école de pensée et force politique qui recherche un meilleur équilibre entre l’homme et la nature. Nous n’avons évidemment qu’une seule planète. Ses ressources sont limitées et ses écosystèmes fragiles. Quand les pollutions augmentent, quand le climat se dérègle, ce sont les êtres humains qui souffrent, en commençant par les moins favorisés. En parvenant à un développement qui respecte l’environnement, nous améliorons notre qualité de vie aujourd’hui et nous garantissons un avenir à nos enfants et à nos petits enfants.
En tant qu'écologistes, nous proposons de penser et d’agir en tenant constamment compte du triangle que forment l’individu, l’environnement et la société. Les écologistes savent qu’entre la manière dont fonctionnent les sociétés et leurs environnements, il y a toujours des liens et qu’il faut en tenir compte si on veut respecter les êtres humains. La participation des citoyens aux choix collectifs permet de mieux le comprendre. L’éthique est absolument indispensable pour réconcilier les citoyens et la politique, les associer étroitement aux projets qui sauveront notre environnement et assureront un réel progrès collectif.
Nous sommes aujourd’hui confrontés à une crise globale. Les crises environnementale, énergétique, sanitaire, sociale, agricole, alimentaire, économique, démocratique et identitaires, se cumulent et s’interpénètrent. Elles mettent en péril l’avenir de la planète et des hommes et des femmes qui y vivent et vivront.
L’évidence actuelle de la crise donne hélas raison aux écologistes. Longtemps lanceurs d’alertes, ils portent désormais la responsabilité immense d’apporter les solutions politiques pour une transformation écologique et sociale à la hauteur des enjeux.
L’urgence à agir est criante. La crise climatique et les menaces sur la biodiversité en cours sont le résultat d’un mode de développement, dont les effets catastrophiques pèseront avec plus d’intensité sur les couches populaires, au Nord comme au Sud, qui paieront encore plus cher que les autres. La dégradation de notre environnement, l’épidémie de cancers, l’impact nuisible des substances toxiques sur la santé nous obligent à repenser nos modes de vies.
Les crises financières qui secouent le monde sont inscrites dans le fonctionnement de notre modèle d’accumulation. Elles sont le résultat d’un système économique où l’accroissement exponentiel des profits au détriment des salaires et de la redistribution a produit surendettement, famines, précarité généralisée, spéculations financières et la crise économique et sociale d’ampleur qui démarre. Elle est le symptôme convulsif d’un système qui, en détruisant les ressources naturelles et en reniant les compromis sociaux hérités des luttes du mouvement ouvrier, a sapé jusqu’aux bases de sa propre existence. Les dérégulations de la finance mondiale ont permis de prolonger le rythme de consommation des Américains et de la croissance chinoise basée sur les exportations, amplifiant la crise des ressources naturelles tout comme le fait le niveau de consommation des pays de l’OCDE. Aujourd’hui, la crise des subprimes et de la finance déréglementée va accélérer la restructuration du capitalisme et amplifier la paupérisation d’une partie de la population. Déjà des milliers d’emplois disparaissent sous couvert du ralentissement de la demande mondiale, et plongent nos concitoyens dans une précarité inadmissible quand des milliards sont promis, sans contrepartie, au système financier.
Les champs d'action politique que nous proposons d'explorer pourraient être résumé en dix points:
1. La démocratie 2. L'équité 3. Le changement climatique et l'énergie 4. La biodiversité 5. Soumettre la mondialisation économique aux principes du développement durable 6. Les droits de l'homme 7. L'eau et la nourriture 8. La planification durable 9. La paix et la sécurité 10. Agir globalement
Dix champs d'actions explorés selon les principes :
1. de protéger et de rétablir l'intégrité des écosystèmes de la Terre, en mettant l'accent sur la biodiversité et les processus naturels qui maintiennent la vie ; 2. de reconnaître que tous les processus écologiques, sociaux et économiques sont interdépendants ; 3. d'assurer l'équilibre entre les intérêts des individus et les intérêts communs ; 4. d'harmoniser liberté et responsabilité ; 5. de favoriser la diversité dans l'unité ; 6. de réconcilier objectifs à court terme et objectifs à long terme ; 7. de faire en sorte que les générations futures aient les mêmes droits que la génération actuelle
Quelques pistes sont à approfondir et à explorer pour une mise en forme politique chiffrée et applicable. Des pistes qui pourraient servir comme base de réflexion pour toutes les forces qui se déterminent alternatives sociales et solidaires.
La sagesse écologique
en promouvant la santé écologique en n'étant pas responsable d'Extinction des espèces en reconnaissant la sagesse des peuples autochtones en reconnaissant les limites des ressources naturelles en préservant les écosystèmes et la biodiversité en adoptant le principe de précaution
La justice sociale
en soutenant la distribution équitable des ressources en garantissant la satisfaction des besoins fondamentaux, tels que eau, nourriture, toit en affirmant le droit au développement de tous en mettant en place une économie mondiale stable et juste en comblant le fossé existant entre le Nord et le Sud en éliminant la pauvreté et l'analphabétisme en garantissant l'égalité des droits indépendamment du sexe, de la race, de l'âge, de la religion, de la classe sociale, de l'origine ethnique ou nationale, de l'orientation sexuelle, du handicap, de la richesse et de la santé.
La démocratie participative
en favorisant la démocratie biorégionale en aidant l'individu à être autonome, volontaire et participatif en soutenant le droit de vote de tous les adultes en garantissant le droit à l'appartenance politique de son choix dans le cadre d'un système pluripartite.
La non-violence
en promouvant une culture de paix et de coopération en mettant en place une conception globale de la sécurité, ainsi qu'un système mondial de prévention, de gestion et de résolution des conflits en éliminant les causes de la guerre, telles que le racisme ou la pauvreté en favorisant un désarmement général, en particulier en matière d'armes nucléaires, biologiques et chimiques, des mines antipersonnel et des armes à l'uranium appauvri ;
Le développement durable
en limitant la surconsommation en mettant l'accent sur la qualité de vie en permettant de satisfaire les besoins actuels sans compromettre les besoins des générations futures en limitant la croissance démographique en favorisant le développement local en prenant en compte le prix environnemental d'un bien ou d'un service dans son prix global en favorisant le suivi des principes de développement durable par les industries
Le respect de la diversité
pour le respect des minorités pour le droit de tous à un environnement de vie favorisant la dignité, le bien-être et la santé pour des relations harmonieuses pour la reconnaissance du droit des peuples pour l'égalité entre les hommes et les femmes
oui, ce serait inespéré que sur les ruines du regime ben ali un tel projet remporte l'adhésion de la population. mais meme dans les pays les plus democratiques, eduqués, cette alternative ne s'est pas imposée pour l'instant malgré sa progression dans les esprits. difficile pour les tunisiens qui partent de si bas de se saisir d'un tel changement de perspective. les besoins immédiats passent avant tout autre considération.
ha oui, une autre remarque: chez les communistes actuels, le productivisme est largement remis en question. il n'y a plus que les vieux staliniens pour rever de grandes usines et de hauts fourneaux.
Bonjour, je suis pleineùent en accord avec toi sur les deux remarques, juste une précision: ce projet n'est pas adressé aux seuls tunisiens ni réalisable dans l'immédiat, c'est un projet pour tout les pays du sud, et un combat à long terme. l'objectif est de constituer un outil de travail, une coopérative politique pour le mettre en ouevre. cordialement
perso, pour avoir fréquenté le millieu altermondialiste, assisté à des colloques......etc je pense que ce projet avancera grace aux pays du sud. en europe, on est trop sclérosés par un mode de vie devenu une habitude, par les medias baillonés par les multinationales.....et tutti quanti. les medias peuvent faire tomber tout un gouvernement suite à un scandale c'est pas si grave pour le système en place. mais toucher à la l'opacité des flux financiers, exiger la transparence des comptes des entreprises voire (horreur) parler de décroissance, sont de vrais tabous. le droit de vote on l'a bien sur. mais le vrai pouvoir, c'est à dire le controle des entreprises, ça c'est vraiment l'interdit absolu. hors, sans cela, on ne pourra rééquilibrer les echanges nord sud et reduire nos nuissances sur le vivant. quoi qu'on fasse, on retombe ces enjeux.