Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
vérité quotidienne......
e
29 décembre 2004 17:21





Les images obscènes que les soldats américains viennent de fabriquer de leurs prisonniers irakiens sont les dernières en date d'un long processus d'humiliation de la nation arabe. Fatalement, dans une folie ininterrompue de dégradation, on est descendu, en moins d'un an, de la tête de Saddam Hussein au corps des Irakiens.

Revoyez le gros plan de la tête de Saddam, affolée, sale, couverte de longs poils noirs, que des mains gantées de blanc fouillent à la recherche de la fourberie cachée. Une tête guillotinée, coupée du corps complexe de l'Irak. Une tête que la caméra américaine est allée dénicher au fond d'un trou, le trou du serpent venimeux. Revoyez Oussama ben Laden dans sa caverne de fauve, avec son rire de hyène, plein de barbe et drapé dans sa robe de bédouin.

De la tête du chef au corps des Irakiens. Des corps que les soldats américains imberbes ont dévoilés nus comme vers dans un entremêlement immonde. Quelles images n'ont-ils pas fabriquées des femmes voilées jusqu'au front ?

Revoyez les Arabes qu'a filmés Spielberg, dans ses Indiana Jones, qui se font cravacher par le héros américain sur son cheval et qui se sauvent comme des rats en s'enfargeant dans leur djellaba. Rappelez-vous cette séquence méprisante où Indiana fait face à son ennemi arabe qui l'attend pour se battre, le sabre de ses ancêtres au poing. Revoyez notre héros bien-aimé qui détourne la tête d'un air ennuyé, qui sort son revolver et qui flingue l'Arabe, à distance, nonchalamment, sans daigner le regarder, comme on chasse une mouche du revers de la main. Au grand plaisir déboutonné des spectateurs.



Repensez au film de Friedkin, L'Exorciste (1973), où un archéologue américain découvre, dans une grotte au nord de l'Irak, une tête en granite de satan, une arme de destruction massive, le mal incarné qui va atteindre les États-Unis et terroriser une famille de Washington.




Ce ne sont là que des exemples de l'Arabe méprisé ou démonisé. Il faudrait qu'un étudiant fasse son mémoire de maîtrise ou sa thèse de doctorat sur l'image de l'Arabe dans le cinéma populaire américain pour se rendre compte que le mépris est le thème dominant. Aussi dominant qu'il l'a été pour le Noir.



Je pense au livre sacré des Arabes et de un milliard de musulmans, moqué par l'Occident chrétien depuis 15 siècles. L'expression «s'en moquer comme de l'an 40» est une déformation linguistique de «s'en moquer comme de l'al-Qorân» (le Coran). Jusqu'à Molière qui se moque en déposant le Coran sur le postérieur de son bourgeois gentilhomme, dans la rigolade de la scène et de la salle. Il faut attendre le milieu du XIXe siècle pour trouver une traduction du Coran qui ne soit pas teintée de préjugés.

Ce n'est pas le petit film Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran qui va renverser la vapeur. Le réalisateur François Dupeyron a beau avoir les meilleures intentions du monde (il importe d'apaiser les musulmans de France) et nous montrer l'humanisme du Coran à travers M. Ibrahim (Omar Sharif), il n'arrive pas à se défaire du préjugé millénaire qui fait de l'Arabe Ibrahim un marchand malhonnête qui trompe sur la marchandise et qui initie son jeune ami à la duplicité.

On peut oublier la haine. Pas le mépris. Celui qui me hait me donne de l'importance. Je compte pour lui. Il est préoccupé par moi jusqu'à ne pas dormir la nuit. Celui qui me méprise me tient pour moins que rien. J'ai les ailes coupées. Je rampe. Je me cache. Je retrousse les babines et je montre les dents.



s
29 décembre 2004 17:31
Texte de Paul Warren , Professeur de cinéma
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook