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TUNISIE : Kouchner ne fait rien pour un psychiatre français détenu par Ben Ali
S
4 septembre 2009 11:20
"Nous nous attendions à une fête le jour de son arrivée à l'aéroport. Le résultat vous le connaissez..." Alaa-Eddine, l'un des fils d'Ahmed Eleuch, est encore choqué par l'arrestation de son père, le 30 juillet, à Tunis. Interpellé à la douane à sa descente de l'avion en provenance de Paris, ce psychiatre de 53 ans installé depuis des années à Saint-Denis est alors placé en détention au centre pénitentiaire de Mornaguia. Une semaine plus tard, le tribunal de la capitale tunisienne le condamne à quatre ans de prison ferme et trois ans de contrôle administratif pour "atteinte à la sûreté de l'Etat". Depuis, son épouse, Afifa, restée au domicile familial du Val d'Oise avec certains de ses enfants, est rongée par l'inquiétude. "Je savais que c'était dangereux de vouloir rentrer en Tunisie, explique-t-elle, j'ai même essayé de l'empêcher de partir."

"Aucune preuve"

Ahmed Eleuch, qui avait quitté son pays en 1987 pour des raisons politiques, est qualifié par ses proches de "doux, tolérant et ouvert au dialogue". Selon eux, il mène une existence tranquille, partagée entre son cabinet de Saint-Denis et les ateliers d'aide à l'intégration qu'il organise.

De retour en Tunisie, où il voulait voir son père gravement malade, il a été rattrapé par son lointain passé de sympathisant d'un mouvement islamiste. "Le ministre de la justice tunisien a pourtant encouragé les exilés à rentrer au pays, en disant que tout était oublié", se plaint son épouse.

Ahmed Eleuch fait face à de graves accusations: un témoin anonyme l'accuse d'avoir participé à une réunion du parti islamiste illégal Ennahdha, organisée à Tripoli (Libye), en 1994. Stupéfait, il apprend qu'il a été jugé par contumace en 2000 et condamné à huit ans d'emprisonnement pour ces faits - une peine ramenée à quatre ans de prison ferme lors de son procès, le 7 août dernier. Il est également soupçonné de falsification de passeports - il a quitté la Tunisie avec des papiers tunisiens en 1987 et y est revenu en 2009 avec un passeport français.

Le 31 août, l'affaire se corse. Le psychiatre est transféré dans sa ville natale de Sfax (Centre-est du pays), où il est accusé, cette fois, d'avoir financé illégalement Ennahdha dans les années 1990. Cet autre procès, repoussé à l'automne, pourrait lui valoir six années d'emprisonnement supplémentaires. "C'est un procès politique, lâche son avocat tunisien, MeYasser Trabelsi. Nous plaidons bien sûr non coupable. Le dossier est entièrement vide, il n'y a aucune preuve contre mon client."

"Ahmed a bien été un sympathisant d'Ennahdha, mais il n'a jamais assisté à cette réunion, il vit en exil depuis 1987", reconnaît sa femme. "Il n'a pas d'activité politique particulière, confirme son avocat français, Me Patrick Maisonneuve. Le regard de la justice tunisienne sur cette affaire est discutable. Nous avons fait appel et un nouveau procès devrait se tenir en septembre."

Ennahda est un parti politique islamiste, né en Tunisie à la fin des années 1980. Il comptait à l'époque de nombreux sympathisants. Considéré comme le seul espace de liberté du pays, avec son discours orienté vers la justice sociale, il s'est rapidement heurté au pouvoir. Premier ministre à l'époque, l'actuel président tunisien, Zine el-Abidine Ben Ali, qui y voit des menaces de coup d'Etat, l'interdit en 1989, condamne les dirigeants à de lourdes peines de prison et traque ses adhérents dans le pays.

Selon l'un de ses proches, soucieux de garder l'anonymat, "Ahmed a adhéré à Ennahdha dans sa jeunesse, comme tous les jeunes. Il a pris ensuite ses distances avec le mouvement."

"J'ai été son formateur en thérapie familiale pendant de longues années. C'est quelqu'un de très croyant, mais aussi ouvert, pacifique et tolérant", insiste Patrick Chaltier, psychiatre à l'Etablissement public spécialisé Ville Evrard à Bondy (Seine-Saint-Denis). Appuyé par d'autres praticiens, il s'oppose fermement à la thèse qui fait de ce psychiatre formé en France un dangereux islamiste.

Jusqu'à présent, les demandes d'aide envoyées aux hommes politiques restent lettres mortes. "Sur une centaine de courriers, nous n'avons reçu que cinq réponses", regrette Afifa. "Nous voulons utiliser la voix pacifique, pour ne pas envenimer la situation. L'ambassadeur tunisien devrait nous rencontrer", ajoute Patrick Chaltier, qui préside le comité de soutien récemment lancé. Plusieurs députés, sollicités par la famille, affirment avoir transmis le message au ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui n'a pas encore répondu.

En attendant les diplomates, les seules nouvelles proviennent de ses deux filles, restées en Tunisie pour les vacances. Chaque lundi, elles lui rendent visite en prison, pendant quinze minutes. "Il va mal, s'inquiète son entourage, il est diabétique et souffre d'une sciatique. Heureusement, il dit qu'il n'a pas été torturé. Ce n'est déjà pas mal."
D
DPR
4 septembre 2009 19:03
kouchner le fameux vendeur de charité professionnel est un SAYANIM qui joue bien son rôle !
O
4 septembre 2009 20:15
Normal que Kouchner ne bouge pas sa gueule, puisque l'emprisonné ne s'appel pas Shalit ou Halimi...

En gros, quand c'est un musulman, ils s'en foutent grave.
 
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