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Tout comme Mohamed Choukri, l'artiste peintre Abderrahmane Zenati est un...
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28 mars 2005 09:35
Tout comme Mohamed Choukri,l'artiste peintre Abderrahmane Zenati est un autodidacte qui s'est imposé auprès du public marocain comme un des écrivains marocains les plus originaux et les plus audacieux.

C'est avec Les cigognes reviendront-elles?, son premier ouvrage écrit en langue française et paru en 1994, qu'il s'est fait connaître au grand public. Depuis, Abderrahmane Zenati à beaucoup écrit sur différents sujets et particulièrement sur sa ville natale.

Il est le seul écrivain pour l'instant qui a levé le voile sur cette énigmatique ville millénaire marocaine, tantôt chantant son exotisme, son folklore, ses féeries et ses mystères et tantôt dénonçant son immobilisme. Il a exalté le faste des ruelles nostalgiques, la beauté subtile des femmes de l'Oriental, le rythme alangui des jours, le sourire des enfants. La caméra dans la plume, il a décrit le souk grouillant et la médina secrète.

Abderrahmane Zenati a l'art de façonner avec des images écrites la représentation de son lecteur. Au départ pourtant, rien ne semblait devoir porter ce self-made-man qui n'avait jamais fréquenté l'école, vers la peinture et encore moins vers l'écriture.

Né le 14 juillet 1943 dans un milieu frôlant la misère, orphelin de père à l'âge de cinq ans, dès l'aube de son enfance, il se retrouva abandonné dans l'enfer de la rue, livré à lui-même. Comme Gavroche de Victor Hugo et Rémi d'Hector Malot, au grès de ses pas, ventre affamé et tremblant de froid, il erra durant des années dans les rues et les terrains vagues. « Pour survivre, je mangeais n'importe quoi, en fouillant dans les poubelles, parmi les chiens et les chats, dit-il dans son ouvrage « Goût de cendre ». L'enfance triste et déchirée d'Abderrahmane Zenati n'a été bercée que par les rêves et les contes que lui narrait cheikh Tayeb, un vieux conteur populaire de "halka".

A force de vivre dans la misère et la saleté, à douze ans, la tuberculose lui perfora les poumons et le cloua dans un lit de l'unique hôpital d'Oujda.

C'est là, face à la bonté des infirmiers et aux discussions profondes avec les malades, qu'il a pris conscience de la réalité de sa vie. Tous ces échanges variés lui faisaient vivre intensément un espoir à travers l'humain de chacun. Lui, qui, jusque-là, ne se souciait seulement que de manger pour survivre l'heure présente, la pensée de savoir de quoi son lendemain serait fait, avait soudain germé dans ses pensées. Et seul, par instinct, il se mit à gribouiller avec des crayons de couleurs des dessins sur n'importe quel papier lui tombant sous la main. Grâce à une boite de gouache offerte par l'infirmière française, madame Michèle, avec passion il s'initia à la peinture et puis, bientôt à la lecture à l'écriture. A dix-huit ans, grâce à l'appui du docteur Sauvaget, un ancien médecin militaire, chef de l'hôpital d'Oujda, il fut recruté comme aide soignant à la Santé Publique.

« Contrairement à ce qu'on pense souvent, il n'y a pas que l'école qui instruit, écrit Zenati dans Goût de cendre. La rue, la misère et l'expérience ont été pour moi les meilleurs des professeurs, les plus impitoyables, car ils m'avaient fait d'abord passer le test et donner ensuite la leçon.

En parallèle avec son métier, Zenati continua à peindre, à lire et à écrire.
Il fut en 1958 le premier marocain à exposer sa peinture avec les artistes français qu'étaient Albert Mathérat, Albert Bou, Madame le Prince et Armand Ayache. Grâce à son idée d'associer cuivre, aluminium et peinture à l'huile dans ses ouvrages, grâce aussi à son travail méthodique et persévérant, il exposa ses oeuvres à maintes reprises à la galerie Bab Rouah de Rabat, avec ses amis Ourdighi, Cherkaoui, Gharbaoui, Chaabia, enfin toute la vieille garde qui a l'époque était la jeune garde.

Il exposa aussi à l'étranger.

Les journaux nationaux et internationaux lui ont consacré des articles élogieux : « Si le Maroc a aujourd'hui une solide réputation de vivier culturel, c'est grâce à des artistes comme le peintre Abderrahmane Zenati», avait écrit Jeune Afrique, pour ne citer que ce magazine international sans compter les innombrables interviews aux émissions radio et télévisées.

En 1975, il réalise la maquette d'un timbre qui rapporte des centaines de millions à la ligue marocaine anti-tuberculose.

Il consacre aussi plusieurs expositions dont le revenu était au profit des oeuvres charitables, notamment pour les bébés abandonnés.
28 mars 2005 12:58
Tu insistes lourdement je trouve.

"Avec un H majuscule"
s
28 mars 2005 19:25
Je viens de lire « Goût de cendre » de Abderrahmane Zenati. Je trouve cet ouvrage de bonne qualité et riche d’événements que j’ignorais sur Oujda. Fille de pieds-noires j'ai 33 ans et suis heureuse trouver un peu de l'histoire de mon père. Il ne peut plus me livrer ses souvenirs ni raconter le Maroc de son enfance alors merci à monsieur Zenati de me permettre de découvrir une partie de mon père et de son passé.
t
31 mars 2005 20:51

trouvé sur google:

[pageperso.aol.fr]

ABDERRAHMANE ZENATI UN ECRIVAIN PAS COMME LES AUTRES... " Oh, je ne suis pas érudit ! Je n’ai que des connaissances superficielles,dit-il
Jusqu’à l’âge de douze ans, ajoute-t-il, je ne savais lire ni A, ni B. Il m’a fallu beaucoup de volonté, de curiosité, de patience et d’amour, des années de lutte, de travail acharné, d’observations et de recherches pour apprendre à lire et à composer la plus simple des phrases.
De là à écrire des livres ! … Quelle aventure…
Ne possédant ni la plume d’un Tahar Benjelloun, ni celle d’un Rachid Mimouni ou d’un Driss Chraïbi, les mots m’échappent quand j’essaie de décrire les événements qui furent pour moi si extraordinaires, si vibrants.
Toutes les choses merveilleuses qui me sont arrivées peuvent perdre leur saveur, en m’efforçant de les faire entrer dans les mots, matière que je ne sais pas manipuler.
Ils me paraissent semblables à des feuilles mortes, desséchées, où ne reste plus ni parfum, ni douceur…
C’est parce que je ne suis pas réellement écrivain.
Quand je peins, c’est autre chose…
Il y a une telle puissance de désir d’écrire en moi, qu’un jour j’ai décidé de narrer moi-même le récit de mes souvenirs, même si j’écris tout simplement, comme je parle dans la vie de tous les jours.


GOUT DE CENDRE

« Extrait »

« ….Quand je remémore mes souvenirs d’enfance, dans le quartier Maazouza à Oujda, je me crois sorti directement d’un rêve ou de la plume d’un romancier d’aventures…
Aujourd’hui, à soixante ans, je ne peux croire, que durant cette période, j’ai vécu tant d’adversités et que j’ai été le témoin de drames épouvantables.
Je me souviens encore de ces dispute malveillantes, haineuses et sanguinolentes dans mon quartier, entre le clan de l’Algérien Al Mokri Lakbaïli Boukaâbouche et de celui du Marocain H’mida Ould Khouna. Dispute où la tournoyante "zerouata", une matraque de "zebbouj", bois d’olivier durci à la flamme tannait les épidermes des uns et briser les os des autres. Dans ces circonstances extrêmes, nous autres enfants, des deux clans, participions avec nos jets de pierres sous les youyous stridents de nos mères et sœurs… Des youyous qu’elles réservaient d’habitude aux mariages et autres cérémonies funèbres. Certaines femmes jeunes et belles, qui vivaient «encastrées » chez elles en permanence, venaient à se montrer sur le pas de leur porte, ce qui attisait la confusion et l’excitation des hommes.
En dépit des ses appelles au calme et à la raison en évoquant Allah et le Prophète, Le fqih Derfoufi, l’imam de la mosquée du quartier, se sentait impuissant et fesait appelle au sous-brigadier algérien Kaci Boul’mich. Mais cet ancien soldat de l'armée française, gros personnage de Tizi-Ouzou, connu pour ses ressentiments viscérales pour tous les arabes, était plus raciste qu’un Américain de la Louisiane l’était avec ses noirs. Lui-même, aussi dur et impitoyable qu’il était, échouait parfois dans sa mission. et fesait venir le commissaire Guillaume Séguron
« Laissons les arabes s’entre-dévorer entre eux, comme des bêtes sauvages », disait ce dernier en crachant de dégoût par terre.
Je me rappelle ce jour où une nouvelle chamaillerie opposa, encore une fois, Algériens et Marocains. Elle avait pris un tour beaucoup plus inquiétant. Elle manqua même, et de très peu, de tourner à une guerre de clans. C’était au moment où dans notre quartier, Marocains et Algériens vivaient dans des compétitions de tout genre : La soif du profit, l’appétit du pouvoir, la lutte pour la vie plaçaient les gens sous la menace constante d’une violation de leur espace vital. Chacun risquait d’être pris à la gorge et saigné par un adversaire obscure et inconnu qui cherche à lui prendre ce qu’il avait pour vivre. Pour éviter que la confrontation se transforme en guerre rangée, Sid Al Habri, le mokaddam du mausolée de Sidi Ben Téba s’était rendu en pleine nuit dans les maisons du marocain et de l'algérien et les avait réunis sous un figuier séculaire, à proximité du vieux tombeau du marabout : grand cube en terre pisée avec une kouba conique et une saillie dentelée à chaque angle, autrefois blanc, devenu jaune.
Sid Al Habri était un vieillard que tout le monde respectait et qui, disait-on, portait la baraka de Sidi Ben Téba..."


 
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