Tindouf : Black out sur un massacre orchestré par le Polisario
02.06.2006 | 14h26
Algérie.L'électricité et le téléphone seraient coupés dans la région de Tindouf, à la frontière avec le Sahara occidental, provoquant l'inquiétude sur le sort des réfugiés des camps gérés par le Front Polisario.
Selon le président de l'Association sahraouie des Droits de l'Homme, Ramdan Misaud, la région de Tindouf, dans l'ouest du Sahara algérien, serait isolée du monde depuis la nuit du jeudi 1er au vendredi 2 juin. L'électricité et le téléphone auraient été coupés. Cette information a été confirmée par une source proche du gouvernement marocain.
La région de Tindouf, limitrophe du Sahara Occidental qui a été annexé en 1976 par le Maroc, accueille depuis les années 1970 des réfugiés Sahraouis qui fuient l'occupation marocaine. La région a, du coup, servi longtemps de base arrière aux indépendantistes. Les camps des réfugiés sont administrés par le Front Polisario, un mouvement indépendantiste soutenu par Alger.
"Les autorités algériennes ont décidé de bloquer les communications téléphoniques", a déclaré Ramdan Misaud au Quotidien Perm@nent nouvbelobs.com, "nous avons perdu le contact depuis hier". Il se dit "alarmé" par la situation, dénonçant la "répression" dont seraient victimes les habitants des camps. "Six personnes ont été gravement blessées".
Tension extrême
L'association des Portés disparus au Polisario a, pour sa part, publié vendredi 2 juin, un communiqué dans lequel elle dénonce "un massacre qui se déroule à huis clos", suite à "la brutale répression par les mercenaires du Polisario sur nos sœurs et frères séquestrés aux camps de Lahmada à Tindouf". "Il y a eu des altercations entre les partisans de groupes différents du Polisario", a expliqué à nouvelobs.com une source proche du gouvernement marocain. Selon elle, la tension est extrême, "mes amis ont peur pour leurs familles".
Le Front Polisario a proclamé en 1976 la création de la "République arabe sahraouie démocratique", après le retrait des Espagnols. Membre de l'Union africaine, celle-ci est reconnue par 46 Etats. En 1991, le Maroc et le Front Polisario ont signé un cessez-le-feu qui a conduit, en août 2005, à la libération des derniers prisonniers marocains détenus à Tindouf. Le Front Polisario est divisé entre partisans et adversaires de négociations avec le Maroc.
"Manifestations violentes"
Le quotidien marocain Aujourd'hui le Maroc a rapporté jeudi que les camps de Tindouf ont été, mercredi soir, "le théâtre de manifestations violentes des habitants de tout âge en protestation contre la torture et la répression à l'encontre d'un jeune homme, nommé Habbadi Ould Hmimed, opposé à la thèse des séparatistes". Le journal dit s'appuyer sur des témoins oculaires. Selon Aujourd'hui le Maroc, des témoins ont affirmé qu'un groupe de jeunes a "mis le feu dans des locaux administratifs, brandi le drapeau marocain défiant ainsi les séparatistes et scandé des slogans dénonçant la politique de répression pratiquée" par le Polisario.
Contacté par nouvelobs.com, l'ambassade d'Algérie en France n'a jusqu'à présent pas réagit à cette information.
Espagne-Sahara-Tindouf: Ouverture d'un "camp de concentration démontable" près Tindouf pour les opposants au Polisario (ONG)
Madrid, 03/06/06 - Les milices du Polisario et les services de sécurité algériens viennent d'aménager un camp de concentration, à une dizaine de kilomètres de la base militaire "Chadad", près de Tindouf, où sont interrogées actuellement toutes les personnes ayant participé au soulèvement populaire de cette semaine, a dénoncé samedi une association sahraouie de défense des droits de l'homme.
Ce camp de concentration est formé de plusieurs tentes de campagne, facilement démontables en cas d'arrivée d'une commission d'enquête internationale, a expliqué l'Association de défense des séquestrés de Tindouf (ADESETI), une ONG sahraouie basée à Stockholm, citant ses militants à Tindouf.
L'ADESETI, qui a déjà alerté Amnesty International et la Commission des Droits de l'Homme de l'ONU sur l'ouverture de ce camp de concentration, appelle les parties concernées par le conflit du Sahara, notamment le gouvernement espagnol, à intervenir d'urgence pour "protéger nos frères sahraouis soumis à un massacre sans témoins".
Les militants de l'ONG à Tindouf, ont fait état de "l'arrestation vendredi d'une dizaine de personnes, dont plusieurs femmes qui ont été placées dans des tentes séparées".
Les milices du Polisario ont confisqué plusieurs appareils photo et des caméras avec lesquels les personnes arrêtées avaient enregistré les exactions commises à l'encontre les Sahraouis ayant participé aux manifestations et sit-in dénonçant "la direction corrompue du Polisario".
"Les milices du Polisario et les services de renseignement algériens recherchent activement la femme d'un dignitaire sahraoui, Mahmuda Hmemid de la tribu R'guibate Laâyaycha (dont plusieurs membres ont déclenché le soulèvement de Tindouf), épouse du dénommé Mohamed Yeslim Uld Mellass, un richard sahraoui et homme de paille du chef du Polisario Mohamed Abdelaziz", indique l'ADESETI.
Mme Hmemid est accusée d'avoir encouragé le soulèvement populaire dans les camps de Tindouf, par sa participation à une manifestation organisée par des membres de sa famille, victimes de la répression des milices du Polisario.
La répression des manifestations déclenchées mardi dernier dans les camps de Tindouf s'est soldée jusqu'ici par 18 blessés, dont une dizaine grièvement touchés et 45 arrestations, relève l'ONG sahraouie.
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