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Tenir compte de la situation
U
18 juillet 2015 15:01
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a écrit:
Un exemple, chez le Prophète (sur lui soit la paix), du cas 2.1 (l'action a un seul statut éthico-légal (hukm). Cependant, ce statut éthico-légal, bien qu'unique, revêt en même temps deux facettes : il est seulement recommandé de ne pas faire cette action, et donc il demeure autorisé (jâ'ïz) de la faire. Ou bien il est autorisé de faire cette action, mais elle peut comporter des aspects négatifs (c'est le cas de certaines situations de formules du divorce) :

Alors qu'un homme avait conduit un autre devant le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue), l'accusant d'être le meurtrier de son frère, l'accusé reconnut les faits. Le Prophète proposa qu'il paie le dédommagement (diya), mais il ne possédait rien ; et son clan ne l'aurait pas aidé pour cela non plus. Le frère de la victime pouvait pardonner, mais il ne le faisait pas.
Le Prophète dit alors à celui-ci : "Emmène-le (pour lui appliquer le talion)". Comme il s'en allait, conduisant le meurtrier de son frère, le Prophète dit [à voix assez haute] : "S'il le met à mort (par talion), il sera comme lui !"
Ayant entendu ces mots, il revint et demanda au Prophète s'il avait bien entendu. Le Prophète le lui confirma, et lui dit : "[Plutôt que de lui appliquer le talion,] ne préfères-tu pas qu'il porte ton péché et le péché de ton homme ?"
Alors l'autre homme répondit : "Prophète de Dieu, si !" Et il le laissa repartir (Muslim 1680).

An-Nawawî écrit en commentaire du propos du Prophète : "أما قوله صلى الله عليه وسلم إن قتله فهو مثله، فالصحيح في تأويله أنه مثله في أنه لا فضل ولا منة لأحدهما على الآخر لأنه استوفى حقه منه بخلاف ما لو عفى عنه فإنه كان له الفضل والمنة وجزيل ثواب الآخرة وجميل الثناء في الدنيا" : "Le propos du (Prophète), que Dieu le bénisse et le salue : "S'il le met à mort, il sera comme lui" : ce qui est correct quant à son interprétation, c'est : "il sera comme lui dans le fait de n'avoir aucune faveur l'un vis-à-vis de l'autre, car il aura recouvré le droit qu'il avait par rapport à lui. Contrairement au cas où il lui pardonne : il aura alors fait une faveur, et aura grande récompense dans l'au-delà et éloges dans ce monde" (Shar'h Muslim, tome 11 p. 173).

Le Prophète avait sciemment utilisé ici un propos ambigu (ta'rîdh), afin que le frère de la victime pardonne au meurtrier : "والعفو مصلحة للولي والمقتول في ديتهما لقوله صلى الله عليه وسلم يبوء بإثمك وإثم صاحبك؛ وفيه مصلحة للجاني وهو إنقاذه من القتل؛ فلما كان العفو مصلحة توصل إليه بالتعريض" (Ibid.).
Ceci car, comme Anas ibn Mâlik le raconte : "عن أنس بن مالك، قال: ما رأيت النبي صلى الله عليه وسلم رفع إليه شيء فيه قصاص، إلا أمر فيه بالعفو" : "Je n'ai jamais vu le Prophète (sur lui soit la paix) avoir à traiter une affaire dans laquelle le talion était applicable, sans qu'il recommande (aux proches de choisir) le pardon" (Abû Dâoûd, 4497).



Modifié 1 fois. Dernière modification le 18/07/15 15:02 par Un solitaire.
U
18 juillet 2015 15:05
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a écrit:
--- Al-Bukhârî a rapporté dans son Jâmi' Sahîh que Abdullâh ibn Abbâs disait que le verset de la sourate Al-Furqân (Coran 25/68-70) concerne celui qui avait commis ces actes durant la période de la jâhiliyya [ou de sa jâhiliyya à lui], puis s'était converti à l'islam (Sahîh ul-Bukhârî, 3642, 4486, 4488) : sa conversion constituait alors un repentir et effaçait entre autres le fait que, alors qu'il était incroyant, il avait tué des croyants sur le champ de bataille. Quant au verset de la sourate An-Nissâ : "Celui qui tue un croyant intentionnellement, sa rétribution sera la Géhenne dans laquelle il demeurera toujours" (Coran 4/93), Ibn Abbâs en disait : "نزلت في آخر ما نزل، ولم ينسخها شيء" : "Il a été révélé à la fin, rien ne l'a abrogé" (al-Bukhârî, 4485). Sa'îd ibn Jubayr dit avoir questionné Ibn Abbâs au sujet du croyant tuant un autre croyant, et qu'il lui répondit : "لا توبة له" : "Pas de tawba possible (vers Dieu) pour lui !" (al-Bukhârî, 4486).

--- "عن سعد بن عبيدة، قال: جاء رجل إلى ابن عباس فقال: "لمن قتل مؤمنا توبة؟" قال: "لا. إلا النار!" فلما ذهب، قال له جلساؤه: "ما هكذا كنت تفتينا! كنت تفتينا أن لمن قتل مؤمنا توبة مقبولة؛ فما بال اليوم؟" قال: "إني أحسبه رجل مغضب يريد أن يقتل مؤمنا." قال: فبعثوا في أثره فوجدوه كذلك" :
Ibn Abî Shayba a pour sa part rapporté qu'"un homme vint trouver Ibn Abbâs et lui dit : "Y a-t-il un repentir possible pour celui qui a tué un croyant [= pour un musulman qui a tué un autre musulman volontairement et sans que ce soit en état de légitime défense] ?" Il lui dit : "Non. Il n'y a que le Feu (pour lui) !"
Lorsque l'homme fut parti, ceux qui étaient assis en compagnie de Ibn Abbâs lui dirent : "Ce n'est pas ceci que tu nous donnais comme fatwa ! Tu nous donnais comme fatwa qu'il y a un repentir accepté (par Dieu) pour celui qui a tué un croyant. Que dire donc d'aujourd'hui ?"
Il répondit : "J'ai ressenti (cet homme) en colère, désireux de tuer un croyant."
Ils envoyèrent quelqu'un suivre les traces de l'homme, et ils constatèrent que celui-ci était bien ainsi" (Mussannâf Ibn Abî Shayba, n° 28326 ; tome 14 p. 249 dans l'édition que je possède).

Citation
a écrit:
----- Une des explications possibles (une autre existe, cliquez ici) est que Ibn Abbâs a toujours eu un seul avis : le repentir est possible pour le meurtrier. Cependant, son propos cité en premier doit être compris à la lumière de son explication citée en seconde position : il ne disait jamais ouvertement que le repentir est possible, de crainte que quelqu'un en vienne à commettre un meurtre, se disant qu'il pourra toujours obtenir ensuite le pardon de Dieu pour l'au-delà. En public, ainsi qu'en privé devant certaines personnes, Ibn Abbâs utilisait donc une parole qui peut revêtir deux sens (tawriya), comme on peut le remarquer dans son propos suscité : "Non. Il n'y a que le Feu (pour lui) !", ce qui se comprend comme le simple rappel de la menace (wa'îd) que Dieu Lui-même a formulée dans le verset de la sourate An-Nissâ'. Même son propos "Lâ tawbata lahû !" (Sahîh ul-Bukhârî 4486) peut être compris comme signifiant que souvent Dieu ne donne pas à un tel homme la guidance de se repentir (exactement comme c'est le cas dans le verset 3/90, ce que l'on comprend quand on compare ce verset aux versets 33/24, 3/86-89 et 4/146).

Al-Qaradhâwî commente le propos de Ibn Abbâs à l'homme en colère ainsi :
"Ibn Abbâs a vu dans les yeux de cet homme la rancœur et la colère, et (le fait qu'il était) prêt à bondir pour tuer. (Ibn Abbâs a compris que cet homme) voulait seulement une fatwa qui, après qu'il eut commis son crime, lui ouvrirait la porte du repentir. (Ibn Abbâs) le réprima donc et ferma cette voie devant lui, afin qu'il ne commette pas ce grave péché destructeur.
Si (par contre Ibn Abbâs) avait vu dans ses yeux l'image d'un homme en proie aux regrets pour ce qu'il a fait, il aurait ouvert devant lui la porte de l'espoir"(Madkhal li dirâssat ish-sharî'a al-islâmiyya, p. 226).
En effet, c'est bien ce que Ibn Abbâs a fait par ailleurs :
"عن عطاء عن ابن عباس رضي الله عنهما أنه أتاه رجل فقال: "إني خطبت امرأة فأبت أن تنكحني؛ وخطبها غيري فأحبت أن تنكحه؛ فغرت عليها فقتلتها. فهل لي من توبة؟" قال: "أمك حية؟" قال: "لا." قال: "تب إلى الله عز وجل وتقرب إليه ما استطعت." فذهبت فسألت ابن عباس: "لم سألته عن حياة أمه؟" فقال: "إني لا أعلم عملا أقرب إلى الله عز وجل من بر الوالدة"
Un homme vint voir Abdullâh ibn Abbâs et lui relata qu'il avait commis un crime passionnel, concluant par un : "Y a-t-il un repentir possible pour moi ?" Ibn Abbâs lui dit : "Ta mère est-elle vivante ? – Non", répondit-il. Il lui dit alors : "Repens-toi à Dieu et rapproche-toi de Lui autant que tu le peux."
'Atâ ibn Yassâr demanda par la suite à Ibn Abbâs : "Pourquoi lui as-tu demandé si sa mère était vivante ?" Il fit : "Je ne connais pas d'action qui soit plus proche de Dieu que celle de bien agir avec la mère" (Al-Adab ul-muf'rad, n° 4 : Silsilat ul-ahâdîth is-sahîha, 6/711).

Al-Qaradhâwî poursuit : "Sa'îd ibn Mansûr a rapporté que Sufyân a dit : "Les ulémas, lorsqu'ils étaient questionnés au sujet du meurtrier, disaient : "Il n'y a aucun repentir possible pour lui !". Et lorsqu'un homme y était impliqué [= avait déjà commis de facto un meurtre], ils lui disaient : "Repens-toi !"" [cité par Ibn Hajar dans Talkhîs al-habîr]" (Madkhal li dirâssat ish-sharî'a al-islâmiyya, p. 226).

An-Nawawî a lui aussi dit la même chose, mais à propos d'un autre des Salaf que Ibn Abbâs :
"هذا مذهب أهل العلم وإجماعهم على صحة توبة القاتل عمدا ولم يخالف أحد منهم إلا ابن عباس. وأما ما نقل عن بعض السلف من خلاف هذا فمراد قائله الزجر عن سبب التوبة، لا أنه يعتقد بطلان توبته"
""[Que le meurtrier puisse être pardonné par Dieu, comme l'homme de science l'a dit à l'assassin], cela est la position des ulémas ; leur consensus est établi sur la validité du repentir de celui qui a tué volontairement. Aucun des (ulémas) n'a contredit cela, sauf Ibn Abbas. Quant à ce qui est relaté de l'un des Salaf qui contredit cela, ce qu'il a voulu faire c'est repousser (la personne) du fait de commettre cela ; et non pas qu'il considérait le repentir totalement vain" (Shar'h Muslim, tome 17 p. 82).

An-Nawawî écrit encore :
"وقد قال الضمري وغيره من علماء أصحابنا وغيرهم يستحب للمفتي إذا رأى مصلحة في التعريض للمستفتي أن يعرض تعريضا يحصل به المقصود مع أنه صادق فيه.
قالوا ومثاله أن يسأله إنسان عن القاتل هل له توبة ويظهر للمفتي بقرينة أنه إن أفتى بأن له توبة ترتب عليه مفسدة وهي أن الصائل يستهون القتل لكونه يجد بعد ذلك منه مخرجا؛ فيقول المفتي والحالة هذه: "صح عن ابن عباس أنه قال لا توبة لقاتل!" فهو صادق في أنه صح عن ابن عباس، وإن كان المفتي لا يعتقد ذلك ولا يوافق ابن عباس في هذه المسألة؛ لكن السائل إنما يفهم منه موافقته ابن عباس فيكون سببا لزجره.فهكذا في ما أشبه ذلك.
كمن يسأل عن الغيبة في الصوم هل يفطر بها فيقول جاء في الحديث: الغيبة تفطر الصائم والله أعلم"

"Ad-Dhamrî et autre parmi les nôtres [les shafi'ites] ont dit : "Il est recommandé que lorsque le muftî perçoit une maslaha dans le fait d'employer un propos de Ta'rîdh en réponse à celui qui lui demande la fatwa, il lui tienne un tel propos, dans lequel lui-même restera dans la véracité et par lequel l'objectif visé sera atteint."

Ils ont dit : "L'exemple de cela est ce qui suit : Un homme questionne le (muftî) au sujet de savoir si le meurtrier pourra se repentir. Et il apparaît au muftî, grâce à un indice (qarîna), que s'il lui donne comme réponse qu'il peut se repentir, une mafsada s'ensuivra : c'est que cet homme minimisera le meurtre, sachant qu'il trouvera après cela une porte de sortie. Le muftî répondra alors, puisque la situation est celle-ci : "Il est établi de Ibn Abbâs qu'il a dit : "Il n'y a pas de repentir possible pour le meurtrier !". Le muftî sera alors véridique (dans cette réponse) vu que cela est établi de Ibn Abbâs, même si ce muftî ne considère pas les choses ainsi et n'est pas de l'avis de Ibn Abbâs sur ce point. Celui qui lui aura posé la question pensera cependant pour sa part que le muftî est d'accord avec l'avis de Ibn Abbâs, et cela sera la cause de son empêchement de (commettre le meurtre). De même dans ce qui lui est comparable.

Comme quelqu'un qui questionne au sujet du fait de médire en état de jeûne, est-ce que cela annule le jeûne ? (Le muftî) répondra alors : "Il a été dit dans un hadîth : "La médisance rompt le jeûne." Et Dieu sait mieux" (Shar'h Muslim tome 11 p. 174).
U
18 juillet 2015 15:05
"Peut-on, à une personne, donner comme Fatwa que l'action est Autorisée, et à une autre que la même Action est Interdite ? - Distinguer les cas de réel Double Discours, et les cas des Différences de Réponses dues à des Différences de Situations"

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