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26 mars 2006 20:07
Une coutume ancestrale de l’ethnie Bashilélé permet aux Congolaises d’avoir plusieurs maris. L’objectif principal de la polyandrie était de préserver la paix sociale.

Les Bahilélé vivent principalement dans les provinces voisines du Kasaï occidental (centre) et de Bandundu (centre-ouest). Leurs villages comptent entre 100 et 1 500 habitants, qui peuvent être originaires de différents clans. Il y a encore un demi-siècle, chaque village avait des kumbus, groupes de dix à trente jeunes hommes célibataires de la même tranche d’âge, ayant quitté le foyer pour vivre ensemble dans un quartier spécialement réservé pour eux.

Quelques temps après leur installation, ils choisissent une « femme commune », âgée d’environ vingt ans, pour leur kumbu. Cette femme peut être originaire du village, enlevée de façon théâtrale à un autre clan ou à un époux maltraitant, ou encore avoir été acquise lors d’une guerre. D’autres se proposent volontairement pour assumer cette fonction. Par dépit ou encore parce que le célibat leur pèse trop. La dote est deux fois plus importante que pour un mariage classique. « Les hommes du kumbu doivent donner au clan des parents 300 pièces de raphia (tissu artisanal, ndlr) contre 150 pour un mariage ‘normal’. Ils se cotisent pour payer la dot de la femme polyandre de leur choix, mais cotisent aussi pour celle des autres kumbus du village par solidarité », précise Séraphin Ngondo A Pitshandenge, professeur de démographie à l’université de Kinshasa et auteur d’une étude sur la polyandrie chez les Bashilélé.

Une fois cette formalité réglée, les femmes polyandres prennent les choses en main. Pendant « la lune de miel », période précédant le mariage « effectif » et qui peut durer plusieurs années, elles sont les reines. Les maris potentiels doivent être irréprochables et aux petits soins, au risque de se faire sérieusement rabrouer. La future mariée ne doit manquer de rien et ne pas s’ennuyer. Les jeunes Bashilélés rivalisent donc de stratagèmes et d’inventivité pour divertir l’objet de leurs convoitises. Ils dansent, chantent, luttent, chassent, médisent sur leurs rivaux et n’hésitent pas à mettre tous les atouts de leurs côtés sous les draps...

Pas facile d’être au service de la future Madame. Mais le jeu en vaut la chandelle. Au terme de « la lune de miel », elle choisira, lors d’une cérémonie solennelle, ceux qui l’ont le plus comblée. « Tout le village est présent. Les jeunes hommes sont représentés par un bâton. Si la ’femme commune’ refuse de poursuivre sa route avec l’un d’eux, elle le renverse. Ce qui peut être très humiliant pour celui qui n’a pas été retenu, sauf pour les hommes partageant un lien de parenté avec elle et qui sont éliminés d’office », commente Séraphin Ngondo A Pitshandenge. Une fois les choix arrêtés, la polyandre est présentée officiellement pour que tout le monde sache de quel kumbu elle est la femme. Les hommes évincés devront choisir une autre femme et tout recommencer à zéro.
 
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