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LE SUICIDE AU MAROC
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18 novembre 2005 16:30
Le 10 août dernier, le délégué du ministère des Habous et des Affaires islamiques à Essaouira mettait fin à ses jours dans son garage.
Homme ayant dépassé à peine les quarante ans, des questions se posent toujours quant aux raisons qui l’ont poussé à la solution «radicale», même si l’on susurre à Essaouira que ce responsable n’a jamais gobé le fait qu’un imam suspendu par lui soit réintégré dans ses fonctions.
Quelques jours plus tard, c’est Abdelhakim El Hachemi, coordinateur des victimes d’Annajat dans la région Tadla-Azilal qui faisait pareil en se pendant à un olivier dans les environs de Béni-Mellal. Là est plutôt évoqué la situation psychique d’un jeune qui rêvait de riches clients servis sur des croisières et qui se retrouve dans sa ville pour raser les murs et éviter les railleries de ses amis. Bien avant, en janvier 2005, c’est Abderrahmane El Harti, chef-comptable à la CNSS, qui s’est donné la mort après son départ de cette boîte. Dans une lettre, il évoquait des difficultés financières insurmontables.
Ces cas ne sont pas isolés. Il suffit, pour s’apercevoir de l’ampleur du phénomène, de recenser rien que les gens qui décident d’aller au-devant de la locomotive des TNR reliant Rabat et Casablanca et notamment sur le tronçon Aïn Sebaâ-Casa-Port.
En attendant que l’Etat se décide à sérieusement enquêter sur le phénomène et rendre publics chiffres crédibles et explications plausibles, une récente étude essaie de s’intéresser au problème. Ainsi, sur un échantillon de 6.000 personnes, cette étude permet au moins de «détecter» la tentation suicidaire et avancer quelques pistes de recherches. L’on y apprend, par exemple, que les femmes marocaines seraient plus tentées par le suicide que leurs concitoyens. Le taux de risque de suicide chez les femmes atteint, selon cette étude 21% alors qu’il n’est que de 12% chez les hommes.
Comme on pouvait s’y attendre, les raisons de cette «tentation» ne diffère pas trop de celles relevées dans le reste du monde. La dépression est montrée du doigt en premier lieu. Reste toutefois à remonter aussi aux origines de cette dépression.
Autre précieux renseignement qu’apporte cette étude, les non-mariés seraient les plus concernés par ce risque aux côtés des personnes souffrant de troubles mentaux et de couples sans enfants.
Les jeunes filles, elles, ont souvent recours aux tentatives de suicide pour lancer un SOS et dire, de manière parfois spectaculaire, qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas du tout rond dans leur vie. Quant aux moyens utilisés pour se donner la mort, là aussi il est question de préférences. Les femmes optent généralement pour les médicaments pris à fortes doses, mais aussi aux herbes hautement toxiques disponibles en grandes quantités, et hors tout contrôle, chez les herboristes de toutes les villes. Pour les hommes, la corde arrive en tête des moyens utilisés pour se donner la mort, mais aussi les armes blanches quand le recours massif n’est pas fait aux insecticides avalés à fortes doses. Les éléments de la police et de la gendarmerie, eux, sont nombreux à recourir à leurs armes de service. C’est de cette manière que l’on pourrait résumer le contenu de cette nouvelle étude dont les grandes lignes devraient être dévoilées à l’occasion de la Journée mondiale de prévention du suicide. Sans risquer de tomber dans le ridicule, l’on peut toutefois affirmer que la situation financière des foyers offre plus de «chances» pour les suicides. Combien de fois n’a-t-on pas entendu parler de pères de famille qui se donnent la mort pour totale banqueroute ? Combien sont ceux qui se suicident lors de fêtes religieuses car ne pouvant répondre aux besoins des leurs? Etre dans l’incapacité d’acheter des vêtements neufs à ses enfants ou alors le mouton de l’Aïd-El-Kébir a poussé nombre de pères de famille au suicide. Rater un diplôme, et reproches des parents aidant, peut mener au suicide comme c’était une sorte de «mode» avec l’ancien système du Bac. La tendance serait plutôt à la hausse avec le ravage que fait parmi les jeunes l’avalanche des psychotropes en provenance notamment d’Algérie de manière clandestine. Mais aussi l’aggravation des problèmes sociaux liés au chômage.
Toutefois, l’on n’est pas encore près d’atteindre les records enregistrés par les Japonais, «champions» en la matière et dont les chiffres se gonflent d’année en année avec l’apparition des suicides collectifs coordonnés via des sites Internet spécialisés. Le sentiment religieux y reste pour quelque chose, tout comme une certaine conception de la société qui bannit la pratique réprouvée d’ailleurs de manière claire dans le Coran. Au Maroc, la tentative de suicide est d’ailleurs punie par la loi.

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