107 femmes palestiniennes croupissent toujours dans les geôles israéliennes.
Ne les oublions pas ce 8 mars, lors de la JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME.
Pour participer à la campagne des correspondant(e)s solidaires, contact : [email protected]
Profitons des manifestations organisées pour y joindre notre appel à écrire une fois par mois à une prisonnière palestinienne pour renforcer ainsi notre soutien à ces jeunes femmes et protester auprès des autorités israéliennes.
Concrètement, veillons à ce que cet appel figure dans les stands organisés lors de cette journée...
Ci-dessous un extrait de rapport sur la vie dans les prisons israéliennes témoigne, s’il en était besoin, de la nécessité de ne pas relâcher notre action. Les conditions d’incarcération des palestiniennes sont loin de s’améliorer.
Dans les prisons israéliennes
La Prison de Hasharon
Il y a en ce moment 106 prisonnières politiques palestiniennes à la Prison de Hasharon.
Les conditions dans les cellules se détériorent de plus en plus. Il y a des souris partout. Ils ont accès aux chambres par les toilettes ouvertes. La plupart des vêtements d’hiver emmagasinés depuis le printemps a été dévoré par les souris. A présent que l’hiver approche il y a un manque considérable de vêtements chauds et de couvertures. Les autorités de la prison ont bien fait un effort pour exterminer les souris mais les cadavres en sont laissés partout, et l’odeur est insupportable.
A présent, pendant la saison de pluie, il fait très froid dans les cellules. Les prisonnières ne peuvent se servir de leurs radiateurs à cause de l’insuffisance d’énergie électrique. Il y a des femmes qui n’ont que deux couvertures au lieu des six que la prison permet, la raison étant la bureaucratie tordue qui fait qu’en apporter à la prison devient un procédé trop compliqué.
Les femmes qui vivent au premier et au deuxième étage continuent de souffrir de l’eau de pluie qui pénètre dans les chambres. Ce mois de janvier était particulièrement froid et pluvieux.
Les fenêtres ne peuvent toujours pas être ouvertes parce que, comme nous l’avons mentionné dans notre bulletin du Juillet 2005, elles continuent d’êtres couvertes par des plaques de métal qui empêchent la lumière d’entrer et ne laissent que peu d’air pour respirer.
La nourriture est quasiment immangeable. Elle est très mauvaise, sale et quelquefois même pourrie. Elles doivent donc acheter la plupart de leur nourriture à la cantine. Les familles n’ont pas le droit d’apporter des aliments
Les prix à la cantine ont augmenté pour un nombre d’objets, et il y en a qui coûtent deux fois plus qu’à l’extérieur. Pourtant, les femmes n’ont pas de choix : Ce n’est qu’à la cantine de la prison qu’elles peuvent acheter tout ce dont elles ont besoin. Elles y achètent aussi de l’eau en bouteille parce que l’eau des robinets est sale
On continue de les punir en leur imposant des amendes qui sont déduites de leurs comptes de cantine. Autre punition est la privation de visites de la famille.
En raison de directives et régulations variées (de l’armée Israélienne ou des autorités de la prison), un grand nombre de membres des familles est empêché de rendre visite à leur proche. Pour cette raison, la plupart des visiteurs sont des enfants qui sont amenés à la prison au moyen d’un autobus de la Croix Rouge. Ils quittent leurs maisons très tôt le matin et y retournent très tard dans la nuit dû aux attentes interminables aux postes de contrôle. Après avoir quitté l’autobus aux heures avancées de la nuit, ils doivent traverser de longs trajets, seuls, sans être accompagnés par un adulte.
La Prison de Névé Tirtza
Il y a à présent trois prisonnières politiques palestiniennes à la Prison de Névé Tirtza.
La période de récréation est limitée à deux heures ou même une heure et demie, selon la décision arbitraire des gardiennes.
Les familles ne sont pas autorisées à apporter du matériel pour les travaux manuels.
Les femmes souffrent de mycose qui ne disparaît pas malgré les traitements, à cause de l’humidité et le manque d’air et de soleil.
L’avocate de la WOFPP, Taghrid Jahshan, qui a rencontré des prisonnières dans la salle de visites, a dit qu’elle pouvait à peine reconnaître le visage de la femme qui était assise en face d’elle, parce que la cloison vitrée était tellement sale. Ceci est extrêmement gênant aussi pour les familles visitant leur proche.
ACAT - Bulletins de décembre 2005 et janvier 2006
A ce jour, nous sommes 166 correspondants(es)-solidaires à écrire à 65 prisonnières... Elles sont 117* actuellement détenues... poursuivons la mobilisation pour que des lettres soient régulièrement envoyées à chacune d’entre elles.
Vivre sous occupation, c'est l'humiliation à chaque instant de sa vie ...
Résister à l'occupation, c'est vivre libre !Aujourd'hui Gaza, demain Al-Qods !
Tu es l’origine de notre savoir Tu es le chant de notre espoir Tu es le garant de notre avenir Tu es notre défi contre la peur Tu es la femme palestinienne.
Tu es la bougie de notre mémoire Tes yeux racontent notre histoire Tu gardes nos valeurs Tu nous touches par ta grandeur Tu es la femme palestinienne.
Tu nous enseignes l’histoire Tu éduques une génération future Tu fais toujours ton devoir Tu luttes contre le désespoir Tu milites pour nos valeurs Tu es la femme Palestinienne.
Tu nous fais oublier les douleurs Tu nous demandes de penser aux jours meilleurs Tu nous encourages de se défendre contre les occupants et les nuits sombres Tu es la femme palestinienne.
Tu es la mère de nos martyrs Tu es le remède de nos blessures Tu es la richesse de notre terre car tu donnes avant tout l’amour Tu es la femme Palestinienne.
Tu nous fais penser à la paix et pas à la guerre Tu nous donnes des leçons du courage et d’espoir Tu offres à la Palestine des héros Tu manifestes contre les occupants et les oppresseurs Tu es la femme palestinienne.
Tu crois toujours en l’avenir Tu défies le silence par ton sourire Tu nous cherches le bonheur Tu restes pour nous une mémoire Tu es la femme palestinienne.
Malgré la fatigue, tu continueras ta résistance contre les déchirures car tu es l’ange de notre histoire et tu resteras dans nos cœurs Tu es la femme palestinienne.
Tu nous apprends la tolérance et l’espoir Tu possèdes un grand pouvoir Tu luttes contre tous les murs dans une grande Palestine de grandeur Tu es la femme palestinienne.
Nous sommes de toi solidaires Nous t’offrons une fleur plantée sur ta terre la terre de nos ancêtres la terre de nos souvenirs la terre de notre femme palestinienne.
La femme palestinienne c’est notre espoir La femme palestinienne c’est notre valeur La femme palestinienne c’est notre avenir La femme palestinienne c’est notre gloire Et la femme palestinienne, c’est notre paix et notre amour.
Des souvenirs ineffaçables - Femmes du camp de Jénine Par Ali Samoudi
Dans une rencontre organisée à leur honneur par l'association de femmes "Pour ne pas oublier" du camp de Jénine en collaboration avec la télévision locale Farah, les anciennes prisonnières, les soeurs et mères de prisonniers se sont retrouvées pour célébrer à leur manière la journée internationale de la femme. L'émotion était grande en écoutant les témoignages des anciennes prisonnières, récemment libérées.
Bien que libérées, elles portent encore en elles les séquelles de leur incarcération et de leurs souffrances.
Ibtihal Saadi résume leur situation, disant : la détention fait partie de ma vie, je ne peux oublier ces moments où je retrouve en permanence la dureté de la prison et le sadisme du geôlier, je me revoie encore dans les cellules sombres des interrogatoires, face aux instructeurs.
Ibtihal, 18 ans, raconte le récit de ses souffrances, les larmes aux yeux. Elle essaie de transmettre son expérience, à son public, des femmes dont les enfants, frères ou soeurs sont encore en prison.
"Il n'y a pas de mots pour décrire ce qu'on vit, dès les premiers instants de l'arrestation jusqu'au bout du chemin. Dans la prison, la situation est dure, dramatique. A cause des pratiques de la direction carcérale, à Telmond, à cause de la répression qui s'abat sur toutes les prisonnières, celles-ci sont privées de tous les droits, même les plus simples.
Elles sont constamment punies, parce qu'elles se considèrent comme des prisonnières politiques. 7 mères de famille sont détenues dans les prisons israéliennes : La prisonnière Faten Daraghmeh, qui a sept enfants, la prisonnière Qahira Saadi, quatre enfants, Itaf Alayan, séparée de son nourrisson. Non seulement elles sont séparées de leurs enfants, mais la cruauté des geôliers les maintient en isolement. Les mères de famille ne peuvent rencontrer leurs enfants.
La plupart des mères prisonnières sont punies par l'interdiction des visites familiales. Mais les autres prisonnières sont également punies de cette manière "Tout au long de ma détention, soit un an et demi, ils ont interdit à ma mère de me visiter. Je n'ai pu la voir que deux fois. Ils prétendent qu'il y a des raisons sécuritaires".
Ibtihal expose en détail la vie des prisonnières : dans les cellules surpeuplées, elles ne peuvent se déplacer. Elles sont souvent dix prisonnières, enfermées dans une pièce sans fenêtres, sans soleil, sans lumière naturelle, elles ne peuvent savoir l'heure.
"Nous sommes séparées du monde et de nos familles, nous ne savons pas ce qui se passe autour de nous, sauf quand ils nous permettent de regarder la télévision, à condition que ce soit la direction de la prison qui choisit les émissions."
Les pressions et les provocations sont incessantes, jour et nuit, ajoute Ibtihal. "Même le lieu que nous considérons comme un échappatoire, la cour, est un lieu où des règlements stricts nous empêchent de nous détendre vraiment. Nous y sommes surveillées, la durée est trop courte, les geôliers nous interdisent de nous regrouper. Les séances culturelles, artistiques ou religieuses sont interdites."
La direction de la prison a une attitude haineuse et hypocrite. Ils ne supportent pas nous voir être occupées, essayant de lutter pour survivre, ils veulent constamment nous diriger, nous contraindre et surtout nous détruire psychologiquement et moralement.
Malgré cela, les prisonnières palestiniennes poursuivent leur défi, elles résistent, elles affirment leur volonté avec force, elles insistent pour poursuivre leurs études. Nous partageons nos différents savoirs.
Par notre attitude, nous leur transmettons une lettre quotidienne, leur affirmant qu'ils peuvent nous isoler, nous arrêter, nous priver de beaucoup de choses, mais ils ne peuvent diriger notre volonté. Ils ne peuvent nous détruire de l'intérieur. Notre moral reste élevé. Nous avons la capacité d'apprendre à partir de nos expériences, à partir des conditions que nous avons vécues.
Ibtihal indique comment la direction de la prison néglige toutes leurs demandes, que ce soit concernant l'alimentation, qui est exécrable et de faible quantité, que ce soit pour les cas des prisonnières malades, malgré la gravité de certains cas, que ce soit au niveau de la propreté des cellules. "Les bestioles et les rats infestent nos cellules et toutes nos demandes de produits de nettoyage sont refusées."
Ibtihal parle de Qahira Saadi, prisonnière du camp de Jénine, condamnée à la prison à vie. "Je n'oublierai jamais le regard de Qahira, au moment de nos adieux. Elle pleurait sur mon épaule, disant : je suis en train d'accueillir et de dire adieu à toutes celles qui passent par là et je ne sais pas quand je reverrai mes enfants. Les mots de Qahira m'accompagnent, je suis inquiète pour elle."
Malgré toutes les souffrances vécues, Ibtihal affirme que l'expérience de la prison fut instructive.
Elle y a appris le courage, la patience, la résistance, le défi, elle a appris qu'il faut resté attaché aux principes et aux droits du peuple, qu'il faut se tourner vers l'avenir avec espoir, faire face aux conditions difficiles quelles qu'elles soient. "J'ai y appris à aimer encore plus ma patrie, à m'engager encore plus pour la cause, et à me sacrifier pour la liberté de mon peuple".
Pour la journée internationale de la femme, Ibtihal souhaiterait pouvoir transmettre aux peuples du monde, à la communauté internationale, ce cri qui monte en elle, ce cri qui pourra exprimer la situation dramatique des prisonnières palestiniennes. Elle souhaiterait pouvoir transmettre les cris des mères de famille et des mineures, dont la vie et les rêves sont brisés.
La prisonnière libérée, Hanadi Qanadil, du camp de Jénine, a également exposé son expérience, remerciant l'association "Pour ne pas oublier" d'avoir consacré le 8 mars pour parler des prisonnières.
"Dans les prisons israéliennes, 120 Palestiniennes, dont des mères de famille et des mineures, sont détenues, à cette date. Les prisonnières sont réparties en deux sections, chacune est composée de plusieurs pièces. Ces pièces, étroites, sont conçues pour détruire les prisonnières. La direction de la prison exerce une oppression terrible sur elles, même quand elles se retrouvent dans la cour. D'abord, il leur est interdit de sortir en groupes, et il leur est interdit de faire des activités ensemble, même la prière, ou la lecture du Coran. Si elles le font quand même, elles sont mises en isolement."
Hanadi ajoute que la direction innove tous les jours pour trouver de nouvelles formes de punitions ou pour durcir les conditions de détention. Pour 60 prisonnières d'une section, il n'y a qu'un seul frigo (pour garder leurs aliments au frais) et une seule machine à laver. Les produits nécessaires pour le nettoyage sont absents, ce qui oblige les prisonnières à tout acheter. "Nous achetons tout ce dont nous avons besoin", ajoute-t-elle, "et nos familles ne peuvent supporter tous ces frais".
Hanadi a rappelé les conditions désastreuses sur le plan de la santé des prisonnières. Plusieurs d'entre elles sont gravement malades, leur état nécessite des soins urgents. Elle souhaiterait lancer un appel à la communauté internationale lui demandant de s'occuper des prisonnières malades, plus particulièrement et réclamer la libération de tous les prisonniers.
Les prisonnières sont constamment provoquées par des fouilles, même en pleine nuit. Elles sont également fouillées corporellement, de façon humiliante, avant toute visite ou toute sortie au tribunal.
Pour Hanadi, le moment le plus dur qu'elle ne peut pas oublier, est celui des cris de douleur de la prisonnière Faten Daraghmeh, malade et dont l'état nécessite des soins urgents.
"Lorsque Faten eut sa crise, nous étions là, incapables d'agir, nous nous sommes mises à pleurer et à gémir. Nous avons demandé à la direction l'intervention d'un médecin ou même d'un infirmer, mais il n'y avait personne. Cyniquement, ils nous ont donné un cachet d'acamol, le remède miracle de tous les maux.".
Elle se rappelle également des moments de son interrogatoire dans la prison de Jalameh, où elle passa deux mois en plein isolement. "Ils me menaçaient d'amener mon frère, qui est blessé et prisonnier, Youssef, ou alors d'arrêter mon père, de détruire notre maison pour m'obliger à avouer".
Malgré cela, l'expérience de la prison m'a donné du courage, un moral élevé, la présence de la famille est importante. Je suis fière d'avoir été prisonnière, et en tant que femme, je dois participer à la lutte de mon peuple.
Farha Abul Hayjâ', directrice de l'association "Pour ne pas oublier" a salué les prisonnières et tous les prisonniers détenus dans les prisons de l'occupation, disant qu'en ce jour, le 8 mars, "il était de notre devoir de parler des femmes prisonnières, d'expliquer les conditions de leur détention, de montrer leur endurance, leur résistance, et surtout le sacrifice des femmes dans la révolution palestinienne, le rôle qu'elles ont joué et qu'elles jouent encore pour porter la cause de notre peuple", mettant en avant le rôle des femmes dans la résistance héroïque du camp de Jénine, en 2002."
En ce jour, nous devons saluer toutes les combattantes pour la liberté de notre peuple. Nous devons nous rappeler la femme combattante, militante, blessée, bannie, prisonnière, la femme qui a porté le poids de la vie quotidienne, la mère du martyr.
Nous devons nous rappeler le rôle de la femme dans la résistance héroïque du camp de Jénine, car non seulement elle a participé, au risque de sa vie, en apportant les provisions aux combattants, mais elle a aussi porté les armes et défendu le camp. Non seulement elle a donné ses fils, la chair de sa chair, pour le camp, elle a aussi été la martyre, le médecin, la prisonnière et le symbole de la résistance.
Abul Hayja' a conclu en demandant aux membres du conseil législatif et à toutes les institutions palestiniennes de rendre hommage à la femme palestinienne, en lui accordant tous ses droits, et en demandant d'agir par tous les moyens pour libérer tous les prisonniers, et notamment les prisonnières. "C'est une priorité", a-t-elle ajouté.
Traduction : Centre d'Information sur la Résistance en Palestine