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Situation totale rue
i
25 décembre 2006 01:07
Salut,

En cette periode de fetes, il est bon de garder a l'esprit qu'ou que nous soyons, Canal Saint martin ou quelque part dans casa, il est des gens qui vivent un calvaire.... de ce coté ci de la mediteranée, on les appelle SDF, au Maroc on les appelle STR: Situation totale Rue.

Bonnes fete (s) à tous.

[www.lematin.ma]



Modifié 1 fois. Dernière modification le 25/12/06 01:07 par icare99.
i
25 décembre 2006 01:09
A priori, le lien ne marche pas terrible, donc voiçi le texte !

Reportage
Les SDF dans l'enfer du froid
Publié le : 24.12.2006 | 14h10

www.le matin.ma


Dans différents points de la métropole, les sans domiciles fixes vivotent. Le Samusocial fait des efforts. Mais il en faut encore d'autres de la part de la société civile


Il est 22h30, à côté du port de Casablanca, et il fait très froid. «Ssem» (le poison), lance Mohamed en réponse à notre question, pourquoi tu grelottes ainsi. Pour ce jeune STR (Situation totale rue), comme préfèrent ainsi les appeler les agents de terrain des Associations au lieu de la désignation classique SDF (Sans domicile fixe), vivre dans la rue est très difficile. Mais la rue en plus du froid glacial, «c'est trop».

pour faire face au froid de canard qui fait trembler tout le monde ces derniers temps, surtout le soir et le matin, Mohamed est très mal équipé. De vieux habits légers et des sandales en plastique avec chaussettes. Son camarade du clan a moins de chances que lui. Il ne connaît pas «le luxe» d'avoir des chaussettes. «Je ne sens plus mes doigts», affirme-t-il, tremblotant.

Malgré sa longue expérience dans la rue, qui a commencé dès l'âge de sept ans (Il en a maintenant presque dix-sept), et qui lui procure tout de même une petite immunité contre les aléas de la nature, le froid qui sévit ces derniers jours reste dur à supporter pour Mohamed. «Il est impossible de dormir sans un feu de camp», indique-t-il. Au milieu de la nuit, quand la rue se calme, nous allumons un petit feu qui nous aide à trouver un peu de sommeil, explique-t-il.

Pour récupérer le manque de sommeil, Mohamed et sa bande passent une bonne partie de leur journée à roupiller sous le soleil, sur les bancs des jardins publics. C'est en ces moments que nous recevions notre dose de chaleur, expliquent-ils. Une partie de cette chaleur couvre le déficit enregistré la veille, la deuxième représente une petite réserve pour la nuit prochaine, explique l'un des gosses, l'air satisfait d'avoir sorti une idée savante.

Minuit, autre lieu, autre décor. A la Place Sraghna qui relève de la préfecture des arrondissements de Derb Sultan El Fida, autre terrain de prédilection des SDF, la rue grouille encore de passants et de couche-tard qui préfèrent passer encore du temps à l'extérieur de leur maison malgré le froid. L'ambiance est bon enfant et les férus des films d'action suivent passionnément leurs héros préférés, une tasse de café ou un verre de thé à la menthe bien chaud entre les mains.

Sous les célèbres «kwass» de ce quartier, un groupe d'enfants de la rue se chamaillent. «Les passants sont encore nombreux et on ne peut pas dormir tout de suite», explique l'un d'eux, la tête sous le capuchon et les pieds toujours dans ces fameuses sandales en plastique et les chaussettes. La tête enfoncée dans les épaules et les mains cachées dans les poches, sa tentative pour se préserver du froid semble vaine.

Son nez coule déjà et les éternuements successifs annoncent la couleur. Pourtant, ce jeune prétend ne pas souffrir, question de rester «digne» devant les copains. «Dans une heure, les cafés seront fermés et les lieux vont se vider. C'est à ce moment-là que nous pouvons nous mettre «au lit». Par lit, ce jeune garçon veut dire un petit coin dans la rue, à même le sol ou sur des bouts de carton, dans les meilleurs des cas. Mais, nous avons suffisamment de couvertures que nous cachons, le jour, dans les arbres, se rassure-t-il.

De l'autre partie du boulevard, des formes humaines, enveloppées dans des tissus ou de grands sacs en plastique noirs sont allongées au bord de la route. Seuls les pieds ou parfois des bouts de têtes sont apparents. Hommes et femmes dorment déjà ou essayent de trouver le sommeil malgré le froid et le vacarme des véhicules. Même les flashs de notre appareil photo n'ont pas pu les sortir de leur hibernation. Ils semblent tous dans un second état.

Chaque fois que le flash se déclenche, l'un d'eux sort la tête de sa couverture en haillons ou de son sac en plastique, nous regarde vaguement avec des yeux à moitié fermés à cause de la fatigue et puis replonge sa tête sous ce qui lui sert de couverture. Ils semblent tous assez exténués ou assez blasés pour rouspéter contre cet emmerdeur qui vient les déranger au «beau» milieu de leur nuit de rêve. Mais, apparemment, les rêves, ces gens n'en connaissent plus. C'est plutôt de cauchemar dont il faut parler.

Il est deux heures du matin quand nous avons regagné la gare routière Ouled Ziane, antre des SDF à Casablanca. Mais, cette fois, les choses sont différentes et les dizaines de SDF qui investissent quotidiennement les alentours de cette infrastructure n'y sont plus. Pas l'ombre d'un seul SDF. «Avec ce froid insoutenable, dormir ici relève du suicide», explique un courtier de la gare. En effet, le vent et le froid semblent être déchaînés. A l'extérieur de la gare, les rares agents de sécurité, les nettoyeurs, les courtiers et les voyageurs nocturnes se pelotonnement sous leurs couches d'habits chauds. Même les taximen, souvent nombreux à la sortie de la gare, sont absents à cause du froid.

Cependant, un SDF, apparemment exténué, vient «d'élire domicile» devant la gare. Un modeste morceau de tissu en guise de «matelas» et de couverture. A côté des cafés voisins de la gare, la température est plus clémente. Deux personnes sont allongées par terre, le troisième, un vieillard maigrichon, dort assis devant la porte d'une maison. Le capuchon de sa djellaba sur le visage marqué de la souffrance, les pieds enveloppés dans un sac en plastique et une petite couverture sur les genoux.

Quel revers de fortune l'a condamné à une fin pareille? Combien de temps pourra-t-il résister à ce froid dans la rue? Et dire que juste
derrière le mur de la maison, à quelques centimètres
seulement, le ventre plein, des personnes dorment tranquillement sous de chaudes couvertures et après avoir passé au peigne fin le moindre recoin de la chambre en quête du moindre petit passage de vent.

Bronchites à gogo
Selon la directrice du Samusocial de Casablanca, l'activité du centre a connu une grande hausse ces quinze derniers jours.
La moyenne des interventions et des enfants reçus au le centre a pratiquement doublé pendant cette période avec un pic dans la nuit du 18 au 19 décembre, lors de laquelle les équipes du Samusocial ont enregistré quelque quinze contacts dont huit ont accepté d'être transportés au centre.

Et pour cause: une météo très difficile. Enfants de tout âge, femmes avec bébés, femmes enceintes, mères célibataires, ils ne refusent plus l'assistance des équipes et acceptent plus facilement d'être hébergés au centre. «Le nombre de ceux qui se présentent eux-mêmes a augmenté parce qu'ils n'arrivent pas à supporter le rude froid qui sévit ces derniers jours», souligne la directrice. «Même les têtes brûlées qui quittent centre peu de temps après leur arrivée pour aller sniffer de la colle reviennent rapidement, et en pleurs à cause du froid», ajoute-t-elle.

La plupart des SDF approchés par les assistants et assistantes sociaux du centre sont victimes de maladies dues au froid.

Bronchite, angine, fièvre et grippe sont très répandues parmi eux. Pour permettre à ceux qui refusent de venir au centre s'abriter contre le froid, les équipes du Samusocial comptent leur distribuer des couvertures et de la soupe. Une manière de leur procurer un peu de chaleur.

Baisse de vigilance
Selon un éducateur de rue de l'Association Bayti, le nombre des STR augmente pendant cette période pour plusieurs raisons notamment les abandons scolaires et l'augmentation des tentatives d'émigration clandestine.

Les SDF profitent de la baisse de vigilance des éléments de la police et des agents de gardiennage pour entrer au port et essayer de se faufiler dans les conteneurs ou dans les navires. En effet, à cause du froid, certaines personnes chargées de la sécurité de leur abris ne s'aventurent pas beaucoup en dehors de leurs abris ou de leur périmètre laissant libre cours aux candidats à l'émigration clandestine qui ne sont dans la plupart des cas que des STR qui passent leur nuit dans le port à rôder en quête de la moindre baisse de vigilance pour réaliser leur rêve.

Les abandons scolaires sont également un pourvoyeur des STR. Quelques mois après la rentrée scolaire, les élèves qui ne se sentent pas en mesure de suivre le rythme préfèrent quitter l'école. De peur des représailles des parents, ils fuguent et se retrouvent dans la rue.


Mohamed AKISRA | LE MATIN
 
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