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Silence, le génocide continue
13 avril 2006 01:23
La proposition américaine d'envoyer des conseillers de l'OTAN au Darfour pour soutenir les forces de maintien de la paix de l'Union africaine semble déplaire à beaucoup de monde. Pour le grand malheur des habitants de cette région de l'ouest du Soudan.

"Mettre un terme à un génocide nécessite plus qu'une molle intervention. Les Etats-Unis et les Nations unies doivent agir plus énergiquement et plus rapidement pour protéger les civils qui essaient d'échapper à la violence dans la région du Darfour, au Soudan", s'alarme The Philadelphia Inquirer. En effet, la guerre qui embrase cette région depuis plus de trois ans, faisant près de 200 000 morts et chassant quelque deux millions de personnes de leurs foyers, s'intensifie et s'élargit. "Depuis le début de l'année, des milices [les janjawid à dominante arabe] soutenues par le gouvernement soudanais traversent la frontière quotidiennement pour attaquer les quelque 220 000 civils réfugiés au Tchad ainsi que les Tchadiens habitant dans les villages frontaliers", poursuit le quotidien américain. En 2004, l'administration Bush a qualifié de "génocide" les crimes commis au Darfour. Mais, en 2005, un rapport d'enquête des Nations unies a conclu que ces exactions constituent des crimes contre l'humanité.

Les discussions de paix entre le gouvernement et les rebelles – des tribus pour la plupart non arabes qui ont pris les armes en 2003, accusant les autorités soudanaises de négliger leur région – se poursuivent depuis plusieurs mois mais n'aboutissent pas. Et les efforts diplomatiques de la communauté internationale s'intensifient pour convaincre les parties d'accepter des propositions de compromis concernant le partage du pouvoir et des richesses. Les dernières négociations en date ont eu lieu à Abuja (la capitale fédérale du Nigeria) le week-end dernier sous l'égide de l'Union africaine (UA), qui joue le rôle de médiateur et dispose au Darfour d'une force de maintien de la paix de 7 000 hommes chargés de surveiller le cessez-le-feu, d'ailleurs souvent violé.

Des pourparlers qui n'ont toujours pas donné de résultats tangibles. Toutefois, le président congolais Denis Sassou Nguesso, président en exercice de l'UA, et son homologue nigérian, Olusegun Obasanjo, ont annoncé que les parties se rencontreront de nouveau pour tenter de rapprocher leurs positions. D'ailleurs, le vice-président soudanais, Ali Osma Mohamed Taha, qui dirige la délégation gouvernementale, a décidé de prolonger son séjour à Abuja de plusieurs jours.

Pour sortir de l'impasse, le président américain George W. Bush "avait finalement fait, en février dernier, une proposition intéressante en appelant à renforcer le rôle des forces de l'UA en y incluant des troupes parrainées par les Nations unies, dont le mandat serait plus large et qui bénéficieraient du soutien de l'OTAN", souligne The Philadelphia Inquirer. Mais "cette idée semble maintenant de plus en plus marginalisée", enchaîne The Washington Post.

Jusqu'à présent, le rôle de l'Alliance atlantique s'était limité à transporter par avion des forces de l'UA dans la région et à fournir quelques spécialistes militaires pour assister le contingent de maintien de la paix, rappelle le journal. "Selon les nouveaux plans proposés par l'administration Bush, l'OTAN pourrait avoir sur place un peu plus de 500 conseillers. Leur rôle serait d'assister les forces de l'UA sur le plan logistique, les renseignements et les communications, sans s'engager sur le terrain."

Mais l'implication de l'OTAN, tout comme celle des troupes émanant des Nations unies, rencontre plusieurs résistances. Déjà de la part de l'Alliance qui "estime que cette nouvelle mission pourrait la détourner de son engagement en Afghanistan", signale le quotidien. Pour leur part, les autorités soudanaises n'apprécient pas non plus "l'élargissement du rôle des forces de l'UA pour impliquer à leurs côtés des troupes des Nations unies et des membres de l'OTAN. Selon John Prendergast, responsable de l'Afrique à l'International Crisis Group, le Soudan craint que ces troupes n'interviennent pour arrêter des membres du gouvernement soudanais actuellement poursuivis par la Cour pénale internationale pour avoir commandé des atrocités commises au Darfour."

Quant à l'UA, qui avait au départ salué la proposition américaine, elle s'est rétractée. "Les pays arabes membres de l'UA prétendent que la présence parmi les forces africaines de maintien de la paix de troupes soutenues par l'Occident serait mal ressentie par les populations musulmanes locales, car perçue comme un outil du néo-impérialisme", relève le Washington Post avant de demander : "Pourquoi l'administration Bush n'arrive pas à surmonter l'obstructionnisme du Soudan ?"

Selon le journal, le Soudan bénéficie de plusieurs soutiens diplomatiques. Au sein de l'UA, des alliés des Etats-Unis, comme l'Egypte, plaident en faveur des thèses soudanaises. Alors qu'au sein des Nations unies, le Soudan s'appuie sur le soutien de la Chine. Par ailleurs, "l'administration Bush n'a pas encore placé cette affaire au rang de ses priorités". Le journal rappelle que les Etats-Unis se sont même récemment opposés à l'application de sanctions onusiennes à l'encontre de responsables soudanais, dont le chef des renseignements.

Pour le Washington Post, "face au Soudan qui s'oppose au déploiement de forces de maintien de la paix réellement capables de mettre un terme au génocide, il est temps d'avoir recours aux sanctions et de faire pression sur les autorités soudanaises". Le jeudi 13 avril, l'envoyé spécial de l'UA pour les pourparlers de paix intersoudanais sur le Darfour, Salim Ahmed Salim, devrait présenter au Conseil de sécurité des Nations unies l'état d'avancement des négociations d'Abuja.

Hoda Saliby


Source : [www.courrierint.com]

Môh Tsu
 
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