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Sidi Moumen, la précarité dans ses états
c
20 mars 2007 04:21
Nous sommes à Sidi Moumen, une commune de 300000 habitants, à la périphérie de Casablanca où se côtoient de grands HLM à la peinture décrépite et 33 bidonvilles puants.

La commune de Sidi Moumen a connu son heure de gloire, dont elle se serait bien passée, en mai 2003, après les attentats sanglants de Casablanca. C'est de ces bidonvilles sordides où déambulent des ânes et quelques vaches que sont sortis les 14 kamikazes qui ont semé la mort dans la capitale économique. A côté d'une immense carrière désaffectée, se trouve Douar Thomas, l'un de ces bidonvilles de Sidi Moumen, créé dans les années 20.

De loin, ce sont les toits en tôle zinc et les antennes éparses qui dominent l'impressionnante étendue du site. Au bas d'une des falaises de la carrière, des femmes lavent le linge dans ce qui fait un petit lac d'une eau stagnante et verdâtre. Par la route principale menant au douar, l'on passe devant une grande mosquée et un "complexe" qui lui est rattaché (comprenant entre autres hammam et café). La route est située en dehors de la zone urbaine de Sidi Moumen et c'est déjà la compagne ici, au vu du type d'habitation, des enclos de cactus délimitant les petites propriétés et des troupeaux de moutons. A hauteur de la grande mosquée, il y a le terminus du bus et au virage, l'on débouche immédiatement sur le grand douar.

Dans son environnement, et à y avoir de plus près, Karyan Sidi Moumen rappelle plutôt une agglomération villageoise, bientôt rattrapée par la ville. Le tracé des ruelles étroites implantées là. Les habitations sont de type rural (murs en briques et toits de zinc), très spacieuses. Les zribas font au minimum trois fois la superficie de celles de Karyan Ben M'sik ou d'El Massira. Nous pénétrons dans l'une d'entre elles, vaste cour sur laquelle donnent trois grandes pièces. Nous entrons dans celle de gauche. Au fond de celle-ci, il y a la cuisine et à droite, on débouche sur une chambre rectangulaire, c'est le salon de réception où les banquettes et leurs matelas courent le long de tous les murs sans fenêtre et peints d'un bleu pâle. C'est là que nous avons un entretien avec un fils et sa mère qui nous expliquent que leur " zriba couvrait, au début de leur installation dans ce douar, une superficie de 1600 mètres carrés ". Mais à mesure que le douar s'étendait, des parcelles de leur zriba étaient louées pour être, quelques années plus tard, cédées. Cette parcellisation intensive correspond d'ailleurs à la forme de spéculation du pauvre. De la sorte pour le nouvel arrivant, il y a possibilité de loger à moindre frais, et pour la propriétaire de la zriba, il y a possibilité d'accroître ses revenus, soit en louant une baraque soit en la vendant.

La promiscuité des relations sociales est la source de tous les problèmes.

La densité élevée et la grande promiscuité issue des conditions d'habitat font des bidonvillois une communauté de voisins. Lorsqu'on vit dans un bidonville, ignorer ses voisins, c'est ignorer la société bidonvilloise tout entière. Car ici, ce qui structure les relations sociales, ce n'est pas, en première instance, l'influence de cultures d'origine ou de solidarité familiale, mais d'abord et surtout l'Espace. C'est la précarité de l'espace qui crée la solidarité. Cependant, les odeurs sont constitutives de l'espace habité. Elles délimitent l'espace par fonctions domestiques : l'alimentation, le blanchissage, les latrines, l'élevage. Dans le cadre de la promiscuité sociale, les odeurs de la cuisine, par exemple, distillent de l'information. " Toute la ruelle repère ainsi quand l'un de ses membres travaille à la cuisson d'un plat. " affirme Rachida, 61ans, mère de huit enfants. Mieux encore, "elle peut connaître à distance et sans difficulté la nature du plat en question. " ajoute-t-elle.

De la sorte, les odeurs alimentaires constituent d'ores et déjà des indices de niveau de vie. Les bruits également font partie du domaine de définition du champ phonique bidonvillois qui reste propriété publique du voisinage. Or, le manque d'intimité se vit par la collectivité objective des bruits.

Cette collectivité n'est pas uniquement négative, elle est aussi d'utilité publique. Tout en remontant sa ruelle, une telle femme consulte une voisine invisible et lui demande un peu d'huile, de sel ou des allumettes.

Cependant, la promiscuité sur les relations sociales arrive à " parasiter" la communication entre les personnes. Dans l'espace à haute densité qu'est ce douar, l'information circule très rapidement. Elle aussi se partage, se transforme et peut devenir une nuisance pour l'intimité de l'espace domestique. " les voisins écoutent ce qui se dit chez toi, et le répètent dans tout le quartier. Quand tu achètes quelque chose et tu ne veux pas que cela se sache, tout le monde en fin de compte saura que tu as acheté la chose en question. " souligne, attristé, Abderrahmane résident de la carrière Thomas. Il reste très difficile dans ces cas-là de pouvoir préserver l'indépendance de la famille, autant sur ses actes et paroles que sur son emploi du temps. Mourad Sahnoune, 25 ans, étudiant universitaire dit de lui-même " Je ne suis pas un vrai bidonvillois. " dans le sens où sa famille habitait dans un logement en dur avant de s'installer dans le bidonville. Il affirme que ses parents n'ont jamais apprécié le milieu bidonvillois. Et le père n'est resté au "karyan" que dans l'attente d'un éventuel projet de recasement.

Il faut comprendre que lorsque des jeunes bidonvillois disent ne pas aimer ou ne pas fréquenter leurs voisins, c'est une manière de se distinguer vis-à-vis du milieu social dans lequel ils évoluent. Par là même, ces jeunes cherchent à démontrer par leurs activités, leurs réseaux de connaissance, ou par leurs déplacements, qu'ils ne sont pas des aliénés du mode de vie bidonvillois. Un jeune courtier dénonce quant à lui, le caractère agressif de la jeunesse bidonvilloise. Aussi, évite-t-il de passer le temps avec les jeunes du "karyan" qui sont pour lui " une génération d'envieux qui ont le couteau dans la poche."

Liberation



Modifié 1 fois. Dernière modification le 20/03/07 04:21 par crocotype.
t
21 mars 2007 14:44
oh les jolis clichés...

je cite : "Aussi, évite-t-il de passer le temps avec les jeunes du "karyan" qui sont pour lui " une génération d'envieux qui ont le couteau dans la poche."


pfff n'importe quoi
c
22 mars 2007 04:45
Recasement des bidonvillois de douar Skouila


Une opération de recasement des ménages des bidonvilles du douar Skouila a été lancée lundi 19 mars. Selon Ahmed Brija, président de l'arrondissement Sidi Moumen, les populations, qui vont bénéficier de cette opération, visant l'éradication du logement insalubre, recevront des lots de terrain de 84 m2 (pour deux familles). En outre, chaque famille recevra une enveloppe de 3000 DH.

ALM


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