Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
Selon Dalil Boubakeur, "face à l'Islam, l'Europe est comme une poule face...
t
25 octobre 2004 23:06
salam, bonsoir, smiling smiley

Selon Dalil Boubakeur, "face à l'Islam, l'Europe est comme une poule face à un couteau"

« Face à l'Islam, l'Europe tétanisée »

UN ARTICLE DE ALAIN LALLEMAND |
LE SOIR EDITION DU JEUDI 7 OCTOBRE 2004

C'est en « honnête homme » de tradition française, musulman et parfaitement laïque que le recteur de la Grande Mosquée de Paris et président du Conseil français de culte musulman, Dalil Boubakeur, en visite hier à l'ULB, demande aux Européens de dire « Non ! » à l'Islam politique. Dans un entretien au « Soir », il stigmatise le manque de volonté de l'Europe, son « aboulie » : Face à l'Islam, l'Europe est comme une poule devant un couteau. Tétanisée. Il recommande un islam moral, exclu du champ politique : Dès que la religion devient politique, elle devient antidémocratique et facteur de troubles.




« Je demande à l'Europe de dire « Non » à l'islam politique »

UN ARTICLE DE Propos recueillis par ALAIN LALLEMAND |
LE SOIR EDITION DU JEUDI 7 OCTOBRE 2004

Dalil Boubakeur Recteur de la grande mosquée de Paris, président du Conseil français du culte musulman

A l'invitation du Cercle du libre-examen, vous débattiez hier soir à l'ULB de « Europe et Islam, une cohabitation possible ? ». Or s'il n'y a qu'une Union, un droit européen, il y a toujours un Islam pluriel. Devons-nous dialoguer avec tous les islams ?

Nous sommes dans une ambiguïté : d'une part, les musulmans se trouvent avec leurs 60 ou 80 nationalités et courants différents, se retrouvent, se regroupent, ce qui fait une immense mosaïque. (...) L'islam, c'est d'abord l'expression religieuse... et un peu identitaire à condition de faire très attention - très attention ! - que les musulmans se pénètrent d'abord des territoires d'accueil que sont l'Europe des lumières, l'Europe de la laïcité, de la sécularisation, etc. où chaque pays a son histoire particulière avec la religion. Donc il y a nécessité pour tout musulman de connaître le pays d'Europe où il s'insère et son histoire religieuse. En France, la règle d'or, c'est la laïcité. Donc il faut pouvoir séparer les problèmes de culte des autres problèmes. Et en particulier politiques. Et cela, je suis intraitable sur cette question : j'estime que le culte musulman doit absolument se démarquer de toute tendance politique. Le renouveau de l'Islam depuis la révolution iranienne a inoculé le virus de la politique dans les mosquées, chez les jeunes, etc., qui ne craignent pas d'aller jusqu'à la guerre et la violence. La violence du nouvel intégrisme musulman est la nouvelle donne avec laquelle l'Europe devra non pas jouer ou transiger mais compter. Il y a aujourd'hui deux formes d'islams : islam tranquille et modéré de l'honnête homme (on donne un avis moral, éthique, bioéthique, on s'insurge en cas de prise d'otages, etc.). Mais de là à faire de la quête identitaire musulmane une voie qui mène vers l'intégrisme, voire l'action violente, non !

Que répondez-vous à ceux qui prêtent à Mahomet une mission militaire ? Et l'alliance d'Ibn Saoud et du hanbalisme, du religieux et du politique ?

Cela relève d'une ignorance noire de l'histoire de l'Islam : la révélation est arrivée comme une bonne nouvelle, qui renoue avec Jésus, Moïse, Abraham. Cette révélation pacifique a été refusée par les polythéistes de La Mecque. D'où la fuite à Médine, l'attaque, et là, oui, clairement, Mahomet s'est défendu. Mais Mahomet a pris les armes au même titre que les Croisés, plus tard, ont voulu défendre des principes qu'ils jugeaient sacrés. Cependant, une fois instauré, l'Islam s'est répandu sans recours aux armes : et en un siècle il était aux portes de Paris. Et il n'y a pas eu de conversion forcée en Andalousie : la tolérance religieuse musulmane est un fait religieux avéré.

Retenons la ligne de partage entre morale et politique : ici à Bruxelles, des écrits musulmans circulent qui se positionnent dans le registre moral, comme « Le guide du musulman » d'Al-Jazâ'iri (shari'ah, la mort pour l'adultère, le talion exécuté à la lame tranchante, etc.). Que doit-on en penser ? Serait-ce un crime contre l'islam d'interdire ce genre de livres ?

On a eu de ces écrits de ces néo-théologiens de l'islam, souvent formés en Arabie (de religion wahhabite, littéraliste, sourcilleuse). Simplement, comparez le fait qu'ils s'appuient sur 28.000 hadiths (règles de la tradition), alors que chez nous, avec le rite malékite, il n'y en a que 500 ou 600 recensés. Leur islam est antimoderniste, enserre le croyant dans un réseau serré que tous les rénovateurs de l'Islam ont dénoncé tout le long du XXe siècle sous le nom de « Taqlîd » : l'argument d'autorité basé sur une tradition dévote tournée vers le passé. Tout cet islam de la quatrième école (hanbalisme), qui nous envahit souvent grâce aux pétrodollars et aux imams wahhabites...

Oui, ceux-là, qu'en fait-on ? On les interdit ? Alors que la plus grande mosquée de Bruxelles est wahhabite, financée par les Saoudiens ?

C'est le maître du territoire qui sait ce qu'il a à faire ! Qui sait qui il veut accueillir ou pas ! Ce que je trouve, c'est que l'Europe de la tolérance et des droits de l'homme, elle a été faite pour des Européens qui ont compris, qui ont épuré leur liberté d'expression et de pensée en tenant compte du prochain. Mais là vous avez une intrusion qui, même dans les pays musulmans pose problème. Mon pays natal est l'Algérie. Je sais à quel point mon pays a souffert de ces intrusions - barbes, foulards, tenues vestimentaires, discours virulents dans les mosquées, etc. Je sais à quel point cette forme d'Islam s'ingère dans la vie de chaque homme, de chaque femme, de chaque gamine. Et même, au-delà des musulmans, ils tentent d'imposer des visions qui ne sont pas les leurs. Un grand penseur marocain dit : « L'islam aujourd'hui ne peut plus se réfugier dans ses propres valeurs, et encore moins chercher à les imposer aux autres. » Il est temps que l'islam tienne compte de l'évolution du monde et compare ses valeurs aux valeurs universelles. Notamment en matière de droits de l'homme. Comment voulez-vous que des théories telles que la polygamie soient acceptées sous prétexte d'islam ? Moi je dis non ! Couper les mains au nom de la shari'ah : vous l'accepteriez sur la Grand-Place de Bruxelles ? Or ça, c'est la shari'ah wahhabite ! Pour vous, en Belgique, au Luxembourg, etc., il y a des lois. Pour le foulard en France, qui est un prescrit coranique, j'ai dit que si la loi venait à l'interdire, eh bien je m'y plierais. Parce que l'Islam n'oblige pas les musulmans à considérer les autres territoires du monde comme des territoires de guerre, ni de conversion ! Maintenant, si vous, vous acceptez d'être un territoire de conversion, continuez, c'est votre problème !(...) L'Europe est « aboulique » (NDLR : sans volonté) : il faut au moins savoir ce qu'on ne veut pas. Face à l'Islam, l'Europe est comme une poule face à un couteau. Tétanisée.

Pour la Turquie et son projet d'adhésion à l'Europe, vous avez un avis ? N'est-ce pas un modèle très intéressant d'islam laïque ?

Il ne faut pas que les religions prennent une place politique. Il ne faut pas que, sous prétexte de religion, on dise que c'est blanc ou noir. La religion n'a rien à voir : il faut intégrer les pays qui acceptent les règles et valeurs européennes, les droits de l'homme tels qu'ils sont définis au niveau européen. Et je demande, en plus, aux Européens de faire des choix. De dire « Non ! » à l'islam politique. Parce que, dès que la religion devient politique, devient antidémocratique et devient un facteur de trouble. Que l'Europe dise « Non ! » à toutes les formes de religion intégriste (qui mélange religieux et politique). La Révolution française a balayé non pas le clergé mais le pouvoir politique du clergé. (...) Il faut que les politiciens d'Europe soient aussi des philosophes de l'Europe.



Sources:
www.lesoir.be

tawmat smiling smiley
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook