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Sellal, la dernière carte de Bouteflika ?
F
10 septembre 2012 13:07
Bouteflika a reconduit le statu quo avec son ancien directeur de campagne. Après avoir épuisé un à un ses fidèles soutiens des premières heures, il sort la carte Sellal. Serait-ce sa dernière ?




Sellal et Bouteflika, le duo se reforme comme en 2004 et 2009.


Quels premiers enseignements tirés de ce gouvernement ? D'abord la disparition des deux ministres d'Etat : le fidèle serviteur Zerhouni et l'islamo-conservateur Belkhadem. Seront-ils appelés à d'autres fonctions ? On verra. Paradoxe du système Bouteflika : la razzia opérée par le FLN pendant la dernière législative n'a pas permis au SG du FLN ou à au parti d'avoir plus de maroquins. Il y a par ailleurs le limogeage, tant attendue, de Benbouzid et Ould Abbès, deux ministres honnis chacun dans son secteur. En revanche, l'essentiel des féaux sont toujours là : l'inamobvible Abdelmalek Guenaïzia, Khalida Toumi, Amar Tou, Djoudi, Medelci, la liste est longue ; on note même le retour d'un soutien patenté du président : Amara Benyounès. Ensuite...




Gouvernement Sellal ! écrit la presse en chœur. Pourtant, tout le monde sait qu’Abdelmalek Sellal n’a été pour rien dans le choix de la composition du cabinet qu’il est censé diriger. En fait, dans cette nomination comme dans toutes les autres depuis son arrivée au palais d’El Mouradia, Bouteflika n’a mis dans la confidence d’un cercle hyper restreint de fidèles. Une sorte de clan gris, qui échappe à toute fuite. Méfiant jusqu’au trognon, le président ne fait confiance qu’à de très rares personnes. Deux ou trois éléments qui renseignent sur le locataire d’El Mouradia.




C’est la très officielle APS qui a donné le ton sur la manière avec laquelle Ouyahia a été congédié. L’agence a titré : "Fin de fonctions de M. Ahmed Ouyahia, M. Sellal Premier ministre". La précision sur la mise à l’écart d’Ouyahia en titre n’est pas anodine. Car elle aurait pu s'en passer. Mais en vrai, elle exprime un aveu de disgrâce organisé par Bouteflika et sa clique. Les deux hommes ne se voyaient plus depuis des semaines, selon certaines sources. Si tant est qu’Ouyahia a été débardé du premier ministère avec mépris. Sans égard. Mais en digne enfant du système, il savait comment fonctionne Bouteflika. Et la manière avec laquelle les précédents chefs de gouvernement ont été "remerciés".




Le locataire d'El Mouradia est fidèle à son tempérament. Il entretient une arrogance souveraine de ses collaborateurs. Ahmed Benbitour, Abdelaziz Rahabi et Ali Benflis en savent quelque chose. Son parcours nous l'enseigne : Bouteflika est dans le secret et la manipulation. Pour lui, comme disait Balzac, tout pouvoir est conspiration permanente. Et pour rester le maître absolu de la décision, le président ne lésine sur aucun moyen.




Maintenant, les commentateurs de la scène politique pourront arguer qu’entre les deux hommes le courant ne passait, que c’était la lune de fiel à demeure, mais il faut préciser qu’Ouyahia a servi le président avec zèle, ne disant mot et avalisant toutes les dérives du système Bouteflika. N’a-t-il pas cautionné le viol de la Constitution et conduit la politique socio-économique décidée par le président ? Les résultats sont aujourd’hui connus. La responsabilité c’est d’abord et avant tout de répondre de ce qu’on fait. Et cela, ni Ouyahia, ni son ancien chef ne peuvent le faire, car il n’est pas dans les traditions de la joumloukia de venir devant le peuple pour s’expliquer.




Alors qu’on n’essaye surtout pas de faire du désormais ancien premier ministre une victime. Pas plus d’ailleurs que ses ministres débarqués sans égard. Même après toutes les louanges tressées à Bouteflika ils ont été limogés sans aucun mot de remerciement. Signe qu’il les tenait en piètre estime.




Même s’ils se disent toujours prêts à servir le pays, au fond, ces ex-ministres savent pertinemment qu’ils ne travailleront que pour le locataire de la présidence. Car pour ce dernier, le pouvoir est un bien privé qui ne se partage qu'avec les membres du clan. L'Algérie, les promesses de réformes lancées un 15 avril 2011 attendront.



Avec son fidèle Abdelmalek Sellal, Bouteflika joue désormais son va-tout. C'est sa dernière manche, sussure-t-on sur les hauteurs d'Alger. A eux deux, ils vont sans doute écrire la trop lente sortie de scène. Mais à quel prix ?







Par Yacine K.
Source: Le Matindz
 
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