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Séduire, pour quoi faire ?
A
29 juin 2015 16:27
Si l’esthétique et le charme d’une créature ne peuvent laisser insensibles les êtres humains, il arrive que certains fragments de science réintroduisent l’individu dans les galeries de la lucidité et l’univers des importances. La connaissance du monde n’éduque le cœur que dans une perspective du temporaire, habitué à se soumettre à des méthodes souvent animales et étrangères aux scènes paradisiaques ; tandis que la science de l’au-delà et de ses évènements, plonge parfois le croyant dans une texture imperceptible et autour de laquelle, un bouclier l’empêche d’accorder une quelconque attention à la créature et à ses aspirations.

Aimer sans être aimé, n’est pas forcément à blâmer pour certains. Le simple fait d’avoir inscrit une cible dans les ardoises de leurs cœurs suffit. Cette sélection secrète donne l’impression d’avoir un but dans la vie, contrairement à ceux qui ne savent pas ce qu’ils veulent. Aussi, il en est qui rêvent d’idylles et de congratulations, de prestigieuses ovations, oubliant le temps de quelques instants, les boulets de leurs défauts ainsi que leur impuissance, celle qui les a empêché depuis toujours, de rejoindre des destinations inexistantes. Ils veulent séduire autrui, mais ne finissent en définitive, par séduire que leur propre personne...

Cette illusion d’un chemin inaccessible, n’a guère de raison d’être pour un croyant qui tend vers la maturité spirituelle. Elle diffère à bien des égards des personnages renversants, dont l’entourage ne comprenait pas le projet ascétique. Leurs coreligionnaires s’interrogeaient et s’interrogent aujourd’hui encore, sur leurs mœurs intrigantes : « Pourquoi se privent-ils autant ? » « Savent-ils ce qu’épanouissement et loisir veulent dire ? ». « Annoncez la bonne nouvelle aux étrangers », disait le premier étranger de cette communauté (prière et salut sur lui) ! D’autres encore reprochent à certains ascètes de ne pas profiter des délices que Dieu a créés. Et tout cela parce qu’en réalité, le cœur où la lumière embrasse les parois, conjugue désormais les occasions de la vie d'ici-bas avec le souvenir de l’au-delà.

Dis sont-ils égaux ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ? Sourate Az-zumar, verset 9

La séduction étale sa monarchie sur deux juridictions. La première est un public de créatures, alors que la seconde se concentre uniquement sur une personne. Ces deux perspectives constituent à bien des égards, les deux calendriers sur lesquels jouent de nombreux frères et sœurs. Vois comme ils se donnent tant de mal, nuit et jour, afin de plaire à autrui. D’aucuns diront que la séduction fait parti de la nature humaine et que la blâmer serait un non-sens pour l’Homme. Il existe malgré tout, quelques restrictions qui ont été énoncées par Dieu et Son messager (prière et salut sur lui), de peur que nos frères et sœurs chutent dans l’injustice et les remords, le jour où ils ne serviront malheureusement à rien. Je pense notamment à certaines séductions officielles qui n’ont de réalités officieuses que celles du Shirk, qu’Allah nous en préserve. Il arrive en effet que l’amour pour un être soit tellement intense, tellement encouragé par la méconnaissance des imperfections et les limites définies par le Très-Haut, qu’il atteint parfois des sphères injustes, ce niveau inégalable que Le Plein De Munificence ne peut partager avec une quelconque entité.

Parmi les hommes, il en est qui prennent en dehors de Dieu, des égaux à Lui, en les aimant comme on aime Dieu. Or les croyants sont les plus ardents en l'amour de Dieu. Sourate La Génisse, verset 164

La beauté des créatures a été crée par Al Jamil (L’infiniment Beau) à titre de miséricorde et d’épreuve. Certains l’amplifient et la partagent au-delà des contours légaux qu’Il a démarqués, bien avant notre création qui s’enlaidit par le péché. Ces créatures ont réussi (dois-je dire échoué ?) à faire de leurs attrayantes qualités, une abomination ici-bas et dans l’au-delà. Et elles ont beau se dandiner dans des parades aussi gracieuses que croustillantes, certains de Ses serviteurs qu’Il a enveloppés de Sa miséricorde se refusent alors, à toute attention à leur égard. Il n’existe désormais pour eux, dans le spectacle esthétique auquel ils assistent, qu’une insuffisance et des approximations. Peu s’en faut qu’on les accuse de gâcher notre joie, parce que leur illustre piété les empêche d’accorder aux plaisirs fugaces, un enthousiasme digne de ce nom. Allez leur dire qu’ils se trompent "d’avoir raison", eux qui ne cessent de voir un caractère éphémère dans l’ADN moral de toute chose ! Pour ces allégories de l’intelligence spirituelle, c’est un tout autre projet qu’il faille leur proposer, celui de l’Unique et de Ses faveurs, loin de la fantasmagorie insipide que promeut le libertin.

Lorsque Le Tout-Miséricordieux fait preuve de largesse sur nos cœurs malades, une anesthésie nous prémunit contre l’élixir du terrestre. Et voilà que nos yeux ne voient plus rien de savoureux en ce monde condamné à la disparition, voilà que la star adulée retombe dans les tréfonds de l’anonymat, que le charme le plus irrésistible fond comme neige au soleil, que les instincts les plus difficiles à maîtriser soient dominés par la force et la vigueur de la foi...

Le cœur de l’ascète est réceptif au charme de la piété, celle qu’on ne réalise qu’en vue de plaire au Très-Haut. Nous sommes innocents disent-ils, de ce à quoi ils nous appellent. Nos cœurs sont les victimes, et leurs attraits sont les prédateurs. Parfois certains d’entre nous tombent entre leurs griffes et leurs crocs, parfois nous réussissons à rejoindre les nôtres, blessés par la force des écorchures que provoquent leurs tentations.

Le délice de la foi nous gratifie d'un éventail bien plus exquis. Ses terrasses offrent même quelques vues à propos desquels les dictionnaires deviennent arides de définitions tellement la réalité qu’elles accompagnent ne connait aucun mot suffisant pour décrire fidèlement, les délices d’une autre vie, bien plus digne de nous faire succomber à ses charmes…N’avons-nous rien d’autre à faire que de séduire ce qui est incapable de rester pur chaque jour ? Cette forme de convoitise qu’envisagent les plus initiés de notre communauté, est finalement bien distante des exhibitions où la plastique donne le LA. Que de formes légères, de timbres de voix envoûtants, de regards aguichants, de manières affriolantes sont accueillis avec la plus déconcertante des tiédeurs, par ces prétendants au Paradis ?

Que leur est-il arrivé pour qu’ils expriment ainsi, une telle apathie devant ces merveilleuses créatures ? Cet hymne au détachement n’a en réalité d’origine que la connaissance de Dieu et de ce qu’Il nous a permis de connaître à son endroit. L'identité divine mérite bien des efforts et des sacrifices. Les plus comblés de notre communauté se croient alors seuls dans ce monde, alors que la multitude s'agite atour d'eux. L'obsession du divin immunise leurs coeurs, jusqu'à oublier la souffrance que suscitent leurs efforts. Garde en mémoire l'exemple du messager de Dieu (prière et salut sur lui), qui priait jusqu'à ce que ses pieds se fendillaient. La reconnaissance, disait-il, c'est ce qui motivait son culte. Et c'est aussi à bien des titres, ce qui empêche le croyant de laisser n'importe qui entrer dans son coeur, à l'image d'un filtre...

A quoi bon sert, se disent-ils, de nous laisser dominer par une créature qui adopte une telle attitude outrancière ? Vais-je laisser des épluchures vouées à disparaître dans la tombe, parasiter la profondeur de mes inestimables pensées ? Mes semblables montrent un tel zèle pour une créature. En quoi me sera-t-elle utile demain, le jour où ceux qui me sont le plus chers me fuiront comme la peste ?

Si chacun connaissait la valeur d’autrui, la séduction n’aurait plus de client au sein de l’humanité. Seulement, l’être humain préfère la disproportion et abhorre tout ce qui a attrait à l’équilibre. Il préfère que l’on escorte par le regard et les battements de nos cœurs ses gesticulations, que l’on soit les épicentres des séismes qu'il provoque et que son allure ne soit jamais accueillie par des grimaces. Autant chercher d’autres souffre-douleurs. Qu’ont-ils à espérer de ces gens qui snobent ce qui n’a pas d'intérêt pour les alliés de Dieu ? A peine les prémices d’une réaction se font ressentir, qu’ils se voient contraint à l’atterrissage forcé, dans un aéroport où n’ont plus le droit de voyager ceux qui empruntent désormais, les chemins de l’ascétisme.

Les autres voguent en toute quiétude, laissant les séducteurs et les séductrices confus par tant d'efforts mésestimés. Ils savent, contrairement aux autres, à quel point l'homme se dirige vers le faux brillant de la vie sur terre. Ils savent également que Dieu a préparé pour ceux qui ont fait le choix de la retenue et du sacrifice, le projet qui fera le plus d'envieux le Jour des comptes.

Finalement cher frère, chère soeur, sache qu'on ne transcende l'enveloppe de l'être humain, que lorsqu'on n'évite de rester à la surface de cette religion. Et plus tu en sauras sur ton Seigneur et Ses enseignements, plus tu seras séduit par ce à quoi Il t'invite, et restera prémuni contre les tentations qu'Il a mis sur ton chemin, à titre d'épreuve. Puisse Allah nous rendre fous amoureux de Sa religion.

Abou Thawbane
[www.sous-missions.com]éduire-pour-quoi-faire/
[i]beslama les yabiS, ce fut un plaisir (ma3a salama).[/i]
 
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