La Radio Sawa ne veut pas obéir aux règles du régulateur marocain
Elle a beau s’appeler Sawa, elle refuse d’être l’égale des autres. La radio américaine ne veut pas obéir aux règles du régulateur marocain, la HACA, mais bénéficier d’une exception, en vertu d’un vieil accord et de son caractère étatique.
Car elle a beau être musicale, elle n’en est pas moins une radio de propagande, accompagnant en FM, dans quelques pays amis, la construction du Grand Moyen-Orient. Dans ce cadre, l’Amérique prône l’égalité, les mêmes lois pour tous, la régulation démocratique… sauf pour elle-même, elle réclame l’exception, et le dialogue avec le seul gouvernement.
Tant pis pour nos autorités. Cela leur apprendra à privilégier les étrangers. Sawa est la deuxième radio étrangère après Médi 1. L’accès à cette activité a été interdit aux Marocains, en attendant la prétendue libéralisation de l’audiovisuel, à ce jour un slogan creux: il a été des années un «projet» avant d’aboutir à une loi en 2005, qui, elle-même, mettra des années avant de générer une émission vraiment privée… marocaine.
Ces deux radios étrangères ne sont pas mauvaises. Elles ont une audience correcte dans les villes, grâce à leur programmation musicale, riche et légère. Mais pour la culture, l’information, elles bottent en touche: Sawa vers le Moyen-Orient, sans trop insister sur la violente présence américaine; Médi 1 vers l’Europe, oubliant les sujets polémiques du pays, ou le vécu quotidien du Marocain, qui subventionne par ses impôts l’électricité de son émetteur.
Les informations sont ainsi traitées, ou non traitées, pour rester politiquement correct. Ces manières sont, en fait, une insulte à l’intelligence du Marocain, bien informé, politiquement conscient, et qui jouit d’une liberté d’expression au café, et dans sa presse. Mais à force de traiter, chaque jour, l’auditeur comme immature, ces radios finissent par croire qu’il l’est vraiment, que ses autorités aussi et que nous sommes tous Sawa.
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