Le corps d'un clandestin marocain est retrouvé près des côtes de Tarifa en Espagne. A travers le travail d'enquête mené pour identifier le noyé et le long voyage pour le rapatrier dans son village d'origine se dessine peu à peu le portrait d'un jeune garçon de 24 ans décidé à tout mettre en œuvre pour s'en sortir.
Juillet 2003. Tarifa, au sud de l'Espagne. Un naufrage a eu lieu dans la nuit. Sur une embarcation de quarante personnes, douze seulement ont survécu, vingt-six ont disparu, deux sont mortes. Pour celles dont on a retrouvé le corps, le voyage pourrait s'arrêter ici.
Pendant de nombreuses années, personne ne réclamait les corps des clandestins. On les enterrait en terre espagnole, loin du Maroc, sans que leur famille ne soit informée de leur disparition.
Aujourd'hui, au funérarium d'Algésiras, Martin et Angel Zamora œuvrent pour sauver de l'oubli ces hommes et ces femmes rejetés par la mer. Une carte d'identité, des numéros de téléphone retrouvés sur les cadavres permettent de remonter le fil d'une histoire et de retrouver une famille de l'autre côté de la Méditerranée.
Laëtitia Moreau a filmé les différentes étapes qui ont permis aux Zamora de remonter jusqu'à la famille de l'un des jeunes hommes décédés lors du naufrage. Il y a les appels au Maroc qui n'aboutissent à rien quand les interlocuteurs ont peur, un oncle qui dépense toutes ses économies pour venir reconnaître le corps et qui avoue sa difficulté à réunir l'argent nécessaire pour le rapatriement de son neveu.
Puis il y a le long voyage de retour, l'arrivée dans la nuit et les clameurs de ceux qui le connaissaient, les larmes de ceux qui l'aimaient, la désolation d'une mère : "Mon fils, pourquoi m'as-tu abandonnée ?" A Aït Ishak, Laëtitia Moreau a cherché à savoir qui était ce garçon.
A travers les récits de son oncle et de ses amis se dessine peu à peu le portrait d'Aziz, 24 ans, un garçon sans travail et n'ayant aucun espoir d'en trouver dans sa région.
"A cause de ces problèmes, Aziz ne pensait qu'à prendre la mer, à partir, se souvient l'un de ses meilleurs amis. Il a tenté une fois, deux fois, trois fois. Avec tous les dangers que ça suppose. Ça veut dire que pour lui c'était le plus important" "Plutôt mourir en mer que revenir au bled", disait Aziz.
O vous tous, qui avez vécu ces événements que mes paroles vont rapporter,
Ecoutez-moi !
Vous avez mangé le suc des grappes amères, et vos enfants en gardent les lèvres irritéesChanteur ambulant de Beni Mtir
O vous tous, qui avez vécu ces événements que mes paroles vont rapporter,
Ecoutez-moi !
Vous avez mangé le suc des grappes amères, et vos enfants en gardent les lèvres irritéesChanteur ambulant de Beni Mtir
Puisse Dieu le prendre et les autres en sa sainte miséricorde, Amin...
O vous tous, qui avez vécu ces événements que mes paroles vont rapporter,
Ecoutez-moi !
Vous avez mangé le suc des grappes amères, et vos enfants en gardent les lèvres irritéesChanteur ambulant de Beni Mtir