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salam alikoum, question très importante à mes yeux
f
30 mai 2005 16:35
Salam alikoum,

J'ai une question très importante à vous poser. L'islam et sa pratique quotidienne sont des choses très essentielles et évifentes à mes yeux. Cependant, passionnée par le chant et par la scène depuis toujours, j'aimerais savoir quelle sont les limites à ne pas franchir.

En fait est ce que c'est harram de chanter?

merci de me répondre le plus sincèrement possible.

Je ne me suis pas présentée, je m'appelle fatima j'ai 21 ans je vit près d'avignon dans le sud de la france et j'étais membre assidue de yabiladi pendant 2 ans et j'ai quitté pendant près d'1 an pour raison d'études et d'overbookage!! lol!!

merci de vos réponses.

Salam alikoum
'
30 mai 2005 17:07
Bismillâhir Rahmânir Rahîm...

Assalâmou 'alaykoum wa rahmatoullâhi wa barakâtouh... smiling smiley







En islam, il y a certaines catégories de musiques qui sont autorisées à l'unanimité, d'autres musiques qui sont interdites à l'unanimité, enfin certaines musiques qui font l'objet de divergences d'opinions parmi des savants musulmans.


A) Ce qui fait l'unanimité et n'est pas concerné par ce débat :

Ce qu'il faut d'emblée dire c'est que ce qui fait débat est seulement la question de savoir s'il est permis de faire ou d'écouter des chants ou de la musique en tant que divertissement, donc en tant qu'acte permis (mubâh) en soi, acte pour lequel il ne peut y avoir de récompense dans l'au-delà que par rapport à l'intention de se reposer pour pouvoir à nouveau mieux agir dans le bien. Cependant, il n'y a pas débat à propos du fait d'écouter ou de faire du chant ou de la musique en tant qu'actes cultuels en soi, en tant qu'actes qui serviraient directement à se rapprocher de Dieu : il n'y a pas débat car une telle perception est erronée à l'unanimité des savants (Islâm aur mûssîqâ, Muftî Muhammad Shafî', avec annotations de Cheikh Abd ul-Mu'izz, p. 291, p. 294).

Cette précision faite, il faut aussi dire que, même lorsque chant et musique sont pris comme divertissements, les cas suivants sont eux aussi hors du cadre du débat car faisant l'unanimité chez les ulémas. En effet, attachés à un cadre éthique et à une certaine vision de la vie, les musulmans sont d'accord pour dire que les cas suivants (qu'ils concernent le chant seul ou l'instrumentation musicale seule ou le chant accompagné d'une instrumentation musicale) sont hors du cadre éthique :

1) quand le contenu du chant manque aux principes musulmans (appel à la violence, grossièreté, obscénité, éloge de l'alcool, invitation à l'adultère, etc.) ;

2) quand, à côté du chant ou de la musique, se trouve un ou plusieurs éléments qui contreviennent aux principes de l'islam (ambiance malsaine, nudité, scènes obscènes, etc.) ;

3) quand chanter ou écouter le chant ou la musique est fait à un moment ou d'une façon qui entraîne un manquement dans ses devoirs vis-à-vis de Dieu ou de ses parents, etc. (pas de respect pour les horaires des prières obligatoires, délaissement des parents, manquements aux devoirs de son épouse ou de ses enfants, etc.) ;

4) quand on se laisse aller à une inversion dans l'échelle de ses valeurs et qu'au lieu que le divertissement reste un moment temporaire et secondaire permettant de se prélasser pour pouvoir ensuite mieux et de nouveau se consacrer à l'objectif de la vie (se souvenir de Dieu, L'aimer, développer sa spiritualité, agir pour le bien de la société), c'est le chant qui prend, dans l'esprit, le cœur et les actes de sa vie, la place qui est réservé à d'autres choses.

Ces points-ci sont donc hors du cadre du débat. Ce sont les autres types de chants et de musique qui font l'objet du débat que nous allons évoquer.


B ) Ce qui est concerné par le débat à propos du chant et de la musique :

Pourquoi y a-t-il débat ? L'islam interdirait-il les divertissements ? Non, bien au contraire : le divertissement fait partie de l'existence humaine et l'islam ne l'interdit pas ; cependant il demande que les musulmans le fassent dans une mesure saine et équilibrée. Or, le divertissement a ceci de particulier par rapport à d'autres activités que, ne causant que du plaisir et de la détente, il peut facilement mener peu à peu le joueur à devenir paresseux et insouciant de ses devoirs (vis-à-vis des hommes ou vis-à-vis de Dieu). On peut ainsi remarquer qu'il est des divertissements qui, une fois qu'une personne se met à les pratiquer, se mettent – pour reprendre l'expression de Ben Halima – à occuper une bonne partie de sa "mémoire vive" : même après le temps passé dans ces divertissements, il devient très difficile à cette personne de se concentrer dans la prière, les invocations et la lecture du Coran, ces activités spirituelles perdant leur goût et devenant "lourdes" (voir Six leçons pour les jeunes, inspirées de Sourate Youssef, Ben Halima Abderraouf, Le Figuier, p. 8). De plus, ces divertissements absorbent une bonne partie du temps de la personne, détournant celle-ci d'activités infiniment plus profitables – telles qu'une promenade, la pratique d'un sport, des visites, des activités associatives – voire même d'activités essentielles – devoirs scolaires, service de la famille, etc. C'est pour lui éviter cela que l'islam a offert au musulman un cadre orientant ses divertissements.
"… Tout ce par quoi le musulman se divertit est "bâtil" sauf le fait qu'il tire à l'arc, le fait qu'il éduque son cheval, et le fait qu'il joue avec sa famille, car cela relève de la vérité ("al-haqq"winking smiley" (rapporté par At-Tirmidhî, n° 1637). Certains musulmans ont cru que le terme "bâtil" signifiait ici "interdit", alors qu'il est ici employé par opposition à "haqq" ("vérité"winking smiley et qu'il signifie donc "inutile", dans le sens où le divertissement autre que ces trois-là n'est ni interdit, ni déconseillé, ni recommandé ni obligatoire, il reste juste permis en soi et ne rapporte aucune récompenses auprès de Dieu (voir ce que Ash-Shawkânî a écrit à ce sujet : Nayl al-awtâr, tome 8, p. 248). D'ailleurs il n'y a pas que ces trois divertissements qui fassent exception : tout divertissement qui contribue lui aussi à atteindre un objectif voulu par l'islam fait exception et n'est pas inutile ; ainsi le Prophète a-t-il invité Aïcha à regarder le jeu des Abyssiniens, fait autre que les trois divertissements sus-cités. Un autre Hadîth dénombre ainsi quatre divertissements qui font exception. Cet autre Hadîth emploie d'ailleurs, pour qualifier des divertissements autres que ceux qui font exception, le terme "lahw" au lieu de "bâtil" (voir As-Sahîha, n° 315). Il est vrai que, parmi ces divertissements autres que ceux faisant exception, il en est qui sont "interdits en soi" et sont donc à délaisser systématiquement ; cependant, les autres restent "lahw", c'est-à-dire "futiles" – dans le sens de "neutres" : ils ne rapportent ni récompense ni péché –, et restent donc permis en soi.

La question qui se pose est seulement de savoir si le chant et la musique sont des divertissements qui relèvent de la catégorie "à délaisser systématiquement" ou qui relèvent de la catégorie "neutres, permis en soi du moment qu'ils sont utilisés avec modération". S'ils sont à délaisser systématiquement (harâm mutlaqan), cela est à rapprocher du cas du jeu de trictrac tel qu'il est compris par la majorité des savants : ce jeu est systématiquement à éviter parce que susceptible de créer chez celui qui se met à y jouer un fort attachement (huwa mazinna lis-sadd 'an dhikr-illâh wa 'an-is-salât – yad'û qalîluhû ilâ kathîrih) ; même si quelqu'un se sent capable de ne pas en devenir accro, la règle est qu'il doit s'en abstenir. Par contre, s'ils sont permis en soi (mubâh fî nafsih, yahrum bil-'âridh), cela veut dire qu'en soi on peut les pratiquer mais qu'il faut arriver à le faire dans le cadre éthique voulu et avec modération ; cela est alors à rapprocher du cas du jeu de trictrac comme le perçoivent ces quelques savants shafiites qui pensent que ce jeu est en soi permis et qu'il ne devient interdit que dans le cas où on le joue avec une mise d'argent, ou bien où on le joue d'une façon qui détourne concrètement de l'orientation de la vie, ou bien où on y devient accro.

Pour reprendre les mots de Muftî Muhammad Shafî', la question du chant et de la musique "a fait l'objet de longs débats entre des savants musulmans de ces derniers siècles" (Islâm aur musîqâ, p. 87). Ici, nous allons aborder d'abord le cas du chant en tant que tel, ensuite celui de l'instrumentation musicale.


B.1) Le chant seul (al-ghina-l-mujarrad) :

Par "chant seul", il faut comprendre "le chant sans accompagnement musical". Mais, déjà, qu'entend-on par "chant" ?

B.1.1) Il y a le fait de seulement prononcer des vers ou des phrases présentant des assonances et de les prononcer en modulant harmonieusement sa voix ; ce genre de poèmes est aussi parfois appelé "chant".

B.1.2) Et puis il y a le "chant" véritable, à propos duquel on s'exerce à améliorer sa voix, et que l'on chante parfois seul, parfois en public, mais qui ne contient aucun propos et aucun accompagnement contraire à l'éthique musulmane.

B.1.3) On désigne aussi parfois sous le nom de "chant" ce qui est destiné à réveiller certaines pulsions chez l'homme : il s'agit de chants dont les propos sont contraires à l'éthique musulmane (et qui relèvent donc du point A, cité au tout début).

Le type de "chant" B.1.1 est autorisé à l'unanimité (Islâm aur musîqâ, p. 340), tandis que le type B.1.3 est interdit à l'unanimité. C'est le type B.1.2 qui fait l'objet d'avis divergents entre les savants :


* Certains savants hanafites et hanbalites pensent que cela est interdit, d'autres que cela est fortement déconseillé (Al-Fiqh al-islâmî wa adillatuh, tome 4 p. 2664). Ces savants se fondent sur le Hadîth : "Le chant fait croître l'hypocrisie dans le cœur" (rapporté par Abû Dâoûd, n° 4927). Certes, cette parole n'est pas authentique en tant que Hadîth du Prophète (comme l'a écrit Al-Irâqî, dhayl al-ihyâ, tome 2 p. 444), mais son contenu est approuvé par cette parole de Aïcha : "Abû Bakr s'est rendu chez nous alors que deux petites filles ansarites chantaient en répétant ce que les Ansârs avaient dit lors de la campagne de Bu'âth. Elles n'étaient pas des chanteuses. Abû Bakr dit : "Le son du diable dans la maison du Messager de Dieu ?" Cela se passait un jour de fête (Eid), et le Prophète lui dit : " Abû Bakr, chaque peuple a son jour de fête, et aujourd'hui c'est le nôtre" (rapporté par Al-Bukhârî, n° 909 etc., Muslim, n° 892). Voyez : si Aïcha a tenu à préciser qu'elles chantaient mais qu'elles n'étaient pas des chanteuses, c'est parce qu'elle savait que le chant [type B.1.2] est interdit ou fortement déconseillé ; elle voulait donc dire qu'elles ne faisait que réciter d'une voix mélodieuse mais naturelle des poèmes [donc que c'était un "chant" de type B.1.1] et non un chant tel qu'en font les professionnels (type B.1.2), lequel est justement interdit ou déconseillé. De plus, Abû Bakr a bien qualifié ce chant de "son du diable", ce qui montre comment il considérait le chant. Enfin, le Prophète n'a pas nié que le chant mérite ce qualificatif, il a simplement toléré ce type de chant parce que c'était un jour de fête.

* Certains autres savants sont d'avis qu'en soi ce type de chant est autorisé ; Wahba az-Zuhaylî a relaté cet avis de "certains autres savants hanafites, hanbalites et malikites" (Al-Fiqh al-islâmî wa adillatuh, tome 4 p. 2664). En l'absence de texte authentique, disent ces savants, c'est la règle de la permission originelle qui s'applique. Or la parole "Le chant fait croître l'hypocrisie dans le cœur" n'est effectivement pas authentique en tant que Hadîth rapporté du Prophète. Quant à la parole de Aïcha "et elles n'étaient pas des chanteuses", cela désigne le chant de type B.1.3 (c'est une des explications : voir Fat'h ul-bârî, Shar'h Muslim). Et même à considérer que cela désigne effectivement le chant de type B.1.2 (ce qui est une autre des explications : voir Fat'h ul-bârî, Shar'h Muslim), alors cela est dû à un fait particulier, qui fait aussi l'unanimité : un homme ne peut pas écouter le chant d'une femme qui n'est pas sa femme ni sa proche parente (mahram) (Al-Ihyâ, tome 2 p. 438, Islâm aur mûssîqâ, p. 76, p. 270, p. 279, p. 284) ; c'est pourquoi le Prophète a interdit les chants de femmes [devant des hommes] (voir le Hadîth rapporté par Ibn Mâja, n° 2128 : hassan : note de bas de page sur Al-Mughnî, 5/673). Quant à la parole de Abû Bakr "le son du diable", elle ne peut pas – d'après l'interprétation que les savants du premier avis ont donnée – être appliquée au chant de ces deux petites filles, puisque ces savants tenants du premier avis ont dit eux-mêmes qu'il s'agissait d'un "chant de type B.1.1" ; or le type B.1.1 est permis à l'unanimité (Islâm aur musîqâ, p. 287) ! En fait le chant de type B.1.2, fait par des hommes ou des petites filles, est permis en soi, mais il faut rester vigilant vis-à-vis de soi-même pour qu'il n'entraîne pas des choses interdites (en termes de propos, etc.), car c'est alors que cela devient "le son du diable" (Ahkâm ul-qur'ân, Ibn al-Arabî, tome 3 p. 207). C'est donc pour cela que, d'une part, le Prophète n'a pas nié que le chant mérite ce qualificatif, et que d'autre part il l'a toléré ; s'il était systématiquement "son du diable", le fait qu'il s'agissait d'un jour de fête n'aurait eu aucune incidence. En temps normal, ce genre de chant est autorisé, mais il faut rester vigilant car cela peut devenir un "son du diable" ; cependant le jour de fête demande une plus grande tolérance et un assouplissement de la vigilance, l'accent étant alors mis sur le caractère autorisé.
Wahba az-Zuhaylî donné préférence à ce second avis (Al-Fiqh al-islâmî wa adillatuh, tome 4 p. 2664).


B.2) L'instrumentation musicale (al-âlât al-mûssîqiyya) :

Nous avons vu plus haut, en A, qu'il y a des cas où certaines musiques sont interdites à l'unanimité. Nous n'y reviendrons pas. Ce que nous allons voir maintenant concerne les cas autres que ceux cités en A. Et ce que nous pouvons dire c'est que certaines catégories de musiques sont autorisées à l'unanimité, tandis que d'autres font l'objet de divergences d'opinions parmi des savants musulmans.

B.2.1) Un premier groupe de Hadîths, qui paraît interdire les instruments de musique :


- "Il y aura dans ma communauté des gens qui déclareront permis l'adultère, la soie, l'alcool et les "ma'âzif"" (rapporté par Al-Bukhârî, n° 5268). Que signifie le terme "ma'âzif" ? Ibn Qayyim écrit : "Le terme "ma'âzif" désigne tous les instruments de musique ; il n'y a pas de divergence entre les spécialistes du vocabulaire à ce sujet" (Ighâthat ul-lahfân, tome 1 p. 392). Ibn Hajar a écrit des lignes très voisines (Fat'h ul-bârî, commentaire du Hadîth n° 5268).

- Nâfi' raconte qu'un jour, Ibn Omar entendit sur son chemin le son de la flûte d'un berger. Il mit alors les doigts dans ses oreilles et écarta sa monture du chemin. Il ne cessa de demander à Nâfi' si le son était toujours audible, et c'est lorsque Nâfi' lui répondit négativement qu'il enleva les doigts de ses oreilles. Il dit alors qu'un jour, alors qu'il était en compagnie du Prophète, celui-ci entendit un son semblable et fit de même (rapporté par Abû Dâoûd, n° 4924).

- Il y a aussi un Hadîth qui parle de "la clochette" ("al-jaras"winking smiley (rapporté par Muslim, n° 2114).

- Le Prophète a aussi interdit "al-kûba" (Silsilat ul-ahâdîth as-sahîha, n° 1708, n° 1806), "al-qanîn" (Silsilat ul-ahâdîth as-sahîha, n° 1708). D'après certains savants, "al-kûba" désigne le tambour (Nayl al-awtâr, tome 8 p. 240, Silsilat ul-ahâdîth as-sahîha, tome 4 p. 285 et p. 422), et "al-qanîn" désigne un instrument à six cordes (Nayl al-awtâr, tome 8 p. 240) ou le luth (Silsilat ul-ahâdîth as-sahîha, tome 4 p. 285). Il faut cependant dire que ce Hadîth n'est pas formel (sarîh) quant à ces instruments, car d'autres savants sont quant à eux d'avis que "al-kûba" désigne le trictrac (Silsilat ul-ahâdîth as-sahîha, tome 4 p. 422) et "al-qanîn" un jeu de hasard pratiqué à l'époque par les Byzantins (Nayl al-awtâr, tome 8 p. 240).

B.2.2) Un second groupe de Hadîths, qui semble permettre des instruments de musique :


- Le Prophète a dit : "La différence entre (la relation) permise et (celle) interdite est le tambourin et la voix" (rapporté par At-Tirmidhî, n° 1088, An-Nassaï, n° 1896).

- Alors que Aïcha avait fait l'organisation d'un mariage, le Prophète lui dit : "Aïcha, n'aviez donc vous pas de divertissement ? Les Ansâr aiment le divertissement" (rapporté par Al-Bukhârî, n° 4868). Dans une autre version : "Si vous aviez envoyé une petite fille qui jouerait du tambourin et chanterait !" "Qui dirait quoi ?" "Qui dirait : "Nous sommes venus à vous, nous sommes venus à vous, salut à nous, salut à vous"" (Fat'h ul-bârî, commentaire de ce Hadîth). As-Suyûtî a écrit que le terme "jâriya" désigne la fille non-pubère, comme le mot "ghulâm" indique le garçon non pubère (Islâm aur mûsîqâ, p. 189).

- Amir ibn Sa'd raconte s'être rendu auprès de deux Compagnons, Qurza ibn Ka'b et Abû Mas'ûd, à l'occasion d'un mariage. Il vit des petites filles qui chantaient. Il leur dit alors : "Vous êtes deux Compagnons du Prophète, des gens de Badr [de surcroît], et on fait cela près de vous !" Qurza lui répondit : "Assieds-toi si tu le veux et écoute, et pars si tu le veux. Il nous a été autorisé de pratiquer ce divertissement ("lahw"winking smiley lors d'un mariage" (rapporté par An-Nassaï, n° 3383). Le terme employé ici par Qurza, "lahw", ne désigne pas le divertissement en tant que tel, puisque ce n'est pas uniquement lors de mariages que les divertissements "neutres" sont permis ; ce terme désigne ici "la musique", car c'est un des noms donnés à la musique (Ighâthat ul-lahfân, tome 1 p. 360). Le Compagnon voulait dire que l'emploi du tambourin a été autorisé lors des mariages.

- Rubayyi' bint Mu'awwidh raconte que le lendemain de son mariage, elle reçut la visite du Prophète. Elle raconte : "Quelques petites filles jouaient du tambourin et faisaient les éloges de mes parents morts à Badr. Tout à coup l'une d'entre elles dit : "Et parmi nous se trouve un prophète qui sait ce qu'il adviendra demain". Le Prophète fit : "Délaisse ce propos et dis plutôt ce que tu étais en train de dire"" (rapporté par Al-Bukhârî, n° 4852, Ibn Mâja, n° 1924).

- Un jour de Eid, deux petites filles ("jâriya"winking smiley chantaient et jouaient du tambourin dans l'appartement de Aïcha, alors que le Prophète était allongé et s'était recouvert le visage. Abû Bakr entra et reprocha à Aïcha cet état des choses en disant : "Un son du diable dans la maison du Messager de Dieu ?" Mais le Prophète lui dit : "Laisse-les, Abû Bakr, chaque peuple a son jour de fête, et aujourd'hui c'est le nôtre" (rapporté par Al-Bukhârî, n° 3337 etc., Muslim, n° 892).

- Après que le Prophète soit revenu d'une campagne, une servante noire vint le voir et lui dit : "J'avais fait le vœu de jouer du tambourin et de chanter devant toi si Dieu te faisait retourner sain et sauf." Le Prophète lui dit : "Si tu en avais fait le vœu, joue en, sinon non". Elle se mit donc à le faire. Abû Bakr entra alors qu'elle le faisait, puis Alî entra alors qu'elle le faisait, puis Uthmân entra alors qu'elle le faisait toujours, puis Omar entra, elle déposa le tambourin et s'assit dessus (rapporté par At-Tirmidhî, n° 3690).

- Le Prophète passait dans un lieu de Médine ; des petites filles jouaient du tambourin et chantaient ; elles disaient : "Nous sommes des petites filles de Banu-n-Najjâr ; comme il est bien que Muhammad soit notre voisin !" Le Prophète dit alors : "Dieu sait que j'ai de l'affection pour vous" (rapporté par Ibn Mâja, n° 1926). D'après Cheikh Abd ul-Mu'izz, cet événement s'est passé quand le Prophète est arrivé à Médine (Islâm aur mûssîqâ, pp. 217-218, note de bas de page).

B.2.3) Différents avis ont vu le jour chez les savants par rapport à leurs différentes façons de concilier ces deux groupes de Hadîths :


* Le savant andalou Ibn Hazm est d'avis que les Hadîths du premier groupe sont soit non-authentiques, soit sont authentiques mais ne sont pas formels quant à l'interdiction. En l'absence de textes à la fois authentiques et clairs, les instruments de musique restent donc dans la permission originelle du moment que dans les faits on ne les utilise pas en manquant aux autres principes de l'islam (= mubâha fîn nafsihâ, wa lâkin tahrum lil-'aridh). D'après Ibn Hazm, le Hadîth rapporté par Al-Bukhârî (n° 5268) n'est pas authentique car sa chaîne de transmission n'est pas continue entre Al-Bukharî et Hishâm (Al-Muhallâ, tome 7 p. 565). Et du Hadîth rapporté par Abû Dâoûd (n° 4924), Ibn Hazm dit qu'il montre certes que le Prophète a préféré ne pas écouter la musique, mais si cela était interdit, il aurait ordonné à Ibn Omar de ne pas l'écouter aussi ; or il ne l'a pas fait (Al-Muhallâ, tome 7 p. 570). Faire de la musique ou en écouter n'est donc, selon Ibn Hazm, pas interdit tant que cela n'entraîne pas quelque chose d'interdit [voir le point A, au début].


* Al-Ghazâlî est d'avis que, parmi les instruments de musique, sont interdits "les instruments à corde", "les flûtes", "le gros tambour", ainsi que "les instruments de musique qui sont utilisés habituellement par ceux qui mènent leur vie hors des principes éthiques de l'islam" (Al-Ihyâ, tome 2, pp. 424, 429, 438). Les autres instruments, écrit-il, restent dans la permission originelle, et il cite "le tambourin, même avec des clochettes, le tambour, le "shâhîn", le "qadhîb" etc." (Idem, p. 438, p. 424).


* Les autres savants sont d'avis que, en vertu des Hadîths du premier groupe, la règle générale à propos des instruments de musique est l'interdiction.
En effet, soulignent-ils, le Hadîth n° 5268 rapporté par Al-Bukhârî est bel et bien authentique. Hishâm ibn 'Ammâr est un transmetteur tout à fait fiable. Al-Bukhârî lui-même, dans son livre As-Sahîh, n'a pas rapporté de Hishâm ibn 'Ammâr que le Hadîth qui concerne la musique (le n° 5268), mais également 3 autres Hadîths différents, n° 1972, n° 3461 et n° 3951, considérés comme authentiques. De plus, An-Nassaï a rapporté de lui plus de 15 Hadîths différents dans son Sunan. Aboû Dâoûd a rapporté de lui plus de 16 Hadîths dans son Sunan, At-Tirmidhî 1 Hadîth dans son Jâmi', et Ibn Mâja plus de 330 dans son Sunan. D'un autre côté, la chaîne de transmission de ce Hadîth est tout à fait continue (muttasil). En effet, Hishâm ibn 'Ammâr est un des professeurs de Al-Bukhârî. Parmi les 4 Hadîths que Al-Bukhârî tient de Hishâm, il y en a 2 (les n° 1972 et 3461) qui sont cités avec, en début de chaîne, la formule "Hishâm nous a rapporté que…" ("Haddathanâ Hishâm ibn 'Ammâr"winking smiley. Ceci montre bien que Al-Bukhârî a rencontré Hishâm, qui est son professeur direct. Et même à supposer que, pour ce Hadîth n° 5268, la chaîne de transmission citée par Al-Bukhârî ne soit pas continue entre lui et Hishâm mais interrompue (mu'allaq), il ne faut pas oublier que d'autres auteurs de recueils de Hadîths ont mentionné le même Hadîth avec la même chaîne de transmission reposant sur Hishâm ibn 'Ammâr, mais où la chaîne est explicitement continue (muttasil). Ainsi Ibn Hibbân, At-Tabarânî et Al-Bayhaqî ont cité, dans leur recueil respectif de Hadîths, ce même Hadîth avec la même chaîne de transmission reposant sur Hishâm ibn 'Ammâr, et qui est explicitement continue (muttasil) (voir Fat'h ul-bârî, et Silsila al-ahâdîth as-sahîha, tome 1 p. 186). Enfin, d'autres auteurs de recueils de Hadîths ont mentionné le même Hadîth avec une chaîne de transmission qui ne passe pas par Hishâm ibn 'Ammâr : voir ce qu'a rapporté Ibn Mâja, Sunan, n° 4092. Bref, ce Hadîth est authentique et indique les instruments de musique sont interdits puisqu'il dit que des gens les considèreront permis.
Quant au Hadîth rapporté par Abû Dâoûd (n° 4924), si le Prophète n'a pas dit à Ibn Omar de se boucher les oreilles et si, plus tard, Ibn Omar n'a pas non plus dit à Nâfi' de le faire, c'est parce qu'ils ne faisaient que passer et ils n'écoutaient pas (istimâ'), ils entendaient (simâ') sans le vouloir : or, c'est écouter qu'il faut éviter, mais quand on n'a pas d'autre choix que celui de passer en un tel lieu, on n'est pas obligé de se boucher les oreilles ; c'est pourquoi si le Prophète a choisi de le faire lui, il n'a pas ordonné à Ibn Omar de le faire aussi ; plus tard Ibn Omar a agi de même sans ordonner à Nâfi' de le faire : ce n'était pas obligatoire (Majmû' ul-fatâwâ, tome 30 pp. 212-213, Al-Mughnî, tome 14 pp. 55-56).

Bref, disent ces savants, la règle générale est que l'utilisation des instruments de musique n'est pas autorisée. Cependant, poursuivent ces savants, les Hadîths du second groupe (B.2.2) fondent, par rapport à cette règle générale, une exception à propos du tambourin. C'est donc le tambourin et lui seulement qui est autorisé. Quatre avis existent ici quant aux occasions concernant cette exception :
– l'exception à la règle générale reste limitée au cas précis du mariage, exactement comme l'a souligné le Compagnon Qurza : "Il nous a été autorisé de pratiquer ce divertissement ("lahw"winking smiley lors d'un mariage" ; c'est l'avis de certains savants (Islâm aur mûssîqâ, p. 311) ;
– l'exception à la règle générale reste limitée aux cas précis du mariage et du jour de fête (Eid) ; c'est l'avis de Al-Albânî (Silsilat ul-ahâdîth as-sahîha, tome 4 p. 142) ; cela semble aussi être l'avis de Ibn Qayyim (Ighâthat ul-lahfân, tome 1 p. 387),
– l'exception à la règle générale reste limitée aux occasions de joie : mariage, jour de fête, lendemain de mariage, retour de voyage…; c'est un avis minoritaire au sein de l'école malikite (Islâm aur mûssîqâ, p. 311) ;
– l'exception concerne le tambourin en tant que tel, et son utilisation est donc en soi permise sans précision des occasions ; c'est l'avis du savant shafi'ite Al-Harawî (Islâm aur mûssîqâ, p. 285).
Et qu'est-ce que ce "tambourin", ce "duff" dont parlent des Hadîths et qu'évoquent ces avis ? Il s'agirait, d'après un avis, d'une sorte de petit tambour disposant de seulement une face que l'on frappe avec la main (voir Islâm aur mûssîqâ, p. 308).


* D'autres savants encore sont de l'avis suivant : conformément aux Hadîths du premier groupe, qui parlent des "ma'âzif", la règle générale est que les instruments de musique sont à délaisser. Cependant, les Hadîths du second groupe fondent une exception par rapport à cette règle générale : l'utilisation du tambourin. Cette exception ne concerne cependant pas seulement le tambourin, mais tout instrument qui, comme lui, n'est pas employé que pour la musique et, de lui-même, ne ravit pas l'oreille quand il est utilisé ("lâ yut'rib"winking smiley, à l'instar du "qadhîb" (une sorte de baguette). Ici aussi, des interprétations différentes apparaissent quant aux circonstances d'utilisation :
– pour Ibn ul-Humâm, la permission d'utiliser de tels instruments est limitée au cas du mariage et aux occasions de joie ; hormis ces cas, l'utilisation des instruments est à délaisser (Islâm aur mûssîqâ, p. 265) ;
– l'utilisation de tels instruments est en soi permise sans précision des occasions ; cela semble être l'avis de Ibn Qudâma (Al-Mughnî, tome 14 p. 56-57).
Reste maintenant à faire une recherche approfondie pour établir qu'est-ce qui, selon ces savants, entre dans la catégories de ces instruments qui sont "lâ yut'rib"…


Synthèse de la réponse :

A la lumière des Hadîths et des avis que nous avons vus, il apparaît que l'utilisation du tambourin est permise (avec des divergences d'avis quant aux circonstances de son utilisation). Mis à part le tambourin, il est des instruments qui ne créent pas le "ravissement de l'âme" ("lâ yut'rib"winking smiley ; d'après l'avis de certains savants, ces instruments-là sont aussi permis (avec les divergences que nous avons vues quant aux occasions de cette permission). Il y a, comme fondement de ces divergences, les argumentations que nous avons vues, et je me suis contenté de relater les différents avis.
Et puis il y a une troisième catégorie d'instruments, ceux qui "ravissent d'eux-mêmes l'âme" ("yut'rib"winking smiley ; l'avis paraissant juste à leur sujet est celui qui dit qu'ils sont systématiquement à délaisser, et je ne partage donc pas à ce sujet l'opinion de Al-Ghazâlî, de Ibn Hazm et donc de Al-Qardhâwî qui a repris leur avis. La musique que ce type d'instruments produit n'est pas semblable à la mélodie des oiseaux ou à celle des voix humaines, car son rythme a un effet différent sur l'être humain ("yut'ribuhû wa yulhîh 'an hâjat dunyâhu wa hammi âkhiratih" : Hujjat ullâh il-bâlighah, tome 2 pp. 520-521). Cette instrumentation musicale est donc à éviter parce que produisant très souvent sur celui qui la joue et celui qui l'écoute un effet qui fait oublier le sens de la vie et le sens de la mesure (huwa mazinna lis-sadd 'an dhikr-illâh wa 'an-is-salât – wa yad'û qalîluhû ilâ kathîrih) ; même si quelqu'un se sent capable de ne pas subir cet effet, la règle est qu'il doit donc s'en abstenir (mithla-l-khalwa bil-mar'a : hiya mazinna lil-khatar, wa hiya harâm hattâ 'alâ man yazunnu nafsahû 'alâ amn min al-khatar).
Deux musulmans convertis à l'islam m'ont expliqué comprendre, par leur expérience passée, la nécessité de délaisser systématiquement ces instruments de musique. Ils étaient, dans le passé, des mélomanes avertis, m'ont-ils raconté, et avec le recul ils se sont aperçus que la musique met celui qui l'écoute dans un état particulier : chaque type de musique est, de par son seul rythme, capable de faire naître des émotions précises chez celui qui le joue et chez celui qui l'écoute [l'effet que ce genre de rythme produit sur l'homme est d'ailleurs un trait que l'homme a en commun avec d'autres êtres vivants de la terre (certains animaux sont sensibles à la mélodie, qu'on utilise par exemple pour les faire avancer plus vite) (voir la note de bas de page sur Madârij us-sâlikîn, tome 1 p. 535)]. L'un de ces deux musulmans m'a dit se souvenir avoir ressenti de l'amour, de la tristesse, voire de l'angoisse en écoutant telle ou telle musique. "J'arrêtai le disque, l'émotion cessait et je me retrouvai dans mon état réel, avec la perception réelle du monde autour de moi. Je mettais de nouveau le disque en marche et de nouveau naissaient cette émotion et cette perception différente de la réalité. J'ai fait cette expérience plusieurs fois avec des musiques différentes."

J'ai dit ne pas partager l'avis de Ibn Hazm et de Al-Ghazâlî à propos des instruments de la troisième catégorie. Cependant, je ne me permets pas de les dénigrer (ta'n) à cause de cet avis, ni eux ni ceux des musulmans qui ont la même opinion qu'eux à ce sujet. Trop de frères ont recours au dénigrement et semblent oublier que "hormis le Prophète, chaque savant est sujet à l'erreur d'interprétation". Les musulmans du monde entier gagneraient beaucoup à parvenir à faire la différence entre la takhti'a (établir, après des recherches approfondies, qu'un savant s'est trompé et donc ne pas suivre son opinion), et le ta'n (dénigrer le savant qui s'est trompé). Le livre Raf' ul-malâm 'an il-aïmmat il-a'lâm ("Ce qui enlève le blâme des illustres grands savants"winking smiley est particulièrement intéressant à ce sujet.


Rappels :

Il est des actes qui sont permis en soi mais dont il arrive qu'une personne précise sait pertinemment que chaque fois qu'elle le fait, il la conduit à tomber dans ce qui est interdit. A ce moment-là cette personne précise doit s'abstenir de cet acte précis (Fatâwâ mu'âsira, tome 2 p. 494).

Les règles ne doivent pas nous faire oublier les principes d'éducation dans la foi et de progressivité dans le rappel (lire cet article: [www.maison-islam.com]), qui font qu'il ne faut pas rappeler une interdiction dès les premiers rappels adressés à un frère ou à une sœur. Il faut au contraire privilégier la compréhension des priorités, l'accompagnement dans la foi, et le rappel progressif.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).


Source: [www.maison-islam.com]



A lire également:

- La musique est-elle permise en Islâm:
[www.muslimfr.com]




Wassalâmou 'alaykoum wa rahmatoullâhi wa barakâtouh... smiling smiley

S
30 mai 2005 17:33
il est ecrit nul part dans le Coran qu'il est interdit de chanter ... Tant que tu ne chante pas "vive satan" et que tu associe d'autre divinité a Allah tu n'est pas haram lol

ne t'inquiete pas .
A
30 mai 2005 18:52
Assalamou3alaikoum

Sofiane tu sais que c est tres grave de parler comme ca ds le vent sans aucun dalil! tu as lu le Coran de long en large et surtout l'avoir compris... et tout les hadiths sahih ? pour affirmer ce que tu dis ?
Celui qui ne sait pas se taise c est mieux pour lui! ca risque de ce retourner contre toi ce genre de "je pense que..." "y a pas ca ecrit" et n avoir jamais etudier la religion en profondeur...


Assalamou3alaikoum
 
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