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Sahara : Et maintenant, des armes !
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2 décembre 2006 18:42
Par Driss Bennani, Tel Quel n°249



La récente saisie d'armes au Sahara a réveillé le spectre d'une militarisation des revendications indépendantistes. Sur place, les autorités marocaines préfèrent jouer la carte de la discrétion.


Il a suffi que quelques armes légères soient saisies à Laâyoune pour que naisse une nouvelle polémique sur une éventuelle “militarisation de la revendication indépendantiste” au Sahara. Une polémique dont les ingrédients étaient, il faut le dire, déjà réunis.


Quelques jours auparavant, dans son discours à l'occasion de la commémoration de la Marche verte, Mohammed VI a fait, pour la première fois, allusion au “danger terroriste qui guette un Maghreb arabe divisé, avec un micro Etat au sud du Maroc”. La coïncidence est pour le moins troublante… De l'autre côté de la frontière, Mohamed Abdelaziz n'a, lui, raté aucune occasion, tout au long des dernières semaines, pour menacer d'un retour à la lutte armée et “forcer ainsi la main au royaume”, farouchement attaché à son plan d'autonomie élargie. Du côté des officiels, c'est pourtant le silence radio. Si le Polisario a très vite déclaré “n'avoir aucune relation avec les armes saisies à Laâyoune”, les officiels marocains optent pour une discrétion plutôt inquiétante : aucune déclaration sur le cours de l'affaire ni sur les résultats de l'enquête n'a, jusqu'à ce jour, été faite.

Quelques fusils et des balles

Tout commence le 8 novembre dernier. Deux jours après le discours de Mohammed VI, une information diffusée par l'Association Sahara marocain de Réda Taoujni fait état de l'arrestation de trois personnes à Laâyoune et de la saisie de quantités importantes d'armes à feu. Une première ! D'abord démentie par les autorités locales au Sahara, l'information est finalement confirmée par l'agence MAP. On y apprend que trois personnes ont bel et bien été arrêtées. Il s'agit d'un caporal des forces auxiliaires, d’un contrebandier mauritanien proche de la tribu du président Ould Vall et d’un “complice” marocain, apparemment “proche des milieux indépendantistes”. Le butin ? Quelques fusils à longue portée et des munitions, “destinés à quelques notables de la région”, selon une source proche du dossier. D'ailleurs, l'enquête est encore loin d'être bouclée, puisqu'un militaire en poste à Smara a été arrêté en milieu de semaine.

Sur place, et malgré l'état d'alerte générale dans plusieurs villes du Sud, on accorde peu d'importance à ce énième “fait divers”. “Ce n'est pas la première fois que des armes sont découvertes au Sahara. Certains contrebandiers en fournissent régulièrement à des notables de la région ou à des amateurs de chasse. N'oubliez pas que des armes circulent normalement en Mauritanie et y sont plutôt bon marché. Et la contrebande de produits en tout genre n'a jamais cessé”, explique un militant associatif sahraoui. Pire, certaines régions sensibles, comme la zone de Tata, sont aujourd'hui présentées comme de véritables passoires. “Lorsqu'on tolère la prolifération de la contrebande à ses frontières, on ne peut pas contrôler ce qu'elle transporte. On commence par faire passer des cigarettes, puis des candidats à l'émigration clandestine et on finit par tremper dans les armes, faciles à transporter et beaucoup plus lucratives”, confirme un journaliste sahraoui. Soit, mais depuis quelques semaines, plusieurs affaires liées au trafic et à l'usage d'armes à feu ont été enregistrées au Sahara. Bizarrement, elles sont presque toutes passées inaperçues.

La première a eu lieu en septembre dernier. Une explosion dans le complexe pétrochimique de Boucraâ a paralysé l'activité de toute la chaîne de production pendant plus de trois jours. L'événement est passé sous silence, y compris du côté des sites propagandistes du Polisario. Trois personnes ont pourtant discrètement été arrêtées et présentées devant… le Tribunal militaire. On en ignore le sort à ce jour. Le 16 novembre dernier, une roquette a été découverte à côté du Stade municipal de Laâyoune. Soigneusement enveloppée dans du tissu, elle a été placée dans un tas de pneus en attente d'incinération. Dans quel objectif ? Mystère. Toujours est-il que des connaisseurs affirment qu'un tel projectile ne présente aucun danger sans un lance-roquette… tout en admettant la prolifération de ce genre d'armes au Sahara. “Plusieurs roquettes utilisées lors de la guerre entre le Maroc et le Polisario n'ont pas explosé. Elles ont été récupérées par les habitants pour différents usages, notamment dans le domaine de l'artisanat à travers la récupération de bronze et d'autres métaux”, explique un responsable sécuritaire à Laâyoune. D'autres “faits divers” de moindre importance, mais pas officiellement confirmés, ont émaillé l'actualité récente dans la région.

On parle pêle-mêle d'un soldat qui aurait déserté son poste aux abords du mur de défense sans remettre son arme, ainsi que de la saisie, en début de semaine, de pistolets et de munitions à Laâyoune.

Attention, danger !

Sur place, c'est un peu le calme avant la tempête. Depuis plus de trois mois, les autorités locales évitent toute confrontation avec les apprentis sorciers indépendantistes. Aucun incident n'a par exemple été enregistré lors de la commémoration du premier anniversaire de la mort de Hamdi Lambarki (décédé durant les émeutes de Laâyoune), ou pour célébrer le retour, après une longue tournée mondiale, d'Aminatou Haïdar, pasionaria de la cause indépendantiste. “Depuis l'installation du nouveau wali, l'Etat a changé de stratégie. Plutôt que de se lancer dans des méga-projets structurants, on préfère agir sur le quotidien des gens, leur donner du travail, par exemple, pour mieux contenir leur colère”, explique un haut gradé. Que craint-on alors ? “C'est justement ce calme qui dérange nos officiels, explique un observateur. Le Polisario a jusqu'à maintenant échoué à susciter de nouvelles émeutes dans la région. La circulation d'armes en ces temps troubles devient donc hautement inquiétante. Le recours aux armes peut être spontanément décidé par de simples indépendantistes de l'intérieur en perte de vitesse, sans avoir à être nécessairement encadrés par leurs mentors à Tindouf”. Il y a quelques mois, un groupuscule indépendantiste (la branche armée de la cellule Hamdi Lambarki) n'a-t-il pas fait circuler un film appelant au “jihad contre l'entité d'occupation” ? On y voyait de jeunes cagoulés, portant des uniformes militaires, lisant, à la manière de Ben Laden, un communiqué qui appelait les jeunes militants sahraouis à “expulser l'occupant marocain”. Franchiraient-ils le pas, si quelques militaires véreux ou contrebandiers débrouillards mettaient à leur disposition, contre finances, des armes et des munitions ? C'est tout le danger. “Aujourd'hui, la question du Sahara a presque été oubliée par les grandes puissances mondiales. Cela arrange le Maroc mais dessert fortement le courant indépendantiste. La seule manière de revenir sur scène est de provoquer un grand événement, qui interpellerait la communauté internationale”, affirme un militant associatif. De quoi craindre le pire ?





Contrebande. Le début de la fin ?

Ce n'est un secret pour personne. Les frontières sud du Maroc sont de véritables passoires, utilisées sans grande difficulté par les contrebandiers de tout poil. Chameaux, cigarettes, voitures, candidats à l'émigration clandestine… Le trafic est, selon des sources locales, ininterrompu dans certains points stratégiques. C'est le cas notamment des oasis qui entourent la petite ville de Tata, située à quelques dizaines de kilomètres seulement de Tindouf. Plus au sud, le fameux mur de défense est quotidiennement traversé par des contrebandiers marocains et mauritaniens, sous l'œil plus ou moins bienveillant des militaires en poste dans la région proche de Zoueirat. “La majorité des contrebandiers sont connus des services de sécurité, qui les surveillent de près. Le passage des trois personnes arrêtées récemment a été notifié aux services marocains par leurs homologues mauritaniens. Ils ne pouvaient donc pas les laisser filer”, affirme une source locale. Aujourd'hui, et vu l'ampleur de ce nouveau trafic d'armes et la médiatisation de toutes ces affaires, l'Etat tolérera-t-il encore la circulation de biens et de personnes qui échappent totalement à son contrôle ? Rien n'est moins sûr. Mais à condition d'en avoir les moyens...
R
2 décembre 2006 19:09
En résumé ?
a
2 décembre 2006 19:25
Citation
RoZzario a écrit:
En résumé ?


Vigilance winking smiley
o
3 décembre 2006 01:46
en résumé, le maroc veut faire parti de l' axe du bien....et ça c' est très mal....
 
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