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Roule Driss, roule…
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4 juillet 2005 14:42
lisez l'histoire impressionante de ce marocain:

Roule Driss, roule…

[www.telquel-online.com]


95 pays traversés, 30.000 kilomètres parcourus, des millions de coups de pédale et un tour du monde à la clé. Driss Kadiri, un handicapé marocain, est sur le point d’entrer dans le livre Guiness des records.


"Les Montréalais sont très fiers que vous ayez choisi leur ville". Ces mots de Gérard Tremblay, maire de la métropole québécoise, s’adressent à Driss Kadiri qu’il reçoit ce jeudi 19 mai, en grande pompe à l’hôtel de ville. Visite des lieux, cocktails, présence des officiels locaux (les officiels marocains invités n’ont pas daigné se déplacer), signature du livre d’or...tout a été élégamment préparé pour rendre hommage à ce personnage, parce qu’il faut le dire, Driss Kadiri en est un. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Driss Kadiri est ce globe-trotter marocain, qui fait le tour du monde à vélo. Oui, le tour de la planète. En tout, plus de 95 pays traversés (excusez du peu !), 30.000 kilomètres parcourus et des millions de coups de pédale avec pour seul bagage du courage et de la détermination. Les sceptiques habituels n’hésiteront pas à répondre que cet exploit a déjà été réalisé auparavant et qu’il n’y a pas de quoi en faire tout un plat, après tout. Ce qu’il faut savoir, c’est que notre Ibn Battouta des temps modernes est sur le point de réaliser une performance unique en son genre puisqu’il deviendra le premier handicapé de l’histoire à accomplir un exploit de cette envergure. Oui, Driss Kadiri est handicapé, mais "mon handicap m’aide beaucoup, il me stimule, me pousse à aller de l’avant et puis si je ne l’étais pas, je ne pense pas que j’aurais entamé cette aventure", précise t-il. Si, en effet, Driss sillonne la planète de bout en bout ce n’est pas pour son plaisir personnel, mais bien pour une noble cause. "Je veux montrer au monde, et surtout aux handicapés que la volonté est la clé de la vie". Son adage : "Quand on veut on peut".

"La fabuleuse histoire de Driss Kadiri" débute au printemps 1994, date à laquelle il enfourche son vélo ordinaire, sans le sou, à la conquête du monde. Handicapé moteur de naissance pour cause de poliomyélite, Driss Kadiri a connu une enfance difficile, principalement en raison de cette infirmité, car la société marocaine ne favorise aucunement l’intégration sociale des personnes invalides. "Au Maroc, c’est "hchouma" d’avoir un handicapé dans la famille, inconcevable de se marier avec un handicapé…". Regards affligeants, plaisanteries et moqueries blessantes des camarades d’école, isolement pour échapper à la curiosité, va-et-vient entre l’école, l’hôpital et la maison sont le lot quotidien de Driss. Les 7 opérations chirurgicales qu’il a subies ne viendront pas à bout de son infirmité. Les promesses des médecins restent vaines. Driss Kadiri est "invalide pour toujours".

Fier et entreprenant, riche de sa douloureuse expérience, Driss ne veut en aucun cas avoir une vie quelconque et misérable. Il veut même frapper un grand coup, qui restera gravé dans les esprits. Un geste qui pourrait servir ses semblables et montrer au monde que même les handicapés sont capables de grandes choses. Il s’est mis dans la tête une idée folle et saugrenue : faire le tour du monde à vélo, alors même qu’il marche à peine et que ses jambes sont pratiquement dépourvues de muscles. Bien évidemment, son projet n’a eu droit qu’aux moqueries et railleries de son entourage et de sa famille. Mais il en faut beaucoup plus pour décourager notre aventurier. "Cela n’a fait qu’accroître ma détermination".

La nuit, loin du regard des autres, dans la minuscule chambre qu’il occupe chez ses parents, Driss se prépare pour le grand saut. "J’attendais que tout le monde soit endormi, pour me préparer physiquement, faire des exercices, préparer mes itinéraires, rédiger des correspondances…" En quelques mois, il apprend, miraculeusement, à faire du vélo, chose impensable selon ses médecins. Il établit des contacts un peu partout dans le monde, son projet prenant forme de jour en jour. "Plus ma chambre devenait pleine de paperasse et plus je me sentais capable de réussir… Le jour de mon départ, ma famille se disait que je reviendrais au bout de quelques jours. ça fait maintenant 12 ans".

Sans le sou, il traverse villages, villes, pays, toujours avec la même volonté et la même joie de vivre et surtout un message de soutien aux handicapés du monde entier. Ses apparitions ne passent pas inaperçues. Les officiels (chefs d’états et de gouvernements, maires…) prennent le temps de le recevoir, de l’écouter et de lui rendre hommage. Quant à l’habitant, il lui offre gracieusement et affectueusement le gîte et le couvert.
Écouter Driss, vous transportera à travers les frontières. Sa première étape l’amène à travers "la vieille Europe". Driss est séduit par l’attention qu’on accorde aux autres. "En Europe et surtout dans les pays scandinaves, c’est la société qui s’est adaptée aux handicapés, notamment au niveau des infrastructures, de la législation en vigueur…". Tout en soulignant l’accueil magnifique que lui réserve la communauté marocaine. "Ils ont été formidables et m’ont même offert un vélo tout neuf d’une valeur de 3000 euros".

L’Asie, à laquelle Driss voue une affection particulière, aura droit à une mention particulière dans ses récits. "Les Asiatiques sont d’une douceur incroyable. Leur univers est tellement apaisant". En Afrique, Driss est impressionné par l’hospitalité et la joie de vivre locales, mais aussi par la pauvreté et la misère qu’il découvre dans les zones en guerre. "L’homme peut être tellement bon des fois, comme il peut être tellement mauvais". Quant aux pays arabes, "n’en parlons même pas, c’est une honte, je me demande pourquoi on les appelle des pays frères". Ses douze années de bohème n’ont en aucune façon ramolli sa mémoire. Il nous dépeint avec force et précision un périple empreint de rencontres, de découvertes, et d’anecdotes. Driss insiste quand même sur le danger que peut aussi comporter son voyage, "En 2004, au Brésil, j’ai été victime des gens des Favelas, je me suis fait agresser à l’arme blanche" tout en exhibant les cicatrices qu’il a sur le corps.

Aujourd’hui, Driss Kadiri ne s’est pas encore lassé de pédaler. Et on se demande qui pourrait l’arrêter dans sa lancée. Et même s’il est à deux doigts de boucler son tour du monde, (il devrait franchir la ligne d’arrivée au Mexique en 2006), son engagement est loin d’être consommé. "Je veux revenir m’installer au Maroc, pour être une source d’inspiration pour nos handicapés, mais aussi pour la jeunesse de mon pays". Bon retour, Driss !




Modifié 1 fois. Dernière modification le 04/07/05 14:51 par bikhir.
 
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