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Risque de crise humanitaire en Syrie
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19 décembre 2012 23:47
Risque de crise humanitaire en Syrie
LE MONDE | 19.12.2012 à 14h02 Par Fuat Keyman, Hany El Banna, Anthony Giddens

La Turquie a maintenu ses frontières ouvertes depuis le jour où les premiers Syriens ont commencé à fuir les violences et les attaques du régime syrien dans leur pays, en mai 2011.

Elle fournit maintenant des abris et une aide humanitaire à plus de 120 000 réfugiés syriens, dépensant plus de 300 millions de dollars (227,6 millions d'euros).

Les Syriens, traumatisés par la perte de leurs proches, la destruction de leurs maisons et le terrible carnage de la guerre civile, ont été accueillis et hébergés dans d'excellentes conditions.

Cependant, dix-huit mois plus tard, il ne semble pas y avoir de fin au conflit en Syrie, et l'ONU signale maintenant que le nombre de personnes en Syrie nécessitant une aide humanitaire pourrait passer de 2,5 millions à 4 millions d'ici au début de l'année 2013.

LA TURQUIE NE DOIT PLUS ASSUMER SEULE CETTE CHARGE

Dans ce contexte de crise humanitaire aiguë et alors que chacun d'entre nous a sa propre perspective de la crise syrienne, nous croyons à l'unisson que l'on doit faire davantage pour aider les Syriens qui n'ont pas d'autre choix que de fuir.

Face à l'afflux croissant de civils, on comprend que la Turquie commence à ressentir le poids certain de cette aide humanitaire essentielle dispensée sur son territoire. Répondre à cette crise implique des efforts d'une ampleur sans précédent.

La Croix-Rouge estime que la Turquie aurait besoin de plusieurs millions de dollars d'aide étrangère pour faire face. La Turquie ne doit plus assumer seule cette charge.

Nous croyons que la communauté internationale et les pays donateurs, particulièrement les pays du Golfe, doivent de toute urgence augmenter leur aide à la Turquie ainsi qu'à tous les pays voisins qui accueillent des réfugiés syriens.

A l'approche de l'hiver rigoureux, cet impératif est plus important que jamais.

488 MILLIONS DE DOLLARS

Il est inacceptable que le plan d'action régional des Nations unies en faveur des réfugiés syriens de 488 millions de dollars ne soit financé qu'à hauteur d'un tiers.

La communauté internationale doit maintenant financer les opérations de prise en charge les réfugiés syriens. Tous les pays d'accueil de réfugiés doivent autoriser les ONG humanitaires internationales à opérer à l'intérieur de leurs frontières.

Nous appelons la Turquie à se joindre à la Jordanie et au Liban en permettant à ces ONG de soutenir l'effort turc et de déployer leurs compétences et ressources techniques.

L'Office d'aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO), les agences onusiennes, le Comité international de la Croix-Rouge et les ONG des pays possédant une expertise dans l'assistance aux réfugiés sont prêts à répondre aux besoins.

Cependant, des obstacles politiques, légaux et bureaucratiques entravent la pleine coopération entre la Turquie et les ONG humanitaires.

Sauf exception, les ONG turques et internationales n'ont pas accès aux camps de réfugiés en Turquie !

Autoriser les agences humanitaires de l'ONU et les ONG internationales à opérer en Turquie pourrait atténuer l'impact que le nombre croissant de réfugiés a sur les communautés d'accueil.

Cela permettrait aussi de débloquer des fonds européens supplémentaires. Enfin, cela apporterait des expertises techniques pour aider à surmonter les traumatismes.

La Turquie craint peut-être que des acteurs extérieurs suivent des agendas politiques ou qu'ils constituent une menace pour la souveraineté turque.

PRINCIPES INTERNATIONAUX DES CONVENTIONS DE GENÈVE

Cependant, ces organisations humanitaires professionnelles ont une longue expérience d'actions menées en toute impartialité et neutralité dans de nombreuses crises de réfugiés telles que celle des réfugiés somaliens au Kenya ou bien encore celle des réfugiés libyens en Tunisie.

Ces organisations sont guidées par les valeurs universelles et les principes internationaux des Conventions de Genève.

Il est temps que le monde soutienne la Turquie et qu'elle reçoive l'aide de ses amis de la société civile internationale et des bailleurs de fonds, afin de fournir l'asile aux milliers d'autres Syriens qui attendent encore avant de fuir la guerre civile dans leur pays.

C'est notre espoir et notre souhait qu'ils puissent continuer à trouver un lieu sûr en Turquie.

Fuat Keyman, professeur à l'université de Sabanci; Hany El Banna, fondateur de l'ONG Islamic Relief ; Anthony Giddens, ex-directeur de la London School of Economics
[www.lemonde.fr]
 
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