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Le syndicat CGT hésite à virer son propre patron
Les avantages octroyés à Thierry Lepaon passent mal parmi les militants. D’autant que la CGT est en perte de vitesse.
«Aucun membre du Bureau confédéral n’a demandé la démission de Thierry Lepaon». C’est ainsi que la CGT a communiqué hier son soutien à son secrétaire général. Le patron de la CGT, principal syndicat français, était annoncé partant… Démissionnaire ou démissionné par les instances de la Confédération générale du travail (CGT). Hier les dix membres du bureau confédéral ont donc préféré accorder un sursis à leur secrétaire général dont les frasques financières accentuaient la perte d’influence du syndicat qui vit une crise interne sans précédent.
Et de quoi le blâme-t-on? Des travaux dans son appartement et dans son bureau de Montreuil, ainsi que des indemnités contestées sont autant de reproches à l’exemplarité du patron de la «cégété», un Thierry Lepaon (54 ans) qui n’a jamais vraiment réussi à s’imposer. Ce premier secrétaire qui a succédé à l’historique Bernard Thibault – il y a à peine 20 mois et dans des circonstances houleuses – ne compte pas que des amis parmi ses camarades.
Une prime très contestée
Très bien informé, c’est le Canard enchaîné qui pousse Thierry Lepaon vers la sortie depuis un peu plus d’un mois. D’abord, l’hebdomadaire a révélé que les travaux de rénovation de l’appartement de fonction de Thierry Lepaon, à Vincennes, ont coûté 130 000 euros (156 000 francs). Ensuite, le Canard révélait que d’autres travaux pour un rafraîchissement de son bureau avaient coûté 62 000 euros (75 000 francs). Le coup de grâce a été donné lundi dernier par L’Express:
Thierry Lepaon aurait perçu 100 000 euros d’indemnités de départ de la région CGT qui l’employait jusqu’en 2013 avant de monter en grade à Paris.
Cette indemnité de départ serait en fait bien moindre: 30 000 euros selon Le Monde.
Mais elle contredit le discours d’une CGT qui fustige les primes et autres bonus des patrons. Les travaux de rénovation, eux, n’ont rien d’illégaux – puisque acceptés par la direction de la CGT – mais cette utilisation de l’argent du syndicat résonne douloureusement auprès des «cégétistes» de base qui n’ont pas manqué de manifester leur mauvaise humeur. Des centaines de carte d’adhérents seraient arrivées par courrier au siège de la CGT à Montreuil, un imposant bâtiment de briques rouges qui témoigne de sa puissance passée.
Déclin constant
En effet, la CGT comptait quatre millions d’adhérents après-guerre, ils étaient encore 2,3 millions en 1975, ils ne sont plus que 600 000 aujourd’hui. Ainsi, la grande centrale longtemps leader incontestée du syndicalisme perd-elle des plumes de scrutins en scrutins. Cette semaine encore, les élections professionnelles au sein de la fonction publique illustrent cette tendance.
Les premiers sondages donneraient la CGT en recul. Elle céderait la première place à la CFDT et à FO, les deux syndicats rivaux, dans plusieurs secteurs de la fonction publique. Les résultats définitifs sont attendus mardi prochain. Le «gouvernement» de la CGT n’a peut-être pas voulu précipiter les choses.
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