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Révolutions arabes : le Maroc est-il une exception?
2 mars 2011 12:05
Révolutions arabes : le Maroc est-il une exception ?
LEMONDE.FR | 02.03.11 | 09h14 • Mis à jour le 02.03.11 | 11h29

Portés par l'élan des tunisiens et des égyptiens qui ont renversé leurs dirigeants dictateurs et autocrates et les systèmes mis en place par ces derniers, une certaine contestation populaire apparaît au Maroc (où tous les ingrédients sont réunis pour une contestation sérieuse : misère, inégalités sociales, chômage massif des jeunes, corruption, absence de démocratie, etc.) pour réclamer une modification en profondeur de la constitution et amorcer une nouvelle ère politique. Les autorités marocaines répondent que la situation y est différente car un processus "irréversible" de démocratisation est en cours et que la liberté d'expression existe à l'exception de trois sujets tabous : la monarchie, la religion et le Sahara. En réalité, derrière une apparence de démocratie, le système politique marocain correspond à une monarchie autocratique qui dirige et contrôle à peu près tout.

UNE DÉMOCRATIE DE FAÇADE

Pour affirmer que le Maroc est lancé dans un processus démocratique, plusieurs leurres sont mis en avant. Tout d'abord, la constitution de 1996 (adoptée par référendum avec un oui à plus de 99 % !) affirme que "le Maroc est une monarchie constitutionnelle, démocratique et sociale" et que les citoyens disposent des libertés d'opinion et d'expression, sous réserve de limitations apportées par la loi ! Ensuite, il est mis en avant que les dernières élections législatives ont été libres. Les résultats des scrutins correspondent globalement aux votes réellement exprimés et les partis ont présenté globalement les candidats qu'ils souhaitaient. D'ailleurs, il est invoqué que le Maroc connaît depuis l'indépendance le multipartisme. Enfin, de nombreux journaux sont publiés et plusieurs radios émettent. Ainsi, les principaux critères déterminant une démocratie sont remplis et permettent aux autorités publiques d'affirmer que le Maroc est lancé dans un processus de démocratisation. Mais derrière cette apparence, se cache le fonctionnement d'un régime assez autoritaire. Certes, il ne s'agit pas de la Corée du Nord ni de la Lybie, mais le pouvoir est exercé par un seul homme, le roi, assisté de conseillers, plus ou moins influents et éclairés. On peut critiquer le gouvernement, les parlementaires, les élus locaux et les préfets, mais c'est pour mieux interdire toute critique du roi !

Le roi règne et gouverne seul. Au terme de la constitution, il est le chef de l'Etat, des armées et des croyants. Ainsi, en tant que commandeurs des croyants disposant de quasiment tous les pouvoirs politiques, cette constitution établit une monarchie de droit divin. En outre, par la constitution, il dispose d'un pouvoir de nomination très large : il nomme et révoque librement et discrétionnairement le premier ministre et les ministres, les ambassadeurs, les Walis et gouverneurs (préfets), les directeurs d'établissements publics et des autorités administratives, etc. A peu de chose près, il nomme qui il veut, quand il veut et au poste qu'il veut ! Il peut dissoudre discrétionnairement et librement chacune des assemblées du parlement. Il promulgue les lois et peut demander le réexamen d'un projet de loi.

Au-delà du terrain politique, la monarchie occupe le terrain économique. Au travers d'une holding qu'il contrôle, l'Omnium nord africain (ONA), le roi, et plus largement la famille royale, contrôle de nombreuses entreprises (Wana, troisième opérateur téléphonique du pays, Attijariwafa Bank, première banque du Maroc et septième d'Afrique, etc.). L'ONA intervient par ailleurs dans d'autres secteurs (agroalimentaire, assurance, immobilier, distribution : les voitures Peugeot et Citroën sont commercialisées via une société contrôlée par l'ONA qui est par ailleurs actionnaire de Lafarge Maroc). Ainsi, avec l'ONA, Attijariwafa Bank et la Caisse des dépôts (dont le directeur général est nommé par le roi), une partie importante de l'économie est contrôlée par le palais.

LA LÉGITIMITÉ DU ROI N'EST PAS DISCUTABLE

Au terme de la constitution, la personne du roi est "sacrée et inviolable" et aucun membre du parlement ne peut remettre en cause le régime monarchique ni porter atteinte au "respect dû au roi". Ainsi, toute critique des faits, gestes ou paroles du roi et de la famille royale, est interdite. Au-delà de cette légitimité indiscutable, le système organisé par le palais empêche tout contre-pouvoir, en discréditant la classe politique et la justice et en contrôlant les médias. Les partis politiques ne remplissent pas vraiment leur rôle d'établir des projets de société, de structurer le débat politique, de militer et de s'opposer au gouvernement pour ceux qui sont minoritaires. La très grande majorité d'entre eux, avec leurs leaders, sont compromis dans le système imposé par le roi. En effet, l'absence de parti majoritaire au parlement (le premier parti compte environ 50 députés pour une assemblée de plus de 300 députés ), fait que sept partis sont représentés au gouvernement, des anciens communistes, aux conservateurs, en passant par les socialistes.

Depuis quinze ans, tous les gouvernements sont "composés" de représentants de plusieurs partis, de gauche et de droite. L'objectif est de faire participer, ou compromettre, le plus de partis possible pour qu'ils ne constituent pas une force d'opposition alternative à la politique poursuivie. Il s'agit de diviser pour mieux régner. Le discrédit vient aussi du fait que les partis historiques d'opposition – le parti de l'Istiqlal et l'l'Union socialiste des forces populaires (USFP) – et leurs leaders sont aujourd'hui de fidèles serviteurs du roi. Ces partis, qui ont été dans l'opposition contre Hassan II durant plus de trente ans, ont accepté en 1997 de former un gouvernement de coalition aux conditions fixées par ce dernier, les mêmes qu'ils avaient refusé quatre ans auparavant. Depuis, ils ont participé à tous les gouvernements devenant ainsi la caution du système (malgré des dissensions internes, notamment à l'USFP) !

Par ailleurs, beaucoup (pas tous) d'hommes politiques ne poursuivent pas un engagement et une conviction politique, mais une carrière et des intérêts personnels. Certains entretiennent des liens étroits avec des conseillers influents du roi et sont soupçonnés de prendre leurs instructions auprès du palais, avant d'agir dans leur parti. Les conditions dans lesquelles a été formé l'actuel gouvernement illustrent cela : des personnalités ont été choisies pour y entrer, non pas en raison de leur appartenance à un parti politique, mais grâce à leur proximité avec certains conseillers du roi. Cela a été ensuite habillé politiquement en les faisant adhérer, deux ou trois jours avant l'annonce de la composition du gouvernement, dans un parti politique, afin d'affirmer que ce gouvernement est le fruit du jeu politique "naturel" et du résultat des élections.

SOUPÇONS DE CORRUPTION

Le discrédit s'explique enfin par le fait que les élus et le gouvernement ne choisissent pas la politique menée. Les orientations politiques et les projets importants sont déterminés par le palais, et le gouvernement exécute les "directives royales". Une démocratie ne peut être et fonctionner que si la justice est indépendante, que si la loi s'applique à tous de manière égale et que la justice est rendue sans favoritisme. Au Maroc, ce n'est pas toujours le cas. Il n'est pas rare de lire dans la presse que des poursuites pénales sont initiées par un procureur suite à la colère du roi contre tel ou tel commis de l'Etat dont le roi soupçonne (parce qu'on le lui a soufflé à l'oreille) une malhonnêteté. Curieusement, la machine judiciaire a plus de mal à s'enclencher indépendamment du roi ou de ses conseillers. Plus généralement, c'est tout l'appareil judiciaire qui est décrédibilisé par des soupçons de corruption.

L'existence de plusieurs journaux, radios et chaînes de télé donne l'illusion d'un pluralisme. Il ne faut pas s'y tromper : si au début des années 2000, ces médias ont initié un début de liberté de ton, révélant et dénonçant les années de plombs de l'époque Hassan II, ils ont payé le prix de leur "audace". Aujourd'hui, plus aucun média ne s'aventure à critiquer les décisions et paroles du roi ou de ses conseillers les plus proches. L'intimidation se fait par la poursuite en justice de ces médias en "dictant" des peines d'amendes très lourdes contre ces journaux, afin de les asphyxier financièrement. D'autres méthodes sont utilisées : blocage des comptes bancaires, saisie du matériel de travail, jugement d'interdiction d'exercice de la profession de journaliste, etc., et appel des différents annonceurs pour les dissuader de diffuser leurs publicités dans ces journaux. Certains de leurs fondateurs ont été contraints de quitter la profession et le Maroc. Aujourd'hui, les médias sont contrôlés étroitement et tout écart de langage est sanctionné !

En conclusion, un pouvoir concentré essentiellement entre les mains d'un seul homme qui n'a de compte à rendre à personne, une classe politique et un appareil judiciaire discrédité et une presse verrouillée. Voici la réalité de la "démocratie" marocaine. Parler de processus démocratique n'est donc pas très sérieux ! Il est dans l'intérêt de la monarchie d'écouter la contestation actuelle et d'accepter que la constitution soit substantiellement réformée pour que le roi règne sans gouverner. La monarchie montrerait qu'elle a compris les événements et le sens de l'histoire. Juan Carlos l'avait compris en 1975.

Jad Siri, juriste

Source : [www.lemonde.fr]
B
2 mars 2011 12:30
First, i agree.

Pour rappel à qui veut entendre, definition wiki:
Une dictature désigne un régime politique dans lequel une personne ou un groupe de personnes exercent tous les pouvoirs de façon absolue, sans qu'aucune loi ou institution ne les limite.
n
2 mars 2011 12:33
ilya rien d'exceptionnel dans cet article, car de toute facon le journal le monde n'a jamais publié un article pour dire du bien du maroc, et ce qu'il dit on peut tres bien le dire sur la france et son systeme
s
2 mars 2011 12:40
Citation
boutrioult1 a écrit:

En conclusion, un pouvoir concentré essentiellement entre les mains d'un seul homme qui n'a de compte à rendre à personne, une classe politique et un appareil judiciaire discrédité et une presse verrouillée. Voici la réalité de la "démocratie" marocaine. Parler de processus démocratique n'est donc pas très sérieux ! Il est dans l'intérêt de la monarchie d'écouter la contestation actuelle et d'accepter que la constitution soit substantiellement réformée pour que le roi règne sans gouverner. La monarchie montrerait qu'elle a compris les événements et le sens de l'histoire. Juan Carlos l'avait compris en 1975.

Jad Siri, juriste

Salam,

Dis-moi boutrioult, ce Jad Siri ne serait pas un ennemi du Maroc ? winking smiley
S
2 mars 2011 13:20
Malgré le fait que je sois pro M6, et pro calme et stabilité et convaincu qu'un changement continuel est progressif doit avoir lieu, et que je sois contre tout changement radical obtenu par la rue (dans le cas du Maroc)... je dois admettre que l'article de Jad Siri est 100% correct.....
B
2 mars 2011 13:44
Citation
Sipalamaimechose a écrit:
Malgré le fait que je sois pro M6, et pro calme et stabilité et convaincu qu'un changement continuel est progressif doit avoir lieu, et que je sois contre tout changement radical obtenu par la rue (dans le cas du Maroc)... je dois admettre que l'article de Jad Siri est 100% correct.....

"Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux."
Benjamin Franklin
M
2 mars 2011 13:22
Nos amis du monde, je veux dire, du journal le monde, n'arrête pas de s’attaquer au Maroc, à croire qu’ils n’ont pas mangé à la soupe du roi, (Hassan 2 bien sur) Comme tout les grands (suivant des références de grandeurs qui me sont méconnues, mais ça se dit)de ce monde (et là je ne parle pas que du journal le monde) mais de tout ceux qui se découvre, une âme de juste, même BHL s’y est mit en demandant une aide pour les libyens (il ya un truc là, il faudra qu’il nous explique), décidément les arabes se découvrent beaucoup d’amis, Kadhafi en avait découvert quelques uns, et pas des moindres.

[www.lemonde.fr]
r
2 mars 2011 14:59
ce journal " le monde " est devenu un torchon car ridicule dans le sens ou il parle de democratie de facade au maroc alors qu'en france le front national qui represente 19 % dans les urnes et qui a son representant jean marie le pen au 2 eme tour de l'election presidentiel en 2002 !!! devant le parti social pour autant ce parti n'est pas present dans l'assemblee nationale alors que le parti communiste qui realise des scores de 3 % est present a l'assemble national chercher l'erreur donc avant de regarder la paille dans l'oeil d'autrui il faut regarder la poutre qu'on a dans son oeil ...
s
2 mars 2011 16:00
Citation
razak a écrit:
ce journal " le monde " est devenu un torchon car ridicule dans le sens ou il parle de democratie de facade au maroc alors qu'en france le front national qui represente 19 % dans les urnes et qui a son representant jean marie le pen au 2 eme tour de l'election presidentiel en 2002 !!! devant le parti social pour autant ce parti n'est pas present dans l'assemblee nationale alors que le parti communiste qui realise des scores de 3 % est present a l'assemble national chercher l'erreur donc avant de regarder la paille dans l'oeil d'autrui il faut regarder la poutre qu'on a dans son oeil ...

Salam,

Pourquoi vouloir toujours comparer le Maroc avec la France ?
Est-ce une manière de fuir la vérité sur la pseudo démocratie marocaine ?
Laissons de côté la France (bezef 3lik) et concentrons-nous sur le Maroc.

Dis-nous en quoi ce qui est écrit dans cet article est faux avec arguments à l'appui.
s
2 mars 2011 16:04
Citation
Mazagui a écrit:
Nos amis du monde, je veux dire, du journal le monde, n'arrête pas de s’attaquer au Maroc, à croire qu’ils n’ont pas mangé à la soupe du roi, (Hassan 2 bien sur)

Salam,

Tout comme ton ami razak, avance-nous des arguments pour nous démontrer que le journal Le Monde raconte n'importe quoi.
c
2 mars 2011 16:27
Citation
boutrioult1 a écrit:
Révolutions arabes : le Maroc est-il une exception ?
LEMONDE.FR | 02.03.11 | 09h14 • Mis à jour le 02.03.11 | 11h29

Portés par l'élan des tunisiens et des égyptiens qui ont renversé leurs dirigeants dictateurs et autocrates et les systèmes mis en place par ces derniers, une certaine contestation populaire apparaît au Maroc (où tous les ingrédients sont réunis pour une contestation sérieuse : misère, inégalités sociales, chômage massif des jeunes, corruption, absence de démocratie, etc.) pour réclamer une modification en profondeur de la constitution et amorcer une nouvelle ère politique. Les autorités marocaines répondent que la situation y est différente car un processus "irréversible" de démocratisation est en cours et que la liberté d'expression existe à l'exception de trois sujets tabous : la monarchie, la religion et le Sahara. En réalité, derrière une apparence de démocratie, le système politique marocain correspond à une monarchie autocratique qui dirige et contrôle à peu près tout.

UNE DÉMOCRATIE DE FAÇADE

Pour affirmer que le Maroc est lancé dans un processus démocratique, plusieurs leurres sont mis en avant. Tout d'abord, la constitution de 1996 (adoptée par référendum avec un oui à plus de 99 % !) affirme que "le Maroc est une monarchie constitutionnelle, démocratique et sociale" et que les citoyens disposent des libertés d'opinion et d'expression, sous réserve de limitations apportées par la loi ! Ensuite, il est mis en avant que les dernières élections législatives ont été libres. Les résultats des scrutins correspondent globalement aux votes réellement exprimés et les partis ont présenté globalement les candidats qu'ils souhaitaient. D'ailleurs, il est invoqué que le Maroc connaît depuis l'indépendance le multipartisme. Enfin, de nombreux journaux sont publiés et plusieurs radios émettent. Ainsi, les principaux critères déterminant une démocratie sont remplis et permettent aux autorités publiques d'affirmer que le Maroc est lancé dans un processus de démocratisation. Mais derrière cette apparence, se cache le fonctionnement d'un régime assez autoritaire. Certes, il ne s'agit pas de la Corée du Nord ni de la Lybie, mais le pouvoir est exercé par un seul homme, le roi, assisté de conseillers, plus ou moins influents et éclairés. On peut critiquer le gouvernement, les parlementaires, les élus locaux et les préfets, mais c'est pour mieux interdire toute critique du roi !

Le roi règne et gouverne seul. Au terme de la constitution, il est le chef de l'Etat, des armées et des croyants. Ainsi, en tant que commandeurs des croyants disposant de quasiment tous les pouvoirs politiques, cette constitution établit une monarchie de droit divin. En outre, par la constitution, il dispose d'un pouvoir de nomination très large : il nomme et révoque librement et discrétionnairement le premier ministre et les ministres, les ambassadeurs, les Walis et gouverneurs (préfets), les directeurs d'établissements publics et des autorités administratives, etc. A peu de chose près, il nomme qui il veut, quand il veut et au poste qu'il veut ! Il peut dissoudre discrétionnairement et librement chacune des assemblées du parlement. Il promulgue les lois et peut demander le réexamen d'un projet de loi.

Au-delà du terrain politique, la monarchie occupe le terrain économique. Au travers d'une holding qu'il contrôle, l'Omnium nord africain (ONA), le roi, et plus largement la famille royale, contrôle de nombreuses entreprises (Wana, troisième opérateur téléphonique du pays, Attijariwafa Bank, première banque du Maroc et septième d'Afrique, etc.). L'ONA intervient par ailleurs dans d'autres secteurs (agroalimentaire, assurance, immobilier, distribution : les voitures Peugeot et Citroën sont commercialisées via une société contrôlée par l'ONA qui est par ailleurs actionnaire de Lafarge Maroc). Ainsi, avec l'ONA, Attijariwafa Bank et la Caisse des dépôts (dont le directeur général est nommé par le roi), une partie importante de l'économie est contrôlée par le palais.

LA LÉGITIMITÉ DU ROI N'EST PAS DISCUTABLE

Au terme de la constitution, la personne du roi est "sacrée et inviolable" et aucun membre du parlement ne peut remettre en cause le régime monarchique ni porter atteinte au "respect dû au roi". Ainsi, toute critique des faits, gestes ou paroles du roi et de la famille royale, est interdite. Au-delà de cette légitimité indiscutable, le système organisé par le palais empêche tout contre-pouvoir, en discréditant la classe politique et la justice et en contrôlant les médias. Les partis politiques ne remplissent pas vraiment leur rôle d'établir des projets de société, de structurer le débat politique, de militer et de s'opposer au gouvernement pour ceux qui sont minoritaires. La très grande majorité d'entre eux, avec leurs leaders, sont compromis dans le système imposé par le roi. En effet, l'absence de parti majoritaire au parlement (le premier parti compte environ 50 députés pour une assemblée de plus de 300 députés ), fait que sept partis sont représentés au gouvernement, des anciens communistes, aux conservateurs, en passant par les socialistes.

Depuis quinze ans, tous les gouvernements sont "composés" de représentants de plusieurs partis, de gauche et de droite. L'objectif est de faire participer, ou compromettre, le plus de partis possible pour qu'ils ne constituent pas une force d'opposition alternative à la politique poursuivie. Il s'agit de diviser pour mieux régner. Le discrédit vient aussi du fait que les partis historiques d'opposition – le parti de l'Istiqlal et l'l'Union socialiste des forces populaires (USFP) – et leurs leaders sont aujourd'hui de fidèles serviteurs du roi. Ces partis, qui ont été dans l'opposition contre Hassan II durant plus de trente ans, ont accepté en 1997 de former un gouvernement de coalition aux conditions fixées par ce dernier, les mêmes qu'ils avaient refusé quatre ans auparavant. Depuis, ils ont participé à tous les gouvernements devenant ainsi la caution du système (malgré des dissensions internes, notamment à l'USFP) !

Par ailleurs, beaucoup (pas tous) d'hommes politiques ne poursuivent pas un engagement et une conviction politique, mais une carrière et des intérêts personnels. Certains entretiennent des liens étroits avec des conseillers influents du roi et sont soupçonnés de prendre leurs instructions auprès du palais, avant d'agir dans leur parti. Les conditions dans lesquelles a été formé l'actuel gouvernement illustrent cela : des personnalités ont été choisies pour y entrer, non pas en raison de leur appartenance à un parti politique, mais grâce à leur proximité avec certains conseillers du roi. Cela a été ensuite habillé politiquement en les faisant adhérer, deux ou trois jours avant l'annonce de la composition du gouvernement, dans un parti politique, afin d'affirmer que ce gouvernement est le fruit du jeu politique "naturel" et du résultat des élections.

SOUPÇONS DE CORRUPTION

Le discrédit s'explique enfin par le fait que les élus et le gouvernement ne choisissent pas la politique menée. Les orientations politiques et les projets importants sont déterminés par le palais, et le gouvernement exécute les "directives royales". Une démocratie ne peut être et fonctionner que si la justice est indépendante, que si la loi s'applique à tous de manière égale et que la justice est rendue sans favoritisme. Au Maroc, ce n'est pas toujours le cas. Il n'est pas rare de lire dans la presse que des poursuites pénales sont initiées par un procureur suite à la colère du roi contre tel ou tel commis de l'Etat dont le roi soupçonne (parce qu'on le lui a soufflé à l'oreille) une malhonnêteté. Curieusement, la machine judiciaire a plus de mal à s'enclencher indépendamment du roi ou de ses conseillers. Plus généralement, c'est tout l'appareil judiciaire qui est décrédibilisé par des soupçons de corruption.

L'existence de plusieurs journaux, radios et chaînes de télé donne l'illusion d'un pluralisme. Il ne faut pas s'y tromper : si au début des années 2000, ces médias ont initié un début de liberté de ton, révélant et dénonçant les années de plombs de l'époque Hassan II, ils ont payé le prix de leur "audace". Aujourd'hui, plus aucun média ne s'aventure à critiquer les décisions et paroles du roi ou de ses conseillers les plus proches. L'intimidation se fait par la poursuite en justice de ces médias en "dictant" des peines d'amendes très lourdes contre ces journaux, afin de les asphyxier financièrement. D'autres méthodes sont utilisées : blocage des comptes bancaires, saisie du matériel de travail, jugement d'interdiction d'exercice de la profession de journaliste, etc., et appel des différents annonceurs pour les dissuader de diffuser leurs publicités dans ces journaux. Certains de leurs fondateurs ont été contraints de quitter la profession et le Maroc. Aujourd'hui, les médias sont contrôlés étroitement et tout écart de langage est sanctionné !

En conclusion, un pouvoir concentré essentiellement entre les mains d'un seul homme qui n'a de compte à rendre à personne, une classe politique et un appareil judiciaire discrédité et une presse verrouillée. Voici la réalité de la "démocratie" marocaine. Parler de processus démocratique n'est donc pas très sérieux ! Il est dans l'intérêt de la monarchie d'écouter la contestation actuelle et d'accepter que la constitution soit substantiellement réformée pour que le roi règne sans gouverner. La monarchie montrerait qu'elle a compris les événements et le sens de l'histoire. Juan Carlos l'avait compris en 1975.

Jad Siri, juriste

Source : [www.lemonde.fr]

A dire vrai cet article ne dit pas toute la vérité. Faire semblant que la démocratie est appliquée ou voiler ceci par cela ce n'est pas cohérent car la Démocratie en elle même n'est qu'un grand semblant de justice et d'équité. La démocratie a des règles et même lorsqu'elles sont appliquées il se peut que ces mêmes règles mènent tout droit à l'injustice. Le Maroc est-il un pays démocratique? Je pense que oui car les règles de la démocratie y sont appliquée pour une grande part. L'Italie est-ce un pays démocratique? La France est-ce un pays démocratique? Oui ces deux pays sont démocratiques. Sarkozy est là par la démocratie tout comme Berlusconi. Changer ces deux hommes? Possible et inévitable mais le système restera le même.
Quant au fait que la justice doit être indépendante, juste et équitable comme le dit l'article, en vérité ce sont là des recommandations de l'Islam. Alors, ne nous énervons pas et réfléchissons posément. En vérité les peuples musulmans ne veulent pas de démocratie, ils réclament la justice.
j
2 mars 2011 17:24
Il est étonnant que l’auteur se limite à égrener les défauts du processus de démocratisation en cours qu’il rejette irrévocablement, en feignant d’ignorer tous les progrès réalisés depuis une décennie. Que ce soit sur le front des droits de l’homme, de la promotion du statut de la femme, des grands chantiers structurants au niveau économique et social, tout cela l’auteur n’a pas cru utile d’en parler. C’est d’autant plus douteux que de tels progrès ont reçu la reconnaissance convaincue d’analystes, d’universitaires et d’hommes politiques étrangers, sans compter leur énorme succès parmi le peuple marocain lui-même.
R
2 mars 2011 17:26
Tout à fait vrai..malheureusement...
s
2 mars 2011 21:51
Jamel11
l'auteur ne rejette rien du tout, il souligne que tout est à la discrétion du roi , aucun texte ne le contraint vraiment ou limite son absolu pouvoir.
H2 exerçait son pouvoir de main de fer, M6 a mis des gants de velours,et c'est l'unique différence.
Il devient urgent d'inviter la rédaction du monde à un séjour à mamounia et bénéficier de la fameuse hospitalité marocaine 0% "frais de sa poche"
m
2 mars 2011 21:58
Sidizen,

Il n'y a aucun pays qui y échappera !! Le maroc compris.. Mais 2M et ALOULA et les sourds continueront à dire le contraire..... La politique de l'Autruche! Ils continuent à parler des grands projets MACRO-ECONOMIQUE de longs termes.. alors que le peuple a besoin du concret, de la réforme de la justice, .. de la dignité..

Il suffit e répondre vite à la demande populaire et on ser épargné.. Assez de discours comme :"le Maroc n'est pas la tunisie,.." . C'est ce que disait Moubarak avant que Mouammar ne dise La Libye n'est pas L'Egypte..

Mais là encore.. tout va bien.. on est dans le meilleur du monde
3 mars 2011 15:53
!non, Jad Siri est un ami du Maroc
G
4 mars 2011 16:45
Excellent article! Tout y es dit...
M
4 mars 2011 18:39
Chers concitoyens marocains !! Vous êtes tous exceptionnels !! ClapClapClapClapClapClap
h
4 mars 2011 18:41
c'est bizarre que les medias français et leur observatoires font du maroc un pays exceptionnel devant la revolte des pays arabes
assalam o alykoum
C
4 mars 2011 19:26
Citation
habib75 a écrit:
c'est bizarre que les medias français et leur observatoires font du maroc un pays exceptionnel devant la revolte des pays arabes

T'es sur que tu as lu l'article lol
☠ chti'sem ☠
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