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La revolution rifaine,et la pensée politique de l'emir Abdelkrim El khattabi
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9 octobre 2006 01:10
Petit rappelle historique pour mes concitoyens marocains.....



I. LA REVOLUTION RIFAINE.


De prime abord, il convient de noter que les enseignements qui peuvent être tirés de la révolution rifaine sont multiples. Cette communication n'a pas pour ambition de les passer tous en revue. La révolution rifaine ne commence pas avec Abdelkrim, mais c'est avec ce dernier qu'elle s'organise et atteint son apogée. Parmi les événements marquants de la révolution rifaine, il peut être retenu l'épisode de Bou Hmara, celui de Sidi Wariach et du "Barranco del Lobo", l'avant et l'après Annoual, puis les particularités de la révolution rifaine. Mais avant voyons ce qu'il en est du contexte.

1. Le contexte.
Il apparaît, au regard de l'histoire, de la sociologie et de l'anthropologie, que les rifains ont toujours été réfractaires à la domination. Les espagnols, installés à Melilla depuis 1497, n'eurent jamais une occupation tranquille. Le harcèlement exercé par les tribus limitrophes fut probablement discontinu, pour des raisons diverses, mais ce harcèlement fut réel. La particularité de la région, des us et coutumes, des règles sociales, administratives, politiques et autres, les donnes de l'époque du début du 20e siècle font que le Rif, à l'instar des autres régions du Maroc, était souvent en dissidence vis-à-vis du pouvoir central. L'autorité religieuse était indiscutablement reconnue au Sultan, tandis que l'administration des affaires des tribus était exercée par les Conseils, chefs naturels des tribus. L'administration du Rif se faisait selon deux paliers. Une démocratie locale représentative des paysans propriétaires, le pouvoir local de la "J'maat" s'occupant de la gestion des affaires de la tribu. Tandis que, l'autorité du Sultan apparaissait pour ce qui est du prélèvement des impôts, en argent ou en contribution humaine militaire, voire pour le règlement des litiges entre les tribus. Les dissidences faisaient l'objet de représailles qui ramenaient l'ordre dans le cours des choses.

2. Jilali Zerhouni, As Soltan Bou Hmara.
C'est dans le contexte ci-dessus, qu'au début du 20e siècle, en 1902, Bou Hmara réussit à s'installer dans le Rif et à convaincre certaines tribus de sa légitimité, en tant que Sultan. Toutefois, toutes les tribus ne reconnaissaient pas son autorité. C'est ainsi que vers 1908, Bou Hmara engagea une vaste campagne de répression et de châtiment des tribus insoumises. La campagne militaire de Bou Hmara vint se briser sur la tribu des Aït War Yaghers et au fur et à mesure que son armée se repliait toutes les tribus, précédemment mises au pas, reprenaient leur revanche. Cet événement est important pour au moins deux raisons : Tout d'abord, c'est là la première fois que l'on assiste pour le début du 20e siècle à une coalition des tribus rifaines. Ensuite, ce même phénomène allait se répéter quasi à l'identique avec Annoual et le retrait puis la fuite des espagnols.

3. Sidi Wariach et le "Barranco del lobo".
Mais l'épisode de Bou Hmara et l'événement d'Annoual ne sont pas les seuls actes que l'histoire retient de la révolution des rifains contre l'oppression et la domination. Déjà, en 1893, la guerre de Sidi Wariach, puis en 1909 celle de Melilla contre les espagnols sont des dates importantes. Cette dernière donna lieu à un désastre militaire espagnol au lieu dit "El Barranco del lobo", non loin du Mont Gourougou. Les espagnols considèrent cette défaite aussi importante et sanglante que celle d'Annoual.

4. L'avant Annoual et l'après Annoual.
Si Annoual reste l'événement que le collectif et la mémoire marocaine retient le plus dans la révolution rifaine contre les espagnols, il n'en reste pas moins que d'autres dates et événements sont tout aussi importants. Il s'agit de tout ce qui précède Annoual et tout ce qui vient après Annoual. Avant Annoual, le serment dit de Jebel El Qama est en ce sens important pour au moins deux raisons fondamentales : Primo, les rifains y ont décidé le renfort des effectifs et, secundo, le serment de rester unis et de se battre sous le commandement d'Abdelkrim. D'har Oubarane, Sidi Driss, Igheriben, Sidi Brahim, sont également des batailles décisives.

Après Annoual vient Jebel Aroui, et d'autres lieux de batailles jusqu'aux limites avec Melilla. Puis ensuite vers l'Est en territoire des Jebalas et vers le Sud en territoire sous autorité française.

5. Les particularités de la révolution rifaine.
Mais quelles sont les particularités de la révolution rifaine? Tout d'abord, c'est une réaction au danger et elle n'a pu réussir qu'à partir du moment où les rifains, avec très peu de moyens, se sont soumis à une autorité centralisée, avec une organisation, des institutions, une stratégie,… Ensuite, la révolution rifaine telle que conduite par Mohamed Abdelkrim El Khattabi avait un projet de société, une vision.



II. LA PENSEE POLITIQUE DE MOHAMED ABDELKRIM EL KHATTABI.

A partir de la pratique, des écrits publiés d'Abdelkrim et de ceux écrits sous ses orientations, il est possible de dégager quelques éléments de ce que fut la vision et la pensée politique d'Abdelkrim. Humaniste, Abdelkrim recherchait la réforme et le progrès du Rif dans le cadre d'un partenariat avec l'Espagne. Aussi, avant d'être un homme de guerre, Abdelkrim fut un homme de paix.

1. Un homme de paix contraint à la guerre.
Tout d'abord, Abdelkrim, aussi surprenant que cela peut paraître à première vue, est un homme de paix et non de guerre. Précurseur de la Guérilla, l'engagement politique dans le combat il ne l'a fait que parce que ses ennemis ne lui laissèrent pas le choix. Victorieux, il a toujours cherché à négocier pour une issue honorable.

2. La recherche du partenariat avec l'Espagne.
Le projet sociétal et l'ambition qu'Abdelkrim avait pour le Rif est celui d'un partenariat avec l'Espagne pour le développement du Rif. Abdelkrim avait développé des amitiés sincères avec certains espagnols. Il était l'ami de certains d'entre eux. Il n'avait rien contre le peuple espagnol, néanmoins il était de toutes ses forces opposé à l'impérialisme espagnol.
" Le Rif ne combat pas les Espagnols et ne ressent pas de haine envers le peuple espagnol. Le Rif combat cet impérialisme envahisseur qui veut lui ôter sa liberté à force de sacrifices moraux et matériels du noble peuple espagnol. (…) les Rifains luttent contre l'Espagnol armé qui prétend lui enlever ses droits, et cependant garde ses portes ouvertes pour recevoir l'Espagnol sans armes en tant que technicien, commerçant, industriel, agriculteur, et ouvrier". [Lettre d'Abdelkrim à Luis de Oteyza, Directeur de La libertad, en 1922].


3. L'humanisme et le désintérêt d'Abdelkrim.

Il fut demandé à Abdelkrim pourquoi, il n'attaqua pas Melilla, ni Fès alors qu'elles étaient à portée de main? Abdelkrim se garda de le faire pour éviter des bains de sang. Après le massacre de Jebel Aroui, Abdelkrim interdit, sous peine de mort, d'attenter à la vie des prisonniers ou des civils. A Nador, il fut dépêché des contingents spécialement avec la mission de protéger les populations civiles espagnoles et leurs biens.

A Raïssouli, il fut même jusqu'à lui offrir le pouvoir s'il se ralliait à la révolution. " Plusieurs fois nous vous avons déclaré que notre but n'est ni le pouvoir ni l'argent, tout cela si vous le souhaitez sera pour vous", écrivait Abdelkrim à Raïssouli. Les correspondances entre les deux hommes montrent clairement que le pouvoir n'exerçait pas d'attrait particulier pour Abdelkrim. Une fois Raïssouli ayant choisi le camp espagnol, il fut vaincu et condamné à mort par les représentants des tribus. Pourtant, Abdelkrim réussit à épargner la vie à Raïssouli et aux siens.

4. La réforme et le progrès.

Abdelkrim souhaitait faire prendre exemple sur les espagnols. Il espérait que dans le cadre d'un partenariat juste et équilibré profitable pour les deux peuples, l'Espagnes aiderait le Rif en apportant ses capitaux, son savoir faire, sa technologie, pour la construction des infrastructures, le développement du pays, l'exploitation de ses richesses, … " Musulmans, ô mes frères, écoutez mon conseil, car le seul but que je poursuis de toutes mes forces et avec l'aide de Dieu à qui je m'en remet pour le succès, c'est la réforme et le progrès". [Télégrama del Rif]

De la conduite d'Abdelkrim, on peut retenir le pragmatisme, le réalisme, la souplesse comme l'intransigeance et la fermeté. Tout ce qu'il souhaitait c'était la liberté, l'autonomie, le développement et le bien être du Rif.

5. La souveraineté et l'interpénétration d'intérêts.

A l'occasion des pourparlers entre les délégations rifaines et espagnole ayant eu lieu en avril 1923, il apparaît que la souveraineté et l'indépendance recherchées avaient pour corrolaire une interpénétration d'intérêts avec l'Espagne. Si Abdellah Boudra qui parlait au nom de la délégation rifaine devait le préciser ainsi :
"Les concepts de souveraineté et d'indépendance que nous avons sont les mêmes, exactement les mêmes que ceux qui s'emploient en ce qui concerne les nations et pays libres. Pleine liberté d'action dans le gouvernement d'un pays par les siens en toute pureté sans ingérence étrangère quelconque.
En nous basant sur cette liberté d'action, nous choisissons l'Espagne pour établir avec elle, en lui donnant le total et définitif monopole, relations d'interpénétration d'intérêts. D'Espagne viendront des ingénieurs, des industriels, des commerçants, des hommes de science qui promeuvent le développement d'activités qui produiront des richesses profitant des éléments qui existent ici et qui nous impulsent par les chemins du progrès ; cette collaboration devra être si complète que si par hasard en quelque moment notre intégrité ou l'ordre seraient en péril, nous vous demanderions des forces pour nous soutenir. Ainsi, assuré l'ordre, toute œuvre de progrès serait possible sans nécessité de tutelle qui ne va pas avec le concept d'indépendance territoriale. (…)".



CONSIDERATIONS FINALES.


Le soulèvement des Rifains fut réduit après plusieurs années de combat en raison du déploiement impressionnant de forces militaires espagnoles et françaises avec leurs armements, supplétifs et autres indigènes et surtout en raison de l'utilisation d'armes chimiques prohibées par le droit international. Pour mettre fin à l'agression démesurée contre le Rif, ses populations civiles, les animaux et la végétation, Abdelkrim après réflexion ne voyait pas d'autre voie que celle de la sagesse : une reddition sous conditions.

Néanmoins, si la mobilisation et les combats de l'époque ont pris fin, la révolution rifaine quant à elle, en accord avec l'esprit et les enseignements pouvant être extraits de la pratique et de la pensée d'Abdelkrim, devrait reprendre pour vaincre le sous-développement, l'ignorance, l'exclusion, la pauvreté,…

Le Rif demeure une région pauvre et quasi-enclavée. Les associations peuvent probablement faire beaucoup en retrouvant l'esprit du serment de Jebel El Qama, la pensée et la vision d'Abdelkrim pour rechercher et agir pour le développement de la région, notamment, dans le cadre d'un partenariat avec l'Espagne, la France,… Ce partenariat tant souhaité par Abdelkrim.

Notons que l'Espagne autant que la France ont une responsabilité historique et politique envers le Rif en raison de l'utilisation des armes chimiques. Dès lors une obligation au moins morale de contribuer au développement de la région et de ses populations. Tout cela suppose un plan d'action précis qui soit engagé dans les règles de l'art. Mais c'est là un tout autre thème.

Par Mimoun CHARQI .
9 octobre 2006 22:03
ca me rappelle le génocide en arménie et les gaz au kurdistan ( le chimiste de saddam ) !
 
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