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Réveillon à la marocaine
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5 janvier 2007 12:57
Plutôt qu'une fête familiale importée, le réveillon (et pour certains, Noël) est une formidable manne commerciale pour de nombreux secteurs. Tour des rayons…


Un dimanche après-midi, dans un grand magasin casablancais. Une petite foule se presse dans cet étage qui semble concentrer tous les regards : l'espace dédié aux cadeaux et aux décorations de Noël. Il est vrai qu'on a fait les choses en grand : des guirlandes, des boules multicolores, des figurines à l'effigie du Père Noël, en passant par les mini-sapins décorés. Parmi la multitude de chalands, impossible de déterminer un portrait-type : des étrangers, comme Nadine et Sylvain, deux quadragénaires français qui “n'imaginent pas faire l'impasse sur Noël, au Maroc ou ailleurs”, mais aussi Touria et Hicham, jeune couple casablancais : “Dans nos familles, Noël a toujours été célébré. Nous avions l'habitude de décorer la maison, et bien sûr de recevoir des cadeaux”. Toutefois, d'autres admettent n'être là que pour flâner. C'est le cas de Noureddine et Saïd, qui ne sont là que pour admirer la déco : “Toutes ces couleurs, ces guirlandes et ces personnages, c'est juste pour le plaisir des yeux. Nous ne nous sentons pas concernés par une fête qui ne fait pas partie de nos traditions”, précisent-ils. On l'a compris, la controverse n'est jamais loin. Le débat qui se poursuit jusque sur le Net, dans des forums de discussion qui voient s'affronter supporters et détracteurs de cette fête à l'origine païenne, avant de passer dans la tradition chrétienne.

Une fête… commerciale

Loin de cette polémique, beaucoup se frottent les mains à l'approche de la seconde quinzaine de décembre, qui représente pour eux une véritable manne commerciale. À commencer par les vendeurs de sapins. La gérante d'un magasin, qui vend des sapins importés de France, fait remarquer que le gros de sa clientèle est constitué par les étrangers et les couples mixtes. Les commerces établis au Marché Central ou au Marché du Maârif voient, eux, défiler aussi bien des étrangers que les Marocains des beaux quartiers. “J'achète les arbres dans une pépinière à Sbit. J'en vends entre 150 et 300 chaque saison, avec un bénéfice moyen compris entre 50 et 150 DH pièce”, affirme un fleuriste, qui voit là un bon moyen de gonfler son chiffre d'affaires. Même son de cloche chez un autre vendeur, qui va chercher, quant à lui, sa marchandise du côté d'Ifrane et d'Azrou.

Dans les magasins de jouets, c'est également le branle-bas de combat. “Il est clair que les deux dernières semaines de décembre représentent une grande part de nos ventes annuelles”, affirme cette vendeuse d'une enseigne internationale de jouets, visiblement satisfaite du défilé continu de parents entraînés par leurs enfants entre les rayons du magasin. Et pour cause. “Sur le petit écran, impossible d'échapper au battage autour du Père Noël. Le téléspectateur est gavé d'émissions et de publicités en relation avec cette fête. Et nos enfants y sont très sensibles”, commente le sociologue Jamal Khalil.

Jouets, cadeaux et déco

Ce n'est pas non plus le directeur de ce magasin d'articles de décoration qui se plaindra de l'effet de mimétisme. “C'est un mois faste pour nous. Les fêtes de fin d'année, c'est aussi la période des cadeaux. Et nous voyons logiquement arriver une clientèle de plus en plus nombreuse”, déclare-t-il, avec un grand sourire.

Du côté des boulangeries, pâtisseries et autres traiteurs, la fièvre commerciale n'atteint pas les mêmes températures. “Les Marocains ne fêtent pas vraiment Noël. Tout au plus vont-ils acheter une bûche, histoire de marquer le coup”, regrette le gérant de cette enseigne de pâtisserie. Lionel Léonard, directeur d'exploitation du traiteur Gapi, a une autre explication. “Cette année, 90% des commandes sont passées par des étrangers. En raison de la proximité de l'Aïd El Kébir, les ventes ne décollent pas”, argumente-t-il.

Et puis il y a ces commerçants ambulants, des saisonniers qui savent s'adapter aux tendances du moment. Pour la période de fin d'année, c'est bien évidemment le marché des jouets qui tient le haut du pavé. Produit-vedette : les petits personnages gonflables du Père Noël, qui inondent les rues. Les affaires tournent-elles ? “Chouia, je gagne entre 15 et 20 DH sur chaque jouet. Mais je pense que ça ira mieux dans les jours qui viennent. De toute manière, je suis encore là jusqu'au 31 décembre” répond Ahmed, avant de piquer un 100 mètres à la vue d'un fourgon de police. “Ils risquent de me confisquer ma marchandise, voire de me conduire au poste”, a-t-il juste le temps de lancer. Noël ou pas, pas de trêve pour les vendeurs ambulants...
 
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