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Le retard culturel est voulu au Maroc
M
19 juin 2012 23:09
Au Maroc, le problème est structurel et surtout culturel. Cette société peut être tout sauf égalitariste. Les marocains ne sont pas tous pareils. Dans cette société, on a les saints (les alaouites, les fassi-fihris, les alamis, etc.) et les autres. On a une élite qui fait tout pour garder ses avancées, ses privilèges, et maintenir le reste dans un large retard, une profonde position de faiblesse.

Cette élite met des barrières sur la route du reste pour achopper son ascension. Elle lui crée des problèmes et des crises pour se maintenir en position de force. Elle laisse des régions sans écoles, sans universités, pour qu'une grande partie du peuple soit analphabète. L'enseignement public, elle l'a appauvri pour que les masses populaires soient malformées et seule l'élite soit détentrice des meilleurs diplômés.

L'égalitarisme, la concurrence pure et parfaite, sont les bêtes noires de cette élite. Si tout le monde réussit sa carrière estudiantine, si tout le monde devient crac dans un domaine ou multiples domaines, ces différences entre l'élite et le reste vont disparaître, la classe des Chourfas (les alaouites, les fassi-fihris, les alamis, etc.) perdra son statut luxueux à la tête de la société.

Détentrice des clefs du pouvoir, la classe des privilégiés fait tout pour que les niveaux les plus élevés de formation ne soient accessibles qu'à une minorité. Seulement cette minorité, cette classe d'élite, qui doit avoir droit aux meilleurs emplois. Le reste doit rester analphabète ou malformé pour n'avoir droit qu'aux postes bidons et travaux subalternes.

La crème fraîche des enfants issus des milieux pauvres ou la classe moyenne -la majorité populaire quoi- est malformée. Et quand je dis "crème fraîche", je ne parle pas des licenciés et des masters, mais des doctorats et des experts brevetés de nos universités et nos instituts de formation supérieure. Cette crème fraîche reste très mal-placée pour occuper des postes de haute responsabilité. Ces postes ne peuvent être occupées que par des enfants issus des milieux aisés qui ont été formés dans les meilleurs centres universitaires de l'étranger.

Le chômage est le produit d'une volonté politique. "A quoi ça sert d'étudier si je vais finir par chômer ou bosser comme un âne en contrepartie d'un salaire médiocre ?" est une croyance populaire que l'élite cherche à semer dans les rangs de notre société. L'élite fait tout pour que le défaitisme et le fainéantise règnent et le peuple perd sa foi dans l'enseignement, les études et les recherches. Elle fait tout pour que les parents envoient leurs enfants aux usines, aux champs, etc., et pas aux écoles.

Au Maroc, vider l'enseignement de son sens et créer un scepticisme à l'égard des études, des recherches et des meilleurs diplômes, c'est voulu. Ceci est la volonté de ceux qui veulent appauvrir et affaiblir le peuple pour se maintenir en position de force. Ceci est le sort de toute société régnée par des racistes et peuplée des ségrégationnistes : l'élite a droit à tout, le reste n'a droit qu'aux miettes… la montée d'une nouvelle classe ne changera pas grande chose tant qu'on est loin d'être une société solidaire et égalitaire.

Cette élite qui gouverne le Maroc est à l'image de son peuple. Cette élite qui ne pense qu'à ses propres intérêts et se fout royalement des intérêts populaires, ne différencie en rien du peuple. L'individualisme-égoïste fait des ravages au Maroc. Chacun pense à ses propres intérêts et se fout royalement des intérêts des autres. Chacun pense à son bonheur et oublie le bonheur des autres. Presque tout le monde est prêt à construire sa réussite et son bonheur sur les échecs et les malheurs des autres.

Avec ces déchirures sociales, ces animosités tribalistes et ces guerres de classes, laisser des régions en manque d'écoles et d'universités, offrir au peuple un enseignement de mauvaise qualité, démotiver la jeunesse et l'éloigner des études et des recherches, etc., deviennent des normes politiques. Si elles ne sont pas pratiquées par des arabes, elles vont être pratiquées par des amazighs. Si elles ne sont pas pratiquées par les alaouites, elles vont être pratiquées par une autre famille… et rien ne changera au futur tant que les cultures demeurent inchangées et les mentalités sont toujours les mêmes.

Rédigé par : Kamal Znidar
Source : Espace Maroc
 
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