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REPORTERS SANS FRONTIERES" OU "LACHETÉ SANS FRONTIERES" ?
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10 novembre 2005 02:55
REPORTERS SANS FRONTIERES" OU "LACHETÉ SANS FRONTIERES" ?


Qu’un journaliste arabe d’Al-Jazira soit frappé par des soldats israéliens parce qu’il filme une manifestation contre le mur à Bil’in, près de Ramallah, qu’il soit arrêté et que son matériel soit confisqué, c’est de la routine et ce n’est certainement pas de nature à faire revenir Reporters Sans Frontières (RSF) sur la bonne note qu’il vient d’octroyer, toute honte bue, à Israël dans son classement des pays au regard de la liberté de la presse.
Comme s’en indigne le journal britannique "Le Guardian" dans son édition du 4 novembre, RSF vient de faire passer Israël de la 92ème place qu’il occupait dans son classement en 2004, aux côtés de divers régimes africains, à la 47ème place cette année, au coude à coude avec l’Italie, l’Espagne, etc.

Du jamais vu ! Quel est le tour de passe passe ?

Eh bien, Reporters Sans Frontières a tout simplement décidé de ne plus tenir compte des violations commises par Israël dans les territoires palestiniens occupés, en matière de liberté de la presse. Seule l’Autorité Palestinienne en est est tenue pour responsable par RSF, car "elle semble impuissante à empêcher la détérioration de la situation" (sic).

Pour cette ONG, qui ose donner des leçons de déontologie professionnelle, le gouvernement israélien n’est jugé que pour son comportement en Israël même, là où l’on sait qu’il est loin d’imposer le même régime ! Pourtant, même quand il s’agit des Etats-Unis, RSF prend soin de prendre en considération, dans son classement annuel, les violations commises dans les pays qu’ils occupent, comme l’Irak, et affuble de ce fait d’une mauvaise note le géant américain.

"RSF : L’occupation n’existe pas", titre de ce fait Kristoffer Larsson, journaliste au Guardian. En effet, disparue la puissance occupante, et du même coup ses responsabilités.

Dans ses précédents rapports, RSF notait : "Depuis le début des incursions de l’armée israéliennne dans les villes palestiniennes en mars 2002, de très nombreux journalistes sont brutalisés, menacés, interdits de circuler, ciblés par les snipers, blessés, se voient retirer leur carte de presse et interdit de séjour".

Aujourd’hui, on peut lire dans le nouveau rapport de RSF qu’"Israël est le mieux placé au Moyen-Orient", que "les médias israéliens, protégés par les lois et les décisions judiciaires, sont fiers et énergiques", que "l’expulsion d’une journaliste française en juillet dernier est toute fois à déplorer". Et de manière sybilline, RSF écrit : "Dans les territoires palestiniens, la désorganisation sécuritaire s’est accompagnée de violences accrues contre les médias, aggravant les obstructions causées par l’armée israélienne".

Plus hypocrite, tu meurs. A croire que les journalistes ont désormais le droit de circuler et d’exercer leur métier dans les territoires occupés, alors que tout le monde sait pertinemment que le sort que vient de faire subir au caméraman Nabil El-Mazzawii l’armée israélienne est monnaie courante.

Johannes Wahlström, chercheur suédo-israélien et co-fondateur du Centre International sur les Médias du Moyen-Orient (IMEMC), qui enquête sur le terrain, n’en revient pas lui non plus et se demande comment RSF a réussi à faire disparaître les atrocités et entraves israéliennes à la libertés de la presse dans les territoires palestiniens. Et les bouclages avec interdiction régulièrement faites aux journalistes de pénétrer dans les territoires occupés ? interroge-t-il. "Pas plus tard que le 1er novembre, rappelle-t-il, le minstère israélien de la défense a interdit aux journalistes étrangers de pénétrer dans la Bande de Gaza pour qu’ils ne puissent enquêter sur le meurtre de civils palestiniens et l’usage par l’armée israélienne des bombes assourdissantes destinées à terroriser la population. En revanche, en cas d’attentats contre des colons, la tâche des journalistes est grandement facilitée".

Qu’est-ce qui vaut tout d’un coup à Israël ce régime de faveur de la part de RSF ? La lâcheté, répond-il sans détours, en rappelant qu’israël ne mégote pas sur les moyens de pression. "Si un journaliste produit des aricles considérés comme ’anti-israéliens’ par Israël, il risque de ne pas obtenir le renouvellement de sa carte de presse, voire de se faire interdire d’entrée en Israël". "Ainsi, je n’ai pas pu me faire renouveler ma carte de presse et je prends le risque de me faire expulser en allant illégalement dans des villes. Beaucoup de journalistes ne sont pas prêts à prendre un tel risque, ce qui veut dire qu’ils se tiennent à l’écart de la vie quotidienne des Palestiniens. C’est pourquoi nous avons fondé l’IMEMC", explique J. Wahlström.

L’IMEMC a contacté "Reporters Sans Frontières", pour avoir des explications, mais sans succès à ce jour.



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