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Réponse à Fadela / Fatiha Amara
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2 avril 2005 18:17
Imaginez un peu la scène, la semaine dernière dans son appartement parisien Julien Dray découvre avec stupeur que ses « beurs », ceux qu’il s’était pendant des années efforcé de façonner à sa sauce, ont lancé, sans lui demander son avis, un appel intitulé « Nous sommes tous les indigènes de la République ». « Oh ! Non voilà que ça recommence », s’écria-t-il en repensant à son Algérie natale, « les bougnoules attaquent » !

Il savait bien que depuis vingt ans quelques irréductibles, comme le MIB et d’autres, n’avaient pas plié devant son offensive pour s’accaparer le mouvement « beur » et la lutte contre le racisme. Il avait réussi à réunir la gauche, l’extrême gauche et le monde du spectacle derrière sa « petite main jaune ». Le risque de voir émerger un grand mouvement de l’immigration et des banlieues autonome lui semblait à jamais écarté. Mais l’arabe, fourbe et vicieux, a toujours une tactique de rechange pour contrer son adversaire !

Alors sans réfléchir il décroche l’un de ses multiples téléphones et appelle Malek (Boutih). Raté il est parti au ski ! Mais il lui reste Fadela (Amara). « Fadela, lui dit-il, les bougnoules attaquent, euh… tes congénères ont lancé un texte d’appel pour l’organisation d’assises contre le colonialisme. Il faut absolument que l’on t’écrive un article ». Femme de caractère et de conviction, Fadela lui répondit sur un ton décidé : « Oui, m’siou Dray ».

Une semaine plus tard on lui a enfin écrit son article. Et quel article ! Un véritable rappel à l’ordre pour toutes ces « féministes dévoyées », ces « gauchistes des sciences humaines », ces militants alters « déboussolés ». Quoi ? Vous n’êtes plus derrière nous les « bons petits beurs » ! Bandes de « gaucho-traîtres » !

Pour que le réquisitoire soit convainquant, il faut que Madame Amara parle de ce qu’elle connaît, là où vivent ses congénères, les « cités chaudes » de nos banlieues. Dans la caricature victimaire et misérabiliste on peut dire que ceux qui écrivent pour elle savent y faire. On a le droit à un véritable cours d’ethnologie sur les mœurs, si particulières, des primates de banlieues : « Aujourd'hui, dans la France des quartiers populaires, la mixité des espaces publics est une peau de chagrin. Trop souvent, il n'y a plus que le hall d'immeuble pour se rencontrer et, hélas, ce sont les mecs qui tiennent les cages d'escalier. Il suffit de trois mecs qui terrorisent l'animateur en exigeant «on ne veut pas de filles» et ils gagnent ». Oui, en banlieue, comme chez les Bonobos, c’est le mâle dominant qui décide de tout ! Mais peut être que les primates qui squattent les halls pourraient faire un effort et laisser ces endroits tant convoités aux filles ? Après tout, avec les bêtes, tout n’est question que de dressage !

Non sérieusement, comment est-il possible de dire vouloir défendre des gens et tenir des propos aussi méprisants ? Non Madame Amara, la vie des personnes qui peuplent les quartiers des villes, dans lesquelles vos amis et soutiens les ont parqués, ne se résume pas à des halls squattés. Les femmes et les hommes des « cités », jeunes et moins jeunes, ont une vie. Malgré ce que vous pouvez penser ils partagent des expériences communes ; ils leur arrive même, malgré ce que prétend la propagande médiatique, de s’aimer. Oui, chose surprenante cette populace a des sentiments !

Puis, le texte que l’on vous a préparé s’attaque à votre sujet favori, les filles voilées. On vous fait écrire : « Et que dire des femmes et des hommes politiques qui disent : «Le voile, c'est leur choix» ? De deux choses l'une. Ou ils méconnaissent le terrain et alors à quel titre postulent-ils à la direction du pays ? Ou ils ont subrepticement renoncé aux valeurs de liberté et d'égalité pour vendre la République par étage. » Là, vous endossez votre rôle préféré, celui « d’experte du vécu ». Ceux qui ne pensent pas comme vous, et qui peuvent s’appuyer sur des études sociologiques sérieuses, méconnaissent tout simplement la réalité que vous, de par votre origine « ethnique », maîtrisez. Ils sont incompétents ou ce sont des traîtres qui ont renoncé aux valeurs de liberté et d’égalité. Heureusement que vous êtes « démocrate », car sinon nous aurions pu croire à un procès stalinien ! Mais quelle plus belle preuve de respect des valeurs de liberté et d’égalité que de vouloir exclure des gamines de l’école au seul motif qu’elles portent sur la tête un « fichu ».

Vous qui prétendez connaître l’Histoire, vous faîtes une erreur historique. Vous confondez les concepts de laïcité, du droit des femmes et de mixité qui n’ont strictement rien à voir. La France est devenu laïque en 1905 mais les femmes n’y ont obtenu le droit de vote qu’en 1944 et la mixité dans les écoles n’a été instaurée qu’à la fin des années soixante. Alors quel lien y a-t-il entre ces trois concepts ? Les pays scandinaves ne sont pas des pays laïcs et pourtant ce sont les pays où les femmes sont le plus représentées dans les assemblées, alors que la France, seul pays véritablement laïc en Europe, est l’un des plus en retard de l’union sur cette question. Mais bon, les rédacteurs de votre article ne sont plus à une contradiction près.

Nous passerons sur la contradiction manifeste qu’il existe entre votre texte qui se veut « anti-communautariste » et universaliste et le fait que vous construisez toute votre légitimité médiatique sur le fait que vous parlez au nom de femmes qui seraient opprimées uniquement dans une communauté particulière. Vous dénoncez le communautarisme des « islamistes » et en même temps vous avez besoin que l’on croie qu’il existe une communauté « arabo-musulmane » pour subsister politiquement. Cela me semble plus que paradoxal. Si les filles des « cités » étaient des françaises comme les autres, ce que vous faites semblant d’affirmer, alors elles n’auraient pas besoin d’organisations spécifiques pour parler à leur place ; donc elles n’auraient pas besoin de vous. Votre combat contre le communautarisme n’est qu’une facette car il revient à scier la branche sur laquelle vous êtes assise.

Revenons à l’essentiel, car je suis d’accord avec vous lorsque l’on vous fait dire : « Depuis quinze ans, depuis les promesses du «on va vous repeindre les cages d'escalier», chez moi, je n'ai rien vu venir. A part quelques ravalements de façade et colmatages de brèche, qui n'ont pas changé nos vies pour autant. Le chômage de masse est toujours la règle. Il y a toujours un proche ou une relation en prison. Il n'y a qu'une chose qui ait changé : la gauche de gouvernement a inventé le RMI. Bel espoir, pour ceux qui étaient en voie de noyade sociale. » Mais encore une fois vous-vous moquez des gens ! Vous n’avez rien vu venir dans votre cage d’escalier ! Soit, mais vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous-même ! En tant que conseillère municipale socialiste de la mairie de Clermont-Ferrand, vous auriez dû faire votre travail. Si vous n’en êtes pas capable alors démissionnez mais arrêtez de jouer les hypocrites. La gauche de gouvernement a inventé le RMI qui serait selon vous le seul avenir des « banlieusards ». En tant que membre du bureau fédéral du Parti Socialiste du Puy de Dôme vous auriez du demander à votre parti de mettre en œuvre une politique sociale plus radicale. Non, vous vous moquez bien des gens dans la « galère », des exclus, des « relations en prison », au nom de qui vous vous autorisez à parler sans qu’ils ne vous aient rien demandé. Soyons sérieux, pensez vous que ce soit en votant pour la motion A, c'est-à-dire pour le programme défendu par François Hollande, lors du congrès du PS que l’on va sortir les quartiers populaire de la misère dans lesquels trente ans de politiques incompétentes les ont jetés ? Non, Monsieur Hollande, pour lequel vous avez voté, appartient à cette gauche de gouvernement que vous faites semblant de fustiger pour vous fabriquer une image de radicale apolitique que vous n’êtes pas.

Oui, Madame Amara vous êtes une menteuse. En plus de votre « double discours » qui cherche à faire croire que vous êtes hors du sérail alors que vous avez les deux pieds dedans, vous mentez sur votre identité. Fadela est la petite « beurette » des cités, apolitique qui se bat contre l’oppression masculine et Fatiha est l’élue, la militante PS qui a ses entrées rue de Solferino. Dans tout ses discours Fadela défend les intérêts de Fatiha et du PS. Vous êtes une militante socialiste, c’est votre droit. Mais alors pourquoi ne vous présentez vous pas en tant que telle ?

Lorsque l’on connaît votre origine politique on comprend mieux votre hostilité à ce que l’on se penche sur l’histoire coloniale de la France. Auriez-vous peur que certains découvrent que la SFIO (ancêtre du PS) était membre du gouvernement qui a organisé les massacres de Sétif et Guelma qui ont fait 12 000 morts selon le rapport Tubert? Oui, le gouvernement de la France Libre, de la République, qui a lutté contre l’occupation nazie, a assassiné des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants. Il n’y a jamais eu de jugement pour condamner les responsables de ces massacres. Auriez-vous peur que certains découvrent que la SFIO, alors que Guy Mollet était Président du Conseil, a voté « les pouvoirs spéciaux », c’est-à-dire la torture généralisée, en 1956 ? Auriez-vous peur que certains découvrent que Pierre Mendès-France déclarait en novembre 1954, alors qu’il était soutenu par la SFIO et que François Mitterrand était son ministre de l’intérieur : « l’Algérie c’est la France. On ne transige pas lorsqu’il s’agit de défendre l’intégrité de la République » ?

A bien des égards, on croirait vous entendre parler des « quartiers » ou des « banlieues » ! Hier certains « gauchistes » vendaient « l’Algérie Française », aujourd’hui les mêmes ou leurs descendants vendent « la République par étage ». Nous comprenons vite de quel côté de la matraque vous vous situez ! La SFIO des années trente ne parlait-elle pas des « mariages arabes » comme vous parlez des « viols collectifs » qui seraient une coutume « indigène »? Massu ne voulait pas quitter l’Algérie, autrement les femmes auraient été livrées aux fellagas ! Dans la République Coloniale le pseudo féminisme de certains sert à cacher la domination d’une caste par rapport à une autre. Et oui, Madame Amara, il y a bien continuité du discours et du rapport colonial.

Il faut se pencher sur l’histoire, et sérieusement, au lieu de vous poser, comme vous le faites, en professeur inculte. On vous fait écrire : « Le programme de l'Algérie française, ce n'était pas l'extermination totale d'une population ». Cela est tout simplement faux ; il y a bien eu des projets d’extermination de la population algérienne qui était alors comparée à celle des amérindiens. Des philosophes, héritiers des « Lumières » que vous chérissez tant, ont légitimé les pires horreurs. Tocqueville déclarait lors de sa visite à Alger : « Je crois que le droit de la guerre nous autorise à ravager le pays et que nous devons le faire soit en détruisant les moissons à l'époque de la récolte, soit dans tous les temps en faisant de ces incursions rapides qu'on nomme razzias et qui ont pour objet de s'emparer des hommes ou des troupeaux. » Et il poursuivait : « J'ai souvent entendu en France des hommes que je respecte, mais que je n'approuve pas, trouver mauvais qu'on brûlât les moissons, qu'on vidât les silos et enfin qu'on s'emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants. Ce sont là, suivant moi, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout peuple qui se voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre. »

Mais l’histoire de la colonisation, pas plus que le sort des filles ou l’exclusion sociale ne vous intéresse. Vous désirez seulement être la représentante légale des « indigènes » auprès des autorités. Le texte que l’on vous a écrit n’est qu’un rappel a l’ordre que les dominants vous ont dicté pour perpétuer leur domination. Vous ne faites que défendre le système qui vous nourrit au détriment de ceux pour qui vous dites combattre. Les esclavagistes ont eu leur oncle Tom, les colonialistes leur béniouioui, les « colonio-républicains » ont leur « Fadela ».

Pour conclure, je rappellerais la distinction que faisait Malcolm X entre les « nègres » domestiques et les « nègres » des champs. Le « nègre » domestique vit confortablement avec son maître dans sa demeure. Il doit le servir et s’occuper de sa maison. Le « nègre » des champs doit ramasser le coton, sous les coups de fouet de son maître. Tous les jours il vit un enfer dans la plantation. Le jour où le maître tombe malade le « nègre » domestique s’inquiète et s’écrie : « nous avons de la fièvre ; nous sommes malades » ! Dans la même situation le « nègre » des champs maudit son maître et s’écrie : « qu’il crève » !

Youssef Girard


G
2 avril 2005 20:32
Personne n'est aux bottes de PS et tenir tête au PS est un signe de courage. Nous sommes dans un pays démocratique et julien Dray ne doit pas l'oublier, ce révolter d'un autre age.
A
2 avril 2005 20:51
Elle n'en vaut pas la peine!!!!
 
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