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Les rentiers de l’OPEP satisfaits de l’échec de Copenhague
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2 janvier 2010 11:30
Les rentiers de l’OPEP satisfaits de l’échec de Copenhague, par Chems Eddine Chitour
28 décembre 2009

« Les préoccupations de l’OPEP sont aux antipodes des préoccupations de la planète. Ce qui les intéresse en priorité c’est le niveau de leur rente. D’une façon ridicule, ils demandent aux pays industrialisés de les aider dans la transition énergétique, eux qui ne font rien de sérieux, qui ne disposent pas de stratégie énergétique, pas d’institut de recherche sur les énergies, maintes fois annoncé, et qui n’essaient même pas de prendre leur part du fardeau en annonçant une double tarification du brut avec un avantage significatif pour les pays très pauvres qui représentent moins de 1% de la consommation mondiale. » Chems Eddine Chitour, enseignant à l’Ecole Polytechnique d’Alger, analyse quels sont les enjeux de Copenhague pour les pays de l’OPEP.

par Chems Eddine Chitour, 26 décembre 2009

45 000 accréditations, 12 jours de négociations et une énergie équivalente à 46.200 tonnes de carbone - soit l’équivalent de la consommation d’énergie d’un pays comme la Somalie en une année - pour aboutir à « un crime contre l’humanité » : Copenhague reste un échec quasi complet. Le texte final ne comporte aucun engagement chiffré de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2020 ou 2050 et aucune obligation sur l’aide à l’adaptation pour les pays les plus pauvres. Les Etats-Unis et la Chine ont déçu en restant sur des positions qui défendent un système de société à court terme et irresponsable. De plus, aucun calendrier n’a été prévu pour la signature d’un traité l’année prochaine : Copenhague représente une régression par rapport à Kyoto et une fin de non-recevoir pour la feuille de route conclue à Bali. Finalement, chaque pays fera ce qu’il veut.

Petit rappel : le réchauffement climatique est responsable de 300 000 morts par an et coûte 125 milliards de dollars (90 milliards d’euros) chaque année, selon un rapport publié vendredi 29 mai par le Forum humanitaire mondial, présidé par l’ex-secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan. Cette étude, qui se présente comme la première à avoir mesuré l’impact mondial du changement climatique, souligne que ce sont les 325 millions de personnes les plus pauvres de la planète qui sont le plus affectées. Elle relève notamment les difficultés du Bangladesh, où des millions de personnes doivent affronter régulièrement des inondations et des cyclones, de l’Ouganda, où les agriculteurs souffrent de la sécheresse et de certaines îles des Caraïbes et du Pacifique menacées de disparition à cause de l’élévation du niveau de la mer. Or les 50 pays les moins avancés contribuent à moins de un pour cent des émissions mondiales de CO2, relève le rapport. « L’alternative est une famine de masse, une migration de masse, des maladies de masse, et des morts en masse », a averti Kofi Annan. Le réchauffement climatique est « la plus grande crise humanitaire en puissance de notre temps », a-t-il insisté. Selon ce rapport, vers 2030, les morts dues au réchauffement atteindront près d’un million par an et le coût montera à 300 milliards de dollars. (1)

Après l’échec avéré et reconnu de Copenhague, les langues commencent à se délier pour situer les responsabilités de chacun. Un bouc émissaire est désigné à la vindicte populaire : l’OPEP, cette organisation de rentiers qui n’en finit pas de mourir mais qui est toujours là du fait qu’elle permet de canaliser pour le compte des pays industrialisés, les turbulents du pétrole sous l’oeil vigilant de l’Arabie Saoudite qui se sent pousser des ailes et qui fait du zèle surtout depuis qu’elle a un strapontin au G20.

Comme tout rentier qui vit d’une rente qui n’est pas le fruit d’un effort et d’une intelligence, les pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) redoutaient les « retombées négatives sur leur économie » d’une éventuelle nouvelle taxation du pétrole et du gaz, lors de la conférence internationale sur le climat de Copenhague. En clair, ces pays ont peur d’encaisser moins, peu importe ce qui se passe dans le monde. S’il est vrai qu’il ne faut pas être naïf au point de croire que c’est l’OPEP qui a fait capoter Copenhague - comme on se plaît à l’insinuer dans certains articles - ou que la Chine ou les Etats-Unis sont des prophètes qui veulent sauver la Terre, il n’en demeure pas moins que l’ostentation de l’OPEP a quelque chose d’obscène.

Quels sont les enjeux pour l’OPEP ?
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2 janvier 2010 11:32
Quels sont les enjeux pour l’OPEP ?

Les pays exportateurs de pétrole, écrit Etienne Dubuis, ont beaucoup à perdre dans la bataille du climat. Ils revendiquent une aide financière des pays industrialisés pour compenser la chute de leurs revenus si la Conférence de Copenhague atteignait ses objectifs. C’était joué d’avance. Le chef de la délégation saoudienne à la Conférence de Copenhague, Mohammed al-Sabban, a profité de l’affaire des e-mails controversés de l’université britannique d’East Anglia pour remettre en cause le réchauffement climatique. « Le niveau de confiance est affecté », a-t-il déclaré lundi, au premier jour du sommet. Le « Climategate » va clairement influencer la nature de ce en quoi nous pouvons croire [...] et les orientations qui seront prises dans les jours qui viennent. » Dès 1992, écrit Etienne Dubuis, l’Arabie Saoudite et, derrière elle, l’Organisation des pays producteurs de pétrole se sentent menacées par la lutte contre le réchauffement climatique depuis qu’elle s’est dessinée, en 1992, au Sommet de la Terre de Rio.(...) Les membres de l’OPEP se considèrent, malgré leur richesse, comme des pays en développement et revendiquent pour eux-mêmes une aide financière des pays industrialisés si leurs revenus pétroliers en viennent à baisser. Une aide qui doit leur permettre de compenser les pertes financières subies et d’assurer leur transition vers une nouvelle économie. (2)

D’après le site économique E24, sans changement de politiques énergétiques, « les revenus de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole se chiffreront à 28 milliers de milliards de dollars entre 2008 et 2030. Ils ne seront « que » de 24 milliers de milliards » si des mesures décisives contre le réchauffement climatique permettaient de limiter au niveau de 450 ppm (parties par million) les émissions de CO2, a affirmé Fatih Birol, le directeur des études de l’AIE. Même dans cette dernière hypothèse, a-t-il aussitôt souligné, « les revenus de l’OPEP seraient 4 fois supérieurs » à ceux de la période 1985-2007. L’adoption de mesures décisives contre le réchauffement climatique représenterait certes un manque à gagner de 4 milliers de milliards de dollars, mais « on peut le voir comme un simple ajournement de revenus (pour les producteurs), car les réserves plus importantes laissées dans le sous-sol seront une source de revenus pour les générations futures », précise l’agence dans son rapport. La concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, limitée à 450 ppm permettrait, selon les scientifiques, de limiter la hausse de la température mondiale à 2 degrés. Sans infléchissement des politiques énergétiques actuelles, la demande de pétrolière devrait atteindre 105,2 millions de barils par jour (mb/j) d’ici 2030. En revanche, elle n’atteindrait que 89 mb/j dans le scénario de 450 ppm, soit une progression de seulement 5 mb/j sur 20 ans. (3)

L’OPEP a sans surprise maintenu ses quotas de production pour soutenir les cours du baril de brut, dont le prix oscille autour de 75 dollars depuis plusieurs semaines. Réunis dans la capitale angolaise, Luanda, mardi 22 décembre, ses douze membres ont décidé qu’ils ne pomperaient pas plus de 24,84 millions de barils par jour (hors Irak), le niveau fixé en décembre 2008, pour enrayer la chute du prix du baril tombé à 32 dollars. Certains ministres de l’OPEP, écrit Jean-Michel Bezat, dont les pays étaient représentés à Copenhague, se sont aussi félicités que le sommet mondial des Nations unies sur le climat n’ait pas débouché sur des mesures contraignantes - notamment l’instauration d’une taxe carbone - qui auraient pénalisé les producteurs d’or noir.

Pour le journaliste du Monde Jean-Michel Bezat, « Les Etats du Golfe ne se sentent pas responsables du dérèglement climatique. Le Qatar, les Emirats arabes unis, Bahrein ou le Koweït ont certes le niveau d’émissions de CO2 par tête le plus élevé de la planète (extraction des hydrocarbures, climatisation, véhicules gourmands...), mais ils comptent aussi très peu d’habitants comparés à la Chine, à l’Inde ou aux Etats-Unis. L’OPEP affirme également que les pays consommateurs profitent de la manne pétrolière : en cinq ans, ils ont encaissé autant de taxes que le cartel a engrangé de recettes, soit 3400 milliards de dollars. » (4)
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