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Réfugiés de l'homophobie
s
16 mai 2008 22:29
Chassés par leur famille, de jeunes gays se retrouvent à la rue. A Montpellier, une structure, unique en France, leur offre un toit et une écoute.


CHARLOTTE ROTMAN Photos GILLES FAVIER.VU
Libération.fr : mercredi 14 mai 2008


La chambre, rose et mauve, est bien rangée. Les lits jumeaux sont faits. Le dessus-de-lit blanc ressemble à un voile de pudeur. Mathieu (19 ans) et Sophian (21 ans), ne se connaissaient pas il y a une semaine. Ils partagent une chambre d’hôtel, à Montpellier, grâce à l’association le Refuge, une structure unique en France. Tous deux se sont retrouvés brutalement à la porte de chez eux quand leur famille a appris qu’ils étaient homosexuels.


Dans l’armoire, Sophian a mis ses effets personnels : un contrat de travail, une fiche de paie, un pantalon, un chargeur de portable et un «livre», dit-il en désignant le magazine people Voici. «C’est pas un livre», soupire Mathieu. Une paire de chaussures en cuir aux bouts pointus a échoué sur le balcon. Dans la salle de bains, quelques flacons offerts par l’association. Trésor précieux, car même désespérés, ces jeunes gens n’oublient jamais de se gominer. «Grâce à vous, mes cheveux brillent encore», a remercié Mathieu dans une carte postale à un donateur.

L’hôtel social compte trente-six places, dont quelques-unes dévolues au Refuge. «Etablissement complet», dit la pancarte à l’entrée. Du balcon, Mathieu regarde la rue d’un œil mélancolique. Sophian, lui, est tout excité, il parle vite, sourit beaucoup. Il s’imagine partir à Londres. Il était inscrit en bac pro de restauration quand il a déménagé. Il lui manque trois mois de cours qu’il compte récupérer à la rentrée. Mathieu, lui, ne se projette pas tant. Tous les matins, il fait le tour des restaurants et cafés de Montpellier avec son CV. Il a quitté l’école en troisième et était commis de cuisine, avant de partir de chez lui. Il y a encore trois semaines, il vivait avec sa mère et ses deux frères, en banlieue parisienne. «J’ai toujours caché le fait que je suis gay»,dit-il. Dans sa famille, chrétienne et pieuse, les «gens comme ça vont en enfer». Quand sa mère voyait des homosexuels à la télé, elle criait : «La fin du monde approche.» Alors Mathieu faisait attention à chaque geste, chaque mot. «Je ne me lâchais pas, je me contrôlais, pour éviter qu’ils aient des doutes.» Il ajoute avec un sourire douloureux : «Il faut croire que j’ai mal contrôlé

«Tu es mort pour moi»

Malgré les invectives familiales, Mathieu ne pensait pas que l’homosexualité, «c’était mal». «Ils disent que Dieu a créé tous les hommes, je me disais qu’il m’a créé comme ça.» Mais«je savais que le jour où ils le découvriraient, ce serait terminé».Un cousin a fouillé son téléphone portable, avec sa mère. Il y a trouvé «des traces». Mathieu en parle presque comme des indices d’un crime. Les proches, un clan de paroissiens, ont convoqué Mathieu. «On m’a dit que j’étais la honte de la famille, que j’étais un maudit, qu’il fallait que je me fasse soigner. Ils voulaient que j’arrête cette vie, que je me marie, que j’ai des enfants et une vie rangée.»Il a écouté les siens («des gens bien, solidaires quand tu as besoin d’eux») le morigéner. «Je me disais que j’étais en train de les perdre.» Il ajoute : «J’ai la haine, ma mère qui m’a élevé me dit : "Tu es mort pour moi, je ne te connais pas".» Le soir même, Mathieu se rend compte que son sac de sport a été sorti du placard et placé en évidence. Il passe une nuit, seul à pleurer, puis rassemble quelques fringues et s’en va au matin.

«Je ne savais pas où j’allais.» Il dort chez un copain. Puis durant trois mois, il couche chez ce qu’il appelle un «ami», puis chez un «autre». Enfin, il trouve le contact de l’association, spécialisée dans la «lutte contre l’isolement des jeunes victimes d’homophobie» à qui il envoie un message d’aide d’urgence. Le Refuge en reçoit un chaque jour. Il a emprunté de quoi payer le train pour Montpellier. «Je revis. Je ne suis plus obligé de chercher un coup à droite, un coup à gauche.» Il est presque incrédule d’avoir trouvé un endroit où «on ne se fait pas juger».

De l’errance au tapin

David a 20 ans. Souriant, joli teint, smart, chemise rose, petit pull en V. Il vient des beaux quartiers de Lyon. Famille aimante, père avocat, mère médecin, juifs pratiquants. A 18 ans, David ose dire à sa mère qu’il pense être gay. «Pour elle, c’était impensable. On s’est engueulés.» Elle : «Ne dis rien à personne. Tu es jeune, ça te passera.» Elle parle de «perversion», et lui prend rendez-vous chez un psy. «Moi aussi, je pensais que j’étais malade mental.» Le médecin «m’a dit que je n’étais pas cinglé. Ça m’a rassuré».


A suivre...
l
16 mai 2008 22:35
les religions, source de tolerance et d'amour des siens.....
s
16 mai 2008 22:41
David a fait toute sa scolarité dans une école religieuse. «J’avais l’impression de jouer la comédie. Je me sentais limite schizophrène. J’avais deux vies séparées.»Il a même «tenté avec une fille», une petite copine officielle, pour être «normal». Mais «rien». Il n’a pas tenu longtemps. «Je m’intéresse à la mode, aux fringues, dès que je passe devant une glace, je ne peux pas m’empêcher de me recoiffer»,révèle-t-il ainsi pour affirmer son identité.

Encouragé par des copains de fac, plus libéraux que ses amis d’enfance, il convoque ses deux parents pour une explication : «Ecoutez, malgré le psy, je sais qui je suis, je ne suis pas un pervers, je suis quelqu’un de normal. Je suis homosexuel.» Ses parents restent inflexibles : «Si c’est ton choix de vie, tu ne fais pas partie de la famille, tu fais tes affaires et tu t’en vas.» «Ma sœur m’a dit "pédé, t’es plus mon frère".» Deux jours après, il était parti. Arraché à ses études de droit, David va travailler à Marseille, dans un bar gay. Il y rencontre un type qui l’héberge ensuite à Montpellier : «Ça se passait mal, il me trouvait trop envahissant.» Quand le Refuge l’a accueilli, il n’avait plus de solution. «J’ai failli tomber bien bas.» Il a pensé à se prostituer, et s’est rendu sur des lieux chauds de la ville mais a passé la nuit à sympathiser avec les travelos. Le Refuge, c’est aussi une «ressource contre le tapin», a compris le jeune homme. Parfois une nuit d’errance suffit. David a trouvé une place de barman et une colocation. Il va vendre ses «fringues de marque». Il pense que c’est une «phase transitoire». Il est l’un des seuls à imaginer reprendre contact avec sa famille. Mais depuis son départ, il n’a pas reçu un SMS, ni un appel de leur part.

L’association - qui projette de se développer à Paris - est née pour des jeunes comme Mathieu ou David. L’homosexualité, banalisée sur les écrans, reste encore souvent mal vécue dans les familles. Nicolas Noguier, le fondateur du Refuge, conventionné par l’Etat, s’appuie sur des chiffres de santé publique alarmants : un homo (ou bi) a treize fois plus de risque de faire une tentative de suicide qu’un hétérosexuel (1). «Or, l’absence de réponse à ces appels de détresse est criante», a-t-il constaté. «Beaucoup arrivent ici très formatés : ils se sentent obligés de passer par une pratique assidue des plans cul, ou parfois la prostitution, indique Jean-Baptiste Garcia, bénévole permanent. Ils voient souvent la sexualité comme quelque chose de sale, ont une vision très destructrice du corps. Cela entraîne des conduites à risques.» «Ils cherchent souvent des mecs qui aient le profil du client. Dans une relation de cul, s’ils peuvent se faire de l’argent en plus, c’est tout bénef», a aussi noté Frédéric Gal, autre bénévole.

Ici, ces jeunes en errance se posent, pour un mois au moins. L’association peut les loger dans un studio ou un petit appartement, un «univers sécurisant» ou, en urgence, en hôtel social. Ils sont accompagnés par une psychologue et aidés par la mission locale. Une quarantaine de jeunes ont trouvé un abri depuis 2003. Sept ont renoué avec leur famille, même si les «jeunes d’origine musulmane refusent toujours la médiation», a noté l’association. Un vit en couple à Montpellier depuis deux ans. D’autres ont réussi à trouver le chemin de l’autonomie. Pour Lorenzo, c’est plus difficile. Hébergé depuis novembre 2007, il a traité de «pute» sa formatrice et continue à trouver «des vieux» sur Internet. Il a eu des rapports sexuels non protégés, a planté le rendez-vous obligatoire pour aller chercher son colis alimentaire. Ce jour-là, la liste est longue. «On a tout exploré. Ton échec est le nôtre aussi», se désole Gal. «Je ne suis pas qu’un pourri», répond Lorenzo. Que faire ? «Des gens qui veulent l’appart, il y en a toute une liste d’attente», soupire un bénévole. Le soir même, Lorenzo envoie un texto au fondateur du Refuge : «Je n’ai plus d’estime pour moi mais personne n’en a. Suis une merde, c’est comme ça et j’espère pouvoir y passer, j’en peux plus.» Le portable de l’association reste ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
s
16 mai 2008 22:45
Privé d’Internet, de portable

Maciej - qui se fait appeler «Matt» - et Abdel reçoivent dans l’appartement du Refuge. Le premier en rangers noires et chemise blanche impeccablement repassée, petites lunettes ; sa parka en camouflage militaire est pliée sur une chaise. Abdel, maigre et gracile, fait penser à un oiseau posé sur le canapé. Ils vivent en couple depuis quelques mois. Matt trimballe un passé fracassé de violences familiales et rêve de travailler «dans les douanes». Fils d’immigrés marocains, Abdel habitait à Montreuil et était un étudiant en histoire, passionné par cette matière. «A 16 ans, je suis tombé amoureux d’un garçon rencontré sur Internet, raconte-t-il. J’éprouvais le désir de le dire à ceux que j’aime. J’ai dit à ma sœur : "Je suis amoureux".» Sa sœur lui demande : «Elle s’appelle comment ?» «Kevin.» «Quand elle me traitait de "pédé", je lui disais : "C’est pas une insulte".» Elle l’oblige à quitter Kevin. Abdel se retrouve privé d’Internet, de portable. «Ma mère pensait qu’on avait essayé de me manipuler.» Il est choqué par ses déchaînements de vulgarité. Dans les familles maghrébines, il est souvent tabou de parler d’intimité. «Elle m’a dit : "Je préfère te savoir mort que vivant et homosexuel".» Abdel ne s’en est pas remis. Il a voulu être le fils que sa mère désirait. «J’ai essayé de faire croire que j’avais changé. Je ne sortais pas. Je n’avais pas de vie sentimentale, c’était frustrant, flippant.» Il fanfaronne même contre les pédés : «Je jouais l’homophobe.» Jusqu’à ce qu’il tombe sur une amie qui ne le laisse pas dire n’importe quoi. «J’ai fini par lui dire que j’étais homo. C’était un tel soulagement, je me sentais étouffer.» Après quelques semaines dans un centre d’hébergement d’urgence en région parisienne, Abdel et Matt ont atterri ici. Abdel continue à mentir à sa mère. Quand elle appelle, Matt doit se taire. «Dans ces cas-là, il faut que j’arrête de vivre, grommelle-t-il ; je ne peux même pas tousser.» Abdel enfonce la tête dans ses épaules et plaide pour sa mère, une dernière fois : «Je suis son unique fils





(1) Etude de Marc Shelly, médecin en santé publique à l’hôpital parisien Fernand-Widal, menée auprès de 933 hommes, âgés de 16 à 39 ans, validée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).



Certains prénoms ont été changés.
L
18 mai 2008 23:57
De la Haine et de la souffrance entretenue inutilement dans notre société des "temps modernes"
M
19 mai 2008 11:47
il ne faut pas les encourager à poursuivre leur péchés
L
19 mai 2008 16:01
MohamedGOLD

Toi tu es croyant, tu as le choix de changer de point de vue, l'homosexuel n'a pas cette faculté

Que dirais-tu si on te demandait de changer d'orientation sexuelle ?


la religions entrainerait le croyant à avoir beaucoup de haine envers des gens qui ne font du mal a personne ? oui ou non ?



Modifié 1 fois. Dernière modification le 19/05/08 16:58 par La Boetie.
a
19 mai 2008 16:33
Citation
MohamedGOLD a écrit:
il ne faut pas les encourager à poursuivre leur péchés

L'humanité entière vit dans le péché. Y'a pas plus pervers et plus dans le péché que les hétérosexuels.

Je déteste les hypocrites.

Au moins en France, il existe des structures pour ces gens. C'est pas comme au Maroc ou y'a aucun droit pour personne.
s
19 mai 2008 20:17
Citation
atlas2008 a écrit:
Au moins en France, il existe des structures pour ces gens. C'est pas comme au Maroc ou y'a aucun droit pour personne.

Pour rappel, n'oublions pas ce qui s'est passé à Ksar el Kébir !
a
19 mai 2008 21:07
Citation
salmones a écrit:
Citation
atlas2008 a écrit:
Au moins en France, il existe des structures pour ces gens. C'est pas comme au Maroc ou y'a aucun droit pour personne.

Pour rappel, n'oublions pas ce qui s'est passé à Ksar el Kébir !


Oui je suis d'accord avec toi.

Cette manifestation est du genre à mettre dans 'le grand cirque hypocrite'. Ces faux musulmans qui hurlait leurs haines ! alors que tous ces gens qui criaient sont loin d'être des personnes 'saint' de corps et d'esprit. Des Hypocrites !!!
 
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