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Une reconnaissance de la providence
A
18 janvier 2010 12:49
Chers compatriotes,
Quelques heures seulement me séparent d'une opération chirurgicale très lourde : stimulation par électrodes, maladie de parkinson. Mardi prochain, je passe 8h et jeudi 4h dans le bloc opératoire. 7années de cohabitation avec ce monstre. La moitié de mon corps appartenait à ce colocataire non désiré. La vie s'est arrêtée un matin de novembre 2003 dans ce collège en France, où j'enseignais le français en tant que contractuel. Aucune activité possible. Aucune vie sociale. Une lutte au quotidien qui va durer 7 années. Pris entre deux feux : le mal tel qu'il est désigné et le remède dont les effets secondaires font un ravage dans le cerveau et laissent des séquelles psychologiques graves.
Je suis marocain fier de mon pays et des miens. J'ai enseigné au Maroc, aux Pays - bas, en France et au Canada. Ouvert au monde, bon vivant, respectueux à m'effacer devant cette autre grandeur qui force le respect : la loyauté.
C'est ce même principe qui m'a amené il y a deux jours à poster dans Yabiladi en vue de dénoncer les agissements d'une personne que j'ai cru sentir présente dans Yabiladi et qui m'amène aujourd'hui à présenter mes sincères excuses pour les désagréments occasionnés par ces interventions plutôt maladroites. J'ai présenté en MP mes sincères regrets à une personne à qui j'ai demandé d'avoir l'obligeance de faire passer mon message en MP aux autres intervenants sans doute incommodés par le flou de mes allégations. J'ai oublié de préciser que pour écrire, dans mon état de santé, je mets 6 à 10 fois plus de temps qu'une personne valide. C'est ce qui explique cette demande.
Qu'est-ce qui a motivé mes interventions ?
Suite post ailleurs
A
18 janvier 2010 12:50
Je continue ici.
Retour à cette maladie terrible.
Héréditaire ? Sans doute. Nous avons quelques cas dans la famille. Psychosomatique aussi. Car, héréditaire, elle peut se déclarer ou non. Elle peut aussi être précipitée par des évènements exterieurs et ce fut le cas pour moi. Bref, une autre histoire. Je ne veux pas paraître comme quelqu'un qui cherche un responsable. Cependant, nous vivons dans une époque où l'on s'interdit d'accuser. S'il vous arrive un malheur, vous n'avez à vous plaindre qu'à vous-même. Au risque de passer pour un névrosé, je ne suis pas d'accord. Ceux qui vous disent "vous êtes l'artisan de votre bonheur et de votre malheur" sont capables de vous torpiller et vous laisser à l'ouvrage, amoindri et alourdi par votre propre culpabilité. Une personne me disait clairement et sans ciller que chaque individu écrit son parcours bien avant sa naissance ! Cette même personne affirme avoir été dans l'au-delà et savoir donc ce qui s'y passe !!! Donc, comme dirait l'autre "j'étais mal barré"! Je disais donc que je serais toujours là, debout, l'index dirigé vers les responsables qui ont donné un coup de main à ce sort. Réfléchissons : vous êtes dans une ville de France. Votre employeur estime que, au vu des temps qui courent (crise, chômage ...), vous garder, vous le Maghrébin, est un cadeau dont vous devez être reconnaissant. Puis, un jour, il vous enlève ce cadeau-là, convaincu que vous n'y pourrez rien, vous êtes fondamentalement un béni oui oui qui avalera la pilule. Un jour, vous mettez l'affaire dans les bras d'un avocat et vous signez votre arrêt de mort. Barrage à l'emploi, implosion du couple, ajournement et report (huit ans) jusqu'à l'épuisement, intimidations et menaces, pression sur les avocats et les juges, votre affaire est courue. En plus de votre délit (de faciès, d'appartenance à une arabité de plus en plus détestée),vous êtes grillé par un employeur puissant. Une belle asphyxie sociale. Un procédé ingénieux pour vous éconduire extra muros et c'est ce que vous faites un jour. Vous partez loin, très loin de vos enfants, de vos repères (19 ans dans cette ville). Le froid, le changement, l'ennui de vos enfants, l'incompréhension, la dépression puis le corps qui parle. Si j'avale la pilule, je dirai : c'est de ma faute. Je n'avais pas à ... alors que derrière moi, d'autres personnes passeront par là pendant que les coupables mènent une vie tranquille.
Comme un malheur n'arrive pas seul, voici ce qui m'a amené ici. Pardonnez-moi, je dois partir à l'hôpital pour une IRM préopératoire et puis ma main ne suit plus.
A mon retour, si tout va bien, je rajouterai des précisions, répondrai à vos questions et surtout lire vos commentaires avec un grand plaisir.
Mes remerciements au professionnalisme du staf adm. de Yabiladi qui, sans me heurter, m'a élégamment mis en garde contre le caractère polémique de mes premières interventions. Je suis fier de ces qualités et je ne fais pas dans la flagornerie obséquieuse.
Bonne lecture et merci de votre patience.
n'hésitez pas à visiter mon blog : www.l-astrolabe-des-sens.com

P.S. Saint-Adolphe d'Howard est un patelin dans les Laurentides au Québec. Aucune ambiguïté avec un certain Adolphe comme l'a souligné quelqu'un ici.
Merci de votre attention.
Votre soutien est le bienvenu
Vos commentaires aussi
Votre amitié encore plus
C
18 janvier 2010 13:13
Que Dieu apaise votre douleur. Votre récit est extrêment touchant.

As alu llâha l'azîma, rabba l'arshi l'azîmi, an yashfiyaka.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 18/01/10 14:28 par Chamellia.
.
l
18 janvier 2010 13:29
C'est une très dure épreuve que tu passes.
Allah y chafik.
C
18 janvier 2010 13:56
Excellent blog que vous nous présentez !

Les textes sont superbement bien écrits, l'euphémisme est subtilement bien manier, et l'histoire, les faits sont merveilleusement orchestrés avec délicatesse et sagacité.

Je promets de continuer de vous lire car votre plume est légère et délicieuse à la fois, dont il est difficile de se lasser.

Très bon rétablissement à vous.
.
m
18 janvier 2010 14:16
Allah y chafik !

ton histoire m'a beaucoup émue
B
18 janvier 2010 14:18
Pas le courage d'aller jusqu'au bout.

C'est insoutenable
S
18 janvier 2010 14:26
Cher Monsieur,

Vous nous dépeignez un courage fort et noble
Devant un coup du sort des plus ignobles
Dans vos pleurs, vous vous noyez à loisir
Et vous patientez dans l’espoir de vous voir revivre
Vous brûlez encore et encore
Et Dieu (swt) est le seul que l'on implore
Voilà comment vous vous êtes perdu
Et vous vous retrouvez sans issue
La pâleur de votre âme se lit déjà sur votre visage
Dans votre pauvre coeur envahi par ses ravages

Votre lueur s'éteint comme un feu consumé
Impuissant, vous cherchez votre "vous" égaré
Vide de vos sentiments, en quête de votre inspiration
Vous êtes, ici, là, vous perdez raison
Dans votre monde,vous ne savez plus rire
Une âme éperdue qui a renoncé à ses sourires

Et vous vous dites:

Mon Dieu (swt), qui suis-je? Je suis perdu
J'aimerais briser ces chaînes, oublier cette absence qui me tue

Je vis avec ce rêve enfoui en moi
Et me dire qu'un jour, ma lumière se révélera

Moi, Cher Monsieur, je suis sûre, avec l'aide du Très-Haut (swt), que votre renaissance est pour bientôt...

Douce journée,

Latifa



Modifié 1 fois. Dernière modification le 18/01/10 14:27 par Sweetlatifa.
Elegance is an attitude[i]Thank you, my dear friends, for all your sweet messages, I love you too...[/i]
K
18 janvier 2010 16:32
Que Dieu apaise votre douleur.
A
18 janvier 2010 18:06
De retour de l’IRM, je m’arrête devant vos commentaires. Je m’incline devant tant de bonté. Comment être y insensible ? Je les retiens, celles-là. Vous savez de quoi je parle. De celles qui perlent magiquement dans vos pupilles avant de dévaler vos joues et sillonner votre visage. Chaudes, fraîchement sorties de votre corps, guidées par votre cœur. Ça mérite ces quelques vers de Nahj El Borda du Prince des poètes, Ahmad Chwki, qu’on disait impossible à chanter, avant qu’Oum Kalthoum ne le fasse et se fasse auréoler du titre : l’Astre de l’Orient. Plus tard, Sabah Fakhri s’y prendra autrement, trouvera le ton, les envolées profondes dignes des grands chansonniers d’une certaine époque. Il gagnera le titre
d’ Abou Koulthoum.

Ya man yara admouï tenhallou ka diyami
Min mouklatayya wa jismi daïra assikami
La taâjaban, wa inno asbahtou ka ryami,
Rimoun âla lka3i bayna el bani wal 3lani
A7alla safka dami fil ach’houri l7ouroumi

Je les retiens, celles-là. Pas le droit. Il y a des jours qui attendent derrière mardi. Il y a mardi. Il y a ces heures à égrener en compagnie de mon colocataire pour une ultime chorégraphie sur le plancher de ce théâtre que ne sera plus ma vie. C’est bizarre, cette sensation. Au moment de se libérer, voilà le prisonnier qui pleure. Que se passe-t-il dans sa tête ? Sans doute, comme ces départs qui interpellent le la désinvolture du temps, sa brièveté en évoquant ce passé, devenu soudain récent, qu’est l’arrivée. Une tranche de vie. On ne vous dira jamais assez ce que vit un parkinsonien. Je dirais plutôt « ce que vivent les piégés ». L’activité crée le mouvement, le mouvement la vie. La lueur du jour veille sur le droit, vous marchez, non sans crainte, mais vous êtes dans l’espace « Droit ». Le parkinsonien se sédentarise, se met au ban de la société, dans ces zones où, très souvent, l’absence de la lueur du jour, le vulnérabilise et le met à la merci du pire. Les tremblements ne remplacent pas les cris et dans le silence noir de l’isolement, il n’a que la clémence de son bourreau à implorer et la démence. C’est de cela que je vais vous parler. Si mon colocataire le veut bien.
Merci pour tout.
Merci à Yabiladi de me permettre de publier dans cette rubrique.
X
18 janvier 2010 18:39
As'alu Allaha al-Karîm an yashfiyaka wa an yubdila huznaka faran wa surûra.

Qu'Allah te guérisse immédiatement.
A
18 janvier 2010 19:20
Merci encore une fois.
En préparant mon histoire, voilà le traitement qui m'est réservé dans un forum sur un site honorable. J'ai évoqué ma maladie, pas pour qu'on s'apitoie sur moi mais pour échanger en ces moments difficiles. Je rappelle (vous verrez mon post et mon histoire) que depuis le mois de septembre dans la rubrique couples-relations et psychologie, je suis dénigré par cette femme ... je vous laisse juge de la qualité de ces propos ... [forum.aufeminin.com]
entre fin août et jusqu'en novembre, rien ne m'a été épargné :
- ma race, ma culture, ma religion
- ma maladie
- ma sexualité
etc.
Merci de votre soutien...
18 janvier 2010 20:19
Il n'y a que moi qui n'a rien compris???? sad smiley
37 ans, DPA au 23 Mars 2014 inchaallah.... Une petite princesse , inchaallah
l
18 janvier 2010 21:45
Citation
karmaboss a écrit:
Il n'y a que moi qui n'a rien compris???? sad smiley


non moi aussi sad smiley
mais en tous cas je félicite le posteur pour sa sensibilité c'est agréable a lire
18 janvier 2010 21:57
Citation
lallala3roussa a écrit:
Citation
karmaboss a écrit:
Il n'y a que moi qui n'a rien compris???? sad smiley


non moi aussi sad smiley
mais en tous cas je félicite le posteur pour sa sensibilité c'est agréable a lire

ca me rassure...
37 ans, DPA au 23 Mars 2014 inchaallah.... Une petite princesse , inchaallah
P
18 janvier 2010 22:43
tu écris très bienAngel
j'ai bien aimé le passage en gras.

inchAllah, tout s'arrangera, comme l'ont dit les yabis.


Citation
AdolpheHoward a écrit:
De retour de l’IRM, je m’arrête devant vos commentaires. Je m’incline devant tant de bonté. Comment être y insensible ? Je les retiens, celles-là. Vous savez de quoi je parle. De celles qui perlent magiquement dans vos pupilles avant de dévaler vos joues et sillonner votre visage. Chaudes, fraîchement sorties de votre corps, guidées par votre cœur. Ça mérite ces quelques vers de Nahj El Borda du Prince des poètes, Ahmad Chwki, qu’on disait impossible à chanter, avant qu’Oum Kalthoum ne le fasse et se fasse auréoler du titre : l’Astre de l’Orient. Plus tard, Sabah Fakhri s’y prendra autrement, trouvera le ton, les envolées profondes dignes des grands chansonniers d’une certaine époque. Il gagnera le titre
d’ Abou Koulthoum.

Ya man yara admouï tenhallou ka diyami
Min mouklatayya wa jismi daïra assikami
La taâjaban, wa inno asbahtou ka ryami,
Rimoun âla lka3i bayna el bani wal 3lani
A7alla safka dami fil ach’houri l7ouroumi

Je les retiens, celles-là. Pas le droit. Il y a des jours qui attendent derrière mardi. Il y a mardi. Il y a ces heures à égrener en compagnie de mon colocataire pour une ultime chorégraphie sur le plancher de ce théâtre que ne sera plus ma vie. C’est bizarre, cette sensation. Au moment de se libérer, voilà le prisonnier qui pleure. Que se passe-t-il dans sa tête ? Sans doute, comme ces départs qui interpellent le la désinvolture du temps, sa brièveté en évoquant ce passé, devenu soudain récent, qu’est l’arrivée. Une tranche de vie. On ne vous dira jamais assez ce que vit un parkinsonien. Je dirais plutôt « ce que vivent les piégés ». L’activité crée le mouvement, le mouvement la vie. La lueur du jour veille sur le droit, vous marchez, non sans crainte, mais vous êtes dans l’espace « Droit ». Le parkinsonien se sédentarise, se met au ban de la société, dans ces zones où, très souvent, l’absence de la lueur du jour, le vulnérabilise et le met à la merci du pire. Les tremblements ne remplacent pas les cris et dans le silence noir de l’isolement, il n’a que la clémence de son bourreau à implorer et la démence. C’est de cela que je vais vous parler. Si mon colocataire le veut bien.
Merci pour tout.
Merci à Yabiladi de me permettre de publier dans cette rubrique.
 
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