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Réchauffement climatique et développement africain
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21 mars 2007 22:10
[www.un.org]

Une augmentation rapide de la pollution de l'air et de l'eau, de la dégradation des sols, de la fréquence des sécheresses et des pertes d'espèces sauvages animales et végétales : c'est le scénario dans lequel l'Afrique se trouvera bientôt plongé si on ne lui donne pas dans les plus brefs délais la possibilité de se développer d'une façon respectueuse de l'environnement, indique un rapport publié par le programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE). Les pays d'Afrique ont, au cours des trois dernières décennies, souffert de divers problèmes, croissance démographique, guerres, haut niveau d'endettement national, catastrophes naturelles et maladies, qui, tous, ont laissé leur trace sur les habitants et le riche environnement naturel du continent. Par ailleurs, de nouvelles menaces, telles que le changement climatique, la propagation incontrôlée d'espèces exotiques, l'expansion anarchique des villes, et la pollution occasionnée par les voitures et l'industrie, risquent, dans les trente années qui viennent, d'aggraver la pauvreté, la détérioration de l'environnement et l'état de santé de la population.

Face à cette situation, de nombreux pays d'Afrique s'efforcent actuellement, au moyen d'initiatives telles que le NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique), d'éliminer certaines des causes profondes de ce déclin écologique. Un effort beaucoup plus important de la part de tous les pays, qu'ils fassent ou non partie de la région, est nécessaire pour mettre le continent sur une trajectoire économiquement favorable et écologiquement viable. Il faudrait par exemple, réduire encore plus le fardeau de la dette, renforcer l'aide financière, responsabiliser les communautés locales, faire appliquer les accords sur l'environnement, introduire des technologies vertes non polluantes, et accorder aux produits africains un accès équitable aux marchés internationaux. En l'absence de telles mesures, l'Afrique a peu de chances de se développer d'une manière qui profite à ses habitants, à ses paysages, à sa vie sauvage et, finalement, à la planète, indique le rapport intitulé "l'Avenir de l'environnement en Afrique" que le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) vient de faire paraître pour le compte de la Conférence ministérielle africaine sur l'environnement, ouvrage le plus complet et le plus décisif que l'on ait jamais écrit sur ce sujet.

Climat. Les pays d'Afrique dépendent fortement de l'agriculture pluviale. Or, les données météorologiques rassemblées depuis 1900 montrent, à partir de 1968, une baisse constante de la pluviosité due à la pollution atmosphérique. On dispose également de preuves indiquant une augmentation de la fréquence et de la gravité des catastrophes naturelles, en particulier les sécheresses qui affectent le Sahel. Les sécheresses et les inondations provoquent souvent un accroissement de la pression foncière dans certaines régions vulnérables, une migration de la population humaine et animale, une intensification de l'érosion des sols et un envasement des cours d'eau, barrages et eaux côtières. Elles peuvent aussi avoir de sévères répercussions économiques. Ainsi, les pluies record enregistrées en Ouganda en 1997 ont entraîné la destruction de 40 % des 9 600 km de routes d'accès que totalise le réseau de ce pays. La sécheresse qui a sévi aux Seychelles au cours de l'été 1997-1998 a conduit à la fermeture de la Seychelles Breweries et de l'Indian Ocean Tuna Company.

La quantité de dioxyde de carbone, le principal gaz à effet de serre, émise par le continent se chiffre à 223 millions de tonnes par an, soit huit fois plus qu'en 1950. Sa production reste toutefois inférieure à celle d'un pays développé, tel que l'Allemagne ou le Japon. L'Afrique du Sud compte pour 42 % des émissions, et le Nigeria et l'Algérie pour 35,5 %. Bien qu'elle ne participe que très peu aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, l'Afrique se révèle extrêmement vulnérable aux effets du réchauffement de la planète en raison de sa dépendance envers l'agriculture et de l'absence de ressources financières permettant de compenser les pertes ainsi occasionnées.

Le golfe de Guinée, le Sénégal, l'Égypte, la Gambie, la côte orientale de l'Afrique et les îles de la partie occidentale de l'Océan Indien sont particulièrement exposés aux élévations du niveau de la mer. Une hausse de 1 m suffirait pour inonder des parties étendues du delta du Nil, causer d'importants dégâts à la ville d'Alexandrie, et submerger 70 % des Seychelles.

Par ailleurs, on assistera, au cours des prochaines décennies, à l'extinction d'un nombre considérable d'espèces animales et végétales, ce qui se répercutera sur les moyens d'existence des paysans et sur le tourisme. En effet, une baisse de 5 % de la pluviosité peut, selon le rapport, mettre en danger les bubales, les gnous et les zèbres du parc Kruger (Afrique du Sud), du delta de l'Okavango (Botswana) et du parc national de Hwange (Zimbabwe). Dans certaines régions d'Afrique australe, les récoltes afficheront un déclin pouvant aller jusqu'à 20 %. Enfin, il faut s'attendre à ce que les moustiques vecteurs de paludisme se propagent jusqu'en Namibie et en Afrique du Sud. Cinquante-deux pays africains ont maintenant signé la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification et 16 d'entre eux ont élaboré des plans d'action visant à améliorer la productivité des terres, la réhabilitation des sols et la gestion rationnelle des ressources en eau. Des systèmes d'alerte permettant de détecter les périodes de pluie et de sécheresse sont maintenant installés dans toutes les régions du continent. Les pays d'Afrique peuvent, de surcroît, tirer des avantages économiques et sociaux des mécanismes prévus dans le Protocole de Kyoto, qui est l'instrument légal de lutte contre les changements climatiques en fournissant des sources d'énergie plus écologiques et des incitations financières pour encourager la plantation d'arbres qui absorbent le dioxyde de carbone.

Pollution atmosphérique. L'Afrique possède le taux d'urbanisation le plus élevé du monde. C'est l'une des principales causes de l'accroissement de la pollution, avec les politiques fiscales qui encouragent l'utilisation de carburants " sales ", le brusque accroissement des importations de voitures d'occasion souvent vétustes, et le manque d'efficacité des processus de fabrication industrielle.

Le parc des véhicules à moteur, qui comporte un nombre important de vieilles voitures, a quasiment doublé au cours des 10 ou 15 dernières années. En Ouganda, il a quadruplé depuis 1971. Les vieilles voitures émettent jusqu'à 20 fois plus de polluants que les voitures plus récentes.

Au Sénégal, le traitement des affections liées à la pollution causée par les véhicules de transport coûte l'équivalent de 5 % de son produit intérieur brut. Le projet de loi visant à restreindre les importations de voitures d'occasion et à interdire l'entrée aux véhicules de plus de cinq ans pourrait servir de source d'inspiration à d'autres pays du continent. L'Égypte a commencé à distribuer de l'essence sans plomb et l'Afrique du Sud a signé l'Accord des Nations Unies sur les émissions des véhicules à moteur.

En Afrique du Nord, en particulier dans les villes dotées de raffineries ou de centrales électriques fonctionnant au charbon, la concentration de dioxyde de soufre contenue dans l'air atteint souvent le double de la norme fixée par l'OMS. L'utilisation du bois comme combustible peut faire courir des risques sanitaires accrus aux femmes et aux enfants. En Tanzanie, par exemple, 75 % des enfants de moins de 5 ans sont décédés à la suite d'une infection respiratoire aiguë.

De nombreux pays se sont dotés de normes et règlements relatifs à la qualité de l'air et à la pollution. Toutefois, le manque de ressources ne leur permet pas de les appliquer effectivement. Des pays tels que l'Algérie, le Maroc et l'île Maurice se sont lancés dans la voie des sources d'énergie renouvelables (éolienne et solaire) et de la transformation de déchets en énergie.

Milieu marin et zones côtières. Les riches régions côtières et marines du continent sont en danger, du fait de la pollution, de la surexploitation des ressources, de l'érosion, et des impacts potentiels des changements climatiques. En effet, environ 38 % des écosystèmes côtiers tels que les mangroves et les récifs de corail se trouvent sous la menace des aménagements comme les ports et du développement des établissements humains, qui s'accompagne d'une augmentation des rejets de déchets. Quarante pour cent des mangroves du Nigeria, qui jouent un triple rôle de frayère, de protection contre l'érosion par les vagues et de fournisseur de matériaux de construction, avaient déjà disparu en 1980.

En Égypte, le barrage d'Assouan a tellement réduit la teneur en éléments nutritifs de l'eau que les prises de sardines dans le delta du Nil ont chuté, passant de 22,618 millions de tonnes en 1968 à moins de 13 500 millions à l'heure actuelle. La surexploitation des ressources halieutiques par les flottes de pêche locales et étrangères a provoqué une réduction des stocks.

Selon les prévisions, les dix prochaines années verront un déclin de l'offre dans toute l'Afrique, une conséquence du manque de ressources, telles que vedettes de patrouille, permettant de contrôler les activités des pêcheurs. Les poissons d'élevage ne seront probablement d'aucun secours car on peut s'attendre à ce que les pisciculteurs se concentrent sur les espèces qui rapportent, c'est-à-dire celles destinées à l'exportation vers des régions telles que l'Europe. En Afrique du Nord, les prises de poissons de mer ont cependant augmenté de 30 % depuis 1990, passant à environ 1,1 million de tonnes. Toutefois, l'environnement marin est en danger. Dans la mer Rouge, la pollution causée par l'attitude irresponsable des touristes, les rejets de déchets, ainsi que les fuites et autres déversements de pétrole provenant des bateaux, est vue comme une grave menace.

En Afrique orientale, l'érosion des côtes provoque l'étouffement, par dépôt de sédiments, de divers habitats marins importants, dont les récifs coralliens, ce qui réduit leur valeur économique et touristique. Dans certaines régions d'Afrique de l'Ouest comme, par exemple, au Togo et au Bénin, elle emporte jusqu'à 30 mètres de côtes par an. Le problème est aggravé par la dégradation de l'environnement dans les régions de l'intérieur, notamment la mauvaise utilisation des terres agricoles et l'élimination des arbres qui retiennent le sol en période de grandes pluies.

Dans les îles de l'océan Indien occidental, la pêche aux explosifs, les promenades à pied, la récente hausse de la température de la mer et la pêche illégale au filet abîment les récifs coralliens qui, pourtant, présentent un grand intérêt économique. À Maurice, les deux tiers de la population des côtes se débarrassent de leurs déchets en les jetant à la mer et, aux Comores, il n'existe même pas d'installation de traitement des eaux usées. De nombreux pays d'Afrique comme l'Égypte, la Gambie, le Ghana, le Kenya, l'île Maurice, le Nigeria et l'Afrique du Sud ont introduit des lois exigeant une évaluation de l'impact sur l'environnement préalablement à tout travail de construction.

Les programmes et plans d'action régionaux et sous-régionaux, tels que le Programme pour les mers régionales du PNUE, offrent le cadre nécessaire pour une gestion plus holistique des zones côtières du continent. Plusieurs conventions et accords importants, dont les Conventions de Nairobi, d'Abidjan et de Jeddah, ont pu être établis, mais on a désespérément besoin de personnel qualifié, fonds, matériel, recherches et suivis supplémentaires. De même, il faut absolument assurer l'application effective des règlements.
 
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