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Ramadan d’hier et d’aujourd’hui
15 octobre 2004 21:58
L’extraordinaire mouvement qui caractérise le mois de Ramadan, c’est cette vivacité particulière des sens, des ambiances, des rues, des couleurs, couronné par l’élégance lumineuse des minarets. Chacun trouve sa place pendant ce mois, les contrastes ne s’opposent plus mais s’harmonisent. Cela se ressent dans le paysage et dans les familles, toutes générations confondues. Il fut un temps, le bon vieux temps de Ramadan…Ensuite,

il fut un autre temps. Celui de la modernité où certaines traditions ont été délaissées faute de temps et d’espace…Puis un certain retour, un troisième temps. Le temps du troisième millénaire, en faveur du premier. A la recherche de ce bon vieux temps, de certaines racines précieuses, égarées mais retrouvée fort heureusement d’une autre manière…

Fatma, 18 ans, lycéenne, vit avec ses deux mamans, sa mère et sa grand-mère. Au début de chaque mois de Ramadan, toute sa famille se consacre aux préparatifs. Elle s’affaire particulièrement dans la cuisine qui devient le grand centre d’intérêt. Grands et petits, tous contribuent à accueillir le mois saint avec ferveur. Prise entre deux générations, c’est aussi l’occasion pour la jeune Fatma d’écouter Ommi Baktha se remémorer à voix haute, les traditions d’antan: “ Ya hasra, de mon temps nous attendions le mois de Ramadan et nous lui consacrions beaucoup d’attentions. La maison était déjà badigeonnée et la cuisine tout particulièrement décorée de tous les ustensiles dévoilant la plus belle couleur de cuivre. Toutes les provisions étaient faites maison et nous ne manquions jamais de rien parce que nous ne gaspillions rien. Ton grand-père, que Dieu ait son âme, disait toujours que la table sur laquelle s’étalaient une profusion d’entrées et de plats donnait à la maison un air de fête. De plus, il mettait un point d’honneur à ce qu’il y ait toujours des parts supplémentaires à offrir aux nécessiteux de passage. Chaque plat était préparé avec soin et constituait presque un rituel. La salade “méchouia” était préparée au jour le jour et patiemment pilée au pilon. D’ailleurs, la résonance rythmée et mesurée à la perfection résonne encore dans la tête de Fatma qui lui fait l’effet de la madeleine de Proust. Elle se souvient alors de sa toute petite enfance, quand elle restait auprès de sa grand-mère pendant que ses parents étaient au travail ”.

La grand-mère, c’est notre mémoire.

“ La maison sentait bon, continua Ommi Bakhta, et aux odeurs des plats soigneusement préparés tout au long de la journée se mêlaient les parfums de bkhour et d’encens. Nous consacrions le temps qu’il faut pour que tout soit à la perfection. Aujourd’hui, tout est bâclé, faute de temps ”. Il est vrai que les parents de Fatma ont toujours travaillé. Elle passait alors ses journées avec Ommi Bakhta. En effet, la grand-mère représentait pour elle la patience dans les préparations faites maison. La maman, par contre, n’avait jamais le temps et les produits industriels primaient dans le réfrigérateur. Sa grand-mère n’aimait pas cet appareil, ni son eau glacée. Elle avait toujours un récipient en poterie qui gardait l’eau fraîche et la pièce à provisions était un véritable trésor qu’elle gardait jalousement. A l’extérieur, dans le patio de la maison, se souvient Fatma, s’étalaient toujours quelques draps blancs contenant des produits fait la veille, à savoir pâtes fraîches, piments rouges, sésames, ail, gros sel, condiments de toutes sortes. A la première lueur de l’aube, commençaient les travaux domestiques dans les interminables skifas, cette sorte de vestibule long et compliqué aboutissant toujours à la porte d’entrée.

Il y avait toujours une sœur, une cousine qui l’aidait pour les différentes tâches. Les feuilles de briks, qui connaissent un essort particulier pendant le mois de Ramadan, étaient faites par Ommi Bakhta aidée par sa sœur. Elles s’affairaient alors avec une application hors du commun pour préparer ces fameuses feuilles devenues aujourd’hui presque un mythe. Elles allumaient alors un grand kanoun qui allait supporter un récipient rond et plat en cuivre d’une brillance unique. Il couvrira en chapeau le kanoun. Le charbon devenu rouge vif chauffera au maximum le plat. C’est alors que la pâte molle et flasque touchera par petites tapes rapides le plat brûlant. A la seconde, une feuille ronde et transparente apparaîtra. En une heure de temps, il y a aura facilement une centaine de feuilles de briks disposées les unes sur les autres. Elles pourront servir pendant trois ou quatre jours avant de recommencer l’opération.

Le programme des veillées était improvisé

Avant la fin de la journée, les enfants attendaient avec impatience devant la maison les coups de canon annonciateurs de la rupture du jeûne. Ils entraient alors dans un élan de joie pour s’attabler. Après la soupe chaude, les briks croustilleront sous vos dents et votre palais et l’œuf de ferme éclatera…

Pendant la soirée, la table changera de décor, pour être parée de boisson chaudes, de crème et d’une variété de douceurs. Ommi Bakhta continua son récit:

“ Les jeunes filles entamaient leurs travaux de broderie en écoutant les mélodies orientales surgissant d’une radio majestueuse. On attendait alors les visiteurs et les visiteuses qui venaient leur tenir compagnie et qui avaient toujours de nouvelles anecdotes à raconter en attendant que les hommes reviennent de la mosquée. De notre temps, l’ambiance était agréable car nous avions un sens inné de l’hospitalité et le programme des veillées ramadanesques était improvisé.

Malgré l’absence du poste de télévision, qui de nos jours règne sans partage dans tous les foyers, nous ne nous ennuyions jamais, disait Ommi Bakhta avec mélancolie, et toutes les occasions étaient bonnes pour bien rigoler. Les enfants inventaient toutes sortes de farces et attrapes, les plus âgés racontaient de bonnes blagues ou encore inventaient de nouveaux jeux de société. On s’endormait tard, et c’est au milieu de la nuit que le bruit assourdissant du tambour réveillait parfois en sursaut les fidèles pour une deuxième collation ”. C’est alors que grand-mère se levait, aussi énergique au milieu de ces petites lampes parfois à l’huile qui crépitaient et clignaient des yeux dans la pénombre. Elle réveillait doucement tout le monde pour s’attabler de nouveau. Les mets étaient à base de semoule, une sorte de bazine arrosé de miel, de riz, de sorgho, la fameuse jeljlania à base de grains de sésame, de délicieux makroudhs où l’on trouve une pâte d’amande délicatement enveloppée d’une pâte feuilletée. Les dattes étaient toujours présentes. “ On avait même des marrons chauds et des pommes de terre sucrées sorties du four. A l’époque, on ne connaissait pas encore les yaourts, poursuivit Ommi Bakhta, par contre, il y avait toujours du petit lait, le fameux lben ”.

Aujourd’hui, le temps passe trop vite

Ces habitudes culinaires sont souvent délaissées. La disparition de cette race de grand-mères y est sans doute pour quelque chose. Aujourd’hui, les pots de yaourt, les crèmes-dessert ne désemplissent pas dans les réfrigérateurs, les pâtisseries à la chaîne font quand même le bonheur de cette génération. Celle-ci déguste beaucoup plus de gâteaux à la crème, aux fruits, au chocolat. Nous sommes ainsi passés de la petite pâtisserie exclusivement traditionnelle à une envergure beaucoup plus industrielle.

La maman de Fatma essaye, malgré tout, de perpétuer quelques traditions. Elle a vécu l’évolution traditionnelle et elle l’a vu se transformer peu à peu. Elle contribue sans doute en y apportant quelques nouveautés ou encore une touche d’originalité. Mais, après une rude journée de travail, elle rentre à la maison très fatiguée et bousculée par le temps qui passe trop vite. Elle rentre directement à la cuisine et perd patience à la moindre anicroche. Elle aussi essaye bien sûr de préserver les coutumes auxquelles l’a habituées sa maman, et chaque année renouvelle la batterie de cuisine. Elle voudrait aussi perpétuer les savoureux plats transmis par la famille mais faute de temps, c’est au supermarché du coin qu’elle déniche certaines préparations du terroir et dans les pâtisseries qu’elle trouve l’incontournable bouza, les samsas et autres spécialités. Jadis, il était presque scandaleux d’aller chercher ailleurs que dans le milieu familial ces préparations. Ironie du sort, on est presque fier aujourd’hui de le mentionner.

Un confort matériel sans confort moral

Dieu merci, affirme Fatma, je transmettrai à mon tour et de toutes mes forces les traditions familiales à mes futurs enfants et même à mes petits-enfants, inchallah. Il y aura toujours quelqu’un de plus à la maison pour le mois de Ramadan, la convivialité fait partie de nos us et coutumes. C’est vrai, pensa-t-elle, qu’au jour d’aujourd’hui, nous avons acquis un certain confort matériel, on est blotti dans nos canapés moelleux, regardant un écran 16/9ème et engloutissant toutes sortes de produits alimentaires… Mais je ne sais pas, je trouve que Ommi Bakhta n’a pas connu ce confort matériel, mais elle était plus épanouie que ma maman. Fatma a certainement raison. C’est une jeune fille intelligente et équilibrée. Mais de nos jours, la loi de la vie moderne fait que les gens vivent de plus en plus éloignés alors qu’auparavant tout le monde vivait dans la même sphère. L’individualisme est parfois très présent, comme le disait un ami cher ; dans sa tendre enfance, les voisins s’échangeaient les plats pour le plaisir de chaque palais pendant le Ramadan. Aujourd’hui, il n’y a que l’odorat qui en bénéficie.

Cet individualisme, toutefois, sonne faux et ne nous convient pas. Notre culture arabo-musulmane éprouve éternellement le besoin de communiquer. On a toujours envie de parler à quelqu’un.

Heureusement que Ramadan rapproche les gens et, tous les ans, ce mois sacré nous rappelle à l’ordre. Cette envie de partage resurgit alors du fond des âges. C’est alors que nous retrouvons ce plaisir à faire goûter nos mets aux autres, parce que c’est inné et génétique. Ces valeurs si particulières aux peuples arabes, c’est effectivement Ramadan qui les préserve.


La vie est un CDD. lorsque tu seras DCD, l'au delà sera ton CDI ,améliores ton CV en attendant ton Entretien.Allah punit les injustes tot ou tard !
r
15 octobre 2004 22:23
aicha:

<<Heureusement que Ramadan rapproche les gens <<

je tai envoyer un mess pv pour te dire ramadane moubarak said et tu ne ma pas répondu ??????

alors je vai te le dire en public

ramadan moubarak said smiling smiley

kel bo texte !!!! copie-collé????? grinning smiley
M
15 octobre 2004 23:16
Bonsoir,,,AICHA,,,

Merci, pour ce post qui suscite une certaine émulation spirituelle chez moi,,,

sérieusement,,,

merci,,,
 
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