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les racistes italiens de la ligue du nord organisent des milices contre...
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21 janvier 2007 11:44
Italie : les rondes nauséabondes de la Ligue du Nord

Près de Trévise, le parti xénophobe recrute des volontaires contre l’"insécurité".

de Eric JOZSEF

"Je dois pouvoir dormir tranquillement", explique Ivano, patron d’une petite entreprise familiale de mécanique, qui est pourtant depuis quatre heures au volant d’une Jeep sillonnant, en pleine nuit, la "grande route" de Chiarano, les petites rues de ce bourg vénitien d’à peine 3 800 âmes, jusqu’aux chemins de terre qui mènent aux bâtisses les plus reculées.

Avec ses deux acolytes, le jeune camionneur Alvaro et l’éleveur de poulets Alessandro, il participe depuis un mois et demi aux "rondes" nocturnes contre l’insécurité, organisées à l’initiative de l’autonomiste et xénophobe Ligue du Nord. Des patrouilles sont ainsi apparues dans plusieurs villages de la province de Trévise et même, depuis quelques jours, dans le chef-lieu de 100 000 habitants.

A Chiarano, il est presque minuit. Encore deux heures de surveillance prévues pour les trois hommes, militants de la ligue, qui ont revêtu leurs uniformes de la « protection civile ». Entre les vignes, les champs de blé ou de soja et les hangars industriels qui témoignent d’une prospérité récente, ils traquent le moindre mouvement suspect dans le village désert. « Qui c’est celui-là ? » s’interroge Ivano, méfiant. Un coup de frein, un coup d’oeil. Un jeune homme s’est arrêté pour acheter un paquet de cigarettes au distributeur du bar local. La Jeep repart, bredouille. « Depuis un mois et demi que nous avons commencé à patrouiller, nous n’avons plus de problèmes », se félicite Alessandro, intarissable sur les vols, les hold-up au petit supermarché, les cambriolages de nuit des dernières années : « Nous sommes exaspérés. On nous a même volé les statues de la crèche de Noël exposée au milieu d’un carrefour. »

Chiffres « erronés ». « Nous avons décidé de réagir à la suite d’une augmentation des délits début décembre. Les premiers carabiniers sont à plus de cinq kilomètres et ils n’ont qu’une seule voiture pour contrôler quinze communes », justifie Giampaolo Vallardi, le jeune maire (Ligue du Nord) de Chiarano où une trentaine d’habitants se relaient chaque nuit pour sillonner les rues. L’objectif de la ligue est de mobiliser un millier de volontaires sur tout le territoire provincial. « Leur seule mission est d’observer. Leur seule arme, un téléphone portable pour appeler les forces de l’ordre si nécessaire », ajoute l’édile qui soutient que les chiffres de la police concernant l’insécurité sont erronés : « Beaucoup de citoyens ne vont plus dénoncer les vols, ils jugent que c’est inutile. Nous devons nous réapproprier et libérer notre territoire. » Et de glisser, en affirmant ne pas faire de lien automatique : « Nous avons environ 12 % d’immigrés. Ils ont du mal à s’intégrer. Ils ont d’autres traditions et peut-être moins envie de travailler que nous. »

« Tripes ». « Retournée dans l’opposition après cinq ans de gouvernement avec Berlusconi, la ligue exploite le sentiment d’insécurité alors que les chiffres montrent une diminution de 10 % de la microcriminalité dans la province de Trévise », s’insurge le conseiller régional communiste Nicolo Atalmi qui se mobilise contre l’initiative du parti d’Umberto Bossi. En 1997, les dirigeants de la ligue avaient déjà mis sur pied une sorte de milice ­ « les chemises vertes » ­, qui fut l’objet d’une enquête judiciaire pour « usurpation de fonction publique ». Cette fois, ils ont pris soin de se limiter à une association de volontaires réunis dans l’organisation « Vénétie sûre ». « Ici, dans la province de Trévise, l’immigration n’a pas explosé et nous n’avons pas de quartiers dégradés. Par conséquent, les rondes ne m’inquiètent pas outre mesure. Mais que se passera-t-il s’ils vont dans certains quartiers difficiles ailleurs dans la région, à Padoue par exemple ? » ajoute Nicolo Atalmi qui admet que « la ligue sait parler aux tripes des gens ». En particulier, dans l’industrielle et opulente Vénétie, devenue l’une des principales terres d’immigration d’Italie.

Dans ce contexte de bouleversement du tissu social, les déclarations racistes et islamophobes de la ligue (qui recueille plus de 10 % des voix dans la région avec des pointes à 30 % dans certaines communes) ne choquent pas grand monde. Même lorsque l’ancien maire de Trévise Giancarlo Gentilini préconise d’ « habiller les extracommunautaires en lapin pour permettre aux chasseurs de s’exercer » ou qu’il fait retirer les bancs de la ville, pour éviter que les immigrés puissent les occuper.

« Arrogants ». « Il y a encore dix ans, on n’avait pas besoin de fermer nos maisons à clés », insiste Ivano, au volant de la Jeep, ajoutant que « les étrangers qui viennent ici ne doivent pas être arrogants ». Le soir, à Chiarano, ils sont en tout cas invisibles. De même qu’à Trévise, où, lors de la première « ronde », les volontaires n’ont dérangé qu’un couple enlacé dans une voiture. « L’initiative de la ligue ne nous gêne pas même si on peut douter de son efficacité , estime Gino Balbino, secrétaire local du syndicat autonome de la police. Elle nous permettra peut-être d’obtenir des renforts. L’important c’est que les volontaires soient conscients des risques qu’ils prennent pour eux-mêmes. » Pour éviter tout débordement, les jeunes communistes de Trévise ont en tout cas décidé de réagir. Mardi, ils ont mis sur pied une patrouille pour surveiller celle des léguistes.
L
21 janvier 2007 16:15
Tout un poème ! eye rolling smiley
 
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