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Qu'est-ce qu'une innovation (bid'a) ?
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30 janvier 2006 16:35
[www.maison-islam.com]

Qu'est-ce qu'une innovation (bid'a) ?

Transmis par: Anas
Sujet actif
Sources et authenticité


Pour ce qui est du domaine des "'âdât", il n'y a aucun mal à ce qu'on adopte des nouveautés par rapport à ce que le Prophète et ses Compagnons faisaient, du moment que ces nouveautés concernent. En effet, ici, l'islam donne entière liberté pour les nouveautés, dès qu'on tient compte de ses principes (éléments ta'abbudî).


Par contre, comme l'a écrit Ash-Shâtibî (Al-I'tisâm, tome 1 pp. 37-45 ; tome 2 p. 73), en ce qui concerne ce qui est ta'abbudî, une nouveauté est est en fait une innovation, et doit être évitée. C'est ce qu'on appelle une bid'a (pluriel : bida'), qui consiste à rajouter une voie autre que celle tracée par le Prophète dans le domaine religieux, dans le but d'adorer Dieu (la définition exacte que Ash-Shâtibî en a donnée est : "tarîqatun fid-dîn mukhtara'atun tudhâhi-sh-shari'yya, yusadu bi-s-sulûki 'alyhâ : al-mubâlaghatu fi-t-ta'abbbudi lillâh" : Al-I'tisâm, tome 1 p. 37).

Les "éléments ta'abbudî" étant aussi bien des croyances que des actions, deux grands types d'innovations apparaissent déjà au premier abord :
A. Les innovations relatives aux croyances (al-bida' al-i'tiqâdiyya) ;
B. Les innovations relatives aux actions (al-bida' al-'amaliyya).

A. Les innovations relatives aux croyances (al-bida' al-i'tiqâdiyya)


Les sources de l'islam ayant offert à ce sujet un cadre déjà complet, on ne doit rajouter aux croyances ainsi offertes ni autres concepts métaphysiques, ni croyances d'origine non-musulmane, ni croyances imaginées, sous peine de tomber dans l'innovation (al-bid'ah al-i'tiqâdiyya).
La catégorie d'innovations relatives aux croyances (al-bida' al-i'tiqâdiyya) se subdivise en deux sous-catégories :


A.1. les innovations qui font perdre la foi musulmane (al-bida' al-mukaffira) ;

A.2. les innovations qui ne font pas perdre la foi musulmane (al-bida' al-ghayr ul-mukaffira).


A.1. Les innovations qui font perdre la foi musulmane (al-bida' al-mukaffira)



Certaines innovations sur le plan des croyances font perdre la foi musulmane à celui ou à celle qui les adopte. On les appelle bida' mukaffira. Il s'agit de tout ce qui contredit formellement un des fondements mêmes de l'islam, et consiste donc en une incroyance claire (kufr sarîh / kufr bawâh). Par exemple :
- croire que Dieu connaît les grands événements mais pas chaque petite chose qui se passe dans l'univers (cf. Al-Munqidh min adh-dhalâl, pp. 23-24) ;
- croire que le Coran n'est pas la Parole de Dieu ;
- croire que c'est par erreur que l'ange Gabriel a communiqué la révélation à Muhammad (sur lui la paix) alors que Dieu l'avait chargé de la communiquer à Alî.



A.2. les innovations qui sont des déviances, mais qui ne font pas perdre la foi musulmane (al-bida' al-mudhallila al-ghayr ul-mukaffira)



D'autres innovations sur le plan des croyances sont également graves, mais ne constituent cependant pas une incroyance claire (kufr sarîh / kufr bawâh) mais une déviance fondée sur un doute (shub'hah conduisant à faire une fausse interprétation (ta'wîl) d'une donnée des sources de l'islam. La plupart des croyances erronées des tendances mu'tazilites, khârijites, murji'ites, etc. relèvent de cette catégorie, comme celle relative au statut du musulman qui commet un grand péché (kabîra) : reste-t-il musulman ou pas ? Ces trois tendances ont à ce sujet des conceptions déviantes par rapport à la voie du Prophète et des Compagnons, mais qui ne constituent pas une incroyance. Ainsi, An-Nawawî a écrit des khârijites que s'ils étaient égarés, ils n'étaient pas incroyants (kâfir) (Sharh Muslim). Al-Ghazâlî a écrit la même chose à propos des mu'tazilites (Al-Munqidh min adh-dhalâl). Ibn Taymiyyah a, pour sa part, déduit du fait qu'Ibn Hanbal avait prié pour les califes abbasides Al-Ma'moun et Al-Mu'tasim malgré leur croyance déviante au sujet du caractère incréé du Coran qu'il ne les considérait pas incroyants (Al-Fatâwâ).

Qu'est-ce qui constitue une innovation qui conduit à perdre la foi et qu'est-ce qui constitue une innovation qui conduit à l'égarement sans perdre la foi ? Pour le découvrir, lisez mon article : Le musulman qui renie un élément de l'islam quitte-t-il l'islam ?


B. Les innovations relatives aux actions (al-bida' al-'amaliyya)

Pour ce qui est des actions, on ne doit non plus rien rajouter aux éléments cultuels (ta'abbudiyya) offerts par l'islam, sous peine de tomber dans l'innovation (al-bid'a al-'amaliyya). Cette catégorie d'innovations relatives aux actions (al-bida' al-'amaliyya) se subdivise elle aussi en deux sous-catégories :


les innovations absolues (al-bida' al-'amaliyya al-haqîqiyya) ;

les innovations relatives (al-bida' al-'amaliyya al-idhâfiyya).


B.1. Les innovations absolues (al-bida' al-'amaliyya al-haqîqiyya)


Certaines innovations sur le plan des actions sont absolues. Conformément aux écrits d'Ash-Shâtibî reproduits ci-dessus, elle consistent :
- dans la sphère de ce qui est purement cultuel, à imaginer une forme de culte que le Prophète (sur lui la paix) n'a pas faite ; par exemple adorer Dieu en se mortifiant le corps ; faire le vœu de ne pas parler pendant une journée pour se rapprocher de Dieu, etc.
- dans la sphère de ce qui n'est pas purement cultuel, à imaginer des principes issus ni directement ni indirectement du Coran et des Hadîths ; par exemple s'interdire, dans une optique religieuse et dans le but de se rapprocher de Dieu, de manger de la viande.
A l'époque du Prophète, Aboû Isrâ'ïl avait ainsi fait le vœu de rester debout dans le soleil, de ne pas s'asseoir, de ne pas profiter des lieux ombragés, et de ne pas parler ; le Prophète (sur lui la paix) lui demanda de rompre ces vœux (rapporté par Al-Bukhârî).



B.2. les innovations relatives (al-bida' al-'amaliyya al-idhâfiyya)


D'autres innovations sont relatives. Elles consistent à pratiquer une forme de culte certes enseignée par le Prophète, mais dans laquelle on a rajouté un élément. Par exemple :
- faire un jeûne, mais s'imposer, dans une optique religieuse et dans le but de se rapprocher de Dieu, de le passer au soleil uniquement ;
- pratiquer un acte de culte facultatif, qui existe dans les sources musulmanes, mais en fixant un horaire revenant régulièrement (qui n'a pourtant pas été indiqué par le Prophète) : par exemple prendre l'habitude de faire un jeûne facultatif chaque mardi. Ainsi, alors que le Prophète faisait le sermon (khutba) après la prière de la fête du 'Eîd,un temps après son époque où le gouverneur omeyyade Marwân ibn Al-Hakam se mit à le faire avant la prière du Eid. Il s'agit ici d'une innovation relative, et des Compagnons présents lui reprochèrent cette innovation. Il refusa cependant, par ignorance, de les écouter et invoqua le prétexte que le contexte avait changé (cf. ce récit, rapporté par Muslim).

Cette classification des différents types d'innovations (bid'a) s'inspire de ce qu'a écrit Dr. Ali ibn Muhammad Nâssir al-Faqîhî dans son livret Al-bid'a, dhawâbituhâ wa atharuhâ-s-sayyi' fil-umma, Markazu shu'ûn id-da'wa, Al-jâmî'a al-islâmiyya bil-madînat il-munawwara.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).
 
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