Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
Qu’en est-il des violeurs de la Palestine ?...
s
7 novembre 2006 11:01
Qu’en est-il des violeurs de la Palestine ?...

Si Katsav est jugé pour viol, qu’en est -il des violeurs de la Palestine ?

Par le Dr Salim Nazzal

"Les roues de la justice tournent et la vérité verra le jour, même après une attente de plusieurs années". Ce sont les mots de la jeune Israélienne qui, selon Haaretz, a été violée à plusieurs reprises par le président israélien Katzav.

Il faut saluer le courage de cette jeune femme qui s’oppose à l’Etat d’Israël.

Il existe un proverbe palestinien : "Ma besih Illa Al saheh" qui signifie que la vérité triomphera à la fin.

Si Katzav est démasqué à temps, en tant que violeur qui a usé du privilège de son poste pour violer cette jeune femme, cela donnera l’espoir aux Palestiniens que l’on étudiera aussi la question du viol de la Palestine par le Sionisme.

J’utilise le viol de la Palestine d’un point de vue allégorique, sous sa dimension politique, si vous voulez.

Un violeur impose des relations sexuelles à une femme contre sa volonté. Les sionistes se sont imposés aux Palestiniens par la terreur et la violence. Ce qui a amené la jeune femme à supporter tout ce qu’on lui fait subir (dans le cadre sa démarche judiciaire contre Katsav, NdT), c’est, selon ses mots, "le désir de justice".

Il y a une histoire sur un vieux Palestinien qui avait posé une a question simple mais très forte. Après la guerre sioniste de nettoyage ethnique en 1948 qui a arraché environ 70 pour cent des Palestiniens à leurs demeures ancestrales, un membre du Congrès des Etats-unis, était venu rencontrer des réfugiés palestiniens pour leur dire que les USA étaient disposés à les aider, en leur donnant de la nourriture et de quoi subvenir à leurs besoins au niveau humanitaire. Quand cet homme termina son discours, il fit demander, par son traducteur, s’il y avait des questions. Le vieux Palestinien se leva et dit au membre du Congrès : "Merci de votre offre. Mais pourquoi ne nous aidez-vous pas à revenir dans nos villages ? Là bas, nous pourrons planter notre blé nous-mêmes." L’Américain n’eut rien à répondre.

Pendant 58 ans l’Administration américaine a choisi de ne pas répondre à cette question forte. C’est le désir de justice qui motive nos questions. Aucun peuple, aucune personne ne veut davantage voir appliquer la justice que ceux qui en sont privés.

Socrate avait raison, les questions permettent d’aborder les problèmes. Pour atteindre notre objectif de justice, il nous faut jeter un pavé dans la mare tranquille et demander : Pourquoi une société veut-elle punir un seul violeur alors qu’elle ignore le viol de masse d’une nation entière ? Pourquoi la justice est-elle appliquée dans un cas singulier et ignorée dans le cas de masse ? Au nom de la justice, nous devons continuer à poser des questions et à exiger des réponses précises.

Les questions doivent être directes. Pourquoi ne s’indigne-t-on pas qu’Israël n’applique pas les nombreuses résolutions des Nations -unies -ce qui serait un gain pour les Palestiniens ? Pourquoi l’Occident s’est -il prononcé pour la création de l’Etat d’ Israël au détriment des Palestiniens qui vivaient là chez eux ? Comment l’Occident peut-il continuer à tenter de légitimer son soutien à l’occupant, au mépris du droit, au mépris des codes civils, au mépris de la logique, au mépris de la compassion et de la décence ? Pourquoi, alors que d’autres nations ont bénéficié de la protection des Nations -unies, les Palestiniens doivent-ils supporter la brutalité de l’occupation israélienne, sans que l’ONU intervienne ?

Pour faire écho à Kant, il ne faut pas que les Palestinians renoncent aux questions parce que ces questions font partie de leur existence, partie de leur combat pour la vérité et la justice.

On ne peut pas limiter les questions ; elles ne peuvent pas vieillir, ni mourir. Les questions sont l’outil puissant de ceux qui sont impuissants.

Les questions sèment les graines de la connaissance, qui mène à la compréhension, qui mène à la justice.

Renoncer aux questions reviendrait à renoncer à l’idée qu’un jour la loi internationale arrêtera les violeurs de la Palestine. Les questions survivent simplement à cause du "principe de justice " qui selon les historiens est un facteur décisif dans la construction des réalités politiques.

Le metteur en scène égyptien Youssef Chahine met en avant la puissance des idées dans son film, "Al Maser : le destin". Le héros dit que "les idées sont comme des oiseaux ailés, elles peuvent voler et accéder à des endroits lointains". C’est vrai, l’histoire le prouve : Lincoln fut assassiné mais l’idée d’égalité lui a survécu et s’est renforcée. Gandhi fut assassiné mais les idées de paix, d’amour et de coexistence sont devenues un phare pour les humains.

Actuellement le déplacement des Palestiniens à l’intérieur de la Palestine est limité par 530 checkpoints israéliens. Selon B’Tselem, l’organisation israélienne de défense des droits humains, "le déplacement des Palestiniens est limité ou entièrement interdit sur 41 routes et portions de routes en Cisjordanie, parmi lesquelles plusieurs des axes principaux, soit environ 700 kilomètres de routes". Les Israéliens peuvent circuler librement sur ces routes. Cependant, les checkpoints israéliens ne peuvent pas arrêter les questions des victimes palestiniennes.

Si Lady Macbeth, dans la pièce de William Shakespeare, pensait que tous les parfums d’Arabie ne pourraient pas laver le crime que son mari avait commis contre un roi innocent, combien de parfum faudra-t-il à Israël pour se laver du sang et de la souffrance de trois générations de Palestiniens ?

traduction : CL, Afps
Source : france-palestine

Le Dr. Salim Nazzal est un historien palestinien qui a beaucoup écrit sur les questions sociales et politiques au Moyen-Orient.

On peut le contacter à [email protected]
siryne
s
8 novembre 2006 10:21
Ecoutez le général Stern


Par Gideon Lévy

Source : www.haaretz.co.il

La ville s’embrase : à Beit Hanoun, a lieu un bain de sang ; l’armée israélienne se déchaîne et tue au moins 37 personnes en quatre jours - et l’opinion publique israélienne bâille, indifférente. Un commandant de régiment dit à ses hommes, qui ont tué 12 hommes en un jour : « Vous avez gagné 12-0 » et les soldats répondent par un large sourire. Voilà, sur le plan moral, le creux que nous avons maintenant atteint, après une longue dégringolade sur la pente glissante : nous en sommes à faire si bon marché de la vie humaine.


Une des démonstrations nous en a été donnée, à la fin de la semaine, par cette grande gueule de chef du département des ressources humaines, le général de division Elazar Stern, qui peut aussi, à l’occasion, tenir des propos justes : « Un excès de sensibilité à la vie humaine dans l’armée israélienne explique une partie des échecs de la guerre du Liban... Et ça ne doit pas se passer », a dit Elazar Stern sur Canal 7. Il faut louer le général de s’exprimer ainsi sans détour : celui qui se lance, avec une légèreté intolérable et par choix, dans une guerre malfaisante, ne peut s’offrir le luxe de se montrer sensible à la vie de ses soldats. A la guerre, on ne tue pas seulement, on est aussi tué. Il aurait fallu le dire d’entrée de jeu.

Mais les propos du général sont entachés d’hypocrisie : celui qui tue en quelques mois plus de mille Libanais et plus de 300 Palestiniens, pour des motifs douteux, perd le droit de parler de sensibilité à la vie humaine. Le fait que le mouvement de protestation publique contre la guerre n’a pas pris son essor, démontre qu’après avoir perdu toute sensibilité à l’égard de la vie quand ce n’est pas la nôtre, nous commençons à perdre aussi graduellement toute sensibilité à la vie de nos fils tués pour rien. Cela commence par le mépris pour la vie des Arabes et s’achève par le mépris de la vie des Juifs.

Quel chemin parcouru depuis les propos sur la « pureté des armes », quelque hypocrites qu’ils aient été, jusqu’à l’effacement complet de cette notion de notre lexique. Quel fameux bout de chemin nous avons fait depuis le temps où nous avions l’habitude de nous glorifier de nous efforcer à ne pas tuer de civils innocents, contrairement aux Arabes, jusqu’aux chiffres effrayants de la guerre au Liban, par exemple : ce n’est pas seulement que le nombre de personnes tuées par Israël est presque dix fois plus élevé que celui des personnes tuées par le Hezbollah, mais que, alors que le Hezbollah a tué trois fois plus de soldats que de civils, Israël a tué environ trois fois plus de civils que de combattants. Dès lors, qui a les armes les plus « pures » ? Un journaliste britannique du « Guardian », actuellement en Israël, s’étonnait d’apprendre, en cette fin de semaine, que ces chiffres ne suscitaient pas ici le moindre débat public.

La phase actuelle de la dégringolade morale a commencé avec les assassinats dans les Territoires. Au début, il y avait encore débat sur leur degré de légalité et de justification. Combien se souviennent encore qu’ils étaient autrefois limités, du moins en paroles, aux « bombes à retardement », aux menaces immédiates ? La Cour suprême, dans sa couardise, s’est abstenue depuis des années de prendre position sur cette matière, en dépit des pétitions déposées à sa porte, et le projet des assassinats s’est développé jusqu’à atteindre des proportions monstrueuses. Au cours des derniers mois, il ne s’est pour ainsi dire pas passé un jour sans que des Palestiniens soient tués à Gaza, et au lieu de demander pourquoi ils sont tués, nous faisons bon accueil à un Premier Ministre qui s’enorgueillit, devant le Comité des Affaires étrangères et de Sécurité, de la mort de « 300 terroristes » en quatre mois, comme si le fait de tuer était en soi un fameux exploit. C’est le message éducatif d’Ehoud Olmert, et il est infiniment plus grave que toutes les affaires de présomption de corruption dont il est soupçonné.

Nul ne s’est levé pour demander qui étaient ces Palestiniens tués, si tous méritaient la mort et quels bénéfices ces tueries en masse apportaient à Israël. Au-delà du nombre terrifiant de civils tués, dont des dizaines de femmes et d’enfants, il faut aussi demander si tout homme armé à Gaza - et il y en a des dizaines de milliers - mérite une condamnation à mort sans jugement. Du jour où l’armée israélienne a commencé les opérations de liquidations, notre sensibilité à la vie humaine était condamnée à être totalement éradiquée.

Depuis plusieurs jours, l’armée israélienne opère dans la petite ville de Beit Hanoun. L’opération « Nuages d’automne », prétendument destinée à frapper ceux qui tirent les roquettes Qassam, outre qu’elle sème la mort, la destruction et la terreur au cœur de cette ville de 30.000 habitants, n’a réussi jusqu’ici qu’à amener davantage de roquettes Qassam sur Sderot. Je me suis rendu par deux fois, récemment, dans la maison de la famille Abou Odeh, à Beit Hanoun : la première fois, un obus avait dévasté la maison. La seconde fois, les soldats avaient tué le père, un fils et une fille, tous innocents. C’était encore avant « Nuages d’automne ».

Comment la presse israélienne couvre-t-elle « Nuages d’automne » ? Dans « Maariv », jeudi dernier, il fallait une loupe pour trouver une mention, faite incidemment, de la mort de dix Palestiniens tués en un jour ; « Yediot Aharonot » n’agissait pas autrement. Les deux quotidiens ayant la plus forte diffusion dans le pays manifestent une épouvantable déshumanisation. Même l’assertion du commentateur militaire de « Yediot Aharonot », Alex Fishman, selon laquelle un des objectifs de l’opération est d’entraîner nos forces en vue de « la grande opération » ne soulève ici aucune protestation. L’armée israélienne part pour une « opération d’entraînement » en zone urbaine, au cœur d’une ville surpeuplée, tout en y semant la mort et la destruction : ne s’agit-il pas là d’un mépris effrayant pour la vie humaine ?

Les tueries quotidiennes à Gaza n’ont quasiment droit à aucune mention. Des opérations futiles destinées à restaurer l’honneur perdu de l’armée israélienne ne soulèvent aucune discussion quant à leurs objectifs, leur moralité, leurs chances de succès. Personne ne s’interroge sur le rapport existant entre d’un côté, les dégâts occasionnés par les roquettes Qassam et de l’autre, le nombre de morts et l’ampleur des destructions, dont le bombardement de la centrale électrique, à Gaza, un territoire où sont emprisonnés un million et demi de personnes, appauvries et affamées.

Ces opérations futiles n’arrêteront pas les roquettes Qassam qui sont destinées à rappeler, douloureusement, à nous-mêmes et au monde, la détresse des habitants de Gaza, enfermés et boycottés, auxquels, n’étaient les roquettes Qassam, nul ne prêterait attention. Le moyen de lutter contre les roquettes Qassam, c’est de cesser le boycott, de s’asseoir à la table des négociations et d’arriver à un accord. Sinon, nous poursuivrons notre dégringolade et continuerons à être insensibles aux pertes en vies humaines chez eux, et très vite aussi chez nous. Ecoutez le général Stern.

(Traduction de l’hébreu : Michel Ghys)

Source : Michel Ghys
siryne
 
Facebook