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Faut-il avoir peur des Frères musulmans ? Dans Mots croisés, hier soir, sur France 2, la question est répétée, martelée, par Yves Calvi. Le présentateur choisit même de commencer son émission par ce thème. Comme s'il s'agissait de la première question qui surgit au sujet des révolutions des pays arabes. Et il y revient, méthodiquement, pendant le premier quart d'heure de l'émission, relançant plusieurs fois chacun des invités.
Amusez-vous à compter le nombre de relances de Calvi sur le thème : "Et les Frères musulmans ?"
Ce n'est qu'en fin d'émission que Calvi se demande, à l'inverse, si des préjugés raciaux n'empêcheraient pas les occidentaux de concevoir la possibilité d'une réelle évolution démocratique dans les pays arabes. Bonne question !
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La une du Point de cette semaine nous propose une titraille dont le but est de distiller une sourde inquiétude jusque dans nos provinces les plus reculées : Le spectre islamiste - Fantasmes et réalité - Ce que la France risque - La vérité sur les Frères musulmans. Brrrrr !!! Le tout est illustré par une photo interprétable de différentes manières.
On y voit une jeune femme portant foulard et brandissant un drapeau égyptien.
Personnifie-t-elle "le spectre islamiste" ? Elle n'est cependant pas véritablement effrayante et son geste de la main gauche, assez élégant, vient réduire à néant le danger potentiel.
L'expression de son visage, quant à elle, nous donnerait presque à penser que cette jeune femme est souffrante. Ne serait-ce pas elle, la victime de l'islamisme ? Elle plutôt que nous, futures victimes désignées ? Mais nous avons tous en mémoire l'image de Marianne brandissant un drapeau, dont il fut question dans un précédent Vite dit.
Alors ? Alors on ne sait plus quoi penser et il devient urgent de rappeler quelques notions de base.
Une image est, par définition, polysémique : elle propose plusieurs sens, est sujette à diverses interprétations dépendantes du contexte dans lequel elle est visible et de la nature du public qui la reçoit. La fonction d'un titre apposé sur l'image est de réduire au maximum sa polysémie, d'en diriger l'interprétation dans un sens précis. C'est la notion d'ancrage définie par Roland Barthes, un phénomène qui fonctionne dans les deux sens : l'image vient illustrer le texte, pendant que le texte vient ancrer l'image dans une interprétation univoque.
La couverture du Point, qui veut faire dans le sensationnel, rate son coup avec une photographie totalement inadaptée. Du coup, la France profonde peut dormir sur ses deux oreilles. Ouf !