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Le procès de la banque Khalifa met en cause des responsables politiques...
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20 janvier 2007 12:50
LE MONDE | 19.01.07 |


ALGER CORRESPONDANCE



Ouvert le 8 janvier devant le tribunal de Blida, le procès de la faillite frauduleuse de la Khalifa Bank passionne l'opinion algérienne. Celle-ci doute pourtant de la capacité des juges, liés par l'arrêt de renvoi, à mettre en cause des responsabilités politiques.

L'absence du principal prévenu, Rafik Khalifa, réfugié à Londres, et la défection de l'ex-gouverneur de la Banque d'Algérie, Abdelwahab Keramane, pèsent lourdement. Le procès donne néanmoins lieu au démontage de la gestion incroyablement laxiste d'une institution qui a capté des dépôts massifs d'entreprises publiques et de petits épargnants. Au total, 104 personnes, dont des patrons d'entreprises et d'offices publics, sont jugées pour "association de malfaiteurs, escroquerie, abus de confiance et détournement de fonds".


Les audiences ont établi que des dirigeants d'organismes publics et des ministres faisaient antichambre chez M. Khalifa pour profiter de ses libéralités.

L'audition du caissier principal de la banque a révélé que Rafik Khalifa et ses collaborateurs puisaient sans compter dans la trésorerie, sans la moindre comptabilisation. Il suffisait d'un appel téléphonique du patron pour que des millions en dinars ou en devises soient " préparés" dans des sacs de plastique. "Dans ma tête, c'est son argent", a déclaré le caissier.


320 MILLIONS D'EUROS


Le trou provoqué par ces retraits en liquide serait de 320 millions d'euros. Il permettait de financer les largesses de Rafik Khalifa en direction d'équipes sportives (dont le club de football Olympique de Marseille), d'artistes, de patrons d'entreprises et d'offices publics. De ministres également.

Un prévenu a révélé que M. Khalifa avait demandé un emploi à Paris pour le frère de Bouguerra Soltani, ministre et président du parti islamiste, le Mouvement de société de paix (MSP). Cité comme témoin, M. Soltani a nié être intervenu auprès du banquier déchu et dit ne pas "être responsable de son frère".

Le ministre de la solidarité, Djamel Ould Abbes, cité parmi les bénéficiaires d'une carte de gratuité de voyage sur Khalifa Airways, a crié au complot, arguant que son nom n'est pas cité dans le dossier d'instruction. Le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, a assuré que "si certains ministres sont impliqués et que la justice les condamne, ils seront condamnés".

Le procès met au jour la gestion fantaisiste de la banque Khalifa, mais il n'apporte pas de réponse à la question qui taraude les Algériens : comment une telle escroquerie a-t-elle pu durer trois ans et demi ? Choquée, l'opinion a du mal à croire que cela a pu être possible sans protections politiques.

Dans le Quotidien d'Oran, Abed Charef note que les mécanismes en cause existent toujours, et que l'on risque de découvrir que, "après Khalifa, l'Algérie est toujours gérée comme avant l'affaire Khalifa".
 
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