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Prêts bancaires et compatibilité avec l'Islam
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21 septembre 2006 21:52
Egypte - Al-Azhar autorise les intérêts bancaires à taux fixe
La plus haute institution sunnite tranche une longue polémique
paru dans l'Orient-le Jour le 18 novembre 2002


Al-Azhar, la plus haute instance de l’islam sunnite, a tranché dans une longue polémique en jugeant licite au regard de la religion musulmane les intérêts bancaires à taux fixe. Cette décision, prise en Egypte, pourrait faire école dans d’autres pays musulmans. Elle a été adoptée lors d’une réunion du Comité de recherches théologiques islamiques de l’institution d’al-Azhar, le 31 octobre, a affirmé hier à l’AFP le directeur général du secrétariat du comité, cheikh Saber Taalab. Celui-ci a souligné que "la décision a été adoptée par 21 des 22 membres du comité". Le responsable a refusé de préciser l’identité de l’opposant et les raisons de son refus concernant cette décision. Aucune publicité n’avait été faite jusqu’à présent autour de cette décision et la presse gouvernementale a attendu dimanche pour en faire sa une, en plein mois de ramadan. L’imam d’al-Azhar, cheikh Mohamed Sayyed Tantaoui, proche du régime du président Hosni Moubarak, militait depuis plusieurs années en faveur d’un assouplissement du régime du loyer de l’argent, tentant de mettre fin à une longue polémique entre ulémas conservateurs et réformateurs.


Les conservateurs jugent illicite de percevoir des intérêts à taux fixe sur les placements bancaires. Les réformateurs estiment pour leur part que cela revient à percevoir les bénéfices d’une activité commerciale effectuée par la banque au nom de ses clients. Ils font le parallèle entre taux d’intérêt et bénéfice des caravanes commerciales que conduisait Mahomet il y a près de 1.400 ans : le Prophète achetait alors des produits avec l’argent des membres de sa tribu, à qui il redistribuait les bénéfices dégagés par la vente de ces mêmes produits. A cet argument, les conservateurs répliquent que le commerce comporte des risques, contrairement aux placements à taux fixe. La plupart des banques égyptiennes n’ont pas attendu l’avis d’al-Azhar : environ 90 % d’entre elles versent actuellement des intérêts fixes à leur clientèle, même si une partie de la population préfère les banques islamiques qui garantissent des pratiques "halal". Il s’agit notamment de la Banque de financement égypto-saoudienne, de la Banque islamique internationale pour l’investissement et le développement et de la Banque Fayçal islamique, qui offrent des intérêts à taux variables en fonction des bénéfices de la banque.


Deux banques d’Etat, la Misr et la Banque du Caire, ont par ailleurs créé ces dernières années des secteurs spécialisés dans "les transactions islamiques". Les conséquences immédiates de cette décision d’al-Azhar sur l’activité bancaire, secteur nationalisé à plus de 70 % en Egypte, n’ont pas été précisées. Dans un pays en crise économique depuis plus de trois ans, avec en particulier un manque chronique de liquidités, cette décision pourrait "apporter un peu de souplesse", fait valoir Omar Qadi, professeur de droit à l’Université d’al-Azhar. Al-Azhar estime que la décision s’imposait, en dépit des remous qu’elle risque de provoquer en Egypte et dans le monde islamique, et refuse de dire que celle-ci ait été prise en catimini. "La jurisprudence religieuse signifie le changement et il est illogique de rester figé alors que le monde change autour de nous", a affirmé cheikh Taalab. "Cette approbation va susciter la colère de certains durant la période à venir, mais la majorité des membres du comité a tranché", a déclaré un des membres du comité religieux, Raafat Osman, au journal Akhbar al-Yom. "Tant que nous ne contredisons pas l’écrit (le Coran) ou la sunna (la tradition de Mahomet), nous avons bonne conscience", a également souligné cheikh Taalab.
 
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