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Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad prend ses fonctions dans un climat de...
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3 août 2005 20:09
Quoi qu'il fasse, le nouveau président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, qui a pris ses fonctions mercredi 3 août, sera jugé à l'aune de son prédécesseur, le réformateur Mohammed Khatami, dont le double mandat, malgré de grandes insuffisances, a offert à la République islamique une respiration qu'elle n'avait pas connu auparavant. En attendant de le voir à l'œuvre, une grande partie des Iraniens ne lui fait pas confiance. Et, alors que son prédécesseur avait bénéficié d'une certaine empathie à l'étranger, Mahmoud Ahmadinejad inspire une sourde méfiance.


Auprès d'une partie des Iraniens, globalement représentée par les millions d'électeurs qui ont voté contre lui ou se sont abstenus, Mahmoud Ahmadinejad souffre d'un a priori négatif. Ceux-ci lui imputent l'intention de ramener l'Iran une bonne vingtaine d'années en arrière, en matière de libertés sociales et politiques ­ ce que lui-même et son entourage s'évertuent à démentir depuis son élection. Leurs craintes se fondent sur le discours du candidat Ahmadinejad, centré sur des thèmes rigoristes et populistes, mais surtout sur son passé d'activiste islamiste radical au sein du corps des Gardiens de la révolution et des Bassidjis. Un passé dont il demeure fortement imprégné, à la différence d'autres anciens activistes, qui ont fait leur aggiornamento au fil des ans.

A contrario, ce sont les mêmes thèmes populistes et rigoristes qui ont contribué à l'élection à la présidence de cet ingénieur, dont la plupart des Iraniens ignoraient jusqu'à l'existence, avant qu'il soit porté en 2004 à la tête de la mairie de Téhéran par un conseil municipal à l'élection duquel seuls 12 % des Téhéranais en âge de voter avaient participé. Les couches les plus déshéritées du pays ont vu en lui un homme providentiel qui serait enfin à leur écoute. Qui plus est, qui leur ressemble, avec son train de vie austère, ses origines sociales modestes ­ il est fils de forgeron ­ et son profil bas.


ATTENTES CONTRADICTOIRES


M. Ahmadinejad doit également son succès au soutien des milices dont il fut membre ainsi qu'aux milieux ultraconservateurs religieux. Nombreux sont par ailleurs ceux qui lui ont donné leur voix uniquement pour contrer son rival au second tour de la présidentielle, l'ancien président Ali Akbar Hachémi Rafsandjani. Mais le nouveau président doit aussi une fière chandelle aux contre-performances du camp réformateur qui, sous le double mandat du président sortant ­ huit ans ­ a déçu les espoirs fondés en lui par les Iraniens. Les raisons en sont multiples.

Les réformateurs étaient désorganisés, les attentes de la population surdimensionnées et parfois contradictoires. Les principaux leviers du pouvoir demeuraient entre les mains des conservateurs, toujours bien organisés et qui n'ont pas manqué une seule occasion de contrer les projets de changement. Surtout, les réformateurs n'ont pas su prendre la mesure de la diversité des aspirations de leurs concitoyens et sont ainsi passés à côté des besoins économiques et des convictions idéologiques d'une grande partie des Iraniens.

Dans son discours d'investiture, mercredi, M. Ahmadinejad a promis d'oeuvrer pour la justice, la fidélité à l'Islam, les intérêts et la prospérité du peuple iranien, avec une "attention particulière envers les défavorisés" . Avant et après son élection il s'était engagé à assurer une meilleure redistribution des richesses, lutter contre le chômage, encourager les investissements. Ce sont autant de thèmes rebattus par ses prédécesseurs qui n'ont jamais réussi à relever ces défis.

Le nouveau président a plaidé mardi pour un monde dépouillé d'armes de destruction massive, à un moment où se sont accentuées les tensions avec l'Occident à propos du programme nucléaire iranien, soupçonné d'être à usage militaire, ce dont Téhéran se défend. Le dernier mot sur la question du nucléaire revient au Guide de la République, l'ayatollah Ali Khameneï. Ce dernier a sommé mercredi le futur gouvernement de ne pas "sacrifier les droits de la nation" . L'allusion au nucléaire est limpide, l'Iran ayant toujours affirmé que son droit au nucléaire était intangible, dès lors que, selon elle, il ne s'agissait que d'un programme à usage civil.

Mouna Naïm

Source : Le Monde




Modifié 1 fois. Dernière modification le 03/08/05 20:10 par tini.
 
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