L'accueil du service des étrangers passe pour être catastrophique. Selon l’administration, il aurait été amélioré ces derniers mois. Reportage. VIDEO EN +
« La Direction des étrangers est heureuse de vous accueillir. » Cette jolie phrase en multicolore défile sans cesse devant les yeux des 300 personnes qui attendent dans le hall d’entrée. Direction heureuse, peut-être, mais ce jour-là, rien ne bouge à la préfecture de Bobigny. Depuis deux heures, une grande panne informatique empêche la réception des demandeurs. Il est presque midi et bien sûr, les personnels chargés de l’accueil vont aller déjeuner. Une maman malienne a peur de ne pas être reçue. Elle a encore 150 personnes devant elle et son rendez-vous était à 9 heures. Ses deux enfants pleurnichent.
L’ambiance dans le hall ressemble un peu à une scène à l’aéroport en période de perturbations. Des personnes de toutes origines patientent ensemble, s’inquiètent, dorment, s’énervent… Quelques mères africaines allaitent leurs bébés, des papas prennent leur pause cigarette dehors, sous la pluie. Bref, on s'ennuie.
Et pourquoi ? Parce qu’en vérité, l’administration ne sait pas ou ne veut pas accueillir correctement les étrangers. La seule chose qui fonctionne, c’est la machine à café, enfin, une des deux. Le pire, ce sont les toilettes. Les gens doivent aller faire leurs besoins dans des toilettes turques qui dégagent une odeur écœurante et où il faut faire attention à ne pas glisser. La plupart des hommes renoncent et vont se soulager derrière les arbres à l’extérieur.
C’est à croire que les autorités font tout pour rendre l’attente la plus désagréable possible. Pourtant, la préfecture se serait engagée à mieux protéger les étrangers du froid et à installer des toilettes à l’extérieur. Certains confirment avoir déjà vu des radiateurs installés dehors une demi-heure avant l'ouverture. Mais hélas, aujourd'hui il n'y en a pas. Les étrangers attendent tôt le matin sous la pluie, sans paravent, sans sanitaires.
D’accord, la panne informatique n’est pas préméditée. Mais le reste... Tout d’abord, des dizaines de rendez-vous sont donnés à la même heure. Résultat, des files interminables devant l’immeuble. Devant la Porte 1, on fait la queue pour pourvoir prendre rendez-vous ; devant la Porte 2 attendent les personnes ayant déjà obtenu un rendez-vous ; et devant la Porte 3, ceux dont la première demande a été refusée. Une fois arrivé à l'intérieur, il faut se préparer à une attente d’une durée indéterminée. Tout cela sans avoir la certitude d’être reçu à la fin.
Plusieurs personnes racontent que malgré un rendez-vous, elles ont poireauté de longues heures à la préfecture sans avoir été reçues dans la journée. Pas mal d'entre elles sont là depuis trois heures du matin. Elles ont parfois pris un jour de congé en sachant que cela peut s’éterniser.
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