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Pourquoi demander pardon beaucoup et souvent à Allâh
A
2 mai 2013 06:00
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a écrit:
Le cheikh Nasir Al Fahd a écrit en décembre 2012, depuis sa prison séoudienne, un texte sur les raisons qui justifient que le serviteur doive demander pardon en permanence et en quantité.

Il commence en disant, comme cela est très connu, que le Prophète d’Allâh, ‘alayhi salam, bien qu’Allâh lui eût pardonné complètement de son vivant, était très préoccupé et occupé par la tawbah et l’istighfâr. Il passait beaucoup de temps, vraiment beaucoup de temps dans ces adorations.

Le cheikh rapporte même un hadith de Abû Dâwûd, avec une bonne chaine de transmission depuis Ibn Umar, qu’Allâh l’agrée, qui dit que, en une seule assise, une seule réunion, à laquelle le Prophète, ‘alayhi salam, assistait, on pouvait compter ses demandes de pardon, plus de 100 : Rabbi-ghfir lî wa tub ‘alayya, innaka Anta-t-Tawwâbu-l-Ghafûr, avant qu’il ne se lève et ne quitte l’assemblée ! Ô mon Maître, pardonne-moi et accepte mon retour vers Toi, Toi seul est Celui qui accueille le repentir et Celui qui pardonne.

L’istighfâr est, grâce à Allah, l’un des plus puissants remèdes contre les affections du cœur et les maladies qui découlent des chubuhâte (des ambiguités, des raisonnements trompeurs qui créent le doute et l’égarement) et des chahawâte (les pulsions de l’homme, le fonctionnement de son âme, qui le poussent à désobéir).

On doit le pratiquer chaque jour, et autant que possible. Beaucoup de gens, et beaucoup de gens de bien, réservent l’istighfâr pour certains péchés seulement, pas parce qu’ils négligent les autres, ou qu’ils s’en moquent, mais parce qu’ils ne les voient pas, les oublient, ne s’en rendent pas compte ou les ignorent. Or il est nécessaire de connaitre la maladie pour que le remède soit efficace. Si on ne connait pas le mal parfaitement, on n’arrivera pas à utiliser le remède à bon escient.

1 - La prise en compte des hadiths qui parlent du fait qu’on n’entre pas au Paradis par ses propres actions mais uniquement comme une générosité de la part d’Allah doit nous pousser à rechercher la générosité d’Allâh par la demande de pardon. Car ces hadith mettent l’accent à la fois sur la générosité incommensurable d’Allâh et sur les imperfections de l’homme. Ce qui doit pousser l’homme à chercher la générosité d’Allah en se rabaissant devant Lui, en L’implorant, et en reconnaissant ses fautes.

2 - Les actes d’adoration – au sens large – des humains sont diminués et souillés de plusieurs manières : l’ignorance, le manque de capacité, la négligence, l’ostentation et l’autosatisfaction. Et cela en diminue la récompense. C’est pour cela qu’Allâh a légiféré la demande de pardon après les actes d’adoration. Comme c’est le cas de la prière et même le pèlerinage, ou encore les prières de la nuit. Pour nous, cela nous permet de voir les actes d’adoration comme évidemment diminué, ce qui permet, outre de demander sincèrement le pardon d’Allah, de toujours rechercher l’amélioration de son adoration.

3 - Ce qui doit rendre évidente la pratique fréquente de l’istighfâr, c’est l’existence des grands péchés connus et visibles, comme les relations intimes hors mariage (zina), les intérêts et l’usure (riba), le vol, le fait d’opprimer les gens et d’être injustes avec eux, ou encore le mensonge, la médisance, la calomnie, la vulgarité…

La reconnaissance de l’existence de ces péchés doit avoir deux conséquences :

a – demander pardon quand on s’en approche et quand on les commet
b – comprendre que s’il y a des grands péchés visibles et connus c’est qu’il existe des petits péchés et des péchés moins visibles et dont on parle moins. Et du coup demander pardon pour ces péchés est extrêmement important justement parce qu’ils peuvent passer inaperçus et, comme on le verra, car certains d’entre eux sont plus graves.

4 - En plus des péchés liés au fait de commettre des actes mauvais (commettre les grands péchés par exemple), il y a les péchés liés au fait de ne pas faire quelque chose de recommandé ou d’obligatoire. C’est l’absence d’acte qui est un péché ici. Souvent ces péchés sont liés aux droits des autres sur nous et aux actes situés dans le champs des relations avec les autres. Comme les droits des parents, des voisins, de la famille, des croyants, et le fait d’appeler les gens à la vérité et de les encourager à ne plus commettre les péchés et à revenir à l’islam (le amr bil ma’rûf et le nahy ‘anil munkar).

Le gros problème avec ce genre de péchés c’est que, quand on les commet, cela ne se voit pas et on peut s’habituer à les commettre au point qu’ils deviennent la norme, qu’on les commette comme si de rien n’était et qu’on ne demande plus jamais pardon pour eux. Et dans certains cas comme celui du amr bil ma’rûf et du nahy ‘anil munkar, si on prend l’habitude de ne rien faire et de ne rien dire devant un mal, alors petit à petit même le cœur n’arrivera plus à être contre une mauvaise chose, car elle sera devenue une habitude qui n’appelle aucune réaction de notre part. Et si le cœur n’est pas outré par un mal qu’on rencontre, on a perdu l’îmâne et il n’en reste plus de trace, qu’Allah nous protège.

5 - Il existe des péchés par les actes, soit que l’on fait quelque chose soit que l’on ne fait pas quelque chose. Il existe aussi des péchés intérieurs, qui touchent le cœur. Ils ne sont pas directement visibles. Ce sont les maladies du cœur comme l’orgueil, l’autosatisfaction, la jalousie… Ces maladies ne souillent pas le cœur de la même manière. Certaines sont mortelles à très faible dose, d’autres à haute dose.

Il est difficile de se débarrasser de ces maladies car :

a – elles sont facilement négligeables et sont négligées. On néglige leur présence, on néglige leur importance, on néglige leur influence. Ce qui fait que même pour les gens pieux qui sont très méticuleux avec les péchés visibles, grands et petits, les péchés intérieurs ne sont pas souvent pris en compte.

b – tant qu’Allâh ne nous a pas aidés à les éliminer, ces maladies sont actives en permanence, et sont influentes en permanence, contrairement aux péchés visibles qui n’existent que lorsqu’on les commet.

c – elles sont en interaction avec l’ensemble du corps puisque le cœur est en interaction avec l’ensemble du corps. Le cœur influence les actes et les paroles. Un mauvais cœur donne de mauvais actes. Et, le cheikh n’en parle pas ici, en retour les actes influencent le cœur, et donc peuvent renforcer ces maladies quand ils sont mauvais.

d – pour certaines de ces maladies, l’effet sur les actes et sur la souillure du cœur existent même quand la maladie est très peu importante. Comme l’orgueil, pour lequel il suffit, disent les hadith authentiques, d’un atome dans le cœur pour mériter l’enfer éternel. La moindre quantité d’orgueil est un grand péché.

e – le plus grave, c’est justement que ces maladies, surtout quand elles ont une influence même à très faible dose, on ne les remarque pas. Elles passent inaperçues et sont souvent confondues avec autre chose. Qu’Allâh nous préserve de l’orgueil, qui nous fait renoncer à la vérité pour notre propre passion.

6 - Parmi les raisons qui doivent pousser le serviteur d’Allâh à Lui demander pardon beaucoup, il y a l’existence des péchés cachés (khafiyy). Ce sont les péchés que le serviteur commet mais qui lui sont cachés. Il ne sait pas qu’il commet quelque chose de grave et il ne se rend pas compte de la réelle nature du péché. Ces péchés peuvent être internes, dans le cœur, et peuvent être commis par la langue et le corps :

a – il y a le chirk (le fait de donner des associés à Allâh) et il y a le chirk caché : le chirk caché c’est l’ostentation (tant qu’il n’est pas fréquent) qui se mélange aux actes et aux paroles de bien du serviteur, sans qu’il se rende compte qu’il souille son adoration exclusive d’Allâh.

b – il y a la chahwah, la passion et la pulsion, et il y a la chahwah cachée qui est, selon certaines paroles qui remontent à des compagnons, un péché que le Prophète, ‘alayhi salam, craignait pour nous, tout autant que le chirk caché. Les savants ont interprété cette chahwah cachée comme l’amour du commandement, qui comprend aussi l’amour d’être connu, d’être mentionné, qu’on parle de nous… Ce qui doit nous inquiéter c’est que ces péchés cachés se trouvent aussi ancrés chez les gens de bien, et comme disaient certains salaf, nos ancêtres pieux : la dernière chose qui sort de la tête des hommes véridiques c’est cet amour d’être reconnu, connu, de commander…

Le cheikh ajoute que le plus dangereux et le plus cachés de ce genre de péchés c’est celui contre lequel le Prophète, ‘alayhi salam, nous a mis en garde dans des hadith authentiques du type : Il se peut que le serviteur dise un mot qui provoque la colère d’Allah, et auquel il ne prête pas d’attention et qui lui fait mériter de plonger profonde dans l’enfer.

C’est extrêmement angoissant et c’est une raison majeure pour demander pardon à Allah. Car comme s’interroge le cheikh : Comment savoir si dans un moment de négligence, de colère, de légèreté, d’insouciance, une telle parole n’est pas sortie de notre bouche, que nous ne nous en sommes pas rendu compte, que les anges l’ont inscrite et que nous méritions la réalisation de la menace des hadith sur nous ? Comment savoir ?

Le cheikh conclut cet avant dernier paragraphe de sa risalah par cette invocation : Qu’Allah préserve notre langue, nous préserve de provoquer Sa colère, et nous préserve de l’enfer. Amine.

7 - Le cheikh Nasir al Fahd finit son propos avec la dernière raison qui doit nous pousser à rechercher le pardon d’Allâh. C’est l’existence de péchés ignorés. On parle de péchés que la religion a déterminés comme « ignorables » et dont l’ignorance est excusable et ne fait pas plonger dans le chirk et le kufr. Ce sont les péchés que l’auteur ignore être des péchés. Ces péchés peuvent être par une action effectuée (commettre une action interdite) ou par l’absence d’action (ne pas faire quelque chose de recommandé). Cette ignorance peut avoir deux statut :

a – c’est un défaut de la personne qui commet le péché car elle s’est détournée de la recherche de la vérité alors qu’elle aurait pu la trouver. C’est un péché.

b – c’est un défaut de la personne mais il ne refuse rien, il n’a juste pas la possibilité de savoir. Il n’y a pas de péché proprement dit là, mais sa valeur est diminuée par rapport à quelqu’un qui ne fait pas ces péchés.

Aussi dans les deux cas, le besoin de demander pardon est impérieux, le premier pour son péché, le second pour son imperfection coupable.

Le cheikh conclut en se mettant en garde et en nous mettant en garde : On garde en tête ces raisons impérieuses et on se regarde soi-même. Si on fait cela, on ne manquera pas de comprendre à quel point on a besoin d’istighfâr et de tawbah. Et le Prophète, ‘alayhi salam, nous a appris de façon insistante à nous corriger et à demander pardon en permanence par amour pour nous et parce qu’il sait à quel point nous en avons besoin.

Il faut donc que chacun de nous, avec l’aide d’Allâh, demande beaucoup pardon à Allah et tout le temps, en utilisant les invocations prophétiques authentiques, en particulier celles qui évoquent tous les types de péchés possibles, les grands, les petits, les concrets, les abstraits, ceux du corps, du cœur, de la langue, les connus, les ignorés, les cachés, les apparents, ceux qu’on fait à la vue des gens comme ceux qu’on fait en secret… tous.

En voici deux exemples, l’un de chez Muslim, l’autre de chez Al-Bukhâriyy :

a - Allâhumma-ghfir lî dhanbî kullahû, diqqahû wa jillahû, wa awwalahû wa âkhirahû, wa ‘alâniyatahû wa sirrahû

b - Allâhumma-ghfir lî mâ qaddamatu wa mâ akhkhartu wa mâ asrartu wa mâ a’lantu wa mâ anta a’lamu bihî minnî, Anta-l-Muqaddimu wa Anta-l-Mu-akhkhiru wa Anta ‘alâ kulli chay-in Qadîr

Qu’Allah nous pardonne, c’est l’objectif de tout musulman sincère : demander pardon ET se corriger. Amine.

Source : Extrait de l’ouvrage du Shaykh Nâsir al-Fahd – qu’Allah hâte sa libération – : « Risâlat fî mawjibât al-istighfâr«
 
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