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Pour une laïcité musulmane
i
8 mai 2006 21:34
Source:
Courrier international.
auteur : Shaker Al-Naboulsi
Lien : [www.courrierint.com]

L’histoire de l’islam est riche en exemples de séparation du religieux et du politique, affirme l’écrivain jordanien Shaker Al-Naboulsi.

Beaucoup de lecteurs sourcilleront en lisant ce titre, car l’opinion publique musulmane est convaincue que la religion et la laïcité sont incompatibles. De nombreux hommes de religion ont accrédité cette idée, à l’instar de Youssef Al-Qaradawi [prédicateur vedette sur Al-Jazira]. Selon ce dernier, “la laïcité, c’est de l’athéisme”. D’autres dénigrent la laïcité en la présentant comme un concept importé d’Occident, tel Rached Ghannouchi [figure tutélaire des islamistes tunisiens, en exil], selon lequel “la laïcité traduit l’influence du modèle occidental en général, et français et communiste en particulier”. Si le concept de laïcité islamique soulève des protestations, c’est que, de manière générale, les musulmans n’ont pas compris l’expression du deuxième calife Omar disant que le Coran était un “hammâl awjah”, c’est-à-dire un texte porteur de multiples sens. Cela signifie que l’on est libre de choisir la lecture que l’on préfère. Dans leur ensemble, les musulmans continuent de s’insurger contre tous ceux qui lisent le Coran autrement que les autorités religieuses de tel ou tel pays, ce qui est d’autant plus absurde que les lectures “officielles” du Coran ont été fort diverses, même à l’époque contemporaine. Par ailleurs, le Coran est un texte historique et, en tant que tel, on peut lui appliquer des méthodes objectives et neutres qui ne sont destinées ni à l’attaquer, ni à lui faire dire telle ou telle chose. Il ne s’agit donc pas d’une lecture littérale, adoptée par les salafistes et par beaucoup d’athées qui s’en tiennent strictement au sens des mots sans connaître les spécificités de la langue coranique. Une telle lecture ne peut qu’aboutir au terrorisme que nous connaissons aujourd’hui.
Le terme de laïcité islamique que nous proposons ici est un moyen efficace de répondre à ces accusations d’athéisme et d’inauthenticité. Car la réalité qu’il recouvre est ancienne. Dès les premiers siècles de l’histoire musulmane, en effet, nous pouvons constater que le politique a souvent primé sur le religieux. Sous le premier calife, Abou Bakr [632-634], successeur direct de Mahomet, les convertis de Médine lui dirent que tous les musulmans devaient pouvoir accéder aux postes dirigeants. Abou Bakr leur répondit que les postes de commandement étaient réservés aux musulmans de la première heure, ajoutant que le prince des croyants devait appartenir à la tribu des Qoraïchis [tribu de Mahomet] puisque c’était la seule à laquelle obéissaient les Arabes. C’était là un raisonnement politique, et non religieux. Ensuite, sous le troisième calife, Othman, la gestion des finances publiques a été dissociée du religieux. Othman avait en effet attribué la part du lion du trésor public et des hauts postes de l’Etat à son propre clan. Il avait également suivi une logique purement politique vis-à-vis de ses opposants, allant jusqu’à chasser dans le désert une personne qui l’avait exhorté à se conformer à la morale religieuse. Quant au premier calife omeyyade [Mu’awiya, qui transféra le centre du pouvoir de La Mecque à Damas en 657], il a totalement dissocié le religieux du politique. Il était arrivé au pouvoir en faisant la guerre à l’homme de religion qu’était le quatrième calife, Ali. Ainsi, tous les califes ont séparé le religieux du politique. Et l’Empire ottoman a encore accentué cette séparation. Cela était tellement vrai que Kemal Atatürk ne trouva rien de très consistant en face de lui quand il abolit le califat, en 1924. Les mesures les plus polémiques qu’il ait prises furent quelques interdictions comme celle du pèlerinage durant quelques années, de certains vêtements traditionnels, la transformation de certaines mosquées en musées, etc. Ces excès, qui font dire à l’intellectuel Mohammed Arkoun que le kémalisme relève de l’autoritarisme communiste et non de la laïcité, expliquent en grand partie les échecs de la laïcité dans le monde arabe.
La laïcité doit être développée de l’intérieur de l’islam, et non être importée de l’extérieur. La seule manière possible de la développer est donc de s’appuyer sur l’héritage musulman. Mu’awiya, puis les califes suivants, ont d’ailleurs cessé de prier avec la population et ont nommé des imams pour qu’ils le fassent à leur place. Ce partage entre celui qui se charge des affaires de l’Etat et celui qui guide la prière était un autre élément d’une laïcité en gestation.
La laïcité dans le monde arabe doit se développer à partir d’un héritage propre. C’est pour n’avoir pas compris cela, et pour avoir cherché un modèle exogène de laïcité, que de nombreux nationalistes, marxistes, communistes et même islamistes ont échoué. Leurs efforts depuis quasiment un siècle ont été vains. Or, aujourd’hui, une nouvelle génération d’intellectuels, tel l’homme des Lumières Gamal Al-Banna, tiennent tête aux religieux fanatiques et affirment que “la religion la plus proche de la laïcité est l’islam”. L’islam est-il donc porteur d’une forme de laïcité qui pourrait nous réconcilier avec notre époque et enlever les strates de sédiments accumulées depuis mille quatre cents ans ? En tout cas, on peut affirmer que le Coran, contrairement aux jurisconsultes, laisse une place à la liberté de conscience. Certes, il appelle à croire, mais il ne l’impose pas. “L’élément premier est la volonté de l’homme, alors que Dieu n’intervient qu’après pour bénir” (sourate “Mahomet”, 17). De nombreux athées citeront d’autres versets dont la lecture littérale semblera contredire notre argumentation. Il n’en reste pas moins que le principe général de la liberté de conscience est contenu dans le texte coranique. Et ce ne sont pas les guerres contre les apostats [contre les tribus qui étaient revenues sur leur conversion à l’islam] qui prouvent le contraire, puisqu’elles ont été menées pour des impôts impayés, et non pour des raisons religieuses.

Shaker Al-Naboulsi

Ca fera reflechir certains !
l
8 mai 2006 23:01
un texte trés interessant icare.
mais pour certains, ce sera ou un faux grossier ou un coup des sionistes.
a
8 mai 2006 23:06
pas etonnant il suffit de voir le sale torchon qui l a publier
i
8 mai 2006 23:10
comme tu disais l'européen ! ca plait pas !
k
8 mai 2006 23:28
"la religion la plus proche de la laïcité est l’islam"

il parle de laicité musulmane non d'un importation!
i
8 mai 2006 23:31
Citation
biggie a écrit:
"la religion la plus proche de la laïcité est l’islam"

il parle de laicité musulmane non d'un importation!

bah oui, c'est ce qui est bien à priori, un modele de laicité arabo-musulman !
k
8 mai 2006 23:46
Citation
icare99 a écrit:
Citation
biggie a écrit:
"la religion la plus proche de la laïcité est l’islam"

il parle de laicité musulmane non d'un importation!

bah oui, c'est ce qui est bien à priori, un modele de laicité arabo-musulman !

sa a été deja debattu sur ce meme forum!
a
8 mai 2006 23:48
Citation
icare99 a écrit:
Citation
biggie a écrit:
"la religion la plus proche de la laïcité est l’islam"

il parle de laicité musulmane non d'un importation!

bah oui, c'est ce qui est bien à priori, un modele de laicité arabo-musulman !

La laicité existe de fait dans tous les pays musulmans. Aucun pays à majorité musulmanne n'applique la charia (sauf les talibans en Afghanistan). Le pouvoir politique n'est pas un pouvoir religieux, de meme que le pouvoir économique.
Par contre pour contenter les aspirations religieuses, les pouvoirs en place sauppoudrent quelques mesurettes islamiques:
-interdiction de changer de religion pour un musulman
-droit de la femme bafouée
-rétortion contre les homo ou les déviants sexuels,
-etc...
ces pouvoirs pratiquent une islamisation de facade, mais le pouvoir politique reste libre et indépendant face aux préceptes religieux.
Il y a une sorte de deal entre le pouvoir politique et les réligieux: laissons nous faire ce que nous voulons au niveau politique et on vous laisse le droit de veiller sur les moeurs de la société.
m
8 mai 2006 23:58
c une blague cette histoire de laicite, que pronnent certaines âmes en mal de cause
et à défaut de produire des truc utiles vénérent les penseurs des lumières, qui est un contexte
différent, et croit que c la laïcité qui a fait que l'europe est ce qu'elle est today, bon on ne peut pas attendre mieux de qlq qui ne sait pas résoudre une équation et pour exister n'a que le choix d'engurgiter et adopter les pensées des autres penseurs et les cracher sur du papier.
la laïcité si c pour interdire aux filles de porter le voile à l'école et légaliser le mariage homosexuel, non merci, je ne crois pas que la politique et donc la gestion des affaires des gens soit séparée d'un compromis moral et un socle commun de valeurs, il ya des limites dans toutes les choses biensur dans la tolérance et le dialogue, il n'ya d'infini que l'univers et chaque liberté est limitée par les limites que lui fixe le consensus des valeurs de la nation. ex: au maroc la minorité juive est bien intgrée, le conseiller à vie du roi, andré azoulay, est juif il est aussi le président du conseil régional ou de la commune à essaouira, et les gens l'apprécient bien, donc je préfere rester avec notre modèle qui est bcp meilleur qu'une laïcité qui oblige ceux qui croient à qlq chose de s'adapter à la pensée de ceux qui ne croit pas et donc est fondamentalement une idée partiale.
k
9 mai 2006 00:10
Citation
marocain_fier a écrit:
c une blague cette histoire de laicite, que pronnent certaines âmes en mal de cause
et à défaut de produire des truc utiles vénérent les penseurs des lumières, qui est un contexte
différent, et croit que c la laïcité qui a fait que l'europe est ce qu'elle est today, bon on ne peut pas attendre mieux de qlq qui ne sait pas résoudre une équation et pour exister n'a que le choix d'engurgiter et adopter les pensées des autres penseurs et les cracher sur du papier.
la laïcité si c pour interdire aux filles de porter le voile à l'école et légaliser le mariage homosexuel, non merci, je ne crois pas que la politique et donc la gestion des affaires des gens soit séparée d'un compromis moral et un socle commun de valeurs, il ya des limites dans toutes les choses biensur dans la tolérance et le dialogue, il n'ya d'infini que l'univers et chaque liberté est limitée par les limites que lui fixe le consensus des valeurs de la nation. ex: au maroc la minorité juive est bien intgrée, le conseiller à vie du roi, andré azoulay, est juif il est aussi le président du conseil régional ou de la commune à essaouira, et les gens l'apprécient bien, donc je préfere rester avec notre modèle qui est bcp meilleur qu'une laïcité qui oblige ceux qui croient à qlq chose de s'adapter à la pensée de ceux qui ne croit pas et donc est fondamentalement une idée partiale.

la laicité en europe tiens comptes des principes et valeurs chretiennes! c'est normaL elle est né dans un environement chretiens!

et c'est la raison pour laquelle l'islam est si mal accepter en europe!

leur laicité ne peux etre appliquer au monde musulman parqu'elle ne s'inspire pas de nos valeurs morales et de tous ce qui fais l'essence meme de l'islam.
z
9 mai 2006 05:21
La France n'est pas laique, elle pratique la negation de la religion.
J
JD
9 mai 2006 10:33
Citation
biggie a écrit:
Citation
marocain_fier a écrit:
c une blague cette histoire de laicite, que pronnent certaines âmes en mal de cause
et à défaut de produire des truc utiles vénérent les penseurs des lumières, qui est un contexte
différent, et croit que c la laïcité qui a fait que l'europe est ce qu'elle est today, bon on ne peut pas attendre mieux de qlq qui ne sait pas résoudre une équation et pour exister n'a que le choix d'engurgiter et adopter les pensées des autres penseurs et les cracher sur du papier.
la laïcité si c pour interdire aux filles de porter le voile à l'école et légaliser le mariage homosexuel, non merci, je ne crois pas que la politique et donc la gestion des affaires des gens soit séparée d'un compromis moral et un socle commun de valeurs, il ya des limites dans toutes les choses biensur dans la tolérance et le dialogue, il n'ya d'infini que l'univers et chaque liberté est limitée par les limites que lui fixe le consensus des valeurs de la nation. ex: au maroc la minorité juive est bien intgrée, le conseiller à vie du roi, andré azoulay, est juif il est aussi le président du conseil régional ou de la commune à essaouira, et les gens l'apprécient bien, donc je préfere rester avec notre modèle qui est bcp meilleur qu'une laïcité qui oblige ceux qui croient à qlq chose de s'adapter à la pensée de ceux qui ne croit pas et donc est fondamentalement une idée partiale.

la laicité en europe tiens comptes des principes et valeurs chretiennes! c'est normaL elle est né dans un environement chretiens!

et c'est la raison pour laquelle l'islam est si mal accepter en europe!

leur laicité ne peux etre appliquer au monde musulman parqu'elle ne s'inspire pas de nos valeurs morales et de tous ce qui fais l'essence meme de l'islam.

bonjour biggie

où vois tu que les valeurs chrétiennes et musulmanes soient incompatibles ? pour moi ce sont exactement les mêmes, ce qui est différent c'est la façon de les vivre et l'évolution des moeurs.
ce n'est d'ailleurs qu'une question de génération, ce qui choque les musulmans choquait tout autant les français de la génération de ma grand mère ( minijupe, relations hors mariage, homosexualité etc...)
il suffit de voir des vieux films de Marcel Pagnol genre Marius, Fanny ou les Don Camillo pour constater que la France des années 1930-1950 était aussi intolérante que les musulmans actuels envers la liberté des moeurs et c'était encore pire en italie, espagne, portugal...

Ce qui a permis l'évolution de moeurs, c'est la désaffection pour la religion, pas la laicité, et ceux qui combattent la laicité craignent en réalité la désaffection pour la religion.

cordialement
"Quiconque prétend s'ériger en juge de la vérité et du savoir s'expose à périr sous les éclats de rire des dieux puisque nous ignorons comment sont réellement les choses et que nous n'en connaissons que la représentation que nous en faisons." (Albert Einstein / 1879-1955)
a
9 mai 2006 17:07
Citation
JD a écrit:
Citation
biggie a écrit:
Citation
marocain_fier a écrit:
c une blague cette histoire de laicite, que pronnent certaines âmes en mal de cause
et à défaut de produire des truc utiles vénérent les penseurs des lumières, qui est un contexte
différent, et croit que c la laïcité qui a fait que l'europe est ce qu'elle est today, bon on ne peut pas attendre mieux de qlq qui ne sait pas résoudre une équation et pour exister n'a que le choix d'engurgiter et adopter les pensées des autres penseurs et les cracher sur du papier.
la laïcité si c pour interdire aux filles de porter le voile à l'école et légaliser le mariage homosexuel, non merci, je ne crois pas que la politique et donc la gestion des affaires des gens soit séparée d'un compromis moral et un socle commun de valeurs, il ya des limites dans toutes les choses biensur dans la tolérance et le dialogue, il n'ya d'infini que l'univers et chaque liberté est limitée par les limites que lui fixe le consensus des valeurs de la nation. ex: au maroc la minorité juive est bien intgrée, le conseiller à vie du roi, andré azoulay, est juif il est aussi le président du conseil régional ou de la commune à essaouira, et les gens l'apprécient bien, donc je préfere rester avec notre modèle qui est bcp meilleur qu'une laïcité qui oblige ceux qui croient à qlq chose de s'adapter à la pensée de ceux qui ne croit pas et donc est fondamentalement une idée partiale.

la laicité en europe tiens comptes des principes et valeurs chretiennes! c'est normaL elle est né dans un environement chretiens!

et c'est la raison pour laquelle l'islam est si mal accepter en europe!

leur laicité ne peux etre appliquer au monde musulman parqu'elle ne s'inspire pas de nos valeurs morales et de tous ce qui fais l'essence meme de l'islam.

bonjour biggie

où vois tu que les valeurs chrétiennes et musulmanes soient incompatibles ? pour moi ce sont exactement les mêmes, ce qui est différent c'est la façon de les vivre et l'évolution des moeurs.
ce n'est d'ailleurs qu'une question de génération, ce qui choque les musulmans choquait tout autant les français de la génération de ma grand mère ( minijupe, relations hors mariage, homosexualité etc...)
il suffit de voir des vieux films de Marcel Pagnol genre Marius, Fanny ou les Don Camillo pour constater que la France des années 1930-1950 était aussi intolérante que les musulmans actuels envers la liberté des moeurs et c'était encore pire en italie, espagne, portugal...

Ce qui a permis l'évolution de moeurs, c'est la désaffection pour la religion, pas la laicité, et ceux qui combattent la laicité craignent en réalité la désaffection pour la religion.

cordialement

en partie d'accord.
mais c'est le déclin du pouvoir religieux qui a permis une "libération" des moeurs sociale et non pas la desaffection pour le religieux, les société des pays du sud de l'europe, la société des usa restent profondément religieux, mais le pouvoir des religions et des sectes est bien inférieur a celui de l'islam dans les pays a majorité musulmanne.
T
12 mai 2006 12:35
en partie d'accord.
mais c'est le déclin du pouvoir religieux qui a permis une "libération" des moeurs sociale et non pas la desaffection pour le religieux, les société des pays du sud de l'europe, la société des usa restent profondément religieux, mais le pouvoir des religions et des sectes est bien inférieur a celui de l'islam dans les pays a majorité musulmanne.[/quote]

A mon avis, la "libération" des moeurs comme tu dis n'est le résultat ni de la laïcité ni du déclin du pouvoir religieux, mais plutôt de la liberté individuelle des personnes, de leur autonomie progressive vis à vis de l'emprise morale de la société qu'elle soit représentée par le pouvoir religieux ou non. On peut dire même que le déclin de celui-ci est plutôt une conséquence et non pas une cause de cette libération d'autant plus que la liberté et l'autonomie individuelle ont été aquis grâce à l'éducation, à la force des arguments employés et à des convictions bien fondées quoique sur des valeurs morales et éthiques et des principes autres que ceux que prônait la religion...
i
12 mai 2006 16:11
Pour une fois, au lieu de se battre a la peripherie du probleme, pourquoi ne pas essayer de construire quelque chose de logique, elle ressemblerait a quoi une laicité ''musulmane'' ?
ok
12 mai 2006 16:29
de quel signification du terme veut tu parler.
Laic ou laique?
m
12 mai 2006 20:32
icare, voilà l'extrait d'une conférence tenue par un chercheur à l'IMA dans le cadre des cafés littéraires, ça résume bien ma pensée, c un peu long mais très intéressant, à lire absolument, ça met le doigt sur les contradictions de la laïcité qui se transforme varie entre une espèce de "religion d'état" et donc il faut la laïciser elle même ou bien en négation de la religion, enfin certaines religions:
Raphaël Liogier est un universitaire, enseignant à Aix en Provence, et il poursuit, depuis quelques années déjà – ceci est son cinquième ouvrage – une réflexion non-conformiste et discrète sur les phénomènes religieux, et, plus particulièrement, sur cette espèce de religion d'Etat qu'est devenue en France la laïcité. Concept qui a pu, au moment de son élaboration, avoir une certaine signification – le laïc, ainsi que le rappelle l'étymologie, s'opposant au clerc, comme le peuple s'oppose aux membres de la caste religieuse –, mais qui, dès le vote de la fameuse loi de 1905, s'est trouvé privé à peu près de tout contenu véritable, chacun des acteurs socio-politiques lui donnant sa propre signification. C'est une évolution parallèle à celle du concept – ou plutôt du mot – de démocratie. Ni le mot de laïcité ni même celui de séparation n'apparaissent dans le texte de loi, sinon dans son titre ; et les articles successifs de cette loi impliquent une foule de contradictions, qui apparaîtront au cours des années suivantes, lorsqu'il s'agira de rédiger les décrets d'application.

Au fond, il s'agissait de conférer à l'Etat une dimension sacrale, en-dehors de toute référence religieuse traditionnelle – en fait catholique – ; c'est-à-dire que la loi aura entraîné, non pas un processus d'abstention de l'Etat vis-à-vis de la sphère religieuse – sa neutralité –, mais bien au contraire son intervention, l'Etat produisant à son tour des vérités d'ordre transcendant, qui échappent à la contradiction; c'est l'apparition d'une véritable religion républicaine, avec ses dogmes et ses rites.

Mais à mesure que l'on progresse dans le siècle, et de façon de plus en plus nette pendant les dernières décennies, on s'aperçoit que cette loi emblématique était aussi destinée à défendre des intérêts collectifs, qui sont loin de coïncider avec une sorte de neutralité abstraite de la République, qui sont à la lettre indicibles, et donc objet d'une dénégation constante. L'orateur a pris l'exemple récent de la commission Stasi, constituée à propos de l'affaire dite du voile islamique : cette commission prétendait parler des signes religieux en général, et de leur place dans l'espace public, et le voile islamique proprement dit n'a pas fait l'objet de grands débats ; la question de l'islam dans la société française, de sa visibilité, a été proprement escamotée, alors qu'en fait il ne s'agissait que de cela. Plus tard, la loi sur l'interdiction du voile dans les écoles a eu pour effet d'introduire la dimension religieuse dans l'espace public, au nom d'une prétendue neutralité… D'où cette constatation paradoxale que des pays non « laïques », comme la Grande-Bretagne, le sont en fait bien davantage dans leur pratique sociale, notamment par la mise en œuvre d'une réelle tolérance.

Ce système fonctionne donc en France au prix d'un déni constant sur ses véritables motivations ; et poursuivant la métaphore psychanalytique, l'auteur n'a pas hésité à parler de tendance à la schizophrénie. Puis, se référant à Foucauld et à Bourdieu, il a avancé l'hypothèse de la subordination du système juridique par rapport à une culture dominante, elle-même définie en termes esthétiques, suivant un principe de goût : les citoyens, pour être reconnus pleinement comme tels, doivent s'assimiler à un modèle esthétique dominant – attitudes, vêtement… –, et c'est parce qu'il contrevient à ce modèle esthétique – qui est beaucoup plus qu'un simple code vestimentaire – que le foulard, même porté par des jeunes filles studieuses et aspirant à l'intégration républicaine, a été ressenti comme insupportable au sein de l'institution scolaire.

Une intervention a souligné les difficultés qu'aurait la laïcité à s'imposer dans un pays comme le Liban, pays dans lequel, au demeurant, la présence française, à partir des années 20, a tout fait pour encourager l'activité des congrégations religieuses enseignantes, qui étaient à la même époque interdites en France.

En réponse à une autre intervention, sur le bouddhisme, l'orateur, qui s'est livré à une enquête approfondie sur le sujet, a montré que l'Etat a pu utiliser le bouddhisme, religion très minoritaire en France, pratiquée par des gens appartenant aux classes supérieures, et quasiment invisibles, comme une sorte d'alibi, pour montrer à quel point la République était tolérante à l'égard des religions. Mais il se trouve que l'islam, pratiqué par un grand nombre de fidèles, appartenant à des catégories populaires, et particulièrement « visibles » dans l'espace public – ne serait-ce que lors de la prière du vendredi – n'a pas bénéficié de la même tolérance… Comme s'il existait de « bonnes » et de « mauvaises » religions, et qu'il suffisait, pour rendre acceptable une religion mal tolérée, de créer une instance représentative, avec laquelle l'Etat pourra dialoguer, en se choisissant des interlocuteurs « présentables » (et représentatifs ?)…

Une autre intervention a voulu appliquer ce terme d'alibi à une institution comme l'IMA, s'attirant immédiatement de la part du modérateur du Café littéraire une réponse circonstanciée et tout à fait convaincante sur le rôle bien réel que joue l'Institut dans la reconnaissance, et donc bien davantage encore que la simple tolérance, du fait arabe en France.
En conclusion l'orateur, qui aura fait montre, tout au long de son exposé, d'une grande vivacité, souvent mêlée d'une belle insolence à l'égard de certaines vaches sacrées, a résumé le reproche fait au système français de laïcité « légitime », en le taxant d'incohérence : c'est un système qui, dans sa pratique, ne cesse de contredire à ses propres principes. Une dernière question voulait l'amener sur un terrain plus programmatique, plus politique donc, mais il était temps de lever la séance.
i
13 mai 2006 00:32
c'est bien !
I
13 mai 2006 14:13
Pour une laicité musulmane?



la laicité n est ni musulmane,ni juive,ni chrétienne.



C est la religion des athés qu ils imposent aux autres.



par contre la laicité à la française n est qu une expression de l islamophobie franchouillarde.
l
13 mai 2006 14:43
la laicité n est ni musulmane,ni juive,ni chrétienne.
C est la religion des athés qu ils imposent aux autres.
par contre la laicité à la française n est qu une expression de l islamophobie franchouillarde.[/quote]


la laicité s'est imposée en france bien avant qu'il y ait une immigration et une presence musulmane.
sans ce concept, la france serait restée sous la coupe de l'eglise et il n'y aurait pas de place pour une autre religion. garde ça à l'esprit avant de partir dans des posts à l'emporte piece.
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