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La Poste façon USA
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7 juin 2007 16:41
Ou comment envoyer un colis en Egypte...


Enquête
Enlevé par la CIA, torturé en Egypte
LE MONDE | 07.06.07 | 14h41 • Mis à jour le 07.06.07 | 15h20
LE CAIRE ENVOYÉE SPÉCIALE





uarante-quatre ans à peine, mais l'homme en paraît soixante. L'imam égyptien Oussama Moustafa Hassan Nasr, plus connu sous le nom d'Abou Omar, se décrit lui-même comme un "vieillard brisé, le corps en ruine", un homme qui "mange trop, ne désire plus sa femme, gavé aux tranquillisants". Pas une nuit sans qu'il ne se "réveille en hurlant", réminiscence du cauchemar bien réel, commencé avec son enlèvement dans une rue de Milan, en Italie, le 17 février 2003, et qui s'est poursuivi par d'interminables séances de torture, durant quatre ans, dans les geôles égyptiennes.



Vendredi 8 juin, Abou Omar aurait dû être le témoin-clé du procès historique de 26 agents de la CIA (Agence centrale de renseignement) et de plusieurs anciens dirigeants des services secrets militaires italiens, jugés pour les transferts illégaux de détenus dans le cadre de la lutte américaine contre le terrorisme. Les juges italiens n'entendront pas l'histoire de l'imam. Le consulat italien du Caire lui a refusé son visa, ses papiers de réfugié politique en Italie, obtenus en 1997, ont expiré alors qu'il était en détention et les autorités égyptiennes l'ont inscrit sur la liste des citoyens interdits de voyage à l'étranger.

"Les Nations unies, le Conseil de l'Europe, les ONG professent de beaux principes qui s'appliquent aux Européens et aux Occidentaux. Mais quand il s'agit d'Arabes et de musulmans, tout cela n'est plus qu'un peu d'encre sur du papier, déplore Abou Omar. Justice ne sera pas rendue. Le gouvernement italien s'abrite derrière le "secret d'Etat". Les commandos de la CIA ne comparaîtront pas. Ce procès a pris une ampleur internationale, mais cela ne me concerne pas. Le scandale a éclaté quand le chef des services de renseignement italiens en Irak, Nicola Calipari, a été tué par les Américains (en 2005). Les Italiens ont voulu leur renvoyer une gifle ; ils se sont servis de mon cas, comme on sort une carte maîtresse dans un jeu de poker, sans aucune considération pour mes souffrances."

Ses chevilles portent encore les stigmates des anciennes entraves. Soulevant sa dichdacha (vêtement), il exhibe les marques des brûlures à l'électricité sur ses bras et ses jambes. A cause des coups répétés sur le visage, Abou Omar n'entend plus d'une oreille. "Les tortures physiques s'effacent avec le temps, assure-t-il, mais les tortures psychologiques sont des machines à destruction." Il en veut pour preuve le cas de Khaled Masri, un Libanais d'origine allemande, enlevé dans des conditions similaires en Macédoine, fin décembre 2003, pour être "interrogé" pendant six mois dans une prison afghane. Il y a trois semaines, Masri a mis le feu à un supermarché. Il est maintenant dans un asile d'aliénés en Allemagne. "On est tous devenus fous. La seule différence entre Masri est moi, c'est la religion qui m'a aidé à tenir le cap, même si l'officier égyptien m'a ri au nez quand je lui ai demandé un Coran."

Abou Omar se proclame "salafiste", une pratique très rigoriste de l'islam, depuis l'âge de 22 ans. En racontant son itinéraire, sa fuite d'Egypte jusqu'en Italie, en passant par la Jordanie, le Yémen, le Pakistan et l'Albanie, il est conscient que ces destinations ont pu susciter les soupçons des services occidentaux. Des djihadistes, il en a rencontré. Mais il affirme avoir toujours rejeté "leur idéologie et leurs méthodes". "Je ne sais pas me servir d'une arme, ajoute-t-il : je me suis enfui d'Egypte avant mon service militaire."

Né en 1963 dans le quartier de Mahram Beik, à Alexandrie, Abou Omar étudie le droit et se passionne pour la politique. Il adhère au Wafd, un parti libéral, où il côtoie un certain Ayman Nour, unique et malheureux concurrent de Hosni Moubarak lors de la dernière élection présidentielle de 2005, jeté en prison peu après sa défaite, et dont ses proches attendent toujours la libération. Très vite, Abou Omar préfère l'engagement religieux et devient l'un des plus jeunes prédicateurs d'Alexandrie. Ses prêches n'épargnent pas le régime, ce qui vaut à l'imam, alors âgé de 25 ans, son premier séjour en prison et ses premières séances de torture. Six mois dans les geôles de Tora, au Caire, le dégoûtent pour toujours de son pays.

C'est ce qui le décide à fuir, par la Jordanie, pour rejoindre le Yémen, puis Peshawar, au Pakistan. Il raconte avoir alors avoir travaillé pour une organisation humanitaire koweïtienne, au service de réfugiés afghans. "Peshawar était la base arrière des djihadistes, notamment égyptiens. Ces derniers m'ont menacé de mort à plusieurs reprises, parce que je refusais leur combat. C'est la raison de mon départ pour l'Albanie, en 1992", dit-il. Le jeune homme s'engage alors dans une autre organisation, la Wa
 
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