Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
Les politiciens israéliens sont "hédonistes et assoiffés de...
s
29 mai 2008 14:20
La nouvelle affaire Olmert alimente le discrédit de la politique en Israël

LE MONDE | 29.05.08 | 11h19 •

Jérusalem, correspondant

Si Ehoud Olmert, le premier ministre israélien, s'accroche encore, ses jours au pouvoir n'en apparaissent pas moins comptés. Les révélations de l'homme d'affaires américain, Morris Talansky, selon lesquelles il aurait reçu à de nombreuses reprises des sommes d'argent en liquide et des prêts sans remboursement, ont jeté la consternation et la honte dans l'opinion publique israélienne.

"La nausée nous prend lorsque l'on entend avec quel naturel – comme si c'était normal – un homme public a reçu d'importantes sommes d'argent en liquide. Où vivons-nous ?", se demande Sima Kadmon dans le quotidien Yediot Aharonot. 70 % des personnes interrogées lors d'un sondage express ne croient pas que cet argent ait été utilisé seulement pour éponger des dettes électorales.

Pourtant, comme le souligne Nahum Barnea dans le même journal, "Olmert est toujours présumé innocent, car le seul témoignage de Talansky ne prouve rien. Il ne s'agit que d'une enquête préliminaire sans preuves, ni contre-interrogatoire". Celui-ci n'aura pas lieu avant le 17 juillet. D'ici là, il risque d'y avoir beaucoup de remue-ménage politique, car l'effet Talansky a été dévastateur.

"Olmert doit s'expliquer ou démissionner", exige dans un éditorial le quotidien Haaretz. De nombreuses voix se sont élevées pour réclamer son départ, à commencer par celle de son principal allié, le leader du Parti travailliste, Ehoud Barak, également ministre de la défense.

Ce dernier ne s'est pas prononcé pour une démission ou une suspension mais il a demandé que Kadima, le parti dirigé par M. Olmert, "fasse un examen de conscience et choisisse un remplaçant". "Si, dans deux mois, Kadima ne fait pas ce qu'il devrait faire, nous n'aurons d'autre choix que d'annoncer à la fin de la session parlementaire notre intention de tenir des élections anticipées", a ajouté Eitan Cabel, secrétaire général du Parti travailliste.

Selon Tal Silberstein, son conseiller en communication, M. Olmert n'a aucunement l'intention de démissionner. Il a décidé de faire face à cette nouvelle épreuve comme il l'a fait par le passé. Pourtant cette fois, le discrédit qui a été jeté sur son nom est immense. Cette nouvelle affaire s'ajoute à une série déjà longue.

"POLITICIENS HÉDONISTES ET ASSOIFFÉS DE POUVOIR"

Début de mai, Abraham Hirchson, ancien ministre des finances, contraint à la démission en 2007, a été inculpé pour vol, fraude et escroquerie aggravée, prévarication, blanchiment d'argent et faux en écriture. Il y a à peine un mois, un des dirigeants du Shas, le parti religieux sépharade, Shlomo Benizri, a été condamné à dix-huit mois d'emprisonnement pour corruption. Il a démissionné de son poste de député.

Au mois de mars, le leader de l'opposition Benyamin Nétanyahou, patron du Likoud, avait été également mis en cause pour avoir passé six jours aux frais de la princesse dans un palace londonien, au beau milieu de la seconde guerre du Liban de l'été 2006. Il avait été chargé de soutenir auprès de personnages influents et d'organisations juives l'offensive israélienne dans le Pays du cèdre. Coût de cette propagande : plus de 30 000 euros.

Menahem Mazuz, le procureur général, avait finalement décidé de ne pas ouvrir d'enquête, estimant que les éléments n'étaient pas suffisamment probants. Ces révélations ont coûté à M. Nétanyahou, favori des sondages pour succéder à M. Olmert, plusieurs points de popularité.

Nahum Barnea parle de "politiciens israéliens, hédonistes et assoiffés de pouvoir, prêts à vendre leur bulletin de naissance pour un plat de lentilles". La vraie question, selon Dan Rabinowitz, sociologue et anthropologue à l'université de Tel-Aviv, est que "le système politique n'intéresse plus les gens de qualité. C'est devenu une lutte d'apparatchiks et de combinards. Le cas d'Olmert est significatif. Il a confondu son métier d'avocat avec la politique. Ce n'est pas le seul et tous veulent qu'il y ait du rendement sur l'investissement, une récompense des efforts investis. Nous ne sommes plus à l'époque où les partis étaient importants et où les dirigeants avaient des idées à faire valoir."

Dan Rabinowtiz n'est pas le seul à parler d'une classe politique devenue affairiste, dont l'objectif est de se tirer des mauvais pas par des leurres politiques. Il avait déjà été reproché à Ariel Sharon d'évacuer Gaza pour détourner l'attention d'ennuis judiciaires. Ehoud Olmert a été accusé de relancer des négociations indirectes avec la Syrie pour éviter que ses démêlés avec la justice ne dominent l'actualité. Il lui faudrait obtenir de réels succès pour que l'opinion publique oublie la déposition de Morris Talansky.


Michel Bôle-Richard
 
Facebook